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Un général habile dans l'art de la guerre,qui auroit reçu des mains de la puiffance fouveraine une armée nombreuse, bien compofée & bien entretenue; qui auroit obtenu encore le droit d'agir d'après fes lumières, les tems & les lieux; qui auroit reçu enfin un pouvoir abfolu fur le pays qui ferviroit de théâtre à la guerre, & fur les provinces les plus voifines de ce théâtre, pourroit efpérer de voir fes entreprises couronnées par un plein fuccès; car il pofféderoît la plus grande partie des chofes qui donnent la victoire. Voyez CARTE BLANCHE, le paragraphe II. de l'article CONSEIL de l'article CONSEIL, & le mot POUVOIR. I verroit cependant fes espérances détruites,fi à tous ces avantages il ne réuniffoit pas une grande autorité fur les hommes dont il feroit le chef.

n'eft pas la plus lourde & la plus dure, ils ont de les fentimens & fur la volonté des autres homla peine à la digérer & s'en dégoûtent plus facile-mes. ment; une avoine légère leur convient mieux. Lorfqu'un cheval travaille, c'eft une mauvaise méthode que de lui mêler du fon & de l'avoine. Quand ils ne mangent pas bien l'avoine feule, il faut alors la leur donner en petite quantité, leur en dérober un ou plufieurs repas, en ne leur donBant que ce qu'ils peuvent manger. Trop fouvent dans les grandes écuries, l'on donne à tous les chevaux la même mesure d'avoine, & par cette manière on nourrit également des chevaux maigres & des chevaux trop gras ; ce qui eft très-contraire à la règle fi effentielle d'augmenter ou de diminuer l'avoine aux chevaux fuivant leurs befoins, & l'état de leur conftitution & de leur fanté ; ces obfervations que l'on évite de multiplier dans la crainte d'être accufé d'entrer dans de trop grands détails, prouvent toujours davantage la néceffité des écuyers dans chaque régiment, pour y veiller fur tous les objets qui tiennent à l'inftruction & à la confervation du cheval. Voyez le mot MA

NEGE.

Ajoutons encore cependant que de tous les grains l'avoine eft celui qui eft le plus profitable aux chevaux, & que c'eft auffi celui qu'ils aiment de préférence: l'expérience prouve que l'on peut les en nourrir fans le moindre danger, parce qu'elle eft pour eux une nourriture falutaire pourvu qu'on ne la leur donne pas pure, & qu'on en tempere la fubftance en y ajoutant une bonne portion de paille hachée : ce mélange qui facilite en même tems la maftication de l'avoine, empêche les chevaux de fe charger l'eftomac d'une trop grande quantité de ce grain.

Répétons encore que c'eft un pur préjugé de croire qu'il eft plus fain aux chevaux de leur donner l'avoine fèche que de la leur donner humide. Il eft cependant aifé de concevoir que l'eau contribue à la diffolution, & que fans elle rien ne peut le tourner en nourriture. Chaque grain qui paffe fans être digéré doit être regardé comme perdu. Et quelle raifon auroit-on d'humecter le grain égrugé dont on nourrit le bétail que l'on engraiffe, finon que de cette manière, il fe convertit plus aifément & plus sûrement en chile & en fang?

Il ne faut humecter l'avoine qu'autant qu'il eft neceffaire pour empêcher que la paille ne fe laiffe pas emporter par le fouffle. Le Chev, de Servan. AUTORITÉ. De l'autorité néceffaire au génézal, de fes caufes & de fes effets.

Nous entendons ici par le mot AUTORITÉ cette influence, indépendante de toute inftitution, de tout établissement, de toute loi civile ou politique, & de toute relation phyfique, que certains hommes acquièrent fur les penfées, fur

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l'auroit vue fe ranger conftamment fous les draSi le pouvoir fuffifoit pour fixer la victoire, cn peaux guidés par des rois, ou par des généraux defpotes; au lieu qu'on l'a vue paffer fréquem ment, toutes chofes d'ailleurs égales, fous ceux du général qui avoit moins de pouvoir, mais plus d'autorité que fon antagoniste.

voir ordonne, commande, impofe des loix ; l'auCela ne peut guères être différemment: le poutorité confeille, prie, conjure, & l'on fait que les le pouvoir feinble s'adreffer à des efclaves, l'auhommes redoutent jufqu'à l'air de la contrainte : torité à des égaux, & l'on fait que les hommes fuient la fervitude autant qu'ils aiment l'égalité : le pouvoir n'employe que la force, il n'agit, pourainfi-dire, que fur le corps; l'autorité attaque le coeur & l'efprit, elle a recours à la féduction & l'on fait que les hommes veulent être entraînés & féduits, qu'ils fe laiffent aller facilement à un penchant infenfible, & qu'on ne peut guères les maîtrifer que par le coeur : Voyez PHILOSOPHIE DE LA GUERRE. Auffi l'obéiffance à l'autorité étant toujours volontaire, eft univerfelle & conftante, tandis que l'obéiffance au pouvoir n'eft prefque jamais générale ni durable; on fe feroit un reproche, un crime de manquer, même fecrettement, de refpect, de déférence pour les ordres tranfmis par l'autorité, au lieu qu'on viole les ordonnances du pouvoir toutes les fois qu'on efpère l'impude l'autorité, auffi la diftinguoient-ils toujours du nité : c'étoit bien là l'idée que les Romains avoient pouvoir.

chofes s'attachera avec foin à réunir, fur fa perLe genéral qui voudra donc faire de grandes fonne, l'empire que donne l'autorité à la puiffance que donne le pouvoir. Mais qui lui conférera cette autorité? Ce ne font point les loix; elles la fuppofent, mais ne la donnent point; elles ne peuvent même la donner: on ne l'obtient que des hommes à qui l'on commande s

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naissance du général, fa figure, fa taille, fon air; vérités donnent peut-être auffi la folution d'un fes propos, fes richeffes, l'aideront, fans doute, grand problême; ils montrent que la vanité est à fe la concilier, mais il ne l'obtiendra d'une ma- le vrai principe de l'indifcipline moderne, comme nière durable que de fes talens & de fes vertus. un excès de courage étoit le principe de l'indifciVoyez GENERAL, & AMOUR DU SOLDAT. Les pline de nos pères: chacun fe comparant à son hommes n'accordent fur eux une autorité confchef croit être plus éclairé que lui, & dès-lors tante qu'à ceux de leurs chefs, auxquels, malgré chacun penfe pouvoir lui retirer une partie de les féductions de l'amour-propre, ils ne peuvent l'autorité qu'il lui avoit donnée : c'eft de-là, peutrefufer une fupériorité de qualités aimables, efti- être auffi, qu'il n'eft point de héros pour fon vamables, & fur-tout refpectables; qu'à ceux en qui let-de-chambre, & que les militaires les plus éleils reconnoiffent des lumières plus étendues que vés en dignité font ordinairement les moins fules leurs, un coup d'œil plus jufte, un jugement bordonnés. C'eft peut-être cette même obfervaplus sûr; qu'à ceux qui ont une grande capacité tion qui a fait avancer que les lumières sont inupour découvrir, dans chaque cas, le veritable tiles aux militaires, & dangereufes entre les mains état des chofes, & une fageffe qui ne fe laiffant des fubalternes: oui, les lumières trop foibles, point éblouir par les apparences, prend toujours les demi-lumières, car les lumières vives & sûres le parti le meilleur. Ces vérités donnent le mot ne peuvent jamais produire que des grands avan→ d'un grand nombre d'énigmes politiques & mili- tages. Voyez MŒURS. taires. Pourquoi les ordres de tel général, de tel chef de corps, de tel capitaine font-ils plus ponctuellement fuivis que ceux de tel autre? c'eft que l'un n'a que du pouvoir, & que l'autre a du pouvoir & de l'autorité; c'eft que l'on eftime l'un, qu'on a de la confiance en fes lumières, au lieu qu'on méprife ou qu'on eftime peu l'autre. Ces

Nous conclurons de toutes ces réflexions que le général doit, pour obtenir de fes fubordonnés une entière obéiffance, réunir au pouvoir trèsétendu qu'il tient de la nation, ou de fon chef, une fouveraine fageffe qui dirige le pouvoir, & une fouveraine bonté qui l'anime.

BAC

BAG

BAG

BACHELIER. Les bacheliers étoient des che-bagages qui n'étoient point indifpenfablement né, guerre contre Jugurtha, fut le retranchement des ceffaires.

valiers du fecond ordre, on les nommoit indifférernment bacheliers, & bas chevaliers: on leur donnoit ce nom, parce qu'ils n'avoient pas un affez grand nombre de vaffaux pour lever la bannière, ou parce qu'ils n'avoient point encore mérité & obtenu le privilège de la lever. Voyez l'article

CHEVALIER.

BAGAGES. Supplément. L'auteur de l'article BAGAGES a donné, dans l'article ÉQUIPAGES, le détail des bagages permis aux officiers des différens grades; mais comme il n'a point confulté l'ordonnance la plus récemment rendue, les états qu'il fournit font fautifs au-lieu de confulter, comme il l'a fait, la collection de d'Héricourt, on confultera le nouveau code militaire, lorsqu'il aura été rédigé & publié, & en attendant l'ordonnance provifoire de 1778.

On convient généralement que des bagages confidérables gênent une armée dans le choix de fes Camps; l'incommodent un jour de bataille rangée; lai font à charge dans les marches même les plus ouvertes, & à plus forte raifon dans les paffages de défilé & de rivière; la rendent ou immobile ou très-lente, & l'obligent cependant à décamper fouvent, détruisent le pays où elle fe trouve, confument une quantité prodigieufe de vivres & de fourrages; exigent un nombre immenfe de bètes de fomme, de charretiers, de valets, êtres totalement parafites; privent enfin l'Etat des fervices de beaucoup d'hommes eftimables; nous pouvons donc nous difpenfer de nous élever ici contre leur multiplicité: mais comme toutes les puiffances n'ont point encore promulgué des loix fomptuaires militaires, & comme les guerriers, femblables à des enfans malades, aiment fouvent beaucoup mieux endurer le mal qu'être privés des petites douceurs que leur procure leur maladie, nous allons exantner quelle devroit être la condaite d'un général qui commanderoit une armée furchargée de bagage.

Ce général pourroit prendre pour guides, ou Scipion, ou le conful Metellus, ou Alexandre, ou le duc d'Albe, ou le prince Eugène, ou bien enfin Frédéric-le-grand.

Alexandre, fur le point d'entreprendre la conquête des Indes, s'apperçoit que fon armée furchargée de dépouilles, fera trop pefante, il fait affembler auffi-tôt tous les charriots, met luimême le feu à fes propres équipages, à ceux de fes courtifans & des principaux chefs, & ordonne au refte de fon armée d'imiter fon exemple.

affemble une armée formidable, & en donne le Charles-Quint ayant réfolu d'attaquer Alger, commandement au célèbre duc d'Albe; ce général ordonne à la nobleffe de renvoyer fes gros équifolument néceffaire; on murmure, mais on obéit pages, & de ne conferver que ce qui leur eft abparce que le duc donne l'exemple de la foumiffion à fes propres loix.

Le prince Eugène ordonna de renvoyer pour quelques jours, fur les derrières, une grande partie des équipages de fon armée, & il défendit enfuite de les faire revenir fous quelque prétexte que ce fût.

« Un Anglois fort riche, & d'une naiflance diftinguée, voulut, dit M. le baron d'Angeli, dans l'ouvrage intitulé: confeils d'un militaire à fon fils, faire une campagne en qualité de volontaire, dans les armées pruffiennes, pour apprendre la guerre à cette excellente école. Il y parut avec de fuperbes équipages, une table recherchée, & tout l'attirail de l'opulence & du luxe. Il fut furpris de fe voir traité fans confidération. Son pofte étoit toujours aux équipages ou aux hôpitaux; il eut même la douleur amère de ne pas affifter à la bataille de Rosback. Les repréfentations qu'il fit faire plufieurs fois au roi de Pruffe, n'ayant eu aucun effet, il fe détermina à lui porter lui-même fes plaintes. Votre manière de vivre dans mon camp, lui dit Frédéric, eft un grand fcandale: il n'eft pas poffible, fans beaucoup de frugalité, de s'endurcir aux travaux de la guerre; & fi vous ne croyez pas pouvoir vous faire à la mâle difcipline des armées pruffiennes, je vous exhorte à retourner en Angleterrre, page 11. »

Ces différentes manières de fe débarraffer de fes La première opération que fit Scipion en pre-vent indiquer quelle eft la meilleure : quelque bonne bagages font bonnes; les circonftances feules peunant le commandement de l'armée Romaine devant Numance, ce fut de réformer, par un édit, tous les bagages fuperflus.

Le premier édit du conful Metellus, dans la

que foit celle qu'on choifira, elle n'en changera pas moins de nature, fi elle n'eft fecondée par l'exemple du général; exemple qui, comme le difent Tacite, la raifon & l'expérience, eft un

aiguillon plus fort que les loix & la crainte des fupplices. On trouve une anecdote applicable à notre objet, dans les campagnes de M. le maréchal de Noailles; M. de Ségur lui écrivoit le 4 juin 1743 je prends le parti de me débarraffer de tous mes équipages, je montrerai l'exemple en ne gardant qu'un porte-manteau. Voyez les campagnes de Noailles, tome I, pag. 96.

Quelque parti que prenne un général pour fe débarraffer de fes bagages, il lui en refte cependant toujours affez pour l'incommoder un jour d'action; auffi les écrivains militaires & les grands généraux lui font-ils la loi de les renvoyer dans cette circonftance fur les derrières du champ de bataille. Quant aux écrivains, voyez l'empereur Léon, par Mezeroy,tome 1. p. 153; les commentaires de Céfar, t. 1. p. 23; les réflexions militaires de SanctaCrux, tome, pag. 186; les commentaires de M. de Turpin fur Montécuculli, tom. 1, p. 255, tome 2, pag. 398, tome 3, pag. 515; l'effai fur les batailles, par M. de Grimoard, tome I, pag. 167. Quant aux batailles, voyez celles d'Arbelles, de Bédriac, de Crémone, de Bulegneville, de Créci, de St-Gothard, de Lutzen, de Ramilles, de Zenta, d'Hochftet, de Caffano, de Turin, de Malplaquet, &c.

Il faut auffi fe débarraffer de fes bagages quand on veut faire une marche forcée ou fecrette; il faut s'en débarraffer encore quand on veut faire une retraite en préfence, ou à portée de l'ennemi; quand dans cette dernière circonftance, on ne peut amener fon bagage avec foi, il vaut mieux le réduire en cendres que d'en abandonner la jouiffance à l'ennemi. Dans tous les cas, il vaut mieux facrifier les bagages que beaucoup d'hommes. Jamais les bagages ne doivent dans une marche être confondus avec les troupes; il faut plus, il faut que leur marche foit combinée de manière à ce qu'ils ne puiffent jamais nuire à celle des troupes, ni même la retárder. Les bagages font faits pour l'armée, & non l'armée pour les bagages.

Si avant une bataille on n'a point eu le tems de fe débarraffer de fes bagages, il faut, pour n'être point obligé de leur laiffer une garde trop confidérable, les placer dans un endroit fort par fa nature, & rendu plus fort par l'art.

La cavalerie & la bonne infanterie ne doivent être employées que très-rarement à la garde des bagages.

L'efcorte des bagages doit être proportionnée à la quantité de ces bagages, à la poffibilité où eft l'ennemi de les attaquer, à la nature du terrein fur lequel l'ennemi peut faire fon attaque, & à l'efpèce d'armes avec lefquelles il doit naturellement l'exécuter.

Il eft fouvent utile, pendant une bataille, d'envoyer un corps de troupes attaquer ou au moins

infulter les bagages de l'ennemi ; cette attaque produit prefque toujours une diverfion heureufe. Le général habile ne fera pas, il eft vrai, une grande attention à cette attaque, il dira avec Alexandre: « Si je remporte la victoire, j'aurai toujours affez de bagages.» Mais tous les chefs des armées n'ont pas tant de fageffe.

Le conful Quintius Fabius & Frédéric II, roi de Pruffe, étoient perfuadés de la vérité de cette maxime : le premier donna aux Samnites la facilité de tomber fur fes bagages, & le fecond fit conduire ceux de fon armée fur le chemin que devoit fuivre fon adverfaire. Le premier de ces deux généraux vouloit diminuer le nombre des combattans qu'avoit l'ennemi, & le fecond empêcher les troupes légères ennemies de tomber fur les derrières de fon armée. Voyez l'hiftoire univerfelle traduite de l'anglois, tome 19, p. 2; & les commentaires de M. de Turpin fur Montécuculli, tome 1, pag. 256.

BAGUES. Mot anciennement ufité, & qui

fignifioit hardes. On ne s'en fert aujourd'hui fortir d'une place, vie & bagues fauves, pour dire comme terme de guerre, que dans cette phrafe: avoir la permiflion, en évacuant une place, d'emporter fes bagages.

BAGUETTE DE FUSIL. On trouvera dans le dictionnaire des arts & métiers, article ARbaguettes de fufil de munition. Voyez ce dictionQUEBUSIER, la defcription & la fabrication des naire, tome 1, pag. 101.

Quelques puiffances de l'Europe ont adopté les baguettes de fufil avec lefquelles on bourre fans les tourner, parce qu'elles ont deux gros bouts. Ces baguettes font-elles préférables à celles dont nous nous fervons? C'eft l'expérience feule qui pourroit nous inftruire, & nous ne la confultons point. Conferver les anciens ufages par habitude & fans les juger; adopter des nouveautés fans les apprécier, nous voilà tels que nous fommes: cette manière d'être durera-t-elle encore long tems? Il faut efpérer que la révolution qui s'opère dans notre gouvernement, en produira auffi une dans notre caractère & dans nos moeurs."

BAGUETTES. Punition militaire. Supplément Lorfqu'on fit imprimer l'article BAGUETTE, qui fe trouve dans le tome 1, pag. 206, du dictionnaire de l'art militaire, la peine des baguettes étoit placée par l'opinion & par la loi au rang des peines infamantes; aujourd'hui elle n'eft plus reléguée dans cette claffe que par la feule opinion. Voyez l'ordonnance du premier juillet 1786. Si la loi perfifte avec conftance, l'opinion changera peut-être, mais encore faudra-t-il qu'elle foit fecondée par le tems & par la volonté des officiers François.

Pour détruire le préjugé qui place la peine des baguettes au rang des peines infamantes, il faudroit

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Il femble au premier afpect qu'on peut, en employant les baguettes, proportionner avec facilité la peine au délit: on peut, dit-on, multiplier les tours & les hommes: mais on s'apperçoit, après un peu de réflexion, que cette proportion eft impoffible à établir; ce font des hommes qui frappent, ils peuvent donc frapper plus ou moins fort, & même ne point frapper du tout, on a vu fouvent des foldats déchirés par cent hommes, après deux tours, & d'autres à peine meurtris par deux cents, après fix tours.

foldats qu'elles affectent peu : on en a vu préférer la peine des verges à la continuation de leurs fervices: il faut bannir cette punition de notre code pénal, parce que ce font les foldats qui l'infligent, & qu'ils ne rempliffent qu'avec une extrême répugnance cet office cruel que le préjugé flétrit : il faut la bannir parce qu'elle eft coûteufe, parce qu'elle eft barbare, & enfin parce qu'elle eft vicieufe, foit qu'on renvoie ceux qui l'ont fubie, foit qu'on les conferve. Voyez CONGÉ, paragraphe des CONGÉS INFAMANS. Si l'on croit cependant devoir conferver la punition des baguettes, au moins devroit-on la placer parmi les peines capitales.

La peine des baguettes eft aujourd'hui réfervée pour le crime de défertion; on a effayé, en multipliant les tours & le nombre des hommes, de proportionner la peine au délit, & d'enlever à cette punition la tache d'infamie qu'elle portoit avec elle, mais on n'y a point iéuffi.

La manière de choifir les baguettes rend encore les détails fur la manière de paffer par les baguettes: On ne s'attend point fans doute à trouver ici cette punition plus ou moins cruelle. Si les bails offriroient un spectacle inutilement déchirant. guettes font groffes, d'un bois dur & noueux, elles enlèvent à chaque coup de grands lambeaux de chair; tandis que fi elles font menues, & d'un bois flexible, elles font en apparence moins de mal, mais en font réellement davantage.

Le foldat qui a la permiffion & la force de courir en parcourant la double haie, eft-il auffi cruellement puni que celui qui eft forcé de marcher lentement? La punition ne varie-t-elle pas encore lorfque les officiers fuivent en-dehors de la haie l'homme qui paffe par les baguettes, & qu'ils obligent chaque foldat à frapper? Ne variet-elle pas quand ils fuivent le coupable, mais en détournant la tête, & plus encore lorfqu'ils fe contentent de fe tenir aux extrémités de la double haie? Si les forces manquent au patient, fi la douleur ou la crainte l'empêchent de rentrer après quelques tours dans cette carrière pleine d'horreur, alors on fait, quelquefois, défiler le détachement près du patient, & chaque foldat eft obligé de le frapper en paffant; c'eft bien alors que la proportion peut ne plus exifter entre la peine & le crime. Et quand on fait paffer de nouveau par les baguettes un homme qui y a déja paffé depuis peu de jours, mais qui n'a pas eu la force de fournir tous les tours! Eloignons ce tableau, il eft affreux; la mort, la mort, quand elle vient feule, eft mille fois moins cruelle, & pour celui qui la fubit & pour ceux que le devoir oblige d'en être les témoins. Puifqu'on ne peut, en employaut les baguettes, proportionner les peines aux délits

il

faut donc les bannir de notre code pénal; il faut les en bannir encore, parce qu'elles depeuplent nos armees jofe affirmer qu'il n'existe pas dans nos régimens le quart des hommes qui ont fubi cette punition: il faut les en baunir, car il eft des

Les hommes, qui par devoir font obligés de les
connoître, doivent recourir à l'ordonnance que
nous avons citée dans le commencement de cet
article.

foldats, on ne doit s'occuper des bains que pour
BAIN. (Troupes à cheval.) Relativement aux
leur propreté ; mais pour en tirer un parti double-
Voyez ce mot.
ment utile, il eft effentiel d'y joindre la natation.
Voyez ce mot.

Relativement aux chevaux, il arrive trop fouvent que l'on baigne les uns fans précaution, tandis qu'on ne baigne prefque jamais les autres. Cependant les bains font infiniment utiles à tous, & il ne s'agit que de favoir les leur faire prendre à ptopos, & avec les précautions néceffaires.

1o. Il faut éviter de baigner les chevaux l'hiver, par la difficulté de les féchér & réchauffer après le bain; mais on ne fauroit trop les baigner l'été, à moins qu'il ne pleuve ou que l'air ne foit vif & froid.

2o. Si l'eau eft corrompue & malpropre, il faut faire boire le cheval avant de l'y baigner.

3° Pour que l'eau ne gâte pas les pieds des chevaux, avant de les mettre à l'eau il faut frotter le fabot avec de l'onguent de pied; & en les fortant de l'eau, il faut, avec le conteau de chaleur, abattre l'eau totalement de deifus le corps, & avec l'éponge n'en pas laiffer une feule goutte fur les jambes, fans cette précaution l'eau qui tombe goutte à goutte des jambes fur la corne, la deffèche & la rend caffante.

4°. Avant d'envoyer un cheval à l'eau, il faut s'affurer qu'il n'y répugne pas, & fi il y répugne,

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