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73 pages d'impreffion, indépendamment d'une lettre au premier conful, & d'une table des matières, formant 9 pages.

Nous croyons d'autant plus important de relever les erreurs que nous avons cru appercevoir dans cette brochure, que l'auteur y a raffemblé à peu près toutes les raifons que l'on allègue, depuis très long-tems, contre la réunion des deux corps, & qu'une affez grar de partie des perfonnes qui parcourent un pareil ouvrage, font fouvent peu en état de le juger.

PREMIERE PARTIE.

noiffances de l'officier d'artillerie & celles de l'hydraulicien; mais, nous le répétons, les fortifications plus fimplifiées auroient moins befoin du fecours des eaux, & fi on s'en fervoit, ce feroit au plus en campagne; au furplus, l'officier d'artillerie pourroit apprendre 1 hydraulique, & les ingénieurs des ponts & chauffées, auxquels nous propofons de donner la préférence pour les conftructions, font très-verfès dans la partie de l'hydraulique.

(Pag. 18, 19, 20 & 21, §. 13, 14 & 15.) Pourquoi s'appefantir fi fort fur la partie des mines? On fait que pendant long-tems le corps des mineurs étoit cenfe appartenir à l'artillerie, ainfi que celui des fapeurs, & l'on fait auffi combien l'on fe plaint hautement de cette féparation.

toutes parties conftituant effentiellement les attributions du maréchal-général-des-logis des armées, & des officiers qui font fous fes ordres.

(Pag. 5, S. 2.) Sans doute jufqu'à préfent, & depuis M. de Vauban, on a confié affez généralement la partie des pofitions artificielles au corps. (Pag. 22, S. 16.) On ne voit pas par quelles du génie, & on leur a abandonné la fortification raifons le génie devroit être chargé, de préférence, des camps & des places de guerre ; mais ce corps de la topographie militaire. Ici reparoiffent les auroit toujours été fans ame fans les fapeurs, prétentions développées par M. Bureaux-de-Pufy, les mineurs & l'artillerie, qui, comme en condans fon difcours à laffemblée conftituante: vient l'auteur (pag. 7, §. 3), durent fe paffer mais il eft bien plus naturel de confier aux offid'un corps du génie jufqu'au moment où l'ambi- ciers des états-majors des armées, le lever des tion de quelques officiers, peut-être un peu plus plans & des cartes, les reconnoiffances, toute la inftruits, parvint à perfuader à quelque miniftre topographie militaire, & on oferoit dire les forde la guerre la néceffité d'un corps à part, fpécia-tifications de campagne, les ponts & les aéroftats, lement chargé de la fortification des camps & des places Mais ce corps étoit-il auffi néceffaire que le prétend l'auteur? Nous renvoyons le lecteur à ce que nous venons de dire précédemment à ce fujet, toujours convaincu que le corps des ingénieurs des ponts & chauffées pourra toujours remplacer, avec fuccès, les officiers du génie dans la partie des conftructions auxquelles on n'a rien changé depuis M. de Vauban, & que, dans le cas où l'on auroit la fageffe d'adopter des idées plus faines fur cet objet, il fuffirait encore de trèsbons constructeurs & au plus de quelques infpecteurs pour la partie des pofitions, que l'on trouveroit facilement dans les officiers d'artillerie. (Pag. 10, S. 7.) Tous les détails dans lefquels entre l'auteur fur les travaux de l'officier du génie, les ingénieurs des ponts & chauffees peuvent les exécuter avec un grand fuccès.

(Pag. 13, 14, 15 & 16, §. 9, 10 & 11.) Tout ce dont l'auteur fait ici parade fur les connoiffances que doit pofféder l'ingénieur, eft, ce nous femble, très-hors de faifon. Depuis plus de cent ans M. de Vauban a fait le catéchifme des fortifications, & les officiers du génie fe bornent, en général, à en apprendre religieufement tous les préceptes fans y rien changer, les regardant tous fans doute comme des articles de foi; mais puifque leur génie ne leur fert qu'à être des copiftes ferviles & jamais à perfectionner ou à inventer, tout autre corps, autant inftruit, plus praticien, & conftruifant continuellement des ouvrages, doit être préféré.

(Pag. 17, §. 12.) Non fans doute, il n'y a eu, jufqu'à prefent, aucun rapport entre les con

(Pag. 23, §. 17.) Les ingénieurs des ponts & chauffées ont confiruit de plus beaux ponts de pierres & de bois, que les ingénieurs militaires, dont aucun ne peut rivaliser en ce genre avec les Peyronet, &c. &c.

(Pag. 26, lign. 8.) Voilà donc encore un officier du génie qui ofe prédire, après que le général Montalembert l'a fi bien prouvé, qu'un jour les bâtimens militaires feront des bâtimens défenfifs; mais alors, comme nous l'avons déjà dit, on aura bien plus befoin des ingénieurs des ponts & chauffées, que des ingénieurs militaires.

(Pag. 27, lign. 14.) Oui, l'architecture n'eft qu'un jeu pour l'ingénieur, mais avec des teinturiers, des appareilleurs, des maîtres maçons, &c.

Et puis, pourquoi ces bâtimens, fi les remparts peuvent loger les foldats & tout ce qui regarde la défenfe de la place, ainfi que l'a propofé le général Montalembert?

(Pag. 31, lign. 16 & 26.) Cette prétention. eft affurément bien modefte de la part des ingénieurs; mais fi par hazard l'officier du génie n'a pas tous les talens néceffaires pour inftruire le général, ou fi celui-ci en fait plus que l'ingénieur faudra-t-il encore que ce foit avec l'ingénieur feul que le général difcute l'emplacement des batteries, des troupes, &c.? On a de la peine à croire que les généraux Feuquières, Puifegur, Maillebois, Broglie, &c. euffent befoin de prendre un fouffleur parmi les officiers du corps du génie, qui n'étoient pas même connus dans le

moment où les deux premiers généraux donnoient des preuves de leurs talens & de leurs connoif

fances.

Répétons donc encore ici ce que nous avons dit plus haut avec les officiers du corps du génie de la garnifon de Lille, combien il feroit effentiel que les officiers du génie abjuraffent ce fatal efprit de corps, qui leur perfuade fi mal à propos qu'ils font fupérieurs à tous les autres, & qu'eux feuls doivent être fpécialement chargés de tout ce qui regarde la partie fcientifique de l'art militaire. Qu'on life aufli, dans le huitième volume des Œuvres du général Montalembert, la lettre de M. Lindenau, major au corps-royal du génie pruffien, & l'on verra ce que les étrangers penfent de ce corps militaire en France.

SECONDE PARTIE.

(De la pag. 33 à celle 41.) Nous le répétons encore: ôtez aux ingénieurs les fortifications de campagne & la topographie militaire, qui ne doit regarder que les officiers de l'état-major-général, fous les ordres du maréchal général-des-logis;

Rendez à l'artillerie fes fapeurs & fes mineurs, & chargez-la de l'attaque & de la défenfe des places.

A l'égard des fortifications permanentes, fi l'on continue de conferver le fystème baftioné, il fuffit de confier cette partie à un architecte, ou mieux aux ingénieurs des ponts & chauffées; la même chofe, à bien plus forte raifon, fi l'on fe décide enfin à donner la préférence aux fortifications cafematées & perpendiculaires, ainfi que les a repropofées le général Montalembert.

(Pag. 41, §. 25.) Oui; mais pour bien réfoudre ce problême, il faut favoir faire la guerre, & il faudroit bien fe garder de s'en rapporter entiérement à des officiers du génie, qui la plupart ne l'ont jamais faite, & ne rêvent que baftio: s.

(Pag. 43.) Quand les places ou les fortereffes font mal placées, ce qui arrive fouvent par l'ignorance de ceux qui les ont conftruites, elles deviennent plus nuifibles qu'utiles, parce qu'elles ne couvrent rien & exigent cependant des garnifons. Combien de villes en France, dont les fortifications ont coûté des fommes immenfes, & qui ne peuvent pas le défendre, parce qu'elles font dominées ou qu'elles n'ont aucune cafemate! (Pag. 45.) C'est ce que doit occafionner la paix que l'on vient de conclure, qui rend inutiles la plupart des places conftruites fous Louis XIV, fur les frontières en Flandre. Faudroit-il, pour cela, conftruire une nouvelle ligne de fortereffes, afin de couvrir nos nouvelles frontières? Oui, diront les ingénieurs; mais fi on les laiffoit faire, ils ruineroient une feconde fois la France en baftions. A la bonne heure fi l'on fe fervoit des tours propofées par le général Montalembert, pour retrancher le cours des rivières qui vont nous

fervir de limites, en les foutenant par quelques places auffi dans le fyftème du même général, mais uniquement deftinées à fervir de magasin de garnifon & d'appui.

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INSTRUCTION. Nous nous empreffons de copier ici les idées d'un auteur militaire, avec lequel nous fommes parfaitement d'accord fur la plus grande partie des opinions qu'il a developpées dans fon ouvrage, au chapitre X de l'inftruction. L'ufage de retenir les troupes fous les drapeaux tout le tems de la paix, devroit au moins produire un bien, celui d'une parfaite inftruction, qui, les préparant efficacement pour la guerre, feroit une compenfation heureufe des frais immenfes de leur entretien ; mais que le fyftème qu'on fuit à cet égard, eft loin de procurer cet avantage!

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Qu'apprend-on à nos régimens à exécuter fur une efplanade? Quelques manoeuvres individuelles & élémentaires: voilà tout; & c'eft pour parvenir là-deffus à une perfection auffi impoffible que frivole, qu'on excède le foldat d'ennui & de dégoût, & qu'on lui fait prendre fon état en averfion, tandis qu'on le tient dans une inhabitude abfolue de tous les travaux & de toutes les pratiques de la guerre.

» Ces alignemens au cordeau, pour lesquels on fe tourmente fi fort; ces manoeuvres fi bien deffi nées fur une esplanade, cette immobilité longue & profonde qui fait tomber à la renverfe le malheureux foldat fuffoqué; toutes ces chofes, qui femblent fi dignes d'admiration à nos faifeurs, font de vrais jeux d'enfans, aux barbaries près, qu'on exerce pour les obtenir.

» Il faut de l'ordre, fans doute; mais c'est une folie d'afpirer là-deffus à une précision rigoureuse, inutile dans la pratique, & qui confume un tems qu'on dérobe à la véritable inftruction: il en réfulte d'ailleurs qu'on manoeuvre avec une pefanteur horrible; enfin, cette précifion géométrique étant impoffible à la guerre, il eft à craindre qu'alors tout ne paroiffe dans le défordre à des yeux accoutumés à une régularité minutieufe, & que l'opinion du défordre ne produise un défordre

réel.

» L'officier vit dans une égale ignorance de ce qu'il lui importe le plus de connoître tiré à la : guerre, de cette ligne où il est enchâssé avec sa troupe, il tombe des nues: qu'il foit chargé d'un pofte, il n'a pas la plus légère idée de fortifica tion; c'eft de lui cependant que peut dépendre le fort de l'armée.

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Que dira-t-on des officiers-généraux, dont l'impéritie peut occafionner des maux bien plus funeftes? Ni notre constitution ni nos usages ne leur ménagent aucun moyen d'inftruction. Dès l'inftant où ils font officiers-généraux, ils ceffent de voir des troupes, où s'ils en voient, c'eft pour paffer une revue ou faire défiler une parade. Eft-ce donc ainfi qu'on fe rend capable du commande

ment des armées? Tout au plus leur refte-t-il pour s'inftruire, l'étude du cabinet; mais des fpéculations qui ne font pas aidées de la pratique, ou s'ef. facent promptement, ou ne forment que des principes vagues & incertains.

» Nous venons de montrer le mal, essayons d'indiquer le remède; commencons par l'inftruction particulière des corps: ce n'eft ni dans la cour d'un quartier ni fur une place publique, qu'ils peuvent apprendre ce qu'ils doivent favoir; & d'ailleurs, ces exercices momentanés laiffent les troupes à toute leur oifiveté. Voici comment on pourroit remplir le double objet de les occuper & de les inftruire.

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Chaque ville devroit avoir à fa portée un terrein acquis ou loué par le gouvernement, pour fervir de théâtre continuel aux divers exercices de la garnison. C'est là que le foldat apprendroit à élever un retranchement, à conftruire une redoute, à creufer une tranchée; c'eft à cette école-pratique, dirigée par quelqu'un de l'art, que l'officier acquerroit dans la fortification la portion de connoiffance néceflaire à fon genre de fervice. C'eft là qu'officiers & foldats feroient inftruits à l'attaque & à la défenfe de toute efpèce d'ouvrages; c'eft fur ce local mêlé d'inégalités, d'obftacles, & terminé, s'il étoit poflible, par une forêt, une rivière, &c. que feroient fimulées toutes les opérations de la guerre.

» Un semblable établiffement feroit moins brillant, peut-être, que celui d'une école militaire, mais certainement plus utile & beaucoup moins difpendieux.

» Voyons l'autre partie du système d'inftruction.

tour-à-tour à ces utiles leçons de la guerre! Quel encouragement tout-puillant, & pour les troupes, & pour les chefs! Que de talens on verroit naitre & fe développer! »

Et, par exemple, pour ne parler feulement que de l'infériorité en force, combien n'exige-t-elle pas d'inftruction de la part du général? Quelles précautions ne doit-il pas prendre dans les pofitions à occuper, & dans la manière de fe camper, de fe fortifier, de marcher, de combattre? La rufe, l'art, leś furprifes, les accidens du terrein, rien ne doit être oublié pour acquérir une égalité ou une fupériorité, uniquement dues au coup d'oeil, à la perfpicacité, & furtout au talent de favoir tout mettre à profit pour s'affurer une réuffite heureufe. Et où pouvoir acquérir des connoiffances auffi vaftes, fi ce n'eft au moyen de l'inftruction acquife par la théorie, & confirmée par la prat que ?

Convaincus, comme l'auteur dont nous venons d'extraire les idées fur l'inftruction, de l'importance de cet objet, nous renverrons les lecteurs à ce que nous en avons dit au mot Force publique dans ce Supplément.

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Tel officier fe montre partout; il devance toujours le péri d'une demi-lieue; il a quatre chevaux tués fous lui & par lui; il mériteroit tout au plus le prix de la courfe; il a celui de la valeur.

Pendant ce tems - là les véritables combattans font bleffés dangereufement & oubliés dans un hô"Nos grandes villes de guerre ont chacune des pital. Quelques-uns d'entr'eux fe fauvent-ils & établissemens pour dix ou quinze mille hommes, veulent-ils demander juftice? on leur dit que ou plus. Tout ce qu'on tranfporte dans les camps toutes les places font données, et on leur en proavec tant de frais & de dérangemens pour les ha- pofe, ou de très-inférieures à leur grade dans le bitans des campagnes, l'artillerie, les munitions, militaire, ou quelques-unes dans le civil, pour les vivres, les outils, &c. fe trouvent abondam- l'exercice defquel'es ils n'ont acquis aucune conment en magasin dans ces grandes places. Réunif-noiffance. Que peut faire alors un brave homme fez tous les ans, vers la fin de l'été, aux troupes qui s'y trouvent en garnison, celles de l'arrondiffement à quinze ou vingt lieues; elles rempliront l'objet d'autant de camps d'inftruction. Il eft à croire que la perfpective de paroître annuellement fur une de ces fcènes publiques, d'y recueillir la louange ou le blâme, les punitions ou les graces, produira & entretiendra dans les troupes la plus

vive émulation.

qui a de l'honneur & de la moralité? Se retirer en fe rappelant du proverbe anglais : Celui qui mange les oies du roi, fera étouffé par les plumes. Et par ce moyen il manque à la fortune, mais jamais à la bonté ni à la probité; il acquiert l'indépendance de bonne heure, & feulement s'il a la manie de vouloir du bien aux hommes & de leur en faire il faut leur laiffer la permiflion d'être ingrats, & se réserver celle de fe moquer quelquefois d'eux, » Mais c'eft pour les officiers-généraux furtout, Qu'il fe gare furtout de fe laiffer féduire par ces que ces grandes écoles feroient d'une utilité inap-grands mots : Mais votre patrie! vos talens ! vos préciable: tous les ans ils viendroient y mettre à l'épreuve leurs connoiffances, & en acquérir de nouvelles ; ils auroient le public pour témoin, & pour juge leur capacité : & quelle eft l'ame indolente & baffe pour qui cette pensée ne devînt un aiguillon falutaire? Mais combien le zèle univerfel feroit accru, fi les premiers magiftrats paroiffoient

vertus! &c. en fe rappelant qu'il n'y a perfonne dont le monde ne puifle fort bien fe paffer.

Celui qui veut écouter l'ambition, doit connoître auparavant quelles font fes maximes: rime, écris, pille ou rampe; ne t'effraie pas d'une tache; quand tu en feras couvert, il n'y paroitra plus. Si tu yeux réuffir, pouffe, frappe, mords, écrafe,

veille, jeûne, fouffre & ris; écoute les vieux, amuels vieilless jette ton argent aux femmes, ton honneur aux hommes; flatte tout le inonde & n'aime que to'.

Si tu veux réulir, perfifte dans cet exercice toute la vie; garde-toi furtout d'avoir des re. mords, fans quoi tu n'iras pas loin.

Et à quoi mènent toutes ces peines? A de la cendre ou à de la fumée.

feroit hors d'état de travailler, fe trouve plus riche que la plus grande partie des habitans du même lieu, tels que manouvriers, bûcherons, vignerons, tifferands & autres. On fuppofe, avec affez de raifon, le travail de ces hommes borné à deux cents jours dans l'année, le furplus, comme les fêtes, les journées perdues par la rigueur des faifons, la maladie, &c. ne pouvant point entrer en compte. Or, il eft bien rare, ou plutôt il n'eft pas ordinaire que ces hommes gagnent i franc par jour, ce qu'il faudroit pour égalifer la fomme

INVALIDES. Quoiqu'il y ait déjà un article du général Lacuée fur les invalides, dans le Dic-affurée aux vétérans mariés. Voilà donc l'égalité tionnaire auquel celui-ci fert de fupplément, je de fortune établie entre le foldat & les habitans ne faurois m'empêcher de donner ici l'extrait d'une de la campagne. addition à l'article invalide, qui fe trouve dans la première Encyclopédie.

Le plus grand des malheurs que la guerre entraine après elle, c'eft la confommation d'hommes, & le miniftre de la guerre eft quelquefois occupé vainement à remplacer tout ce que le fer, le feu, les maladies, la défertion, laiffent de vide dans une armée. Quelques campagnes enlèvent à la France une grande partie de cette jeuneffe qu'elle a mis bien des années à élever, & les enrôlemens volontaires ou forcés dépeuplent les campagnes. Pourquoi ne pas employer les moyens qui fe préfentent, de rendre quelques habitans à ces communes où trop fouvent l'on ne rencontre plus que des vieillards & des filles de tout âge.

Il feroit en outre fort aifé de prouver qu'indépendamment du produit de quelque léger travail ou de quelque petit commerce dont le vétéran est le maître de s'occuper, il fera plus riche & plus en état de bien vivre, fans bras avec la paye, que le payfan fans paye avec fes bras. Quelle est donc la fille qui refuferoit un vétéran même eftropié, qui ne peut dans aucun cas être à fa charge, & qui peut lui procurer du bien-être ? Et quel eft le veteran qui, connoiffant fon état, ne croira pas qu'il y a de la générosité dans le procédé d'une fille qui vient ainfi, en l'époufant, s'offrir à partager avec lui fon bien-être & fes peines? Cela peut donc faire de très-bons mariages, & voici l'utilité dont ils pourroient être à l'état.

Ces vétérans mariés auroient des enfans: on pourroit exiger que tous les enfans mâles, à

Quel inconvénient y auroit-il de ftatuer que tout défenfeur de la patrie, auquel fes fervices, fes actions ou fes bleffures auroient mérité la vété-moins de mauvaife conformation, d'infirmités, rance, & qui ne feroit pas placé dans les demibrigades de vétérans, fe retireroit dans fa commune, & qu'il y jouiroit d'un traitement de 60 centimes par jour s'il s'y marioit, & de 40 centimes feulement s'il ne fe marioit pas. On conçoit bien que les invalides, c'est-à-dire, ceux que leur âge, leurs infirmités ou leurs bleffures rendroient incapables de fe marier ou même de fe fervir, feroient placés dans l'hôtel de Mars à Paris, ou dans ceux deftinés à cet objet dans chaque divifion militaire.

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fr. par

de défaut de taille ou de quelques autres raifons
qui feroient prévues par la loi faite à ce fujet,
feroient destinés à fervir l'état comme foldat, de
dix-huit à vingt-trois ans. En conféquence le
père & la mère recevroient pour eux 3
mois, depuis l'inftant de leur naiffance, jufqu'au
moment où ils auroient atteint l'âge de dix-huit
ans. Cette fomme de 36 fr. par année mettroit
du bien-être dans le ménage, & aideroit à élever
l'enfant, & même à l'éduquer. 10 centimes de
plus par jour dans un ménage, à la campagne,
procurent de l'aifance.

Il ne faudra pas avoir recours à de grands cal culs pour prouver les avantages qu'il y aura pour l'état & pour les vétérans, dans le mode que l'on propofe. A l'hôtel des invalides, il en coûte I fr. 40 cent. par jour pour la nourriture & l'en retien de chaque invalide; ce qui eft plus du double de ce que coûteroit un vétéran marié dans une commune. A l'égard des vétérans ou invalides dans les nouvelles fuccurfales que l'on vient d'établir, ils y coûteront 1 fr. 20 cent. ce qui feroit encore le double de plus : il y auroit donc une grande économie pour le tréfor public. Quant aux vété rans, on fait que ceux renfermés dans l'hôtel, font autant d'hommes perdus pour l'état; qui font privés, en y entrant, & de l'efpérance de fe voir renaître dans une poftérité, & de celle de

revoir leurs parens ni les amis de leur enfance: rien ne les follicite à fe marier; tout au contraire le leur défend, & il eft des cas où il ne fuffit pas de permettre, il faut encore encourager. L'effet du mariage eft le foutien des empires; il faut pour pour ainfi dire l'ordonner.

On a demandé d'envoyer chaque vétéran dans la commune où il eft né, dans la persuasion où l'on eft qu'un vétéran placé dans une commune éloignée de fon pays natal, auroit de la peine à s'y etablir: il ne faut laiffer à combattre aux filles que la forte d'antipathie naturelle pour les imperfections corporelles; il ne faut pas ajouter celle de s'allier à un inconnu.

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eftropié, on a oublié fans doute que partout on trouve les filles difpofées au mariage, parce que tout les en follicite en tout tems, l'esclavage dans l'adolefcence, l'amour-propre & celui de la liberté dans la jeuneffe; l'envie d'avoir ou de jouir dans l'âge mûr, la crainte du ridicule & de cette forte de mépris attaché au titre humiliant de vieille fille : voilà bien des motifs de quitter un état où la Nature & fes befoins font perpétuellement en procès avec les préjugés.

La loi pourvoiroit auffi à affurer l'existence de de la femme qui deviendroit veuve avant que le dernier de fes enfans eût atteint l'âge de dix-huit ans. (Voyez VETERAN, dans ce Supplément.)

IVROGNERIE. En parcourant l'histoire des différens peuples, en lifant les récits des voya

Il y a dans les habitations de campagne une honnêteté publique qui ne fe rencontre que là: tous font égaux en privation de fortune, mais ils ont un fentiment intérieur qui n'autorise les al-geurs, on eft tenté de regarder l'ivrognerie liances qu'entre gens connus.

Tel vétéran en veut à ma fille, dira un pay fan; j'en fuis bien aife; il eft de bonne race, j'en ferai mon gendre: expreffion naïve du sentiment d'hon

neur.

On n'entre pas dans de plus grands détails fur les moyens d'exécution de ce projet, des priviléges à accorder aux vétérans mariés, de la néceffité de les établir de préférence dans des communes de campagne voifines des grandes communes où ils pourroient être nés, de préférence à ces grandes communes, &c. On fe contente d'avoir laiffé entrevoir la néceffité, la poffibilité & l'utilité des mariages pour les vétérans qui peuvent en contracter.

Quelques perfonnes pourroient peut être craindre qu'une partie des vétérans qui fe marieroient, ne s'ennuyaffent bien vîte d'un genre de vie pour lequel ils n'auroient pris aucune habitude, & qu'alors ils n'abandonnassent leur femme & leurs enfans.

Si le vétéran marié renonçoit aux priviléges de l'honneur, & s'il devenoit fourd aux cris de la Nature, qui dit fans ceffe d'aimer & de protéger fa femme & fes enfans, les difpofitions de la loi l'empêcheroient de s'écarter de fon devoir. Dans le cas d'abandon de ce qu'il doit avoir de plus cher, il feroit déclaré déchu des graces de l'état, fa paye lui feroit ôtée en entier, fans aucune efpérance de pouvoir la réobtenir, & la totalité de la paye feroit dévolue à la femme fi elle avoit deux enfans & au deffus; la moitié fi elle n'en avoit qu'un, & le quart fi elle n'en avoit point.

Il n'y auroit donc pas lieu de craindre que le foldat renonçât à une vie douce & tranquille pour faire le métier de vagabond & d'homme fans aveu, genre de vie humiliant par lui-même, & qui le priveroit fans retour du fort heureux dont il ne tiendroit qu'à lui de jouir & de partager avec fa famille.

A l'égard des filles qui, la plupart dit-on, auront de la répugnance à s'unir à un vétéran Art Militaire. Suppl. Tome IV.

comme une des paffions ou des foibleffes les plus communes parmi les hommes. On voit, en effet, prefque tous les législateurs rechercher avec foin les moyens les plus propres à prévenir l'ivreffe ou à détruire l'ivrognerie, & les peuples les moins civilifés font ordinairement ceux qui y font le plus adonnés.

L'homme qui n'eft pas dominé par cette paffion, conçoit avec peine comment elle peut exifter: cependant elle eft malheureusement trèscommune; elle règne parmi les militaires, elle y produit de grands maux, & il feroit heureux de trouver les moyens de la prévenir ou de la dé

truire.

Alexandre vit la vie abrégée & fa gloire ternie par le goût du vin; Attila en fut la victime: on avoit donné à Artus de Coffé le furnom honteux de maréchal des bouteilles. Le tempérament de Pierre-le-Grand fut ruiné par le vin, & dans l'ivreffe il commit des actes de cruauté & de fureur dont l'histoire a conservé le souvenir. A la journée de Castelnaudari, le vin caufa la perte d'un grand-homme; au paffage du Rhin, fous Louis XIV, le grand Condé fut la victime de l'intempérance de quelques-uns de fes fubordonnés. L'ivreffe fit manquer au maréchal de Rantzau quelques projets qui auroient ajouté à sa gloire; enfin Santa-Cruz cite un général espagnol qui, dans le vin, ordonna de donner l'affaut à une ville aux murs de laquelle il n'y avoit point de brêche.

Mais autant on doit infifter fur les moyens de bannir l'ivrognerie parmi les officiers français, autant il faut s'occuper des moyens de la détruire parmi les foldats, où elle fait les ravages les plus funeftes. C'est toujours de l'ivreffe que naiffent les querelles qui privent l'état de fes plus intrépides défenfeurs; c'est au cabaret où le foldat, éloigné de fes officiers, forme des complots de défertion. Pour fatisfaire au goût du vin, le foldat vend fon linge, emprunte, & fe trouve obligé enfuite de déferter fes drapeaux. La moitié Xxxx

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