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exécutée, & ajouter par ce moyen aux avantages qu'on devroit s'en promettre.

GARNISON. Tous les problêmes propofés fur les garnifons, femblent encore avoir resté fans folution. Faut-il, comme en Pruffe, avoir des garnifons permanentes ? faut-il mettre vos foleats en garnifon dans des villes de guerre ou autres, fans les foumettre à la permanence ? Ces deux questions femblent renfermer toutes les

autres.

L'expérience a prouvé, en Pruffe, combien il étoit avantageux pour la sureté du soldat, & pour l'économie, d'avoir des garnifons perma

nentes.

Mais faut-il mettre vos troupes en garrison lans des villes foit de guerre, foit ouvertes? Peft ce que l'on n'a point encore affez examiné ; ependant une expérience continuelle auroit di pprendre combien les foldats s'énervent dans es villes de garnifon, combien ils y font déauchés, habitués à la fainéantife, ou livrés au abaret, au jeu & aux femmes. Si, pour augmen. er le bien être de chaque individu, au moins our la nourriture & le vêtement, on permet à lufieurs hommes par compagnie de travailler edans ou hors de la ville, bientôt ces foldats nt beaucoup moins foumis à la difcipline, & reux qui font leur fervice font beaucoup trop Aigues; dès-lors même on regarde comme une éceffité de faire moins d'exercices, & de fe elacher fur plufieurs points exigés par les oronnances. Ne pourroit-on pas, pour obvier à es grands inconvéniens, confier pendant la paix la guerre la garde des forts & des places ortes à des compagnies dont les officiers & fousfficiers feroient des vétérans, & les fufiliers, e jeunes citoyens de l'âge de vingt-un & vingtJeux ans, ( Voyez FORCE PUBLIQUE. ) & placer es troupes de ligne dans la campagne, à portée les villes de guerre, des débouchés dans le ays ennemi, & furtout des emplacemens pour es camps d'exercice.

Quant à la cavalerie, il faut d'abord qu'elle oit le plus à portée poffible des endroits où les fourrages, les pailles, les avoines font en plus grande abondance, ou placée fur des rivières bu des canaux qui puiffent faciliter les arrivages des approvifionnemens de fubfiftance pour les chevaux, afin de les rendre abondans & peu chers; & ces moyens font tellement multipliés dans la république, que ces difpofitions pour roient parfaitement s'accorder avec les projets fi fages de répandre tellement la cavalerie dans tous les départemens, que cette troupe pût aider la gendarmerie, réduite alors aux feuls hommes néceffaires pour contribuer à affurer la police & la tranquillité fur tous les points de la France. (Voyez GENDARMERIE.)

Si à ces idées, dont il fera facile de faire les déArt Milit. Suppl. Tome IV.

veloppemens, on joint le plan de n'avoir fur pied pendant la paix que les officiers & fous officiers, & à peine quelques foldats d'infanterie en garaifon dans chaque compagnie, on concevra encore mieux l'avantage de les cantonner d'une manière permanente dans des endroits fains, bien aérés, bien arrofés, & où les individus puiffent s'exercer avec facilité les raffemblemens, les campemens & les exercices fixés chaque année à cinq ou fix décades, devant être bien fuffifans pour l'inftruction de tous les foldats en congé pendant dix mois de l'année.

*GASTADOUR. On donnoit jadis ce nom aux pionniers qui fuivoient les armées. L'humanité frémit au récit du peu de ménagement qu'on avoit pour les gaftadours; on les facrifioit avec une facilité barbare: les militaires paroiffoient ne point les regarder comme des hommes.

* GAZONS. On donne le nom de gazons à des mottes de terre de pré garni d'herbe, de quinze à dix pouces de largeur fur fix pouces de hauteur à une extrémité ; ils vont se terminer en pointe de l'autre ; leur profil forme un triangle rectangle. On fe fert de gazons pour revêtir les ouvrages que l'on conftruit en campagne, & fouvent ceux qui couvrent les places.

GAZONEMENT. Le gazon ment eft l'action de gazoner.

GAZONER. C'est revêtir un ouvrage en gazons. Quand l'on veut revêtir un ouvrage en gazons, on commence par fe procurer la quantité de gazons qu'on croit néceffaire à l'objet à gazoner. Les meilleurs font ceux qui font fournis d'une grande quantité d'herbes épaifes & menues; c'eft dans les prairies qu'on trouve les meilleurs. On coupe les gazons avec une pêle de fer qui a un pied de largeur; on les ifole de tous les côtés, en enfonçant perpendiculairement la pêle dans la terre jufqu'à la profondeur de quatre à cinq pouces, on détache le gazon, & on le renverfe. On doit raffembler pour chaque morceau de gazon trois ou quatre chevilles de bois de trois lignes de diamètre & d'environ quatre ou cinq pouces de longueur: ce chevilles font destinées à fixer ensemble les différens morceaux de gazon. Il eft inutile de s'attacher fcrupuleufement aux dimenfions que nous venons d'indiquer; mais il vaut mieux qu'eiles foient plus grandes que plus petites.

Quand l'ouvrage eft tracé, & les gazons raffemblés, on commence la conftruction: on place d'abord un rang de gazon fur chacune des lignes qui déterminent une des parties de l'ouvrage, c'eft-à-dire, fur le talus intérieur du parapet & fur la ligne intérieure de la banquette. On place l'herbe en-deffous, pour donner plus de folidité à l'ouvrage, & pour que les Cccc

gazons placés ainfi fe lient plus vite; ce premier rang place, on paffe au fecond. On donne ordinairement quatre ou fix lignes de rentrée à chaque affife de gazon; on a l'attention de placer le milieu du rang fupérieur fur le point de jonction de deux gazons du rang inferieur; on les fixe de même avec des chevilles. Quand on a de l'eau à portée de foi, on arrofe doucement chaque gazon qu'on a placé. Quand on a placé cinq affifes de gazons, on remplit avec de la terre l'intervalle qu'elles comprennent: on continue ainfi jufqu'à ce que l'ouvrage foit revêtu.

GENDARMERIE. On donne actuellement le nom de gendarmerie à un corps de troupes à cheval, (connu auparavant four le nom de maréchauffée.) militaire par fa constitution, & deftiné à maintenir dans l'intérieur de la République l'ordre, la police & la tranquillité publique.

Une fociété ne peut exifter fans lois. Les lois les plus fages feroient inutiles, fi des magiftrats n'étoient chargés de veiller à leur obfervation; les magiftrats feroient vainement vigilans & intègies, s'ils n'avoient conftamment en main une force capable de donner du poids à leurs décifions; il faut donc qu'il y ait dans toute fociété des hommes deftinés à fervir de force aux lois.

Les rois de France, perfuadés de ces vérités, créèrent dès long-tems un corps deftiné à cet objet ; ce corps exiftoit même, dit l'auteur d'un écrit intitulé Réflexions fur la maréchauffée, avant l'établissement des Francs dans les Gaules. Il étoit, dans ces tems reculés, divifé, comme aujourd'hui, en détachemens, mais infiniment plus rapprochés ; il n'a jamais ceffé d'être en activité : il fut d'abord foumis aux connétables, & puis aux maréchaux de France, & c'eft fans doute de là qu'il tire fa dénomination. Quand les maréchaux de France ne purent plus, à caufe des foins importans qu'on leur avoit confiés, veiller immédiatement fur le corps de la maréchauffée, ils furent fuppléés par un prévôt des maréchaux; mais ils n'en confervèrent pas moins une autorité entière fur le corps. Ce prévôt des maréchaux, choifi dans la haute nobleffe, & qui devoit avoir eu déjà un commandement militaire, prenoit rang, dans les combats, parmi les chefs de l'armée. Ce prévôt des maréchaux n'ayant pu long-tems remplir à l'armée, dans les provinces & auprès des rois les devoirs importans confiés à fes foins, on nomma , pour les remplacer dans les provinces, d'autres gentils hommes, auxquels on donna le nom de prévôts provinciaux. Il y eut donc dans chaque province un prévôt des maréchaux; & celui-ci eut fous lui des lieutenans & un détachement de maréchauffée proportionné à l'étendue des dépar

temens.

La maréchauffée a été de tous les tems far un pied relatif à la conftitution de l'ancienne gendarmerie, avec laquelle elle faifoit corps, après laquelle elle prenoit rang, & dont on lui a donné le nom dans ces derniers tems.

Nous ne nous arrêterons pas plus long-tems fur l'origine de la maréchauffée, actuellement la gendarmerie, & fur les variations qu'elle a éprouvées ; ce qui importe réellement au bien public, c'eft de connoître quelle eft la conftitution que l'on devroit donner actuellement à ce corps, & les devoirs auxquels il feroit tenu; c'eft de favoir s'il peut être suppléé ou aidé par quelque autre corps moins difpendieux & auffi utile, ou fi l'on ne pourroit pas, en lui donnant une conftitution nouvelle le mettre dans le cas de mieux remplir les fonctions qui lui sont confiées, avec l'efpoir que quand la liberté nous aura miris, perfectionnés & éclairés, il ne nous faudra peut-être plus de gendarmerie.

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due territoriale, à la pofition topographique, à la fituation politique & à la population de chaque département.

2o. D'être en activité dans les troupes de ligne de toutes les armes, ou d'être porteur d'un congé en bonne forme, justificatif de trois Chaque divifion fera commandée par un chef campgnes au moins dans la guerre de la liberté, dont une dans la cavalerie ; & après la paix géde divifion, ayant rang de chef de brigade; cha-nérale, d'avoir fervi quatre années dans les trouque efcadron, par un chef d'escadron, & chaque compagnie, par un capitaine, deux, trois ou quatre lieutenans; chaque brigade, par un maréchal-des-logis ou brigadier.

Il fera attaché à chaque compagnie un maréhal-des-logis chef, réuniffant les fonctions de quartier-maitre & celles de fecrétaire-greffier, & m trompette faifant le fervice de gendarme ; ils eront partie des brigades du chet-lieu. Il y aura n guidon pour chaque compagnie, il fera porté ar le maréchal-des-logis chef.

La formation des divifions, la répartition des dividus, l'emplacement des brigades, feront xés par le directoire exécutif.

Il y aura un jury d'examen formé dans chaJe département, pour le choix & l'admiflion chaque fous-officier & gendarme.

pes à cheval.

3o. De favoir lire & écrire correctement. 4°. Un certificat des chefs qui conftate le civilme, les fervices militaires, la conduite morale & politique.

5°. La taille de cinq pieds quatre pouces Un inètre foixante-tre ze centimètres.

Il fera ouvert au fecrétariat de l'adminiftration centrale du département un registre destiné à infcrire les candidats qui fe préfenteront pour être admis à l'emploi de gendarme.

Aucun militaire ne pourra être porté fur le regiftre d'intcription, s'il ne juftifie à l'adminif tration centrale d'un certificat du confeil d'ad

miniftration de la gendarmerie du département qui conftatera qu'il eft fufceptible de concourir à l'emploi de gendarme, l'administration devant s'affurer de fa moralité & de fon patriotifme. Dans le cas où le confeil d'adminiftration refuferoit d'admettre un candidat, il motiveroit fon refus.

Le jury d'examen fera compofé dans chaque partement, indépendamment des officiers de gendarmerie nationale, de deux membres de adminifttration centrale, du commiffaire du ditoire exécutif près ladite adminiftration, de Lorsqu'une place de gendarme viendra à vaccufateur public & du commiffaire du direc- quer, l'adminiftration centrale du département ure exécutif près le tribunal criminel. Les memfera choix de quatre militaires parmi ceux pores fe raffembleront au chef-lieu du départe- cette lifte au capitaine qui la réduira à trois, & tés fur le regiftre d'infcription; elle adreffera Les chefs de divifion & d'escadron n'affifte-l'adreffera, avec fon avis, au chef d'efcadron nt qu'au jury d'examen du département où leur qui la réduira à deux, en l'adreffant au cher de divifion, qui en nommera un, auquel il fera expédié une commiffion par le miniftre de la

ent.

fidence fera fixée.

Il fera d'abord procédé, fous la préfidence 1 plus ancien d'âge, le plus jeune faifant les nctions de fecrétaire, à la nomination du machal-des-logis, chef fecrétaire-greffier; cette mination fera faite au fcrutin, à la majorité folue des fuffrages. Il pourra être choifi inftinctement parmi les maréchaux-des-logis en ef ou ordinaires de la gen farmerie, ou parmi eux des autres corps de cavalerie en activité fervice. Auffitôt fa nomination, le maréchal es-logis chef; s'il eft fur les lieux, prendra lace au jury, & tiendra la plume.

Le jury procédera enfuite, par la voie du

crutin individuel à la majorité abfolue des fufrages, à la nomination des maréchaux-des-logis brigadiers & des gendarmes; les premiers heifis parmi les maréchaux-des-logis ou brigaliers de la gendarmerie, ou parmi ceux des roupes à cheval; les feconds de même. Quant ux gendarmes, les conditions pour être reçu

eront:

1. D'être âgé de vingt-cinq ans & audeflus.

guerre.

On se borne à ces détails. Il faut voir dans la loi elle-même du 29 ventôfe an 6, tous les détails fur les choix des brigadiers, maréchauxdes-logis, lieutenans, capitaines, chefs d'efcadron, chefs de divifion, à l'avenir & après la formation actuelle de la gendarmerie, de même que la folde & traitement; les remontes, entretien de l'homme & du cheval, armement, cafernement, maffe de fourrages, d'entretien & des frais d'adminiftratin; adminiftration, po. lice & difcipline, &c. &c. &c.

Mais avant de fe livrer au grand travail qu'a dû occafionner à la commiffion chargée dans le confeil des Cinq-cents de l'organisation de la gendarmerie; n'auroit-on pas dû examiner quels étoient les véritables devoirs de ce corps elfentiel, & s'il n'y avoit pas des moyens infiniment plus sûrs, plus nombreux & plus économiques que ceux propofés, d'affurer, avec la police générale de l'intérieur, refpect & force à la 'oi..... On ne fait l'on eft dans l'erreur; mais on fe

croit obligé de communiquer fes idées à ce fujet, afin de les voir accueillir, fi elles le méritent, & d'être utile par ce moyen à la chofe publique, feul defir de tout citoyen véritablement patriote.

S. II.

Devoirs de la gendarmerie.

Maintenir l'ordre & la tranquillité publique dans l'intérieur de la République, tel eft le grand objet des travaux de la gendarmerie; ce fervice eft moins éclatant que celui du reste des troupes réglées, mais il n'eft pas moins utile. Nous devons beaucoup à des hommes qui, pour repouffer un ennemi extérieur, affrontent de tems en tems les plus grands dangers, & qui apprennent conftamment pendant la paix l'art de faire la guerre avec fuccès; mais devons-nous moins à ceux qui fe confacrent dans tous les tems à veiller fur nos propriétés & fur nos perfonnes? Dans une fociété naiffante, vertueufe & peu nombreuse, le guerrier feroit peut-être le feul néceffaire; mais dans une fociété formée, corrompue & nombreuse, tout corps qui a les mêmes devoirs à remplir que la gendarmerie, mérite, s'il s'en acquitte avec exactitude, une protection fpéciale de la part du gouvernement beaucoup d'eftime & de reconnoiffance de la part du public.

La gendarmerie a deux efpèces de services à faire un fervice ordinaire & un fervice extraordinaire.

Chaque brigade de gendarmerie doit, pour remplir fon fervice ordinaire, faire chaque jour une tournée dans les environs de fa réfidence: cette tournée eft faite par deux cavaliers, qui doivent faire figner chaque jour le journal de tournée par les officiers municipaux ou les agens des endroits par lefquels ils ont paffé; arrêter tous les hommes fufpects, les vagabonds, ceux qui n'ont ni paffeports ni certificats, &c. les déferteurs, les hommes dont on leur a envoyé le fignalement, & tous ceux contre lefquels les lois ou la clameur publique excitent leur minif tère. Ils doivent vifiter les auberges, les cabarets, pour s'affurer s'ils ne renferment point d'hommes fufpects; recueillir fur tous les crimes & fur tous les délits toutes les informations poffibles. La gendarmerie doit encore, pour remplir fon fervice ordinaire, veiller fur les basofficiers & foldats en congé ou en femeftre, viser leurs cartouches, arrêter ceux qui outrepaffent leurs congés, vifiter, à l'entrée de la nuit, les fermes & les cabarets ifolés, faire des patrouilles où les foires fe tiennent, & même où des marchés confidérables renferment beaucoup de monde; elle doit parcourir les routes

qui conduifent à ces endroits, afin d'affurer le retour des voyageurs; fe rendre dans tous les lieux où quelque fête raffemble un grand nombre de perfonnes; communiquer une fois par décade avec chacune des brigades voisines, afin de prendre d'elles ou de leur communiquer leurs obfervations; elle doit fe porter fur les derrières & les flancs des troupes qui font en marche, pour arrêter les traîneurs, & prévenir les defordres.

La gendarmerie étant, comme nous l'avons dit, la force des lois & celle dont doivent fe fervir les autorités employées dans les départe les chefs des différentes branches d'adminiftramens, elle doit exécuter ce que lui ordonnent doit donner main-forte aux huiffiers porteurs de tion, & c'eft là fon fervice extraordinaire : elle fencence ou décret de juftice; fervir de garde de police, de main-forte à la juftice lors des exécutions, conduire les prifonniers, déferteurs, foldats qui font en retard, escorter les voitures publiques dans les paffages dangereux, les de

niers de l'Etat, &c.

S. III.

La gendarmerie peut-elle être fuppléée par quelque autre corps moins difpendieux & plus utile ?

Après avoir parcouru les différens devoirs de la gendarmerie, on eft forcé de fe convaincre qu'il eft impoffible à ce corps de les remplir tous, & peut-être même aucuns avec une grande exactitude; fes officiers en conviennent euxmêmes.

Quel parti doit & peut donc prendre le gouvernement fur un objet auf important? doit-il, comme le lui propo e un des écrivains militaires modernes des plus juftement renommés, fupprimer la gendarmerie, & charger les troupes de la garde & de la police intérieure de la République ? Ce systême eft féduifant; mais eftil bon? On a de la peine à le croire quand on réfléchit,

1°. Que malgré le defir que pourroient avoir les militaires, ainfi que le befoin d'allier dans ces importantes fonctions les égards dus à des citoyens & à des hommes libres, avec la mo dération & la retenue que les droits de l'homme prefcrivent; ils n'auroient prefque jamais ces connoiffances locales qui font indifpenfables aux perfonnes chargées du maintien de l'ordre public; cette connaiffance du coeur humain, fi néceffaire pour ce genre de fonction, & furtout cette connoiffance des individus qui aide fi puiffamment à découvrir les coupables, ou même à prévenir les crimes. Jouiroient-ils d'ailleurs de

cette confiance qui fait du gendarme digne de fa place une espèce de magiftrat civil?

2°. Que la difcipline militaire pourroit peutêtre fouffrir de la diffémination que ce genre de fervice néceffiteroit.

3°. Qu'au moment de la guerre on ne fauroit à qui confier les foins de la police intérieure. 4. Que fi la répreffion des grands troubles peut être remise à tous les corps militaires ; fi la poursuite des affociations armées peut auffi leur être confiée; s'ils peuvent & doivent auffi fervir d'auxiliaires à la force mife en réquifition permanente ou paffagère, il n'en eft peut-être plus de même quand il faut une force conftamment requife, conftamment active, & à laquelle il faut confier conftamment les mêmes fonctions à remplir.

Ce premier moyen paroiffant peu praticable, voyons fi les auttes offrent moins d'inconvéniens.

L'auteur de l'Examen critique du militaire françois, perfuadé que le corps de la maréchauf fée de France n'eft ni affez confidèrable, ni affez bien organifé pour l'ufage auquel il eft deftiné, voudroit qu'on mît toutes les maréchauffées à pied, cette économie permettroit, dit il, de les doubler; il voudroit auffi que les brigades changeaffent fouvent de quartier & de réfidence, devant avoir peu de liens, pour être actives & légère.

Il voudroit enfin que les régimens de cavalerie fuffent chargés des tranflations; mais ces différentes idées ont été combattues avec un grand fuccès. En ne compofant la gendarmerie que d'hommes à pied, on ne rempliroit pas le but, en ce que l'on auroit des hommes nullement propres au fervice exigé des gendarmes, tant parce qu'ils ne fauroient fe porter affez rapidement aux lieux où le fecours de la force publique eft d'une néceffité preffante, que parce qu'ils feroient réduits à l'alternative toujours dangereuse de tuer le brigand agile qui fuit devant eux, ou de le laiffer échapper, & qu'ils expoferoient trop fouvent leur vie, en attaquant corps à corps le fcélérat vigoureux, qui, pour fe fouftraire au châtiment, recueille fes efforts contre un ennemi que le foin même de fes armes prive d'une partie de fes forces......... Quant au changement de réfidence, on fentiral facilement combien il feroit nuifible, attendu que le gendarme n'eft vraiment utile que lorfqu'une longue expérience lui a appris à connoître non feulement le pays confié à fa garde, mais encore les hommes qui l'habitent. On pourroit peut-être encore demander à M. de Bohan fi nos régimens de cavalerie font affez

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Un magiftrat diftingué par fes vertus & fes talens, auffi verfé par fon état dans la connoiffance de la maréchauffée que dans celle des huiffiers (appelés autrefois royaux), avoit cru qu'il feroit poffible de fupprimer ces derniers, & de les remplacer par une augmentation dans la gendarmerie: par ce moyen, difoit-il, les cavaliers d'augmentation ne coûteroient rien à l'Etat ; car les profits que les huiffiers de chaque tribunal font néceffairement aujourd'hui, fuffiroient à l'entretien d'une nombreuse gendarmerie peut-être de douze ou feize mille hommes. Ce moyen n'apporteroit ni retard ni einbarras dans la diftribution de la juftice: un brigadier de la gendarmerie, & même un gendarme, appelleroit les cartels aufli bien qu'un huiffier, il donneroit, comme eux, les affignations, & feroit faire mieux qu'eux filence au barreau. Les fonctions dont on vient de parler, & toutes celles qui font confiées aux huifliers, n'ayant par ellesmêmes rien d'aviliffant, les cavaliers de la gendarmerie pourroient les remplir, fans rien per dre de leur confidération. Et affurément, dûton rembourfer ceux des huiffiers qui auroient acheté leurs charges, l'Etat y gagneroit encore infiniment.

Ce magiftat vouloit encore qu'on fupprimâtle guêt de toutes les grandes villes; & les valets-de-ville de toutes les communautés, afin de verfer dans la caiffe de la gendarmerie les profits que font & la folde que touchent ces. hommes fouvent peu délicats, & prefque toujours inutiles. Sans vouloir décider fi ces différentes idées doivent être accueillies en tout ou en partie, il nous femble qu'elles renferment des moyens avantageux, dont on pourroit fe fervir, & qu'elles méritent d'être méditées.

Dans le confeil de la guerre, on avoit propofé d'augmenter la gendarmerie par un fupplément de chaffeurs à pied attachés à chaque lieutenance de gendarmerie; ce qui auroit épargné beaucoup de frais de conduite, qui font infiniment renchéris par la nourriture des chevaux. Cette efpèce d'hommes eût été auffi fort propre au genre de fervice auquel les cavaliers ne conviennent point, celui de fouiller des bois & des lieux fermés, ainfi que celui des patrouilles & des captures de nuit.

Les chaffeurs à pied auroient été également très-bons à fubftituer, dans certains pays de montagnes, aux inutiles gendarmes qu'on y entretient.

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