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Art défenfif, page 140 & fuivantes. Au deffus de cette même porte on conftruiroit des mach coulis, Ez en avant, un tambour (voyez ces deux mots); & en arrière de cette porte, & dans l'intérieur de la maifon, on plantera perpendiculairement des arbres taillés en abatis, qui feront enterrés jufqu'aux branches.

On percera dans cette porte deux rangs de créneaux de deux pouces de diamètre; le premier rang de ces créneaux fera à un pied du feuil, & le fecond à fept pieds & demi ou huit pieds: les créneaux feront dans chaque rang à un pied de distance; ceux du rang fupérieur feront placés vis-à-vis le milieu de l'intervalle qui fépare ceux du rang inférieur.

Pour condamner les autres portes qui pourroient fe trouver à la maifon, donnant dans l'extérieur, on entaffera derrière chacune beaucoup de terre, & furtout de fumier. Pour les rendre inacceffibles, on creufera en avant de chacune un foffé femblable à celui de la porte d'entrée, en veillant attentivement à ne point endommager les fondemens du mur en creufant ces foffés, & de difperfer les terres qui en proviendront.

Après ces premiers préparatifs, il ne restera plus qu'à conftruire des machicolis au deffus de chacune de ces portes, & à percer des créneaux dans les parties qui ne feront couvertes ni de fumier ni de terre.

On fermera l'un des battans de toutes les portes qui feront dans l'intérieur de la maison, lorsqu'elles en auront deux ; on mettra une barrière tournante en avant de chacune, & on préparera des arbres taillés en abatis pour en boucher l'ouverture.

On fera un grand trou dans le plancher du premier étage, au deffus de chaque porte, tant intérieure qu'extérieure.

On barricadera, doublera, étançonners & crénelera les fenêtres du rez-de-chauffée; on conftruira des machicoulis dans leur partie fupérieure, & on creufera un foffé en avant de chacune.

Les angles de la maifon feront couverts avec un tambour entouré d'un bon foffé, & furmonté de machicoulis ; les murs qui les formeront, feront percés de deux rangs de créneaux, qui auront quatre pouces d'ouverture, & feront placés dans chaque rang à un pied de distance les uns des

autres.

Le refte des murs qui forment le bâtiment, feront percés auffi de deux rangs de créneaux, de la même grandeur que les autres & placés de même, mais à deux pieds de diftance.

Pour pouvoir fe fervir des créneaux du rang inférieur partout où la chofe fera poffible, on fera creufer dans l'intérieur de la maifon, au pied des murs crénelés & vis-à-vis des créneaux, des trous de deux pieds d'ouverture & de quatre de profondeur. Pour atteindre aux créneaux fupérieurs, on conftruira des échafauds élevés de quatre pieds au deffus du fol, & l'on fe pourvoira

d'une portière & d'un tambour pour chacun des créneaux du rang inférieur.

On fera étançonner les poutres qui porteront dans les murs extérieurs.

On raffemblera, dans l'intérieur de la maison, beaucoup d'arbres taillés en abatis.

On raffemblera auffi les bois propres à construire une retirade, ou même on la conitruira d'avance fi l'ennemi ne peut vous affaillir que par un endroit déterminé. (Voyez RETIRADE.)

Si la chofe ett néceflaire, vous ferez percer des créneaux dans les murs de refend, afin de vous affurer une plus vigoureufe defense dans l'intérieur; la même chofe pour les efcaliers qui conduiroient au premier étage, que vous détruiriez, ainfi quela precaution que vous pourriez prendre d'embarraffer par des abatis les pièces dans lesquelles l'ennemi pourroit fe fermer.

On fortifiera, avec le plus grand foin, une dernière pièce, dans laquelle on dépofera les armes & une grande partie des munitions de guerre & de bouche; c'eft vers cette pièce que l'on pourra diriger fa retraite, & gagner de là le premier étage avec des échelles.

Si l'on a du canon, on le placera dans les endroits vers lefquels l'ennemi doit diriger fon attaque, c'est-à-dire, vis-à-vis les portes & les angles de la maifon; à cet effet vous percerez dans les portes & les tambours, des trous fuffifans pour vous fervir d'embrâfures.

Le rez-de-chauffée en état de défense, on s'occupera du premier étage : on en barricadera fortement toutes les fenêtres; deux des moins en vue feront cependant moins folidement fermées que les autres: on fera dans le plancher, vis-à-vis de chaque fenêtre, une ouverture de cinq pieds de largeur, dépaffant de deux pieds à droite & à ga che les jambages de la fenêtre: on fe pourvoira de planches pour pratiquer un pont fur cette espèce de foffe; on pratiquera auffi, ras du plancher, à chacun des côtés de chaque fenêtre, un trou de huit pouces en carré.

On percera, dans les murs du premier étage, in ou deux rangs de créneaux; le premier à quatre pieds de hauteur, & le second à huit; on pourra, fans inconvénient, donner à ces créneaux plus d'ouverture qu'à ceux du rez-de-chauffée, & on leur ménagera une plongée. Outre les ouvertures pratiquées dans le plancher, au deffus de chaque porte & de chaque fenêtre du rez-de-chauffée, & en avant des fenêtres du premier étage, on en fera de nouvelles des deux côtés de chaque porte de ce premier étage; elles auront cinq pieds de lar geur: on fe pourvoira de planches pour conftruire des ponts - volans fur toutes ces espèces de foffes, ou de machicoulis intérieurs; on percera encore dans les planchers du premier étage, un grand nom bre de trous, de trois pouces de diamètre, & on se pourvoira de tampons pour les boucher.

Ouchoifira auffi, dans ce premier étage, un lieu

de retraite, qui fervira de magafin, & on percera des créneaux dans les murs de féparation.

Pour achever de mettre cet étage en état de défenfe, on fera tranfporter dans les différentes pièces, des quartiers de pierre, des tuiles, des briques, des de la chaux vive, des cenpoutres, dres & furtout beaucoup d'eau. Si l'on croyoit néceffaire de fortifier le fecond étage, on le feroit comme pour le premier.

Arrivé au dernier étage, on enlevera d'abord les uiles ou les ardoifes de la toiture; on les entaffera ans les divers appartemens; on démontera la charente, dont on confervera les bois; on démolira es murs intérieurs ou de refend, jusqu'au planher, et on laiffera fubfifter quatre pieds & demi e ceux qui font le contour du bâtiment; on fera ans le plancher de ce dernier étage, les espèces e machicoulis intérieurs, & les meurtrières dont ous avons fait mention en parlant du premier

age.

On fera tranfporter, dans ce dernier étage, des Dutres, des pierres, &c. & on couvrira le planer entier d'un pied de fumier.

Si la maifon eft furmontée d'un donjon ou flanée de quelques tours, ce fera dans ce donjon ou uns ces tours qu'on placera la falle d'armes & les agafins, & qu'on dirigera fa retraite.

La maison mife en état de défense, on s'occura à augmenter fa force & à tirer parti des difféns objets qui l'entourent.

Si l'on a confervé les murs qui entourent la cour, fortifiera la porte d'entrée de cette cour, come celle de l'édifice lui même.

On conftruira contre les murs de la cour des nquettes qui puiffent réduire la hauteur du mur trois peds & demi; monté fur cette banquette, foldat pourra tirer par- deflus les murs: on Durra aufli faire des créneaux dans ce mur.

Si la cour renferme des écuries. des remises, c. on fortifiera chacun de fes édifices particuers comme s'il était ifolé, en prenant feulement précaution d'affurer des communications de ces itimens avec la maison, & la poffibilité de les étruire.

Leshaies et les charmilles qu'on aura confervées, friront des moyens de rendre la maison plus foron terraffera les haies et les charmilles, onnera une certaine plongée à leur partie fuerieure.

& on

Telles font les précautions que nous avons crues éceflaires pour fortifier une bonne maison: oyons ce que l'on devroit faire pour rendre fceptible de défense une maison médiocre.

Il ne faut fonger à fortifier une maison comandée par une montagne acceffible au canon, que orfqu'on a le tems d'élever un épaulement caable de la couvrir de ce commandement. ( Voyez PAULEMENT.)

Si une maison étoit commandée par une autre naison dans laquelle l'ennemi pourroit placer du

canon, il faudroit détruire ce commandement. Quand votre pofte ne fera foumis qu'à un commandement à l'œil ou au moufquet, vous pourrez recourir à un blindange ou à un éventail. (Voyez BLINDANGE et ÉVENTAIL.)

Les matériaux néceffaires pour mettre une maifon en état de défense, font ordinairement fournis par la deftruction du toit ou celle des maifons voifines.

Quand l'accès de la maifon fera trop facile, vous dégraderez les chemins par lefquels l'ennemi pourroit conduire fon canon, ou bien vous les embarrafferez avec des abatis. Quant au chemin de retraite, vous le conferverez en bon état, mais vous cieuferez, dans toute fa largeur, des foffes larges & profonds, & vous vous pourvoirez de pontsvolans pour paffer ces foffes.

Quand on manque de bras, on peut recourir aux paylans du voifinage, ou les employer à tranfporter les matériaux & à conftruire les ouvrages extérieurs : ils ne doivent jamais entrer dans la maifon.

Quand les murs font trop foibles, on les terraffe & on les étançonne; quand ils font trop épais, on donne aux créneaux une ouverture proportionnée à leur épaiffeur; quand ils ne fe flanquent point naturellement, on conftruit des tambours.

Les principes que l'on vient d'établir pour mettre une maison en état de défense, font applicables aux égiifes, aux vieux châteaux, à ceux modernes, aux moulins & à tous les autres édifices qu'on trouve dans la campagne.

De la manière d'augmenter la force d'une maison.

Une maifon bonne ou rendue bonne, étant mife l'entourant d'un ouvrage en terre; pour la conftrucen état de défense, on peut augmenter fa force en tion, on confeilleroit de préférer les méthodes indiquées par le général Montalembert, dans le volume de fon Art défenfif déjà cité; alors l'ouvrage en terre eft confidéré comme un fort, dont la maifon eft le réduit: on peut employer auffi, pour augmenter la force d'une mailon, les paliffades, les fraifes, les chevaux de frife, les puits, les chauffetrapes, les herfes de laboureur, les ronces, les buiffons, les épines, les abatis, les fougaffes, les inondations, &c.

De la manière de garder une maison. C'est une vigilance conftante qui conferve les maifons comme les autres poftes.

Pour garder une maifon, il faut divifer fa troupe & pofer toutes les fentinelles néceffaires afin d'éviter une furprise & d'être prévenu à tems, de manière que les officiers & les foldats ne foient point étonnés au moment où l'ennemi paroîtra.

Afin d'éviter la confufion, on affignera à chacun un diftrict particulier; on donnera à l'officier ou fous-officier le plus intelligent, le rez-de chauffée ; à un autre, le premier étage an troisième fera

chargé de la défenfe du troisième étage, le commandant en chef ne devant conferver pour lui aucun pofte particulier; il doit être occupé également de tous : il donnera à chacun de fes fubordonnés, fi ce font des officiers, un nombre de fous-officiers & de foldats proportionné à l'étendue & à l'importance du pofte qu'il leur aura confié; il obligera le commandant de chaque étage à defigner, pour chaque partie du mur, un nombre determiné de fous-officiers & de foldats; il rédigera enfuite par écrit l'ordre géneral & particulier qu'il voudra qu'on fuive dans la defente; il remettra copie de cet ordre au commandant dans chaque étage, & il en fera afficher au moins un exemplaire dans un endroit où chacun puiffe le lire & le confulter au besoin.

De la manière de défendre une maison.

Quelques-uns des principes généraux que l'on doit adopter dans la défenfe d'une maifon, étant femblables à ceux néceffaires dans la défense d'un ouvrage en terre, il ne nous reste à parler ici que de la défenfe des portes, des fenêtres, des tambours, des machicoulis & des différens appartemens; de la manière de repouffer une efcalade, du moment où l'on doit faire pleuvoir fur l'ennemi, des cendres brûlantes, de la chaux vive, de l'eau, & de l'ufage des réferves & de la retraite.

Lorfque l'affaillant, malgré les différens feux dont on a fait ufage, & les obftacles qu'on a cherché à prodiguer fous fes pas, eft parvenu jufqu'au pied du mur, & qu'il cherche, pour pénétrer dans l'intérieur de la maifon, à forcer une porte ou une fenêtre du rez-de-chauffée ou à faire une brêche, ou à donner l'escalade.

Si l'affaillant entreprend de forcer une porte, on garnira de fufiliers les créneaux qui l'avoifineront; les machicoulis qui la furmonteront & les tambours qui la flanqueront, le feu bien ajusté qu: fortir de ces différens endroits, parviendra peut être à rebuter l'ennemi & à l'empêcher de paffer le foffe. Si malgré le feu de votre artillerie & de votre moufqueterie, l'affaillant comble le follé ou le paffe fur un pont, vous ferez tomber fur lui, du haut des murs, & par les ouvertures des machicoulis, des gros morceaux de bois, des troncs d'arbres, des pierres de taille, des briques, des cendres, de la pouflière brûlante, de l'eau bouillante ou froide, &c. L'ennemi n'a-t-il pas été rebuté par cette grêle de coups? effaie-t-il d'en foncer la porte avec des haches, des leviers, ou avec un bélier? placez derrière cette porte des arbres taillés en abatis, & des hommes qui, pourvus d'armes de longueur, aideront les fufiliers à empêcher l'affaillant d'entrer; pénètre-t-il néanmoins dans la maifon? les foldats placés dans l'étage fupérieur garniffent auffitôt les ouvertures pratiquées dans le plancher; ils jettent par les grandes ouvertures, des quartiers de pierres, des

tuiles, des briques,'&c. ; ils font paffer par les médiocres, des armes de hatt, & ils font feu par les plus petites; les détachemens poftés dans les appartemens voisins effaient de rechaffer les affaillans, en venant de moment en moment les charger avec impétuofité; cependant l'appartement dans lequel l'ennemi a pénétré, fe remplit peu à peu, alors les affiégés l'abandonnent, ils fe retirent dans les chambres voifines; ils en ferment les portes, & ils les barricadent, ils garuiffent les créneaux qui donnent fur la pièce dans laqu lle l'ennemi a pénétré ; le combat fe renouvelle, & chaque chambre exige un nouveau fiège.

L'ennemi, parvenu à la falle d'armes, y trouve plus de réiiftance que partout ailleurs: la réferve fait des forties vives & fouvent répétées, & fi, par fa conduite pleine de valeur, elle ne parvient point à chaffer l'ennemi, elle donne au moins au refte des défenfeurs de la maison, le tems d'abandonner le rez-de-chauffée, de gagner le premier étage, & d'enlever les munitions de guerre & les échelles: l'affaillant n'a plus alors d'autres moyens à employer que celui du feu; s'il transporte du bois, s'il allume un grand feu au milieu d'une des pièces du rez-de-chauffée, on fait tout pour l'éteindre & en prévenir les effets; fi le feu fait des progrès, il faut bien battre la chamade, ou plutôt il faut fe raffembler dans un des appartemens, en fortir l'épée à la main, marcher tête baiffée, & le faire jour à travers les ennemis furpris.

Quand l'ennemi attaque une fenêtre, on fe con duit comme pour l'attaque d'une porte.

Quand il veut forcer une brêche qu'il a faite, ou une retirade qu'il a conftruite, on a encore recours aux mêmes moyens.

Si l'affaillant donne l'efcalade ou lance fur les foldats qui montent par les échelles des objets femblables à ceux jetés aux foldats qui veulent forcer une porte, une fenêtre, une brêche, &c. on fait paffer auffi par les trous pratiqués dans le mur, des armes de longueur, des fourches, &c. avec lesquelles on renverfe les affaillans & même les échelles.

De quelque manière que l'ennemi ait pénétré dans le premier étage, les hommes qui le défendent, doivent fe conduire comme ceux qui étoient chargés de la défense du rez-de-chauffée, & lorf qu'ils fe voient fur le point d'être forcés, ils doivent fe retirer dans le donjon, & n'en fortir que pour faire un coup de main vigoureux ou pour figner une capitulation honorable.

Si la mailon eft entourée d'un ouvrage en terre, on défend d'abord cet ouvrage extérieur, & on fe retire enfuite dans la maifon, où, après avoir fermé les portes, on fe conduit comme nous ve nons de le dire.

Tels font les principes enfeignés par les maîtres de l'art; tels font ceux qu'ils ont fuivis quand ils ont voulu fortifier, garder ou défendre une mai fon. Les officiers qui prendront ces principes pour

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règle de leur conduite, feront affures de s'illuftrer par une longue réfiftance, peut-être même obligeront-ils l'ennemi à conduire du canon pour s'emparer d'une miférable bicoque, d'où s'enfuivra le retard néceffaire de la marche de l'armée ennemie, & une gloire à peu près égale à celle d'une victoire pour l'officier qui aura fait une aufsi belle défense.

De l'attaque des maifons.

Un détachement chargé de fe rendre maître d'une maison, traînera de l'artillerie après lui, ou i'en fera dépourvu. Dans la première fuppofition, il viendra facilement à bout de fon projet ; mais dans la feconde, ce ne fera qu'avec beaucoup de peine & de bravoure, furtout s'il a en tête un ennemi intelligent & courageux.

Le détachement pourvu de canon pourra, fi fon adverfaire en eft dépourvu, l'obliger à fe rendre en établissant fon artillerie au-delà de la grande portée du moufquet, & en la dirigeant contre les angles de la maison.

Si les défenfeurs ont de l'artillerie, l'affaillant conftruira des batteries volantes, & à l'abri de ces batteries il pourra encore détruire la maison fans compromettre la vie de fes foldats.

Comme il importe toujours de fe rendre promptement maître d'une maison, on se borne rarement à la canonner: on cherche à faire une brêche dans les angles de l'édifice ou les autres endroits qu'on a reconnus pour les plus foibles. Dès que la brêche eft faite & praticable, on marche avec impétuofité, on joint l'efcalade à l'affaut, & en fe conduifant enfuite ainfi que nous le dirons en parlant d'une attaque fans artillerie, on eft bientôt maitre du pofte.

Un détachement dépourvu de canon, & qui eft chargé de se rendre maître d'une maison fortifiée d'après les principes que nous avons donnés cideffus, doit s'occuper d'abord à faire taire le feu de l'affiégé ou à le rendre inutile.

Pour éteindre le feu de l'ennemi, on conftruira avec d'épais madriers une espèce de parapet à quelque distance de la maison, on placera des fufiliers derrière ce parapet percé de créneaux ; ils viferont aux créneaux de la maifon, & s'ils font adroits, ils parviendront à éteindre ou à diminuer le feu de l'ennemi : convenons cependant que cette opération devant être fort longue, il vaut mieux chercher à rendre le feu des alliégés inutile.

Pour y réuffir, on dirigera fon attaque vers les parties de l'édifice qui feront le plus dépourvues de créneaux, & vers celles qui ne feront ni furmontées par des machicoulis ni flanquées par des tambours: les angles de la maifon réuniffent affez communément ces trois conditions.

Le feu qui part des créneaux percés au rez-dechauffée, eft le plus difficile à éteindre: on ne peut même espérer de le calmer qu'en employant des Art Milit. Suppl. Tome IV.

facs à terre, encore ce moyen eft-il fouvent inutile & toujours dangereux.

Quand on a réuffì à éteindre ou à calmer le feu de l'ennemi, il faut, pour fe rendre maître de la maison, faire une brêche à fes murs, ou en forcer les portes, ou en efcalader les murailles.

Pour faire une brêche à une maison, il faut, quand on est dépourvu de canon, recourir à la fappe ou au bélier. (Voyez BÉLIER.)

Quand on ne pourra pas faire ufage du bélier, on recourra à la fappe. Avant d'entreprendre de fapper un mur, il faut avoir éteint les feux qui pourroient troubler les fappeurs ; c'eft vers les angles de l'édifice qu'on doit diriger la fappe: il faut commencer par dégarnir extérieurement toute l'ouverture qu'on veut faire; ainfi toute la brêche eft faite en même tems. Dès l'inftant où l'on découvre l'intérieur de la maifon, on pofte des fufiliers qui, par un feu violent, éloignent l'ennemi; & auffitôt que la brêche eft faite, on donne l'affaut avec impétuofité.

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Quand on n'a pu faire brêche ni avec le bélier ni avec la fappe, on cherche à forcer une des poron commence à tirer un grand nombre de coups de fufil contre celle qu'on veut forcer, on s'en approche enfuite avec viteffe, on eft muni de haches pour achever de la brifer, & de forts leviers pour la jeter en dedans: pendant ces dernières opérations, on fe tient collé au mur afin d'éviter les coups de l'ennemi. On peut encore, pour forcer une porte, allumer fur fon feuil un feu ardent qui puiffe en embrafer bientôt les battars; mais au préalable il faut avoir comblé les foffés.

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Si l'ennemi a terraffé les portes, on fait des tentatives contre quelques fenêtres ; quand on ne peut ni faire une brêche, ni forcer une porte, enfoncer une fenêtre, on prend le parti de donner l'escalade en plufieurs endroits en même tems: on dreffe les échelles contre les parties de l'édifice les moins crénelées & les moins vues par l'ennemi; on monte avec vivacité, & on parvient, ou à entrer par quelque fenêtre du premier étage, ou à gagner le haut de l'édifice.

On n'attend pas toujours d'avoir épuisé tous les autres moyens pour effayer l'efcalade: on peut & on doit même, dès le premier abord, les employer tous en même tems.

Si dès l'inftant où l'on a pénétré dans la maison, les affiégés ne battent pas la chamade, on les pouffe avec vivacité d'appartement en appartement; le meilleur, le plus prudent, eft cependant d'allumer un grand feu dans une des pièces, ou d'y tranfporter un baril de poudre qu'on enflamme au moyen d'une longue traînée ; il ne faut cependant, l'humanité l'exige, prendre ce dernier parti qu'après avoir fommé l'affiégé & l'avoir averti du danger qui le menace.

Il eft bien difficile que les défenfeurs d'une maifon attaquée par des affaillans valeureux, & qui

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fuivent les principes que nous venons d'indiquer, I maréchal-des-logis de la cavalerie & celles du mane finiffent pas par être vaincus. jor-général des dragons.

Obligés de nous renfermer dans des bornes trop étroites, & n'ayant parlé ici que pour des officiers qui ont déjà quelques inftructions & de l'expérience, nous allons, pour les autres, indiquer les ouvrages dans lefquels ils trouveront les développemens qu'ils peuvent defirer.

Le chevalier de Clairac a donné, dans fon Ingénieur de campagne, des leçons qu'on ne peut trop méditer. (Voyez la Science des poftes, de M. Lecointre; l'Attaque & la Défenfe des petits poftes, par M. Foffé. Voyez les Commentaires de Folard, tome V, depuis la page 348 jufqu'à celle 363. Confultez auffi le Guide de l'Officier en campagne, par le général Lacuées enfin, méditez ce que dit fur les fortifications de campagne le général Montalembert, dans son Art défenfif.)

Les exemples les plus fameux confignés dans l'hiftoire, font la défenfe de la maifon de Bender, par Charles XII; celles de Cathemar de Crahuits, par le maréchal de Saxe; de la caffine de la Bouline, confignée dans Folard & dans l'Hiftoire du prince Eugène du château de Crémone, par Jeannot d'Herbouville; de la fortereffe de Nèmes, par des chaffeurs moldaves. (Voyez dans l'Hiftoire de Guftave Adolphe, tome III, page 109, la défenfe d'une maifon ifolée, gardée, pendant le fiége de Magdebourg, par un lieutenant qui commandoit 24 hommes; dans la Defcription du fiége de Grave, page 31; dans le II. tome de l'Ordre de Saint-Louis, page 278; dans le I. volume des Commentaires de Montluc, pages 57 & 404, &c.)

Lors de l'attaque de l'églife de Veelpo par M. de Charmilli, fix officiers, animés par la curiofité, montèrent dans les clochers; & comme M. de Charmilli ignoroit qu'ils y fuffent, il ne les fit point avertir quand il fe retira, & ils fe trouvèrent environnés par les Hollandais. Après avoir tenté inutilement de fe retirer, ils refermèrent les portes qui avoient été moitié rompues, fe barricadèrent avec tous les coffres qui étoient dans l'églife, & fe défendirent fi vaillamment, qu'ils obligèrent les ennemis à y mettre le feu; ce qui les obligea de fe rendre.

MAJOR-GÉNÉRAL. Sous ce titre doivent être également confidérés le major-général de l'infanterie, le maréchal-des-logis de la cavalerie & le major-général des dragons.

Mais avant de faire part d'aucune idée fur la manière d'envifager les fonctions dont étoient chargés autrefois ces trois officiers dans chaque armée & chacun des corps de leurs armes refpectives, nous allons donner un extrait des titres & articles du réglement pour le fervice de campagne, concernant le major-général de l'infanterie, en faisant obferver que les mêmes titres & les mêmes articles contiennent les fonctions du

TITRE VIII, ARTICLE 5.

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Le major général diftribuera aux majors de campement le terrein qui lui aura été défigné, & ceux-ci le diftribueront à chaque bataillon. ART. 36.

Aucun officier, nême les brigadiers & majors de brigade ne pourront fe loger eux & leurs équipages, quand même il y auroit des maifons vides dans le terrein de leurs brigades, à moins qu'ils n'en aient obtenu une permiffion par écrit du major-général, qui prendra à cet effet l'ordre du général, & en enverra une note au maréchalgénéral-des-logis de l'armée, pour qu'il leur foit marqué un logement en conféquence.

TITRE IX, ARTICLE 39.

Les majors des régimens, le premier jour qu'ils arriveront au camp, & enfuite le premier jour de chaque mois, enverront par le major de brigade, & celui-ci par le major de la divifion au major-général, un état exact de la force de leur régiment & du nombre des officiers préfens, auquel ils ajouteront les noms & les grades des officiers qui manqueront, les raifons de leur abfence & les lieux où ils feront.

ART. 40.

Les majors enverront en même tems, & de la même manière, au major-général, un état de ce qu'il y aura de poudre, de balles, de pierres à fufil dans leur régiment, afin qu'il leur en fafle donner la quantité néceffaire pour compléter les gibernes.

TITRE X, ARTICLE 12.

Lorfque le général, le major-général, les officiers-généraux de la divifion ou le commandant de la brigade le jugeront à propos, on exercera les piquets à la tête du camp, aux heures qu'ils indiqueront.

ART. 43.

Les piquets ne prendront jamais les armes fans un ordre pofitif du général, des officiers-généraux du jour, du major-général, des aides-majors-généraux & des brigadiers ou officiers fupérieurs de la brigade, ou en cas d'alarme.

ART. 45.

Les piquets fe préfenteront en bataille, fans armes, au commandant de l'armée, aux maréchaux de France, aux princes du fang, aux offi ciers-généraux de jour, à l'officier-général commandant la divifion & au major-général lorfqu'ils le demanderont.

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