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même régime, ne combattant plus pour eux ni pour la patrie, mais uniquement pour fatisfaire les paffions de leurs maitres.

Les deux premiers peuvent être réduits en un à condition de ramper toute leur vie fous des feuls la gymnastique médicale étant néceffaire- grands feigneurs, auxquels on confioit ordinaiment la base de toute existence, puifqu'elle en- rement le cominandement des corps militaires ; feignoit la méthode de conferver & de rétablir quoiqu'ils fuffent encore à peine fortis de l'âge la fanté par le moyen de l'exercice. Quant à la de l'enfance. Rien n'étoit mieux combiné fans gymnaftique militaire, elle doit être regardée doute pour le defpotifime & l'afferviffement de comme la fuite de la première, aucun homme l'Etat. Cependant dans cet ordre de chofes il fe n'en étant exempt, puifque tous étoient deftinés trouvoit quelquefois des hommes doués du génie à être foldats. Les exercices de la première conmilitaire; le hafard ou une longue expérience fiftoient à fe promener dans des allées couvertes pouvoient en laiffer percer quelques-uns leurs découvertes, à jouer au palet, à la paume, au talens procuroient quelques victoires; mais ces ballon, à lancer le javelot, à tirer de l'arc, à événemens accidentels faifoient affez peu de fenatter, fauter, danfer, courir; à fe baigner, fefations fur des peuples efclaves, tous foumis au aire frotter; à monter à cheval, &c. On fentira ifément combien cette médecine eft préférable à celle des médicamens, qui eft ordinairement alliative, désagréable & dangereuse. Les exerices de la gymnaftique militaire étoient, le faut, difque, la lutte, le javelot, le pugilat, la Durfe à pied, à cheval, en chariot, la natation, efcrime, &c. C'étoit pour perfectionner ces tercices & exciter une fouable émulation, que ans les fêtes & les autres cérémonies, on celéroit des jeux publics, connus fous le nom de ombats ou jeux gymniques, dans lefquels le vainleur recevoit des honneurs & des récompenfes. L'inftitution de la chevalerie ramena chez les odernes des exercices qui approchoient de ceux es anciens. On lit dans l'hiftoire de la Vie du une Boucicault, «qu'il couroit & alloit longuement à pied, pour s'accoutumer à avoir longue haleine & fouffrir longuement travail. Qu'il fériffoit d'une coignée ou d'un mail grand pieu & grandement, pour bien fe duire au harnois & endurcir fes bras.» (Voyez le ot Chevalerie.)

Au moment où les François viennent de conquérir leur liberté, néceffités d'avoir des foldats pour affurer la tranquillité au dedans & au dehors, repouffer les ennemis, & contenir les perturbateurs du repos public & les infracteurs des lois, on vient enfin de décréter la confcription militaire; peut-être, preffé par les circonftances, n'a-t-on pas affez médité cette loi fi importante; mais il faut efpérer que l'on pourra la revoir à la paix, avec d'autant plus d'avantages, qu'infruit par l'expérience, on connoîtra beaucoup mieux ce qui pourroit s'y trouver de défectueux, & on pourra chercher avec plus de calme les moyens de la corriger. (Voyez Recrues, Confcription militaire, Force publique).

GUÊTRE. Depuis long-tems des officiers inftruits par l'expérience, avoient écrit contre les guêtres dont on fait ufage pour les troupes en France & chez les différentes puiffances de l'Europe. La guerre faite en Corfe, celle en Amérique, & furtout la guerre pour la liberté, font venues confirmer tout ce qu'on avoit dit à ce fujet. Les guêtres font incommodes; il faut em

Le régime des troupes foldées, en accélérant anéantillement de la chevalerie, & en aidant au efpotifme à jetter impunément les plus profondes cines, fit négliger toutes les inftitutions qui pou-ployer affez de tems pour les mettre; elles gênent oient contribuer à former des hommes. Pour conenir des citoyens dans l'efclavage, il falloit armer es efclaves; auffi choifit-on pour foldats des ommes avortés, élevés dans la fange des villes; on ur offrit pour récompenfe un falaire modique, our paffion le defir de vivre, pour crainte la prion, les verges ou la mort. Il falloit affortir les dif érentes parties qui devoient compofer un pareil nilitaire; & pour y réuffir au gré des defpotes & le leurs miniftres, les foldats ne furent plus ugés dignes de pouvoir parvenir à commander; on auroit craint leur expérience & cet amour de 'indépendance, affez naturel à tout homme qui vieillit au milieu des combats & des hafards de a guerre. On eut donc le plus grand soin d'aller prendre dans les écoles des jeunes gentilshommes pen fortunés, & fachant à peine encore lire, pour leur confier les places de chefs fubalternes,

la circulation du fang, & ne préfervent nullement la jambe du froid ou de la boue. Les culottes, au contraire, defcendent jufqu'audeffous de la cheville du pied; &, recouvertes par une demi-guêtre en cuir, avec de très-gros fouliers, ou beaucoup mieux par une demibotte; le pied à cru dans un chauffon de cuir bien graiffé chaque jour; les entre cuiffes garnies en bafanne, ont tous les avantages d'un vêtement très-commode, ne gênant ni les mouvemens, ni la circulation, fe vêtiffant promptement, & faifant bien pour le coup-d'œil. On avoit adopté ce vêtement pour quelques troupes; il faifoit partie de l'habillement des chaffeurs des montagnes, qui ont fi bien fait la guerre contre les Efpagnols. Cependant les guêtres font encore en ufage pour l'infanterie françoife, & la plus grande partie des foldats s'empreffent, dès qu'ils

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effentiel d'en faire une des parties principales de l'éducation, & d'employer enfuite tous les moyens pour le faire mettre en pratique dans l'âge même de la virilité, jufqu'à celui de la caducité. Ayez des citoyens qui, dès l'âge le plus tendre, auront affoupli & fortifié leurs membres, qui fe feront habitués à braver les intempéries des faifons, à fupporter la faim & la foif, & vous vous ferez affurés de défenseurs invincibles. Pères & mères qui aimez véritablement vos enfants, applaudiflez aux établissemens de la gymnastique; allez être les témoins des exercices auxquels on foumettra vos enfans; encouragez-les, excitez leur émulation, & vous ferez bien plus tranquilles fur leur fanté & même fur leurs mœurs.

HABILE fignifie plus que capable, plus

ABILE fignifie plus que capable, plus qu'inftruit; ainfi on peut avoir lu tout ce qu'on a écrit fur la guerre, ou même l'avoir vue, fans être habile à la faire. Un officier peut être capable de commander; mais pour acquérir le nom d'habile général, il faut qu'il ait commandé plus I une fois avec fuccès. L'habile général eft celui qui fait un grand ufage de ce qu'il fait; le capable eut et l'habile exécute. Mais on ne fait pas touours la guerre; il faut donc, pour former des gé éraux, en former le fimulacre; il faut des camps, es attaques, des marches, des choix de pofition; I faut étudier fur le terrein les fautes des uns et 1 conduite fublime des autres. L'art de la guerre T'offie pas un bien grand cercle de moyens pour affurer la victoire; il faut continuellement le arcourir, l'approfondir, et l'on devroit d'autant oins regretter les peines prifes à ce sujet, que e feroit prolonger la paix, que de poursuivre fans elâche l'étude néceffaire pour s'aflurer des fuccès la guerre.

HABITANS. Voulez-vous fortifier une maison u la défendre? ayez foin de la faire évacuer par s perfonnes qui l'habitent.

Avez-vous une place à défendre ou à attauer? apprenez à en connoître les habitans, leur aractère, leurs inclinations, leur amour pour leur atrie, &c.

Si vous êtes obligés de fortifier un village, un ont, des pofitions, employez le plus que vous pourrez les habitans, fans cependant nuire aux ravaux de la campagne.

Etes-vous obligés de fortifier une place nouellement conquife? faites-en fortir les habitans, lefarmez & faites furveiller ceux qui refteroient, mployez-les aux travaux dans l'intérieur, empêhez-les de former des raffemblemens; qu'il leur oit défendu de fortir de chez eux en cas d'aarme, ni même dès l'inftant que le soleil est couché.

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HABITUDE. Qu'entend-t-on par habitude? De combien de genres font nos habitudes? Quel eft en nous le principe de l'habitude? Quels font les principaux phénomènes des habitudes dans les individus? Quels font les principaux phénomènes des habitudes générales dans l'organisation fociale? On entend par habitude, une manière d'être ou d'agir que nos organes tendent toujours à reprendre, et à laquelle ils font pliés, foit par une fréquente répétition des mêmes actes, foit par une longue expofition à quelqu'action des objets Art. Milit. Suppl. Tom. IV.

extérieurs fur nous, foit enfin par la longue durée de la non-action.

Il y a trois fortes d'habitudes; l'habitude d'agir, l'habitude de fubir une action étrangère, l'habitude d'être fans action et fans fujétion à une action étrangère; en d'autres mots, il y a l'habitude active, l'habitude paffive, l'habitude neutre: cette diftinction n'a pas befoin d'être juftifiée. Tout le monde fait que l'habitude de courir, qui eft bien une habitude active, eft différente de celle d'être voituré, que j'appelle une habitude paffive, et de celle de refter couché, qui eft neutre.

Il eft fâcheux que nous n'ayons qu'un mot pour exprimer trois idées si différentes les Latins en avoient au moins deux, habitus, manière d'être, par laquelle on eft tenu, poffedé, et habitudo, manière de faire & d'agir.

L'observation des phénomènes de l'habitude eft peut-être plus difficile que celle d'aucun autre phénomène de l'existence humaine, parce que nous manquons de mots qui facilitent la diftinction & l'arrangement de leurs variétés, & que ces variétés font infinies, l'habitude s'étendant à tou tes les modes de notre existence, & ayant d'ail leurs, fi on peut le dire, une vie à part & des âges différens, dans lefquels elle ne fe reffemble pas.

Outre le mot habitude, qui ne représente que l'idée abftraite d'une difpofition conftante de l'ef prit & du corps, ne faudroit-il pas un mot qui exprimât la fucceffion des actions? manieres d'étre par lefquelles commence une habitude, et ne pourroit-on pas fe fervir du mot habituement ? N'en faudroit il pas un autre pour exprimer la ceffation de ces actes, qui eft le terme de l'habitude, & ce mot ne pourroit-il pas être déshabituement?

L'origine de l'habitude eft la même que celle de l'imitation; l'habitude n'eft dans fon principe qu'une imitation de nous-mêmes, répétée & continuée. Son principe eft dans les fens, qui avertiffent & modifient le cerveau; dans le cerveau, qui avertit & modifie les mufcles; dans les mufcles, qui obéiffent au cerveau.

Les caufes qui font naître nos habitudes, font, ou nos befoins, ou l'action continue d'un pouvoir étranger fur nous, ou enfin notre indifférence & notre indépendance. Il eft donc des habitudes volontairement contractées, & d'autres qui ne le font pas : il en eft qui, conformes à notre nature, fe font unies avec elle; d'autres qui, lui étant contraires, l'ont fubjuguée.

Après avoir vu le principe de l'habitude, voyons fa nature.

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Qu'est-ce que nos principes nature's, dit Pafcal, finon nos principes accoutumés? Dans les enfans, ceux qu'ils ont reçus de la coutume de leurs pères, comme la chaffe dans les animaux.

Une différente coutume donnera d'autres principes naturels ; cela fe voit par l'expérience, & s'il y en a d'ineffaçables à la coutume, il y en a auffi de la coutume ineffaçables à la Nature; cela dépend de la difpofition.

La coutume ett une feconde Nature qui détruit la première; la Nature n'eft probablement ellemême qu'une première coutume, comme la coutume eft une feconde Nature.

Les habitudes, dit Condillac dans fa logique, font des mouvemens réglés qui fe font en nous fans que nous paroiffions les diriger, parce qu'à force de les avoir répétés, nous les faifons fans avoir befoin d'y penfer.

C'eft, dit Montaigne, une violente & traîtreffe maîtreffe d'école, que la coutume; elle établit en nous peu à peu à la dérobée, le pied de fon autorité; mais par ce doux & humble commencement, l'ayant raffi & planté à l'aide du tems, elle nous découvre tantôt un furieux & tyrannique vifage, contre lequel nous n'avons plus la liberté de hauffer facilement les yeux.

Il faut aufli remarquer que les habitudes d'un âge nous abandonnent à un autre.

La jeuneile change fes habitudes par l'ardeur des fens, & la vicilleffe garde les fiennes parce que les fens ne les lui difputent plus.

faifant en forte qu'elle n'abreuve que ceux pour qui elle eft le moins fenfible.

On peut obtenir le premier moyen en multipliant le nombre des citoyens destinés à faire la guerre; le fecond, en ayant une éducation qui forme des êtres qui préfèrent la gloire & l'hon neur à la vie, ou en faifant un devoir de la profeffion des armes à quiconque jouira de certains avantages civils ou politiques.

On devient brave comme l'on devient couvreur, matelot, &c. Veuillez faire tout de fuite un confeiller d'un vigneron, il ne le pourra pas; mais faites paffer cet homme de l'état de clerc à celui de procureur, enfuite à celui de confeiller.

Propofez à un dragon qui vient de faire gloriet fement la guerre, de devenir charretier; il ne le voudra pas.

La vertu languit quand on ne l'exerce pas, & quand elle dort le vice s'éveille; c'est-à-dire que l'homme redevient ce qu'il eft naturellement, animal timide, pareffeux & fenfuel.

Pour prévenir cette révolution, il faut perpétuer l'éducation qui élève les ames à l'amour du bien qu'on peut préférer à la vie; pour que cette éducation foit perpétuée, il faut qu'elle continue d'être néceffaire; pour qu'elle foit néceffaire, il faut que les occafions foient fréquentes de prati quer ce que l'on continue d'enfeigner; & reci proquement, pour que l'enfeignement foit utile & les préjugés à l'abri de la froide analyse, il faut que l'habitude fe joigne à l'enfeignement, pour rendre facile & ordinaire ce qui répugne à la Nature, & ce qu'il doit être honteux de ne pas faire.

L'imitation & l'habitude font deux grands mo. biles des actions humaines; elles ont leur origine dans la nature de l'homme & dans fes intérêts. En comparant le nombre des actions qu'elles font faire, le nombre d'hommes qu'elles gouvernent, l'efpace de tems pendant lequel elles ont gouverné le monde, aux actions, aux hommes, aux tems qu'ont gouvernés les paffions, & furtout la raifon, on verra que l'empire de l'habitude & de l'imitation est le plus stable & le plus univerfel: on ne peut douter qu'il ne foit en même tems le plus ré-les chefs de vos cantons. gulier, le plus doux, le plus naturel; c'est donc fur lui principalement que la politique & la morale doivent fonder leurs fyflèmes & édifier leurs inftitutions; c'est par lui qu'elles peuvent conduire les hommes fans baïonètes, les accorder fans tribunaux, les rendre heureux fans déception.

Que la difcipline militaire devienne en partie la difcipline civile, que la conftitution politique fe monte en partie fur la conftitution militaire, que les foldats redeviennent citoyens fans perdre leur premier état, & que les citoyens redeviennent foldats fans ceffer d'être le corps de la nation, alors les chefs du peuple feront les chefs de vos légions, les tribuns de votre milice feront

Mais avec le fecours de l'éducation, qui doit foigner les habitudes, les diriger, les infpirer, l'on peut tirer le plus grand parti des hommes, furtout pour le métier fi pénible de la guerre.

Si la crainte d'être tué répand l'amertume fur toutes les jouiffances de ceux qui font exposés à ce danger, il faut faire en forte, non-feulement de diminuer le dinger en lui-même en multipliant les chances heureufes, mais encore en favorifant un enthoufiafine qui rend la mort infenfible, en éloignant la liberté de l'option, en compenfant ce défavantage par des avantages plus grands, en

HACHE. La hache eft un outil infiniment né ceffaire à la guerre dans une grande quantité d'oc cafions. C'eft pour cette raison qu'on croiroit avantageux d'attacher à chaque bataillon, des porte-haches armés d'une carabine; dans une ac tion, on pourroit les réunir pour faire le coup de fufil en avant, fur les flancs ou dans les intervalles. Dans d'autres circonftances ils travailleroient & dirigeroient les travailleurs pour cu vrir des chemins, faire des abattis, fortifier des pofitions, couper les bois néceffaires pour l'armée, faire des palilfades, des gabions, des fafches, des ponts à chevalet, &c. &c.

HAIE. Si vous êtes obligés de paffer des haies, protégez par le feu de quelques pelotons Is hommes deftinés à les couper.

Faites-vous un fourage, ne négligez pas de garnir les haies d'hommes deftinés à les défendre & à empêcher les furprises.

Si au contraire, dans une pofition défensive, vous ne pouvez pas tirer parti des haies comme abattis, ne manquez pas de détruire celles qui feroient nuifibles & qui pourroient procurer des points d'appui ou des abris aux affaillans; mais fi Vous trouvez des haies dont vous puiffiez faire fage pour votre défenfe, faites un foffé, ou en dedans, ou en dehors.

On doit autfi faire couper les haies qui pouroient embarraffer des colonnes ou de l'artillerie lans leur marche ou leur développement.

HAINE. La haine eft une malveillance, une verfion contre quelqu'un cette paffion est une es plus malheureufes parmi des hommes deftiés à vivre ensemble, tels furtout les militaires, ui ne fauroient trop multiplier entr'eux tous les ens de la fraternité & de l'amitié. Dominés par ette paffion la plus fufceptible de troubler notre ifon, nous fommes continuellement à la merci e la perfonne que nous haiffons; sa vue nous meut, fon fouvenir nous agite: nous n'y penɔns qu'avec dépit, & nous recevons par-là nousémes la peine du mal que nous voulons à auui, ainfi l'homme hai ett tranquille, tandis que perfonne qui le hait eft continuellement tourentée. Combien nous fommes dans l'erreur! Ah! nous avons quelque chofe à hair, que ce foit ttte paflion fi dangereufe de la haine. Rappelonsous, comme le dit Charron, que toutes les chois ont deux anfes, par lefquelles on peut les rendre; par l'une, elles nous paroiffent grieves t poiffantes; par l'autre, aifées & légères. Appliuons-nous donc à prendre les chofes par la onne anfe, & nous trouverons qu'il y a touurs quelques objets dignes de notre attacheent dans les perfonnes que nous accufons & que nous haiffons, & nous plaindrons la perfonne qui nous oftenfe, au lieu de la hair. N'eft-elle as en effet bien à plaindre, puifqu'elle perd l'uage de la raifon en offenfant un de fes femlables? O mes dignes frères d'armes ! tournez otre haine en pitié envers ceux dont vous auriez i vous plaindre, & occupez-vous à les rendre lignes d'être aimés, au lieu de vous permettre a moindre haine contr'eux!

HARAS. CHEVAUX, TROUPES A CHEVAL. On trouvera peut-être déplacé que nous regardions comme important de s'occuper des haras dans un Dictionnaire militaire; mais, d'un côté, la guerre neceffite une fi grande quantité de chevaux pour la cavalerie, l'artillerie, les vivres, les équipages, &c.; d'un autre côté, nous fommes fi convaincus que l'on devroit faire des haras une partie effentielle des établiffemens militaires, que gous avons regardé comme un objet tres-inté

reffant les haras négligés depuis fi long-tems, & méritant plus que jamais l'attention du gouver

nement.

D'ailleurs, jamais l'occafion ne fut plus favorable pour traiter un objet qui intérefle le bien général & particulier, depuis la divifion en départemens, préfectures fous-préfectures, arrondiffemens, cantons, &c.

En formant ces différentes divifions, on s'eft donné des yeux pour voir jufqu'aux moindres ra mifications, & la nation eft affurée d'avoir des moyens, non- feulement pour connoître, pour difcuter tous les droits & tous les intérêts des plus fimples citoyens, mais encore des facilités pour porter à la fois, dans toutes les communes & les établiffemens les plus reculés, la protection qui leur eft due, les fecours & les lumières qui leur font néceffaires, ainfi que les travaux qui peuvent leur être utiles.

D'après ces vérités malheureufement reconnues trop tard, qui ne doit efpérer que les préfets ne s'occupent férieufement à veiller fur tous les objets qui intére ffent la chofe publique? Qui ne doit pas fouhaiter en même tems de voir établir dans chaque département un haras confié à des officiers de cavalerie, très-bons écuyers, auxquels on donneroit pour palefreniers des cavalers très-inftruits & très-excellens fujets? Dèslors plus de garde - étalons, & confequemment la deftruction de très grands abus. Ces gardes ne prennent ordinairement cette place que pour jouir des rétributions & des priviléges qui y font attachés, fe fouciant d'ailleurs affez peu que leurs chevaux faffent des poulains ou non quelquesuns même d'entr'eux ne fe font pas de fcrupule de faire des fraudes très-pernicieufes, & les priviléges dont ils jouiflent, font onéreux aux communes dans lefque les ils font établis.

Quant à l'utilité des haras, quel eft le Français un peu patriote qui pourra apprendre avec indifference qu'il fort annuellement de la république des fommes immenfes (1) pour le procu rer des chevaux de chatle, de felle, de cavalerie, de trait dont nous avons befoin, tandis que de toute l'Europe la France a toujours été reconnue pour le pays le plus propre à la propagation & à l'éducation des chevaux, & qu'il n'y a pas un feul de fes départemens où l'on ne puiffe établir des haras avec fuccès; cependant, malgré des avantages auffi importans, non-feulement on importe chez nous des chevaux de toute espèce, & nous n'en exportons d'aucune ; mais à l'exception du cheval d'attelage normand,

(1) La France tire de la Oft-Frife plus de fix cents grands chevaux de trait chaque année, coûtant, l'un dans l'autre, quinze louis; ce qui fair plus de neuf mille louis, fans les frais de route; fomme qu'elle pourroit aifément épargner.

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