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thodes ordinaires, eft opérée par deux tenaillons
qui flanquent à angle droit chacune de fes faces,
& les faces de ces tenaillons, ainfi
que

celles de

quant au corps de la place, abfolument le même que celui du maréchal de Vauban; ils ne diffèrent que dans la proportion de la demi-lune, que Fingénieur Cormontagne augmente confidéra-la demi-lune, ont chacune les parties deftinées blement. I augmente de même beaucoup le ré- à la défense des foffés, retirées en-dedans de toute duit, & en cela, il donne quelqu'avantage de la largeur du parapet & du rempart. Au moyen plus à fa compofition. Plufieurs auteurs avant de cette retraite, ( que l'ingénieur Cormonlui avoient déjà regardé la demi lune du marétagne traite mal-à-propos de nouveauté, elle a chal de Vauban, comme n'ayant ni affez de ca- été publiée en 1599, & adoptée en 1653 par le pitale, ni affez de gorge, & lui-même l'avoit comte de Pagan ) une partie de la face peut être fenti, puifqu'il leur avoit donné plus de capa- r tranchée par un parapet qui la fépare de la cité au Neuf-Brifac, place qu'il à construite la pièce, & peut fe foutenir après qu'elle eft prife. dernière. On y trouve encore l'avantage d'avoir un flanc bas de plus. Bélidor ayant voulu que la demiLe fyftême de Bélidor s'écarte beaucoup de lune & fes deux tenaillons fuffent féparés, a ces principes, qu'on peut appeler retrécis, le rempli l'intervalle de leur feparation, par deux côté du polygône de Belidor eft de deux cents toifes; fa perpendiculaire de cinquante - deux petites pièces qu'on peut appeler ailerons, leftoifes dans l'octogone, ce qui fait un peu plus daquelles voient & défendent interieurement les deux pièces collatérales: il fumble ne manquer quart du côté les faces de fes baftions font de à la difpofition très-bien entendue de ces dehors, foixante-dix-fept toifes, les fans de trente qu'une contre-garde qui couvre l'angle flanqué toifes, & il auroit pu leur en donner quarante ; du baftion & fe lie aux deux baftions de droite enfin, l'angle d'obliquité que les faces de fes & de gauche, dont une partie des faces feroit baftions font entr'elles, n'eft que de cent vingtretirée, pour qu'il ne réfultât aucun espace dans quatre degrés, au lieu de cent quarante-trois, ce cet angle flanqué, qui ne foit couvert ou par la qui fait dix-neuf degrés de moins d'obliquité d'où il fuit qu'elles fe défendent mieux. Il fait contre-garde ou par les tenaillons; alors tous ces dehors forment un front qui couvre totalele retranchement de fon baftion inhérent à fon fyftème, de façon que fes baftions diffèrent ment le front intérieur, & dont toutes les parties fe flanquent perpendiculairement. Une telle beaucoup des baftions adoptés pour toutes nos places, & l'on ne peut difconvenir qu'ilt n'en difpofition d'ouvrage eft vifiblement d'une toute autre force que celle qui fe borne à des demifoient infiniment plus forts. Le grand mérite du retranchement de Bélidor eft de renfermer les lunes & des contre-gardes, laiffant entre ces pièces des espaces qui permettent à l'affiégé de flancs du baftion de manière qu'ils le trouvent battre en même-tems le corps de la place; & dans fon intérieur, & que cette conftruction eft l'on ne peut qu'être furpris en voyant l'ingénieur la feule dont on puiffe tirer quelque avantage. Cormontagne ofer avancer que ce fyftême eft L'ingénieur Cormontagne a prétendu aufi remoins fort que le fien; peut être auroit-on dâ trancher fon baftion; mais ce n'eft qu'accidendire que le fyftême de Bélidor ne peut être tellement & par addition à fon fyftême; autfi fes fancs reften-ils en-dehors; il les perd en per- adopté relativement à la dépenfe confidérable qu'occafionneroit fon exécution, ce qui ne toudant le bastion ; & ce n'eft pas entendre les che point à fon degré de force; degré de beaureffources qu'on peut tirer de la malheureufe coup fupérieur à celui de Berg-op Zoom, & conformation des enceintes baftionnées. Bélidor conféquemment bien fupérieur au fyftême Cormontagne, & ne pouvant pas se réduire en dixfept nuits, comme a eu le front de l'avancer cet ingénieur.

a prouvé qu'il l'entendoit mieux, en adoptant Ja forme qu'il a donnée intérieurement à fon bastion, dont il a détaché les faces pour en faire une espèce de contre-garde, qui rempliroît mieux fon objet, s'il l'avoit plongé de manière à ce qu'elle couvrit la partie des faces qu'il a laiffée fubfifter à fes baftions. Cette pièce, alors étant vue en-dedans comme en-dehors, feroit capable d'une bien grande réfistance.

Le corps de la place a fon enceinte particulière, comme au Neuf-Brifac, excepté qu'il n'y a point de tours baftionnées; elles y euffent été fort inutiles dans fes dehors: il donne à la demi-lune encore plus de capacité que Cormontagne, ainfi que fon réduit; mais il lui donne une défense particulière ; cette défenfe ajoutée à celle que la même pièce reçoit dans les mé

Ces deux plans préfentent d'abord une différence confiderable, en ce qu'on voit qu'il ne faut que huit batteries à ricochet, pour atteindre tous les feux de front de la fortification Cormontagne; tandis qu'il en faut feize pour opérer le même effet dans celui de Bélidor. En fuppofant fix pièces pour chaque batterie, qu rante-huit pièces fuffiront pour l'un, tandis qu'il en faudra quatre-vingt-feize pour l'autre. L'on fent qu'un travail beaucoup plus confidérable ne peut fe faire qu'en beaucoup plus de tems. en y employant beaucoup plus de moyens, & en y facrifiant beaucoup plus de monde; d'où il

fuit qu'on ne peut pas fuppofer qu'on arrivera auffi promptement à la troifième parallele, dans un cas comme dans l'autre.

,

Les mines ont fans doute retardé de beaucoup les progrès de l'affiégeant à Berg-op-Zoom mais le feu du canon de la place, y a eu auffi une très-grande part. II n'a jamais été éteint, tant parce qu'on n'avoit pas placé exactement les batteries à ricochet dans le prolongement des faces des ouvrages, que parce que l'affiégé communiquoit à une armée qui renouvelloit continuellement fon artillerie; d'où il a réfulté qu'on n'a pu établir les batteries en bêche, dans les emplacemens ordinaires des places d'armes faillantes des bastions, il a fallu chercher un emplacement couvert par les lunettes des places d'armes rentrantes; ainfi cachées par ces batteries ont fait brêche au baftion'; & fi la face ouvrages qui leur fervoient d'épaulement, ces de ce baftion n'eût pas été la dernière enceinte de la place, qu'il y en eût eu une autre derrière, jamais elle n'auroit été prife. Comment donc foutenir que le fyftême Cormontagne, qui a toutes les foibleffes des fyftèmes baftionnés, qui n'a qu'une fimple enceinte, pourra tenir plus longtems, qu'un fyftême tel que celui proposé par Bélidor, renforcé comme il l'eft d'ouvrages extérieurs qui fe flanquent parfaitement, & de quatre enceintes au corps de la place.

Suivant le fyftême Cormontagne, l'affiégeant n'a contre lui dans l'attaque des lunettes, que le feu qui peut partir des deux demi lunes collaterales; la direction des faces du baftion eft trop oblique pour que leurs feux puiffent être diriges fur ces lunettes; & quand on fuppoferoit que le retranchement projetté de la gorge du baftion fut exécuté, ce retranchement a'ayant que la même hauteur que la courtine & la face du bation ne peut produire aucun teu favorable à la defente de la lunette; randis que la difpofition des ouvrages dans le fyftême de Bélidor & leurs profils, prouvent que ces mêmes lunettes peuvent être protégées non-feulement par le feu des deux demi-lunes & des deux tenaillons, mais encore des feux partans du retranchement intérieur du baftion, ainfi que celui de la courtine & du petit baftion de la dernière enceinte formant le corps de la place. Or, lès faces des deux &mi-lunes Cormontagne, les feules d'où peuvent partir les feux protecteurs de ces lunettes avancées, n'ont que cent feize toifes d'étendue, tandis qu'on trouvera quatre cents dix toises de Il feroit inutile de pouffer plus loin les difcufparapet dans le fyftêine Bélidor, qui les peuvent fions toujours une nombreuse artil. rie deftinée protéger, ce qui fait deux cents quatre-vingt- à déf.ndre chaque pièce jufqu'au dernier moquatorze toifes de parapet de plus, qui pour ment, donne au fyftême Bélidor un avantage roient être garnis de canons à trois toifes par incalculable fur les methodes en ufage; quelpiece; quatre-vingt-dix-huit pièces que ce fyf. que chaleur & quelque animofité qu'il puiffe y tème a l'avantage de pouvoir employer de plus avoir dans leurs partifans, ils ne perfuaderont que l'autre, pour la défenfe de chaque lunette jamais qu'une feule enceinte vaille mieux que avancée; on laifle à penfer quelle difficulté l'af-quatre; ils ne perfuaderont pas que des remfregeant aura à vaincre dans ce dernier cas, pour pouvoir établir fon logement fur des lunettes autfi puiffamment défendues. Auffi croit-on qu'il ne pourra chercher à les détruire, que par la quantité de boulets de canon & les mines, afin de tâcher enfuite de les envelopper dans fes fappes; mais ces fappes elles-mêmes, comment cheminetont-elles fous un pareil feu? On remarquera que les fappes n'ont rien à craindre du canon dans le fyftème Cormontagne, de même que dans tous les fyêmes femblables au fien; parce que l'artillerie placée fur les faces des demi-lunes & des bastions, eft toujours atteinte par les batteries à ricochet; tandis qu'ici, en comptant pour rien le feu des demi-lunes & des tenaillons fur les fapes, qui pourroit être éteint également, il refte quatre-vingt & tant de pièces ur lefquelles les batteric sà ricochet n'auront aucune pie, & qui battront continuellement les fapes. Dans une telle fituation, l'on fent que ce qui peut le faire en huit jours fous le feul feu de la moufqueterie, ne pourra fe faire en un mois, lorfqu'un feu de canon auffi confidérable y fera réuni. Ainfi, vis-à-vis d'un obstacle auffi puiffant, il n'eft plus poffible de calculer le tems.

parts capables de recevoir une artillerie beaucoup plus nombreuse, ne foient pas les meil leurs. Le projet d'attaque du fylleme Bélidor fait par l'ingénieur Cormontagne, eft entiére-ment à rejetter, en ce qu'il fait une abstraction totale de l'artillerie de l'affiégé, & qu'il fe permet de détruire, au moyen ¡des batteries qu'il établit fur le chemin couvert, jufqu'aux ouvrages qu'il ne voit pas. Il ne compte pour rien d'ailleurs l'artillerie qui peut être dirigée fur ces batteries fi deftructives; cependant on trouve trente pièces de canon qui peuvent les battre, tandis que l'emplacement ne permet à l'ingénieur Cormontagne, que d'en placer huit à neuf à chacune. En outre, cette même batterie ne peut-être d'aucun effet, qu'elle n'ait détruit le réduit en maçonnerie qui la mafque, & jufqu'à ce qu'elle foit en état de tirer le feu à bout portant de ce réduit, & celui des demi-lunes & tenaillons qui la prennent en flanc, rendront fa conftruction très-longue & très-périlleufe. Toutes ces confidérations feront juger de la légéreté avec laquelle l'ingénieur Cormontagne établit fes moyens d'attaque & la manière dont il en étend l'effet.

On dit au contraire qu'il ne parviendra point à établir fes batteries. Les feux que l'affiégé pourra toujours lui oppofer & qu'il ne pourra éteindre, foit des remparts de la dernière enceinte de la place, feit de la courtine de la tenaille, ne le lui permettront pas ; tandis que ces feux le battront de plein fouer, dès que le parapet de l'aîleron aura été écrêté par l'effet de ces batteries mêmes; on dira plus, c'eft qu'il ne doit pas même chercher à les établir, attendu qu'elles lui feroient inutiles, puifqu'il eft démontré qu'il ne peut, par leur moyen, battre en brêche le corps de la place qu'il ne voit pas; il faut donc abandonner toutes ces idées de dévastations fubites.

rite des deux fyftêmes, & voir de quelle ma-
nière il faut juger la force des différens fyftêmes,
point d'arbitraire, point de fuppofitions d'un cer
tain nombre de nuits déterminé à volonté. C'est
'ur le nombre des obftacles à furmonter qu'il
faut fonder fes calculs: or, la grandeur de ces
obstacles dépend de la quantité d'artillerie que
l'affiegeant peut avoir contre lui, & de la quan-
tité d'enceintes qu'il a à forcer par de nouvelles
batteries en biêche.

Ce n'eft pas qu'il faille adopter la méthode de multiplier les enceintes par des ouvrages à revêtemens de maçonnerie, la dépense est trop exceffive; les garnifons doivent être trop nombreuses, & une artillerie placée fur le haut des remparts, fera toujours démontée par celle de

ces enceintes multipliées vaudront toujours infiniment mieux que les baftions tout nuds avec leurs foibles demi-lunes, quoi qu'en puiffent dire les maîtres de l'art, tels que l'ingénieur Cor

montagne.

NOUVEAUX

DÉVELOPPEMENS

SUR L'ART DÉFENSIF.

Sur un pareil fait, la marche doit être hornée. & méthodique; on ne peut aller que fucceffive-l'affiégeant, plutôt ou plus tard; mais au moins ment d'un ouvrage à l'autre. Attaquer d'abord les lunettes, enfuite la demi-lune, les tenailions & la contre-garde, conftruire des batteries dans chacune de ces pièces, après y avoir formé un Jogement folide; & quoiqu'il y ait bien des feux difpofés pour s'y oppofer, il faudia les conftruire autant de fois qu'elles feront détruites, afin de battre en brêche & fe rendre maître du réduit & des ailerons ; c'eft alors qu'après être parvenu à établir de pareilles batteries dans ces derniers ouvrages, en confervant celles conftruites dans les tenaillons, on pourra battre en brêche le couvre face que nous fuppofons prolongé jusqu'à la hauteur de l'angle du baftion. Alors les batteries qu'on parviendroit à établir fur le couvreface pourroient battre en brêche à-la-fois la face du baftion retranché, et le réduit d'avant la courtine du retranchement; enfin, l'un & l'autre ayant été ouverts, & le logement établi fur le baftion, on y conftruira la dernière batterie pour renverser l'enceinte du corps de la place, & la capitulation fera la fuite des premiers coups de canon fixés contre cette enceinte,

,

Lui donnant toujours une plus grande fupériorité fur l'attaque, d'après les méthodes du général Montalembert.

Qui ne croiroit après nous avoir fuivi dans tous les détails infiniment trop fuccin&s des différentes découvertes du général Montalembert fur l'art défenfif, que fon génie s'étoit enfin repofé après des découvertes aufli grandes & des travaux auffi utiles; mais on fe tromperoit, la mort feule pourra mettre un terme aux coninfatigable, fur la tête duquel l'âge n'a pu faire ceptions toujours avantageufes de ce militaire aucune impreffion, & qui ne ceffant de s'occuper de ce qui peut être néceffaire pour augmenter la fupériorité de l'art défenfif, ne ceffe de donner de nouveaux développemens toujours plus fatiffaifans à fes fyfêmes fur tout ce qui peut inté reffer la fûreté des frontières de la République, & de fes différentes poffeffions lointaines. Ainfi, dans un neuvième volume il donne, non-feulement les détails & les plans de différentes fortifications circulaires & angulaires, qui, conftruites fur des rayons infiniment petits, donneroient néanmoins jufqu'à trois cents pièces de canon foudroyant l'ennemi dans fes parallèles, mais il s'occupe enfuite de tous les moyens rectifier les fortifications des différentes places, foit fut les côtes de France, foit dans les Indes, de manière à ne laiffer aucun doute fur la fupériorité de fes différentes méthodes. Ces dernières preuves encore plus évidentes & plus multipliées, On peut actuellement juger facilement du mé-méritentquelques développemens.

Tel eft le chemin que doit tenir l'affiégeant pour fe rendre maître d'une place fortifiée fuivant cette méthode, & fi l'on veut compter la quantité de fois qu'on aura été obligé de conftruire de nouvelles batteries dans les différens ouvrages, on trouvera quatre changemens de batterie, & quatre nouvelles conftructions indifpenfables pour ouvrir les différentes enceintes de ce front de fortification; tandis qu'une place conftruite fuivant le fyftême Cormontagne n'exigera que les batteries du chemin couvert, lefquelles feront brêches à-la-fois à la courtine & à la face du retranchement, de façon qu'il fe trouvera ouvert en même tems que les faces du baftion; ce qui entraînera la néceffité de la capitulation, fans qu'il foit néceffaire d'établir de nouvelles batteries dans le bastion même.

Ол

On a vu précédeminent que le général Montalembert avoit fait tout ce qu'il étoit poflible de faire, pour la défeníe des places, en adoptant la méthode des foffés profonds pratiqués généralement par les modernes. Il á également creusé des foffés, mais en les rendant fufceptibles de s'oppofer avec fuccès aux progrès de l'affié

geant.

Cependant, de l'aveu du général, en adoptant l'ufage des foffés profonds dans le nouveau fyftême angulaire, il n'a pas fait tout ce qu'il auroit pu faire en faveur de la défense, & il a fait plus qu'on ent dû faire, relativement aux travaux & aux dépenfes que peuvent exiger les enceintes des places de guerre; puifque d'une part les feux qui dominent les campagnes environnantes, fe bornent dans la conftruction des fyftêmes angulaires à la batterie la plus élevée des cafemates placées aux angles rentrans de ce fyftême; & que de l'autre, cette conftruction donne lieu à des déblais & remblais de terre très-confidérables, objet qui forme une grande partie des dépenfes qu'occafionnent les fyftêmes baftionnes des modernes ; objet qui fera nul pour les places dont les enceintes feroient formées par les nouveaux murs cafematés que propose ici le général.

Un dernier avantage de cette dernière méthode fur l'ancienne baftionnée, c'eft de n'avoir plus befoin de chercher à défiler les faces de fes ouvrages des feux partans des hauteurs voifines; objet qui a fait jufqu'à préfent la plus grande partie de l'inftruction donnée aux élèves ingénieurs; ceux devenus profès y attachant même la plus grande valeur, quoiqu'il ne les rempliffe jamais que très-imparfaitement; car ce n'eft qu'en facrifiant une partie très-considérable de l'étendue de leurs remparts pour y pratiquer des traverses, qu'ils prétendent y remédier; mais des expériences multipliées prouvent toute l'infuffifance de ce moyen, puifqu'il n'empêche pas que leur artillerie ne foit très-promptement détruite par l'affiégeant, & les bombes dont il eft impoffible de fe défier, achevent bientôt ce que le canon auroit pu épargner: tandis que dans la fortification propofée par le général, on n'aura plus à fe défier, tout fera réellement Couvert de quelque manière que puiffent être dirigés & les boulets & les bombes, & dans quelqu'endroit que puiffent être placées les batteries de l'affiégeant; de façon que les conftructions du général pourront être toujours régulières & d'une égale force, quelque foit la difpofitioo des terrains environnans; tandis que par la méthode chérie des ingénieurs, ils font obligés dans de certaines occafions, de donner les formes les plus irrégulières à leurs fronts baftionnés, fans pouvoir remédier que très-imparfaitement au commandement des feux partans Art Milit. Suppl. Tome IV.

des hauteurs voifines, ni en aucune manière au bou everfement auquel leurs remparts font expofés par les bombes."

Pour prouver les avantages de ces nouvelles méthodes, & en donner des idées claixes, le général offre quelques exemples.

Dans le premier, il propofe une enceinte circulaire & angulaire cafematée, fur un rayon de vingt toifes, & un autre de quarante, afin d'en faire l'application dans un espace trop peu étendu, pour qu'une enceinte baftionnée fût fufceptible de quelque défense. En effet, on peut voir en formant un quarré bastionné fur d'audi petits rayons, que leurs parapets fermeroient entièrement la gorge des bastions, que fa capacité intérieure deftinée aux cafernes, magasins d'armes, magafins à poudre, & maifons d'habitans, tous bâtimens indifpenfables, n'auroient pas la moitié de l'emplacement intérieur néceffaire pour y contenir ces différens objets, & que ce fort ne feroit d'aucune défense.

Tandis qu'une conftruction du même rayon de quarante toifes, fuivant la méthode du général, rempliroit l'un & l'autre objet. On y voit d'abord, quant aux magafins & aux logemens, une cafemate circulaire de cinq toifes de largeur dans œuvre, & de vingt-trois toifes de diamètre moyen, ce qui donne cinq cents toifes quarrées de bâtiment fous des voûtes à l'épreuve de la bombe, & cette cafemate ayant cinq étages, contiendroit deux mille cinq cents toifes quarrées de furface cafematée.

L'enceinte angulaire, compofée de vingt-quatre faces, fourniroit par étage fix cents foixantedouze toifes quarrées; ayant deux étages, elle donneroit treize cents quarante - quatre toiles quarrées fous voûte, & en total pour ce petit fort, trois mille huit cents cinquante-quatre toifes quarrées de furface voûtée, contenues dans les deux enceintes circulaires & angulaires cafematées.

Quant aux moyens défenfifs de ce petit fort fur chacune des capitales de fa cafemate angulaire, il peut fe réunir fur un feul point de leur angle flanqué foixante-huit coups de canon par décharge, en même tems, depuis deux cents huit pièces, jufqu'à deux cents cinquante-fix, & trois cents peuvent battre la troisième parallèle, d'une attaque embraffant à-peu-près le tiers de la circonférence de ce fort, fous une ouverture de cent dix-huit degrés; ainfi que l'étendue de la feconde parallèle d'une attaque embraffant un angle de cent foixante degrés.

Dans ce cas, quels feroient donc les moyens à employer par l'affiégeant, pour fe rendre maître d'un petit fort, n'occupant qu'un espace moins Yyy

étendu que ne l'eft celui du plus petit quarré baftionné? Cherchera-t-il à établir fur fa feconde parallèle des batteries à ricochet, fi victorieufes contre les enceintes baftionnées ? Pour quoi faire? Que pourront-elles oppofer contre une semblable conftruction? Rien du tout. Ces batteries entre

prendront-elles de combattre des murailles qui s'offrent à la vérité toutes à découvert, mais defquelles il peut fortir par chaque décharge trois cents coups de canon, fi une telle quantité pouvoit être néceffaire; placés tous fous des voûtes qui rendent abfolument nuls les effets de ce terrible ricochet, fur les remparts de nos prétendues places fortes? Mais l'on fent bien poffibilité de réunir fur un même point autant de pièces de canon que l'on veut, dispense d'en avoir un grand nombre dans un auffi petit fort pour avoir toujours une artillerie fupérieure à celle de l'affiégeant; ces pièces pouvant se réunir fur l'objet qu'on auroit à attaquer, donneroient toujours la certitude de le détruire.

que

la

Ce ne feroit plus là ce quarré formé sur un rayon de quarante toifes, n'offrant que de petits baftions, dont les faces & les flancs rapprochés, donneroient lieu aux effets prodigieux du ricochet & des bombes, dont une feule tombant dans un auffi petit espace, fuffiroit pour brifer & renverfer dans le foffé tous les canons qui s'y trouveroient placés.

Mais l'affiégeant entreprendroit-il de conduire. fes tranchées & fes fapes fous un feu de tant de pièces de canon, qu'il ne pourroit éteindre ni même diminuer d'aucune manière; & pour aller où? Parvenu même fur la crête du glacis, jamais il ne pourroit y établir de batteries en brèche ; puifqu'il auroit huit pièces couvertes contre une découverte, qui les battroient à vingt toiles de diftance, par des coups d'embrâfure qui ne laifferoient pas fubfifter un feul affût. Que faire donc contre une telle compofition? La refpećter, & convenir que l'art défenfif élévé à ce degré, feroit impoffible à réduire par la force..

Avant de donner le toifé de ce petit fort, il eft bon d'obferver, que n'ayant point ici de foffés à creufer, ni de remparts à terraffer, conféquemment aucuns déblais ni remblais à faire; cette dépenfe, toujours confidérable, étant à ajouter à celle de la maçonnerie, dans tous les fyftêmes de fortification de quelque auteur qu'il foit, la comparaifon de la quantité de toiles cubes de maçonnerie de ce fort avec celle qu'exigent les fronts baftionnés, n'auroit aucune exactitude, fi l'ou ne donnoit une manière de faire entrer cette dépense du mouvement des terres dans les toifés des fronts baftionnés, en augmentation de celle de la maçonnerie, & il n'eft point de moyen plus fimple que celui d'ajouter à la quantité de fes toifes cubes, une quantité

de ces mêmes toifes, tel que le prix foit égal à celui auquel devroit monter le remuement des terres de la fortificarion en ufage.

On trouve dans le mémoire fur la fortification perpendiculaire par les officiers du génie, que ce que coûte la maçonnerie d'un front baftionné de Vauban, eft à ce que coûte le remuement des terres, comme 3 eft à 31.

Dans le toifé du mezalectre de l'ingénieur Filet, la proportion eft de 9 à 14, en additionnant ces deux rapports, ou à celui de 1 à 2 et demi.

D'où il fuit que lorfqu'on a deux en maçonnerie, il faut la confidérer comme fi l'on avoit trois, pour y comprendre l'évaluation des deblais et remblais.

Cette proportion étant établie par les ingénieurs eux-mêmes devient incontestable.

Mais combien cette proportion doit - elle augmenter, lorfque les fouilles de terre feront à exécuter dans des terreins où des rochers feront à enlever avec de la poudre, ou lorsque des terreins marécageux exigeront des épuifemens d'eau continuels!

Voyons cependant quel feroit le toifé du fort propofé. D'après le relevé fait par le général, les deux enceintes ne comprendroient que trois mille fix cents vingt-huit toifes, fans y comprendre la tour élevée au centre, qui ajoute peu à la défenfe; ni les magifins à poudre qui font fuperflus, attendu l'efpace immenfe qu'on auroit pour cet objet fous les voûtes de l'enceinte.

Ainfi donc ce fort ne contenant que trois mille fix cents vingt-huit toifes cubes, et le quarré baftionné au front moderne contenant par front fix mille neuf cents vingt-cing toifes cubes de maçonnerie, d'après les ingénieurs, & dix mille trois cenis quatre-vingt-fept toifes cubes, en y comprenant l'évaluation de la fouille des terres, ces quatre côtés équivaudront à quarante-un mille cinq cents quarante - huit toifes; de forte que le fot propofé n'emploiera dans fa conftruction que le douzième environ de la maçonnerie néceffaire pour celle d'un quarré baftionné à front moderne...... Mais le fort propofé aura encore un autre avantage, c'eft qu'il contiendra trois mille fept cents quatre-vingt toifes quarrées sous voûte.

Cependant ce premier exemple, pris fur unfipetit rayon, faifant craindre au général de n'avoir pu développer fa méthode d'une manière affez avan tageufe, il développe cette même conftruction fur un rayon de cinquante toifes pour l'enceinte circulaire, & de quatre-vingt-fert pour l'enceinte angulaire; rayon au refte fur lequel on ne pour roit conftruire qu'un petit quarré baftionné de cent vingt-cing toifes de côté : le rayon de celui

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