Imágenes de página
PDF
ePub

4

[blocks in formation]

BANC DES CASERNES. On trouve dans chacune des chambres de nos cafernes deux bancs qui, quoique longs,ne le font ce pendant point affez pour que tous les foldats qui compofent une chambrée puiffent s'y affeoir en même tems; comme ces bancs font d'ailleurs très-pefans, & comme ils ne font qu'au nombre de deux, il arrive que lorfque trois foldats ont besoin de s'affeoir en même tems, en différens endroits, un d'eux eft obligé de s'affeoir fur fon lit; de-là, la dégradation des fournitures; de-là, l'impoffibilité d'empêcher le foldat de s'affeoir fur fon lit, & même de s'y coucher pendant la journée : ne feroit-il pas poffible de transformer ces deux grands bancs en autant de petites efcabelles qu'il y auroit de foldats dans chaque chambrée ?

BANDES. Ce mot,que quelques étymologiftes font dériver du latin, & d'autres de l'allemand, eft celui dont on s'eft d'abord fervi, en France, pour défigner les fignes militaires : il étoit le feul ufité avant qu'on eut introduit les mots banniere, enfeigne, étendard, guidon & drapeau.

Chaque bande confiftoit en un petit morceau d'étoffe plus long que large, qu'on attachoit au haut d'une longue perche. Comme chaque famille, ou du moins chaque petit canton, fe raffembloit, fe formoit autour d'une bande différente, on finit par fe fervir du mot bande pour défigner les hommes qui fe réuniffoient afin de marcher & de combatre enfemble. Voyez l'art. fuivant,

Bandes françoifes.

Le mot bandes fut celui dont on fe fervit conframment fous LouisXI, Charles VIII & Louis XII, pour défigner les divifions diftinctes de l'infan

terie françoife. On s'en fervit encore fous François I, & même fous Henri II.

La force des bandes a infiniment variée; on trouve fous le règne du même prince, de François I, des bandes de cinq mille hommes, de deux mille hommes, de mille hommes; on en trouve même de trois & quatre cens hommes.

Chaque bande avoit fon capitaine, dont elle por toit le nom & fouvent les couleurs.

Le nom de bande ceffa d'être ufité au moment où François I créa les légions; mais il revint en ufage fous Henri II, & il fut confervé jusqu'au moment où celui de régiment fut généralement adopté.

On ne fe fert plus aujourd'hui du mot bandes que pour défigner les divifions du corps dont le grand maréchal-des-logis de la perfonne & de la maifon du roi, ett le chef; & pour diftinguer le prévôt des gardes françoifes d'avec les autres prévôts; il eft nommé prevot des bandes.

BANDOULIERS. Les bandouliers, dit M. de Thou, font des montagnards des Pyrénées ainfi nommés, foit parce que ce font des reftes des Vandales, foit parce qu'iis marchent toujours en bande. Il y en avoit à pied & à cheval.

[ocr errors]

Le Frere, dans fa vraie & entrere Hiftoire des troubles de France, Bafle 1572 in-8° fol. 591, fait un fort vilain portrait des bandoulurs. Les Fyrénées, dit-il, font habitées par un million de bandouliers, qui fleurdenfes, qui fans oreilles, qui fouettés & ftigmatifes de tous côtés; un monde de bannis pour leurs vertus, qui ne vivent que du travail des paffans; dev.lifant fans merci ceux qui penfent traverfer ces détroits pour gagner l'Espagne ou la France... à tous leiquels néan moins ils font grace de la vie, s'ils ne le mettent en defenfe; c'eft en fomme un vrai refuge de débauchés, qu'Espagnols, que Gaicons, en telie quantité, que je les ai vu marcher par bandes & factions diverfés, qu'ils appellent bandouil; ayant au refte leurs loix & formes de vivre, qu'ils gardent aufli foigneufement que nous pourrions faire les ordonnances de nos rois. Les vrais bandouliers fout vers Foix, Bearn & Arragon, Ils font fort propres & naturels au maniement des ores qu'il y en ait quafi par toute l'Espagne.... armes, qu'à prier Dieu pour le prochain, mêment fort adroits à l'arquebufe, à la flèche & au combat de l'épée, pag. 274. » La Popeliniere ne fait point des bandouliers un portrait plus flatteur que celui qu'on vient de lire. Voyez dans le vingt-deuxieme livre de fon hiftoire, les pages 170 & 171.

BANNISSEMENT. Punition. Le banniffement

eft

uae peine par laquelle un homme eft banni d'un Cette retenue s'éleveroit au cinquieme des appays dont il a violé les loix. pointemens de chaque grade.

au

Les corps militaires ne peuvent prononcer ni Pour pouvoir effectuer cette retenue, M. de le banniffement hors du royaume, ni le banniffement B. augmente de beaucoup les appointemens des hors d'un certain diftri&t; ils peuvent feulement, officiers de chaque grade. Il donne aux capidans certains cas, renvoyer ceux de leurs mem-taines 3000 liv., aux lieutenants 1500 liv., aux bres qui fe font rendu indignes de fervir l'Etat, fous-lieutenants 1000, au colonel 6000 liv., les armes à la main. lieutenant-colonel 5500 liv., au major sooo liv. B., ne paroîtra plus une nouvelle charge pour Cette augmentation d'appointement, dit M. de les finances de la guerre, fi l'on fait attention que j'anéantis d'autre part, pour ces mêmes finances, une charge beaucoup plus confidérable qui eft celle des penfions de retraite, fi arbitraires & fi multipliées aujourd'hui, que l'on peut prédire avec affurance que leur fomme paffera bientôt nos moyens. Je dis plus, cette prodigalité défordonnée prive fouvent l'officier, fans crédit & fans protection, du prix que l'on doit à fes fervices. Enfin il eft preffant d'arrêter le défordre actuel, qui fait que chaque officier n'eft plus occupé que de profiter du noment, pour furprendre & obtenir des penfions qu'il n'a point méritées. Je crois donc effentiel, premierement. d'établir un tarif auffi jufte que permanent, en créant à cet effet des fonds particuliers, qui n'étant destinés qu'à cet ufage, ne puiffent jamais être entamés dans ces grands reviremens de parties, auxquels l'incapacité des miniftres & le défordre de leur geftion les conduit fi fouvent.

Nous nous fommes déclarés dans l'article congé, paragraphe des congés infamans, contre l'efpece de bannissement militaire, ufité dans nos armées; nous ne répéterons point ici les raifons que nous avons apportées là, mais nous dirons, en appliquant à notre objet quelques-unes des réflexions qui ont été faites au fujet des banniffe ment civils, que cette punition doit être abrogée; elle ne remplit qu'une très-petite pardie des conditions que doit réunir une peine pour mériter d'être adoptée : elle châtie, peutêtre, certains coupables, mais elle ne fait point une grande impreffion fur les militaires qui reftent encore attachés aux drapeaux, & cependant c'eft principalement pour ceux-là que les punitions font inftituées : elle ne diminue réelle ment pas le nombre de coupables, car fi elle délivre un régiment d'un fujet vicieux, elle en charge un autre, ou bien elle le remet dans la fociété, & il peut faire là beaucoup plus de mal au corps focial que lorfqu'il vivoit fous l'infpection immédiate de plufieurs chefs militaires. Voyez CONGÉ INFAMANT. Il est cependant des fautes qui peuvent, fans danger, être punies par le banniffement, ce font celles qui font purement militaires. Telle eft la lâcheté, car on peut être lâche & cependant bon père, bon mari, &c. On peut avoir violé quelquesunes des loix de la difcipline militaire, & être cependant encore bon citoyen. Mais pour punir les délits qui font tels dans toutes les claffes de la fociété, ce n'eft point au banniffement qu'on doit recourir, c'eft tout au plus à la déportation ou à la rélégation. Voyez ces mots.

BANQUE militaire ou concordat politique.

La banque que je propofe n'ayant d'autres fonds que les retenues annuelles fur les appointemens des militaires, ces fonds feroient la propriété de chacun des individus qui y auroient part. Le dépot en feroit confié fûrement à 8 adminiftrateurs financiers, & cautionnés dans les proportions que l'on jugeroit néceffaires pour la plus grande fûreté. Au moment où un officier entreroit au fervice, ayant, comme fous-lieutenant, 1000 liv. d'appointemens, il lui feroit retenu chaque année 2001., portant annuellement un intérêt de cinq pour cent, qui feroit joint aux augmentations du capital. Devenu lieutenant, ayant 1500 liv. d'appointement, il lui feroit retenu annuellement 300 liv., & devenu C'est une idée féduifante que celle d'une ban- capitaine, il lui feroit retenu annnellement 600 1. que militaire, ou d'un concordat politique, au En fuppofant qu'un officier entre au fervice à moyen duquel l'Etat fe libéreroit des penfions l'âge de dix-huit ans, qu'il foit huit ans fousqu'il eft obligé de donner aux citoyens qui ont lieutenant, dix ans lieutenant & douze ans capiconfacré leurs plus belles années à leur patrie. taine, il fe trouvera à l'âge de quarante-huit C'est, je crois, à M. le baron de B. que nous ans, trente ans de fervice, & avoir à la banque devons cette idée, ou dumoins c'eft lui, qui le militaire un capital à lui de 21,912 liv. 7 f. Si premier l'a fait connoître par la voie de l'impref ce capitaine fe retire à cette époque, la moitié fon. Expofons le plan de la banque propofée de ce fonds lui fera payé argent comptant, c'eftpar ce militaire. « Cette banque feroit formée à dire 10,956 liv. 3 f. 6 d. ; l'autre moitié refd'une retenue annuelle fur les appointemens de tera à la banque, qui lui en fera un intérêt anchaque officier, depuis le moment où il entrnuel & viager à dix pour cent, c'eft-à-dire une roit au service, jufqu'à celui où il le quittero. penfion de 1095 liv. 12 f. 4 d. Si un officier Art milit, Suppl. Tome IV.

I

quitte le fervice avant l'époque révolue de trente ans, il eft clair que fon traitement fe trouvera diminué proportionnellement aux années qu'il fervira de moins, comme il fe trouvera augmenté dans la proportion des années qu'il fervira de plus. Si un officier parvient aux grades fupérieurs & à celui d'officier général, la retenue continuant à fe percevoir au cinquieme de fes appointemens, & les intérêts des intérêts fe joignant toujours aux capitaux, il fe trouvera une retraite proportionnelle à fon rang & à fes fervices; & elle feroit payée de même, noitié en capital & moitié en viager. Les deux exem ples fuivans donneront une idée plus nette de -ce que je viens de dire.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Un officier d'infanterie, après avoir été trois ans fous lieutenant, obtient une compagnie de grace; après avoir été quatre ans capitaine, il obtient un régiment d'infanterie; dix ans après, il eft fait brigadier; deux ans après, il eft fait maréchal de camp; dix ans après, il eft fait lieutenant général; il fert quatorze ans dans ce grade, & fe retire âge de foixante-un ans, fon traitement fe trouve être de 262,403 liv., def quels on lui paye 131,201 liv. 10 f. en capital, & 13,120 liv. 3 f. en penfion viagère.

Tout officier général ou autre, obtenant un gouvernement, un commandement ou une place militaire quelconque, ne feroit point cenfé avoir fa retraite, & n'auroit point la main - levée de fes fonds en banque, il ne pourroit les percevoir que du moment où il donneroit fa démiffion abfolue; & s'il mouroit dans fa place, la moizié du capital feulement feroit, comme nous l'avons dit plus haut, payé à fa veuve ou à fes enfans. Cette méthode éviteroit de jamais grever à l'avenir, comme on le fait encore à préfent, toutes les places de commandans, lieutenans-deroi, major de place, &c. de penfions qui réduifent les nouveaux poffeffeurs à un traitement infuffifant aux charges de leurs places, mais qu'ils font obligés d'accepter telles que le miniftre les leur préfente.

Les bénéfices de cette banque feroient de ne jamais rembourfer qu'une moitié des fonds qu'elle auroit reçus, & d'éteindre l'autre par une xente

viagère; d'avoir en profit net tous les fonds de ceux qui quitteroient avant vingt-cinq années de fervice; d'avoir de même la moitié des fonds de tous ceux qui mourroient ou feroient tués au fervice: l'autre moitié devant être remboursée en capital à la veuve, aux enfans, ou au plus proche héritier du mort.

Pour faire un parallèle exact de ce fyftême de banque, avec celui des retraites arbitraires que l'on accorde aujourd'hui, il faudroit que j'euffe entre les mains l'état général des penfions de toutes efpèces qui fe payent fur toutes les caiffes; je me flatte que leur fomme comparée avec l'augmentation d'appointemens que je propofe, montreroit une grande économie ; & il me paroît de toute évidence que cette nouvelle adminiftration affureroit une répartition proportionnelle des bienfaits du roi, plus jufte que celle qui n'eft aujourd'hui que le réfultat d'une intri gue plus ou moins adroite, pour furprendre les miniftres & tromper leur juftice.

Je dois répondre d'avance à une objection qui fe préfentera naturellement à tous ceux qui liront ce chapitre. Dans une réforme auffi confidérable que celle que vous proposez, me dira-t-on, comment établirez-vous la retraite des officiers actuellement au fervice? de ceux qui n'ayant jufqu'à préfent aucune retenue, ne peuvent avoir aucune maffe? Il est un grand principe, duquel tout réformateur, en France fur-tout, ne doit jamais s'éloigner, c'eft de donner au même inftant la force & l'activité à toutes les parties de fon plan; ainfi la banque militaire feroit établie le même jour que la nouvelle conftitution. Les réfultats de cette banque, calculés pour tous les grades & pour toutes les époques de fervice, feroient la mesure de toutes les retraites & penfions données & à donner. C'est pour ne plus changer, que l'on changeroit en ce moment, en diminuant ou augmentant toutes les penfions de retraite qui n'auroient point ce tableau pour tarif. N'y ayant plus dans le militaire que des officiers en activité, ceux-là jouiroient d'un traitement bien au-deffus de celui dont ils jouiffent en ce jour; mais ils n'auroient aucune penfion pendant leur activité ; ils quitteroient le fervice, & jouiroient dès ce moment de la retraite déterminée par les époques de la banque. Cet ordre établi feroit rentrer des fonds immenfes, bien capables de faire face aux penfions de retraites à accor der en ce moment. On prendroit fur les fonds de quoi faire la maffe de tous les officiers qui n'auroient encore que dix ans de fervice, & cette maffe fe continueroit par les moyens indiqués. Quant aux officiers qui fe trouvent à cette époque avoir plus de dix ans de fervice, la mênre retenue fe feroit fur leurs appointemens, pour l'être portée en recette à la caisse des invalides.

[ocr errors]

2

Le tarif des penfions, invariablement fixé par l'établiffement de la banque que je propose, affure à chaque officier un traitement proportionnel à fes fervices, lui montre un avenir certain, & me paroît plus jufte que l'ordonnance actuelle des récompenfes militaires, qui prive tout officier de l'efpoir d'une penfion, fi les foins de fa famille ou de fa fortune l'obligent à quitter avant lize des infirmités & celui de l'épuifement de fes forces. Cette rigoureufe loi fut, fans doute, dictée par M. de S.-Germain, d'après les connoillances qu'il prit du tableau des penfions à fon arrivée au miniftere, il efpéroit par elle mettre un terme à la prodigalité établie alors; mais cette prodigalité s'eft continuée pendant le règne de ce miniftre, avec autant de défordre que fous celui de fes prédéceffeurs ; les penfions & les retraites ont été extorquées avec plus de fineffe peut être, mais en aufli grand nombre & d'une manière plus fâcheufe encore, puifqu'elles l'ont presque toutes été en infraction formelle au titre VIII de l'ordonnance d'adminiftration du 25 mars 1776. »

- Nous n'entrerons point ici dans tous les calculs qu'il faudroit faire pour mettre nos lecteurs à portée d'apprécier ce plan, nous nous borferons à des résultats généraux, & à quelques réflexions qui pourroient fervir à perfectionner L'idée de la banque militaire.

Comment l'eftimable écrivain qui nous a fourni ce projet de banque a t-il pu facrifier les veuves & les enfans des officiers qui feront tués au fervice? Ah! ce font précisément ces êtres infor tunés qui ont les plus grands droits à l'attention des législateurs, & à la générofité de la nation. Perdre un époux, perdre un pere, & voir encore l'efpérance d'une augmentation de fortune détruite, c'eft perdre trop, c'est beaucoup trop perdre à la fois! Je propoferois donc de faire payer aux enfans & à la veuve du militaire tué à la guerre, la penfion viagère proportionnelle aux années de fervice, jufqu'au moment où le père, s'il eut vécu, auroit atteint fa foixantequatrèime année. Je choifis cette époque de foi xante-quatre ans, parce qu'elle eft le terme de da vie des hommes bien conftitués.

Les officiers de l'armée entière coûtent aujourd'hui, d'après le rapport fait à l'affemblée nationale par fon comité des finances, une fomme de vingt-trois millions. Pour pouvoir leur retenir Un cinquième fur leurs appointemens il faudroit augmenter ces appointemens d'un cinquième, ce qui feroit cinq millions au plus; or cinq millions d'augmentation ne feroient affurément point comparables à dix-huit millions ou environ que coûtent actuellement les penfions, ni à douze milbons qu'elles coûtoient en 1769, ni même à

huit milions, taux le plus bas auquel on puisse les réduire.

Mais pourquoi la nation ne feroit-elle pas ellemême la compagnie qui fe chargeroit de tenir cette banque? Cette opération feroit plus fimple; elle feroit auffi fûre, & plus conforme à l'état effet les fommes dont bénéficieroient les adminif actuel de nos finances. La nation gagneroit en trateurs-financiers propofés par M. de B. Un changement que je ferois encore au plan de banque militaire feroit que perfonne ne pourroit y avoir part qu'après trente ans de fervice révolus; mais qu'à cette époque on obtiendroit fa retraite dès la première demande qu'on en fe

roit.

Quant aux officiers qui font actuellement & depuis long-tems au fervice, il feroit jufte ainfi que l'obferve l'auteur du projet, de les faire participer aux avantages de la banque: la nation doit payer les fervices qu'on lui a rendus, fur le même pied qu'elle fe propofe de payer ceux qu'on lui rendra à l'avenir. J'avoue même que je rendrois cette loi générale, & que le tarif nouveau feroit celui dont je ferois ufage pour détruire ou réduire les penfions exhorbitantes qu'ont obtenues, de la prodigalité des' miniftres, la plupart des grands du royaume.

BARRES. Jeu de courfe. On fait que l'ennui eft le fléau des armées françoifes; qu'il eft une des caufes premières de la défertion, du féjour des foldats dans les cabarets, & dans d'autres endroits auffi dangereux ; on fait qu'il eft utile de rendre le foldat agile & léger à la courfe; que ce n'eft que par des exercices violens qu'on y parvient; on fait que le jeu des barres et un des plus propres à remplir ces différens objets, & cependant on ne le fait jamais jouer aux foldats: cet oubli, ou pour mieux dire, cette incurie étonne tout obfervateur attentif. Voyez AGILITÉ & JEUX.

BASSE-ENCEINTE. Voyez FAUSSE-BRAIE.

BASSIN DE PARTAGE. (Science de l'ingénieur.) Réservoir placé au fommet du niveau de pente d'un canal. Ce fommet eft nommé point de partage; & c'eft dans ce réservoir qu'on raffemble toutes les eaux néceffaires à la navigation. C'eft de la poflibilité de raffembler cette quantité d'eau, en amenant toutes les fources & tous les ruiffeaux voifins à un point de partage, que dépend la poffibilité de conftruire un canal de communication entre deux rivières. On a douté long-tems que le canal de Bourgogne qui joindra la Saone à la Seine fut poffible; parce qu'en voyant bien qu'on ne pouvoit en établir le bafin de partage qu'auprès de Pouilly, on ne voyoit pas les moyens d'y raffembler toutes les eaux circonvoifines. L'in

I 2

vention en eft due à M. Abeille, ingénieur du roi, auteur du projet de ce grand ouvrage, qui fera pour la poftérité le plus beau monument de fes connoiffances en hydraulique. Keralio.

BASSINET. Le baffinet eft cette partie de la platine dans laquelle on dépofe l'amorce. Voyez la defcription du baffinet dans l'article ARQUE

BUSIER, dictionnaire des arts & métiers.

Nous avons, dans les ordonnances militaires, deux commandemens relatifs au baffinet: ouvrez le baffinet, fermez le baffinet; pourquoi ne diroiton pas découvrez le baffinet, couvrez le baffinet? ce commandement feroit court, fonore & françois. BASSON. Inftrument de mufique, qui entre dans les mufiques militaires, quoiqu'il foit peu fait pour y trouver place. Voyez MUSIQUE. Pour connoître cet inftrument, Voyez le dictionnaire des arts & métiers.

BASTILLE. On donnoit jadis le nom de baftille à la plupart des châteaux bâtis par nos ancêtres, pour fervir de retraite pendant la guerre, à eux & à leurs vaffaux.

lignes qui le forment, des faillans qui lui procurent des feux de flanc & des feux croisés. C'est à ces faillans que nous donnons le nom de bastion de campagne.

On doit conftruire des baftions de campagne en avant de tous les angles faillans ou morts, parfenfe, & en avant des lignes droites qui font ce que ces angles font dépourvus de toute déaffez longues pour que les baftions élevés à leurs extrémités, ne puiffent les défendre dans toute leur longueur.

Tous les baftions de campagne doivent fournir des feux directs pour leur propre défense, & des feux de flancs pour celle des courtines & des baftions voifins. Ces bastions peuvent avoir la forme d'un baftion ordinaire & être compofés, comme eux. de deux faces & de denx flancs; ils peuvent auffi n'avoir que des flancs, leurs faces étant remplacées par une ligne circulaire. Ces derniers nous paroiffant mériter la préférence REDOUTE CIRCULAIRE, ce fera voyez les feuls dont nous nous occuperons.

,

Les flancs de tous les baftions de campagne formeront un angle droit avec la ligne fur laquelle

La liberté a délivré la France de tous les édi- ils feront placés ; ils comprendront entre eux fices qui portoient ce nom.

On faifoit ufage des baftilles, pour circonvaller les places. Le comte de Salisbury, affiégeant Orléans, à la tête de l'armée angloife, en 1428, & voyant qu'il entroit journellement des fecours dans la ville forma le projet de l'environner de fix grandes baftilles, élevées fur les principales avenues, & fe communiquant par foixante redoutes

conftruites dans les intervalles. Il fut tué d'un coup de canon, & fon projet ne fut exécuté qu'après la mort.. Quoiqu'il ne fût pas poffible de pénétrer dans la ville, fans paffer fous l'artillerie des baftilles, plus d'une fois Gaucourt, Xaintrailles, la Hire, l'amiral Culant, & d'autres chefs de troupes françoifes, forcèrent cette circonvallation, & introduifirent des convois dans la place.

Charles VII. fit conftruire des baftilles autour de Montereau Faut - Yonne, qu'il affiégea en 1437, & prit d'affaut à la tête de fes troupes, en traverfant le foffé plein d'eau, & montant le pre

mier à la brêche.

BASTION DE CAMPAGNE. Science de l'officier particulier. Une des manières des plus fûres de mettre en état de défense un pofte, une maifon, un village, confifte à l'entourer d'un parapet tournant. Voyez MAISON & VILLAGE; mais comme un parapet tournant, qui ne feroit défendu que par des feux directs ou de courtine, feroit très foible, parce qu'il ne feroit point flanqué, Voyez PARAPET; on conftruit, en avant des

une gorge de trente pieds d'ouverture & ils feront proportionnés, quant à leur longueur, au tinées à les défendre: ils auront donc trentenombre d'hommes & à l'efpèce des armes defdeux pieds de longueur, quand on voudra y placer deux pieces de canon; vingt-fix, quand on ne voudra y en placer qu'une, & vingt quand on n'aura point d'artillerie. Voyez Ov

VRAGE EN TERRE.

Pour tracer les faces d'un bastion de campagne conftruit fur une ligne droite, ou pour mieux dire la ligne circulaire qui doit remplacer ces faces, on prend un cordeau dont la longueur eft égale aux deux tiers de celle du flanc du baftion; on porte un des bouts de ce cordeau fur l'extrémité extérieure de l'un des flancs, & de ce point, on trace un arc de cercle vers l'inopération fur l'autre flanc: du point où ces deux térieur du bastion on répète enfuite la même arcs fe coupent, & de la mêine ouverture de les deux extrémités des flancs; cet arc eft la compas, on trace un arc de cercle qui joint ligne circulaire demandée.

truire ces bastions de campagne, Voyez l'article Quant à la manière de revêtir & de confOUVRAGE EN TERRE.

La gorge d'un bastion de campagne placé en avant d'un angle faillant doit être toujours de trente pieds, comme nous l'avons dit plus haut: afin de conferver cette ouverture, ou ce qui eft la même chofe, cette distance entre les flancs,

« AnteriorContinuar »