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nos logemens, à nos étapes, &c. Aucun officiergénéral, aucun chef-de-brigade n'eft obligé de fuivre un régiment pendant une longue marche dans l'intérieur de la république, où aucun d'eux ne fe fouvient des obfervations qu'il peut y avoir faites dans fa jeuneffe. Les officiers fubalternes, qui éprouvent journellement les abus attachés à cette manière de faire voyager les troupes, font donc les feuls intéreffés à les dévoiler, & les feuls qui puiffent les mettre dans leur vrai jour. Eux feuls peuvent dire: Le logement en nature gêne le citoyen aifé, incommode le pauvre, foule l'indi gent; eux feuls peuvent dire: Les corvées en chariots & en chevaux font à charge au peuple; eux feuls voient un miférable cultivateur remettre, prefque la larme à l'œil, à un jeune officier, le feul cheval qu'il ait; eux feuls entendent la voix fuppliante de ce malheureux ; eux feuls lifent fur fon vifage la crainte qu'il a de voir fon cheval excédé par des courfes rapides qu'on lui fera faire, ou par les chofes abfolument nouvelles qu'on lui demandera & qu'on le forcera d'exécuter en lui ouvrant les flancs; eux feuls peuvent rendre compte des prières que font les payfans qui font obligés de conduire les équipages des bataillons ou régimens, afin qu'on ne furcharge point leurs atelages ou qu'on ne hâte point trop vivement leur marche; eux feuls entendent les regrets qu'arrache aux cultivateurs la perte de deux ou trois journées qu'ils auroient employées utilement aux travaux de la terre; eux feuls peuvent dire combien la difcipline perd de fa force pendant une route longue & difficile; le foldat difperfé dans la campagne, logé loin de fes officiers & de fes fous-officiers, devient quelquefois un hôte dangereux; eux feuls enfin peuvent affurer qu'il eft infiniment difficile de contenir & de raffembler un régiment qui, dans plufieurs logemens d'une longue route, occupe un efpace de plufieurs milles.

Tout le monde convient que les foldats effuient de grandes fatigues, même lorfqu'ils voyagent pendant de beaux jours, par des chemins commodes, & qu'ils éprouvent fouvent des dégoûts, même lorfqu'ils font logés chez des hôtes honnêtes. Mais les officiers fubalternes favent feuls tout ce que leurs foldats ont à foffrir lorfqu'ils ont une longue traite à faire par des chemins de traverfe, lorfqu'ils font logés dans une grande ville ou difperfés dans la campagne, & qu'ils ont des hôtes peu complaifans ou peu aifés.

Beaucoup de calculateurs ont prouvé que l'état gagneroit à fupprimer les étapes, mais les officiers fubalternes peuvent feuls rendre compte des peines qu'elles font éprouver au foldat, des malverfations de quelques étapiers & de la mauvaise foi de certains fourniffeurs; en un mot, eux feuls peuvent parler avec connoiffance de caufe des abus fans nombre auxquels notre manière militaire de voyager donne naiffance.

» Il est malheureux fans doute, dit l'auteur du Soldat citoyen, le général Servan, qui pouvoit parler favamment de tous ces objets'; il eft malheureux de trouver autant de chofes à refaire; mais tel eft le fort des meilleures inftitutions : les abus s'y gliflent infenfiblement, le tems les augmente, on s'y habitue, & on ne croit plus qu'il foit néceffaire de les corriger.» Cet auteur eftimable, vivement frappé des abus attachés à notre manière de faire voyager les troupes dans l'intérieur de la république, a cherché à les faire dif paroître, & il a cru, avec raison, que c'étoit feulement en faifant camper les troupes que l'on pouvoit y réuffir. Si l'on faifoit camper les troupes qui voyagent dans l'intérieur de la république, les citoyens de tous les ordres, & furtout les plus indigens, feroient débarraffés du poids du logement en nature, & des inconvéniens qu'il entraîne après lui; les troupes voyageroient en plus grand nombre qu'aujourd'hui ; elles fuivroient toujours les routes les plus courtes & les meilleures ; elles feroient des journées proportionnées aux faifons & aux circonstances; le foldat apprendroit à tendre une tente, à obferver la police des camps, &c.; il feroit à l'abri des fatigues que l'étape lui occafionne; on obtiendroit, en un mot, un grand nombre d'avantages, & on feroit difparoître prefque tous les vices que nous avons reconnus. Pour prouver fans réplique que la méthode du général Servan eft bonne & la meilleure, levons d'avance les objections auxquelles elle pourroit donner lieu.

Pour faire camper des troupes, il faudroit des tentes, & tous les régimens n'en ont pas pour faire camper des troupes, il faut des uftenfiles de campement, & les troupes n'en font pas pourvues: cela eft vrai en partie; mais n'eft-il pas vrai auffi qu'il eft effentiel d'être pourvu de tous ces objets en tems de paix pour les camps d'exercice, & en tems de guerre pour marcher contre l'ennemi? Il eft donc indifpenfable de les avoir.

Mais ces tentes & ces uftenfiles s'uferont, à la bonne heure, infiniment inoins cependant qu'entaffées dans des magafins militaires, où elles feroient dépofées, oubliées & bientôt pourries.

Où camperoient les troupes? Sur un champ en jachère, dans une prairie proche d'une ville ou d'un village, &, s'il le faut, fur le grand chemin même.

Qui fournira les chevaux des officiers? Ceux âgés feuls en auront befoin, & il fera facile d'en procurer le petit nombre qui fera néceflaire.

Qui tranfportera les tentes, les uftenfiles de campemens, &c.? Les régimens eux-mêmes. On n'auroit pour cela qu'à faire conftruire les chariots qu'on devra donner à chacun d'eux pendant la guerre, & à leur laiffer le foin, moyennant une fomme fixe pour chaque jour de marche, de fe procurer les chevaux qui leur feroient néceffaires.

Il y a de la cruauté, dira-t-on pent-être, à reléguer le foldat fous la tente, pendant qu'on peut

le loger fous un toit, & à le faire coucher fur la paille pendant qu'il peut avoir un lit paffable. Il y a bien plus de cruauté, ce me femble, à l'expofer aux differentes fatigues qu'il éprouve aujourd'hui fur les routes: il y a bien plus de cruauté à le conduire en campagne fans l'avoir accoutumé à la vie qu'il doit y mener conftamment; & d'ailleurs toute idée de cruauté ne difparoît-elle point, fi l'on fuppofe que les troupes ne voyageroient que pendant les mois de l'année où les nuits ne font pas froides ni les jours très-chauds.

Qui fournira les vivres, & qui les préparera? Qui fournira le bois, la paille & tous les autres objets néceffaires au foldat & à l'officier? Ces objections ayant été levées dans le mot ÉTAPE, dans la notes du Soldat citoyen & dans l'Examen critique du Militaire français, nous renvoyons nos lecteurs, & à ce mot, & à ces ouvrages. Nous ofons d'ailleurs annoncer qu'après les avoir lus, chacun conviendra que la manière que nous venons de propofer, eft non-feulement fimple & facile, mais encore la feule bonne; car c'est une erreur d'efpérer de voir jamais s'évanouir entiérement les abus énormes qui règnent encore actuellement dans cette partie. On verra toujours ce que l'on voit aujourd'hui, les officiers municipaux écouter la voix de la parenté, de l'ainitié ou de l'intérêt, & les exemptions avoir lieu fous les prétextes les plus frivoles.

Cet article nous a été remis par le général Lacuée, actuellement confeiller-d'état, le même à qui l'on doit, fous le nom de Ceffac, une grande partie des articles les plus intéreflans du Dictionnaire fur l'Art militaire, & le commencement de ce, Supplément.

MARECHAL GÉNÉRAL-DES-LOGIS DE L'ARMÉE, Ici, comme pour le major-général, nous allons donner d'abord un extrait des articles du réglement pour le fervice de campagne, qui concernent le maréchal-général-des-logis ou fes aides.

TITRE VIII, ARTICLE 36.

Aucun des officiers qui voudroient fe loger dans les maifons vides qui fe trouveront dans le terrein de leur brigade, ne le pourra fans une permiffion par écrit du major-général, qui en enverra une note au maréchal-général-des-logis, pour qu'il leur foit marqué un terrein en conféquence.

TITRE IX, ARTICLE 29.

Quand il y aura des travaux à faire qui ne pourroient être exécutés que par des compagnies d'ouvriers, il en fera rendu compte au major-général, qui en avertira l'état-major-général, afin qu'il donne les ordres néceffaires à l'artillerie pour la conftruction des ouvrages.

TITRE XIII, ARTICLE I

Il fera fait, au commencement de chaque cam

pagne, d'après les ordres du général, par le maréchal-général-des-logis de l'armée, un ordre de bataille, dans lequel les officiers-généraux & les brigadiers feront placés fuivant leur rang d'ancienneté.

ART. 2.

lerie & à l'infanterie, autant que faire fe pourra, On obfervera cependant d'attacher à la cavales officiers-généraux qui ont fervi dans ces corps.

ART. 3.

L'armée fera partagée pendant toute la campagne, en quatre divifions d'infanterie & deux ailes de cavalerie. ART. 4.

Chaque divifion d'infanterie sera composée du quart des brigades des premières & fecondes lignes; elles feront nommées une fois à l'ordre au commencement de la campagne, & cela ne changera plus, à moins que le général n'ordonne un nouvel ordre de bataille.

TITRE XIV, ARTICLE II.

Il pourra y avoir auffi des corps en réserve campés avec l'armée, destinés à foutenir, dans les actions, les parties de la ligne qui pourroient en avoir befoin, ou à y remplacer les troupes qui auroient fouffert ou qui en auroient été tirées pour quelque deftination particulière; mais ils ne devront être regardés que comme des divifions de l'armée, & ils recevront les ordres des chefs des états-majors.

TITRE XVII, ARTICLE 4.

Les officiers-généraux entrant de jour, & les officiers fupérieurs entrant de piquet, ainfi que les différens chefs des états-majors, ou en leur abfence un de leurs aides, feront tous les jours rendus, à onze heures & demie, chez le général pour se trouver à l'ordre.

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& actif, pour être chargé en chef de l'ouverture réchaux-généraux de l'armée partiront du quardes marches.

ART. 6.

Cet officier aura fous lui fix aides-maréchauxgénéraux des-logis ou officiers attachés à l'étatmajor, qui feront chacun particuliérement chargés de l'ouverture d'une colonne.

ART. 7.

On affectera un nombre de compagnies provinciales à chacun de ces fix officiers, pour travailler fous leurs ordres à l'ouverture des marches de la colonne dont ils feront chargés.

ART. 10.

tier-général pour se rendre à la tête des colonnes qu'ils devront conduire, & remettre leur itinéraire aux officiers - généraux qui les commande

ront.

TITRE XXVII, ARTICLE 1er.

Les feuls officiers-généraux & les chefs des. états-majors pourront avoir, dans les armées, une berline & un chariot atelés au moins de quatre bons chevaux.

ART. 8.

Tous les vaguemeftres des brigades & des régimens viendront fe faire infcrire, chez le vaguemeftre-général, le jour de leur arrivée au preAuffitôt que l'armée fera arrivée dans un camp, mier camp il en dreffera un contrôle, & ce le maréchal-général-des-logis, après avoir pris fera fur les certificats vifés du maréchal-générall'ordre du général, donnera les fiens à l'aide-ma-des-logis de l'armée qu'ils feront payés; favoir : réchal-général-des-logis chargé en chef des mar- les vaguemeftres des brigades, à raifon de 3 liv; ches, pour en ouvrir du côté où le général fe ceux des régimens, de i liv. par jour de marche. propofe de marcher, & il y fera travailler fur le champ avec la plus grande activité.

Lorfque l'armée féjournera quelques jours dans il fera ouvert des marches en arrière & fur les deux flancs de l'armée, jufqu'à plufieurs lieues, s'il eft poffible, de fon camp, en forte que, fuivant les circonftances, elle puiffe fe porter facilement où le befoin pourroit le de=mander.

ART. 37.

I

ART. IO.

Lorfqu'on renverra les équipages fur les derrières, le vaguemeftre-général fera feulement chargé de la conduite des équipages du quartiergénéral & des vivandiers qui y feront attachés; le maréchal-général-des-logis lui fera remettre le jour de marche, l'ordre dans lequel ils devront marcher & le lieu où ils s'affembleront; il aura foin d'en inftruire les domeftiques des officiersgénéraux & autres attachés au quartier-général & d'en faire part au prévôt de l'armée, pour qu'il y faffe trouver les vivandiers.

ART. 19.

Lorfque le général aura donné un rendez-vous pour affembler les bataillons de grenadiers & de chaffeurs pour faire l'avant-garde, le maréchalde-camp de jour, les officiers fupérieurs de piquet & les chefs des différens états-majors, ou Un officier, de quelque grade qu'il foit, exen leur absence un de leurs aides, fe rendront à cepté le général, les maréchaux - de - France, ce rendez-vous d'affemblée, pour marcher avec l'intendant de l'armée, qui feront refter leurs cette avant-garde, & le major de piquet y ran- gardes entières avec leurs équipages, ne donnera gera les bataillons de grenadiers & de chaffeurs aucune escorte armée à fon équipage, & toutes dans le même ordre que leurs brigades feront cam-les gardes des officiers-généraux rentreront à l'afpées dans l'armée; mais quand le général n'aura point donné cet ordre, tous les officiers fe rendront à la tête des grenadiers & chaffeurs de la feconde divifion d'infanterie; il s'y trouvera un officier de l'état-major de l'armée, & ils fe mettront en marche auffitôt après que l'affemblée aura été battue.

Les bataillons de grenadiers & de chaffeurs, les nouvelles gardes & les campemens des autres colonnes s'ébranleront auffi en même tems; ils feront aux ordres de l'officier fupérieur le plus avancé en grade parmi ceux qui commanderont les bataillons de grenadiers & de chaffeurs ou les efcadrons de chevaux légers & de chaffeurs de leur colonne.

ART. 48.

femblée dans leurs régimens. S'il y étoit contrevenu, le major du régiment dont fera l'escorte, en rendra compte au major-général, & le vaguemeftre-général au maréchal-général-des-logis, qui feront tenus l'un & l'autre d'en inftruire le général.

TITRE XXX, ARTICLE 14.

Lorfque l'armée arrivera dans un nouveau camp, le maréchal-général-des-logis indiquera au major-général les villages où l'infanterie fe pourvoira de paille, les foldats ne devant fe fervir des feigles & grains qui feront fur pied, que quand on ne pourra faire autrement.

TITRE XXXI, ARTICLES. Pour ôter tout prétexte de chercher à enfreinAuffitôt qu'on battra la générale, les aides ma- dre la défenfe d'aller aux fourrages fans ordre, Art Milit. Suppl. Tome IV. Ddddd

l'état-major de l'armée fera exact à faire fournir les fubfiftances des chevaux & à indiquer les fourrages lorsque le terme pour lequel on aura ordonné de fourrager fera expiré.

ART. 36.

Les officiers commandés pour l'escorte des fourrageurs tiendront la main à ce qu'ils n'entrent dans aucun lieu où il y aura des fauve-gardes, & à ce qu'on ne fourrage aucun château, abbaye ou maifon religieufe fans un ordre exprès du général, à moins qu'ils ne fe trouvent indiqués expreflément par les officiers de l'état-major de l'armée.

TITRE XL, ARTICLE IO.

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logis d'une armée & de fes aides, rous avons cru devoir faire part du plan d'un travail complet fut le département de l'état-major d'une armée. Le developpement de ce plan feroit le fujet d'un trèsgrand ouvrage : nous nous fommes bornés à en indiquer les divifions & le titre des chapitres, donnaut ainfi un grand fujet d'études & de médita tions à tout militaire qui aura l'ambition de dere nir un bon officier d'état-major. Mais en traçant un plan auffi vafte, nous avons cru prouver affez fortement combien il devoit être difficile de trouver un officier-général qui fût véritablement en état de remplir dignement la place de maréchalgénéral-des-logis de l'armée ou de chef de l'état-major général, & qui fût profondément inf truit de toutes les parties que nous venons d'indiquer. On a cité en France MM. de Puifégur, de Feuquières, de Maillebois, le vicomte de Broglio, &c. qui ont développé les plus grands ta lens dans la place de maréchal-général-des-logis de l'armée, que l'on a toujours regardée à jufte titre comme infiniment difficile à remplir. Efperons, d'après ces vérités trop long-tems oubliées, que non-feulement on s'empreffera de faire revil'armée, mais que l'on s'occupera en même tems vre la place de maréchal-général-des-logis de à former un corps d'officiers uniquement destinés remplir les fonctions de l'état-major d'une armée, & defquels on exigeroit des connoiffances cernent les fonctions du maréchal-général-des-d'après le plan que nous joignons ici.

Lorfque les aides-maréchaux-des-logis de l'armée auront diftribué à chaque brigade fes quartiers de cantonnemens, les brigadiers & majors-de-brigade fe les répartiront entr'eux fuivant la force de leur brigade, & les diftribueront enfuite aux différens régimens dont elles feront compofées, en gardant toujours, comme il a été dit ci-deffus l'ordre de bataille.

Plan d'un travail complet fur le département de l'étatmajor d'une armée.

Après avoir donné un extrait des articles du réglement pour le fervice de campagne, qui con

INTRODUCTION.

Connoiffance du pays en général, & du terrein en particulier, pour établir l'état & régler les opérations de la guerre.

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Principes fur le choix des camps & pofitions offen-Idem, inftructions, &c.

fives & défenfives.....

Emplacemens....Du tracé des camps ou caftramétation.....

Hôpitaux.

SVoir l'inftruction fur le campement 2 de l'infanterie & de la cavalerie.

Quartiers de raffaîchiffement & d'hiver........ Inftructions du roi de Pruffe, &c.

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