Imágenes de página
PDF
ePub

On a eu raifon d'établir un armurier dans cha- I que régiment de l'armée françoife; les réparations, quand on les fait chaque jour, font moins confidérables & moins coûteufes: fi l'on furveilloit avec foin les travaux des armuriers, elles deviendroient encore & moins grandes & moins chères; le défaut de furveillance fait que les mêmes armes paffent plufieurs fois par an, pour le même objet, entre les mains des ouvriers. Ce ne fera que lorfque les officiers feront perfonnellement intéreffés à ce que les armuriers travaillent avec folidité, qu'on parviendra à déraciner cet abus: alors il ne faudra plus que veiller à ce que les capitaines ne fallent point payer à leurs foldats le prix des réparations, que la maffe des armes devroit fup

porter.

Une manière sûre de diminuer les travaux de l'armurier, de prolonger la durée de l'armement, & d'avoir toujours de bonnes armes, confifteroit, ce me femble, dans la diftribution d'une feconde platine à chaque foldat. Voyez PLATINE. A cette précaution, il faudroit en ajouter une Ture, ce feroit de faire bronzer les canons de nos fufils depuis que nous avons des armuriers dans chaque régiment, cette opération ne peut plus devenir nuifible à l'arme. Voyez BRONZER.

figné dans les mémoires de Boivin du Villars, on
voit qu'il y avoit des compagnies de gendarmerie
accompagnées de cinquante arquebufiers ; d'autres
qui n'en avoient que vingt-fix à leur fuite, d'au-
tres qui n'en avoient point: de ce nombre font,
celle de monfeigneur le Dauphin, du duc de
Bouillon, du comte de Haron, de M. de Jamets.
On voit dans ce même état que des compagnies
de chevaux-légers avoient elles-mêmes des arque-
bufiers à leur fuite. Le nombre des arquebufiers
étoit affez généralement le huitième de celui des
chevaux-légers; on trouve cependant des com-.
pagnies qui en étoient dépourvues: on trouve
en outre trois compagnies d'arquebufiers à cheval,
une de cent hommes une de foixante, & une
de quarante. Voyez le quatrième livre des mé-
moires de Boivin du Villars. Ces mémoires font
vraiment intéreffans pour les gens de guerre, &
les antiquités militaires françoifes.
pour toutes les perfonnes qui veulent connoître

,

ARRÊTS. Supplément. Le réglement pour le fervice intérieur de l'infanterie a mis les arrêts au rang des punitions militaires qui doivent être infligées aux officiers; il diftingue deux efpèces d'arrêts: Les arrêts fimples, & les arrêts de rigueur.

ARQUEBUSE. Efpèce d'arme à feu, une des L'officier qui eft aux arrêts fimples, doit nè premières dont on a fait ufage: on trouvera dans fortir de fa chambre que pour fe trouver à tous le dictionnaire des arts & métiers, tome 1, pag. les exercices, & faire fon fervice, il ne peut re78, article ARQUEBUSIER, la defcription des cevoir chez lui aucune vifite que celle des offiarmes connues fous le nom d'arquebuse à rouet, ciers de fa compagnie. Les arrêts de rigueur font d'arquebufe à mêche, & d'arquebufe à croc. marqués par une fentinelle placée à la porte de ARQUEBUSIER. On donnoit le nom d'ar- la maifon ou de la chambre de l'officier qui y quebufiers à des foldats qui étoient armés d'arque- rigueur, eft fufpendu de toutes les fonctions de à été condamné. L'officier mis aux arrêts de bufes. Il y avoit des arquebufiers à pied, & des arquebufiers à cheval; ces derniers mettoient fou- fervice, & ne doit recevoir chez lui aucune viquebufiers à cheval; ces derniers mettoient fou-fite, de quelque nature qu'elle soit. vent pied à terre pour combattre avec l'infanterie. Quand l'arquebufe à mêche fut remplacée par le moufquet, les arquebufiers furent nommés moufquetaires, comme ces derniers ont pris le nom de fufiliers depuis le moment où le fufil a remplacé le moufquet.

Les règnes de Louis XII, François premier, Henri II, &c. font ceux où nos hiftoires parlent des arquebufiers à pied & à cheval. Les hiftoriens contemporains les nomment harquebufiers, arcbutiers, arqueboutiers, harqueboufiers.

Cette différence dans les arrêts féduit au premier afpect, car elle place un échelon de plus dans la partie inférieure de l'échelle des punitions, & véritablement c'eft-là un grand bien, un trèsgrand bien. Mais a-t-on bien réfléchi à toutes les l'officier eft obligé de payer la fentinelle placée conditions impofées aux arrêts de rigueur? Si à fa porte, il lui en coûte près de trois livres par jour pour fon gardien; s'il ne la paye point, on punit tous les foldats d'un régiment, de la faute commife par un de leurs officiers. En plaLes arquebufiers à cheval étoient une efpèce de çant cette fentinelle, n'a-t-on pas dénaturé auffi cavalerie légère: on en trouve la preuve dans les la punition des arrêts? Autrefois l'officier qui mémoires de la Vieilleville. « En ce tems, dit-il, étoit aux arrêts, fe regardant comme prifonnier, (en 1558) il y avoit cinquante arquebufiers à che-fur fa parole, fe faifoit un point d'honneur de val à chaque compagnie de gendarmes, qui fervoient à faire les découvertes & à efcarmoucher çà & là, & les appelloit-on argoulets. Voyez ce

mot. »

[merged small][ocr errors]

ne les violer jamais. En eft-il de même aujourd'hui ? je le demande à tous les militaires.

Rien de plus fage que la diftinction de fufpenfion, & de non-fufpenfion de fervice, elle eût pû, fi elle eût été motivée, placer dans la tête des jeunes militaires des idées utiles. J'aurois

G

entendu avec plaifir la loi, dire à un officier con- peut feul les lever, à moins, dit le règlement, damné aux arrêts de rigueur: Vous avez manqué d'une injuftice conftatée avec la derniere évidence, affez grièvement à vos devoirs, pour que je & alors le chef du corps peut les fufpendre ou ceffe de vous prendre pour organe jufqu'au moles faire ceffer. Ne vaudroit-il pas mieux confier ment où votre repentir aura effacé de l'efprit de le jugement de cette efpece de procès à un vos fubordonnés, le fouvenir de vos fautes. confeil régimental, qu'à un homme feu!, qui Je croirois que les arrêts fimples ne devroient peut avoir, comme celui qui punit ou qui eft jamais être prononcés, que contre les officiers puni, fes haines ou fes préventions particulières. il en feroit de même des cas où un officier proqui auroient par ignorance manqué à l'accompliffement de leurs devoirs. Alors la punition longeroit trop long-tems la durée des arrêts. Obauroit une grande analogie avec la faute; la loi fervons que les rapports par écrit, demandés dans le cours de cet article, aideront infiniment à feroit fuppofée dire à l'officier: Puifque vous manquez d'inftruction, vous devez refter dans juger les difcuffions de ce genre, & qu'ils doivent même les prévenir toutes. votre chambre jufqu'au moment où par de nouvelles études, de nouvelles réflexions, vous vous ferez affez inftruit de vos devoirs pour redevenir mon digne organe.

Les arrêts fimples, peuvent être ordonnés par tous les officiers fupérieurs, à tous les officiers fubalternes, & à tous les officiers fupérieurs d'un grade moins élevé, ou moins anciens de fervice. Ils peuvent être ordonnés auffi par tous les capitaines à tous les lieutenans, & à tous les capitaines moins anciens de fervice; ils peuvent être ordonnés par le lieutenant commandant une compagnie, à tous les officiers de cette com. pagnie, & enfin par un lieutenant commandant un détachement, à tous les officiers qu'il aura fous fes ordres.

On peut ordonner les arrêts de vive voix, ou par un ordre figné; on les fait ceffer de la même maniere. L'ordre peut être porté par un adjudant ou bas officier; l'ordre doit alors être ca

cheté. On peut audi faire ordonner de vive voix les arrêts, par un officier d'un grade fupérieur à celui à qui on les ordonne.

Tout officier mis aux arrêts doit fe préfepter. lorsqu'il en fort, chez l'officier qui les lui a ordonnés; cette formalité bleffe vivement les officiers fubalternes, elle leur paroît une vraie humiliation. Elle n'étoit point vue jadis fous cet afpect; les chefs étoient les amis, les peres de leurs officiers; le militaire puni recevoit dans cette vifite des confeils pleins de fageffe & de

Les arrêts de rigueur ne peuvent être ordon-bonté; il apprenoit les vrais motifs de fa détennés que par le commandant du régiment, ou par tout autre officier commandant une partie du régiment, ou un détachement, placé à une diftance qui ne lui permettroit point de recourir affez promptement à l'autorité du commandant du régiment, pour que le fervice ne fouffrit point des- arrêts fimples.

Celui qui met un officier aux arrêts, doit en rendre compte fur le champ au commandant du régiment, en motivant les raifons de la punition qu'il a ordonnée.

N. B. Le compte que le règlement preferit de rendre pour les arrêts, devroit être fait par écrit, détaillé & figné par l'officier qui auroit puni. Il devroit encore avant d'être envoyé à l'officier fupérieur, être préfenté à l'officier puni. Celui ci devroit. étre obligé d'arguer de faux les motifs de la punition, où tout recours, toute réclamation poftérieure lui deviendroit interdite. Nous développerons dans l'article PUNITION les avantages immenfes que produiroit néceffairement les rapports que nous propofons ici; nous y prouverons qu'ils doivent être étendus depuis le foldat jufqu'au général, & qu'ils peuvent feuls mettre des bornes à l'arbitraire, & à toutes les injuftices.

tion s'il en étoit encore de même, les récla mations qui fe font fait entendre n'auroient point eu lieu. Conferver les anciennes inftitutions quand les anciennes moeurs n'exiftent plus, c'est introduire une incohérence dangereufe, une incohérence nuifible à toute conftitution politique. Nos mœurs changent, Brutus, il faut changer nos loix.

ARROGANCE. Pour faire fentir aux militaires les dangers de l'arrogance, il fuffit de leur dire que ce mot réveille. une idée compofée de fierté, d'orgueil & de préfomption, & qu'on donne le nom d'arrogant à celui qui s'attribue un mérite, un droit, une autorité qu'il n'a pas.

ARTS, beaux arts. Nous confacrons un article particulier aux arts, indifféremment nommés baux arts ou arts libéraux, afin d'examiner fi un légiflateur militaire ne peut point faire ufage de leurs productions pour donner plus de force & plus d'énergie aux qualités & aux vertus des guerriers; afin d'indiquer aux généraux ce qu'ils doivent faire pour ces arts; afin de rechercher s'il eft utile aux jeunes officiers françois d'en faire l'objet de leurs études, & quels font ceux de ces arts qu'il leur importe le plus de cultiver.

L'homme chargé dans une fociété d'hommes libres de donner des loix à fes concitoyens rafL'officier qui a mis un autre officier aux arrêtst femblés pour repouffer un ennemi commun

[ocr errors]

trouve avec facilité des objets propres à fervir de force aux réglemens qu'il propofe; pourvu qu'il fache fe fervir à propos des mots, liberté, patrie, propriété, il modifie à fon gré le cœur & l'efprit des hommes qu'il commande: celui qui eft chargé dans un Etat purement monarchique, par un prince aimé de fes fujets, de donner des loix à des foldats citoyens, peut de même avec les mots, patrie, roi gloire, honneur, obtenir des hommes qui fe font dévoués au fervice de l'Etat les facrifices pénibles que la profeffion militaire rend indifpenfables: mais il n'en est pas ainfi de celui qui veut donner des loix aux fujets d'un defpote, à une armée compofée ou d'étrangers raffemblés au hafard, ou de citoyens ramaffés dans les dernières claffes de la fociété, en un mot d'hommes fans propriété, fans patrie, &c. Sa tâche eft auffi difficile qu'immenfe ; il ne peut espérer de la remplir qu'en faifant ufage de tous les leviers connus, des plus petits comme des plus grands; qu'en effayant de tous les moyens imaginés par les différens peuples, & qu'en les employant tous, ou enfemble, ou fucceffivement.

noble courage; & à qui les éloges prononcés dans nos chaires ou dans nos académies, n'ayent infpiré les réfolutions les plus magnanimes. Les productions des beaux arts ont encore cet avantage, qu'après avoir infpiré les grandes actions. elles les récompenfent, & qu'elles offrent pendant très-long-tems au peuple qui les a employées à ce dernier objet, des monumens agréables & même glorieux. Elles fe font entendre à toutes les claffes de la fociété, elles parlent à l'efprit & au coeur; on peut en un mot les confidérer comme des troupes auxiliaires, dont un législateur ne doit jamais négliger de fe fervir.

Les Grecs, les Romains, les Etrufques, & d'autres peuples de l'antiquité avoient reconnu tous les effets des beaux arts, auffi les employoient-ils tous au bien public. Pourquoi n'imiterions - nous pas ces peuples fages? Pourquoi ne ramenerions-nous pas, comme eux, les beaux arts à leur véritable but, qui eft de toucher vieft d'élever l'ame? Pourquoi, au lieu de leur vement les cœurs; à leur véritable emploi, qui permettre de fe dégrader en flattant la vanité, en amolliffant les caractères, en égarant l'imaginarions-nous pas à infpirer aux hommes la paflion tion, en corrompant les mœurs, ne les emploidu beau & du bon; à rendre la vérité & la à augmenter la valeur, à affermir le courage, vertu aimables; le menfonge & le vice odieux; épurer les moeurs, à récompenfer les actions valeureufes, à célébrer, à illuftrer, à immortalifer les auteurs de ces actions?

à

Je placerai les productions des beaux arts parmi les objets dont ce légiflateur doit faire ufage, & je leur donnerai même un rang très-diftingué ; elles font en effet un des moyens des plus propres à faire concevoir aux guerriers les opinions que leurs chefs font intéreffés à leur faire adopter; des plus capables d'élever leurs ames, & de leur infpirer les vertus qu'on defire rencontrer en eux. Les beaux arts rappellent aux hom- Pour que les beaux arts produifent parmi les mes la mémoire des grandes actions de leurs an- militaires les effets que nous venons d'indiquer, cêtres, & les engagent à les imiter; ils réveil- il faut qu'ils foient étroitement liés à toutes les lent toutes les paflions, & principalement celles fonctions de la vie commune; il faut qu'un homqui ont le plus d'influence fur les ames nobles me de guerre ne voye les dehors d'aucun mo¬ & élevées ; ils excitent cet heureux enthoufiaf- nument deftiné à des guerriers, qui ne lui rapme, qui árrachant l'homme à lui-même, & l'en- pelle t, à l'aide des différentes branches de l'art trainant avec une force irréfiftible, produit les du de ffin, le fouvenir des hommes qui ont actions héroïques, & finit toujours par couron- montré des vertus ou des talens militaires éminer d'un heureux fuccès les entreprises les plus nens. Voyez ARC DE TRIOMPHE, CASERNE difficiles. Les productions des beaux aris ont MINISTRE DE LA GUERRE, STATUES, TAcela de particulier, c'eft qu'elles font une im- BLEAUX ; que tout ce qu'il voit dans l'intérieur preffion prefque égale fur les citoyens des répu- de ces édifices tende au même but ou par fon bliques, fur les fujets des monarques & fur les nom, ou par fa forme ou par fes décorations; efclaves des defpotes. Si Thémiftocle fut fou- qu'au théâtre il entende chanter les louanges vent réveillé par les trophées de Miltiade; fi des Bayards, des Duguefclin, des Dunois, au Céfar fondit en larmes à la vue des portraits lieu d'y voir reparoître fans ceffe des héros fad'Alexandre, il eft peu de rios militaires à quibuleux, ou des divinités qui ne feroient point les ftatues des grands hommes, faites pour etre expofées dans le Museum françois, n'ayent arraché des larmes; à qui les tableaux & les gravures, faites pour conferver le fouvenir des actions militaires mémorables, n'ayent arraché des foupirs; que le bufte de ce jeune héros, qui jouit de fa gloire, n'ait réveillé en furfaut; que les vers compofés par nos grands poetes, à la louange des guerriers célèbres n'ait animé d'un

comptées aujourd'hui parmi les hommes eftimables. Voyez CHANSON MILITAIRE, COMÉDIE, MUSIQUE que les poëtes, les orateurs, hiftoriens, les journalistes même, ne prodiguent plus des éloges qu'aux hommes qui ont bien mérité de la patrie; ne faffent plus fervir leur éloquence qu'à célébrer les héros: alors les beaux arts, ramenés à leur véritable origine, entraîneront les militaires avec force, mais par une vio

lence toujours aimable, vers leurs devoirs les plus pénibles; & ils les obligeront de s'aquitter avec zèle de tout ce que leur bonheur particulier & celui de l'Etat exigent.

Qu'on ne prenne point ce que nous venons de dire pour des exagérations produites par l'imagination exaltée d'un écrivain enthoufiafte, ou pour des hiperboles de rhéteur, qui ne peuvent faire qu'une courte illufion, & qui doivent fe diffiper comme une vapeur légère dès que les premiers rayons de la raifon l'éclairent; ce que nous avons dit eft fondé fur la connoiffance de P'hiftoire, fur celle du coeur humain, & particulièrement fur celle du caractère des François qui fe font voués à la défenfe de la patrie. L'entendement comme le dit M. Sulzer à qui nous devons la plupart des idées inférées dans cet article, l'entendement ne produit que la connoiffance, & la fimple connoiffance ne donne point la force; pour que la vérité devienne active il ne fuffit pas de la connoître parfaitement, même fous la forme du bien, il faut la fentir fous cette même forme, & c'eft alors feulement qu'elle exerce les forces de la volonté & met l'ame en

mouvement.

Rome les dépouilles de Corinthe, les chefsd'œuvre d'Appèle, d'Ariftide, & de quelques autres artiftes auffi célèbres, qui les menaça dis je de les obliger de fournir à leurs frais. d'autres tableaux, d'autres ftatues, fi celles qu'il leur confioit étoient perdues ou mutilées.

L'art de la guerre doit fixer, je le fais, la première, la principale attention de celui qui se deftine au commandement des armées; mais cet art ne peut confumer tous les momens du général; l'efprit de l'homme ne peut être conftamment plongé dans de profondes spéculations; & quels délaflemens plus doux, plus nobles, plus utiles que ceux qui nous font offerts par les beaux arts! Xenophon, que fes talens militaires ont illuftré, joignoit à l'art de commander les armées, celui de perfuader les guerriers, & de les inftruire; il a été compté parmi les écrivains de l'antiquité dont le ftyle étoit le plus pur & le plus élégant; & il fut, pour fon éloquence, furnommé l'abeille grecque, la mufe athénienne. Scipion l'Africain, ce vainqueur des Espagnols d'Annibal, de Siphax, d'Antiochus, étoit l'ami, le confeil, & même, dit-on, le rival de Térence. Céfar fut vaincre & décrire fes victoires avec même un grand nombre de généraux qui ont fu art, &c. les tems modernes, nous offrent de fe faire une couronne treffée des lauriers cueillis. dans le champ de Mars & fur la montagne confacrée aux mufes; parmi tous ceux que je pour facrée aux mufes; parmi tous ceux que je pource prince donnera, fans doute, fon nom au rois citer je ne nommerai que Frédéric le grand ;, fiècle où il a vécu, parce qu'il fut le premier. des généraux, & parce qu'il lutta contre les plus.

grands écrivains de fon tems.

S'il est vrai, comme nous venons de le voir, que les beaux arts peuvent allumer & entretenir dans l'ame des guerriers l'amour de la vertu, & les paffions grandes & nobles dont ils doivent être animés; s'il eft encore vrai, comme on u'en peut douter, qu'on auroit oublié dès long-tems les actions & les noms des conquérans & des généraux victorieux, fi les beaux arts ne nous. en euffent confervé le fouvenir; que les artiftes font les difpenfateurs de la gloire, ou même, comme le difoit Charles-Quint, qu'ils donnent Comme il n'eft cependant point donné à tous l'immortalité, perfonne n'eft plus intéreffé que les hommes de remplir avec éclat cette doubleles généraux, eux qui doivent tant à ces paf- carrière, les généraux qui ne fe fentiront point fions, eux qui font tout pour la gloire, eux infpirés par les mufes, acquerront néanmoins qui font fi jaloux de faire paffer leur nom à la des droits fur la reconnoiffance & les louanges postérité la plus reculée, perfonne n'eft plus des artiftes, s'ils témoignent une forte d'amour, intéreflé qu'eux à ce que les arts foient en hon- ou feulement du goût pour les beaux arts, tant neur, à ce qu'ils foient ramenés à leur véritable les écrivains, tant les artiftes font empreflés à but, à ce qu'ils jouiffent de toute la protection louer les grands qui ont cultivé les beaux arts dont ils ont befoin & de tous les encourage-même fans fuccès. Le chef d'une armée peut mens qu'ils méritent. Que les généraux fe gar- même, fans fe livrer à l'étude de ces arts, dent donc de montrer du mépris, ou même de concilier, s'affurer les louanges des artiftes; il L'indifférence pour ces arts, leur exemple feroit fuffit pour cela qu'il les aime, qu'il les admette contagieux; qu'ils fe gardent d'imiter Pyrrhus, familièrement auprès de lui, qu'il déguife fa à qui les artilles n'ont point pardonné d'avoir protection fous la forme de la bienveillance, & répondu à ceux qui le prierent de juger entre que pendant la guerre il refpecte & faffe respecdeux muficiens célèbres, que Poliporchon étoit, ter par fes troupes leurs perfonnes, leurs atte à fon avis, le plus grand général : cette indiffé liers, fur tout les productions de leur génie. rence feroit à leur gloire une tache ineffaçable. L'amour qu'Alexandre avoit pour Homere, les Qu'ils fe fouviennent qu'on ne prononce prefque honneurs qu'il rendit à Ariftote, les témoignages. jamais le nom de Mummius fans l'accompagner d'eftime & d'amitié dont il combla Appele, fes de quelque épithète flétriffante, parce qu'on fe égards pour la famille de Pindare, & l'efpèce fouvient toujours qu'il menaça, très-férieufement, de refpect qu'il témoigna pour la maison qui les maîtres des navires chargés de tranfporter à avoit fervi de demeure à ce premier des poctes

fe

[ocr errors]

priques grecsöht autant à de la

trouve

fa gloire que les batailles du Granique, d'Ar- fouvent fa perte dans fes fuccès: ce qu'il y de certain, c'eft qu'un obfervateur attentif dif tingueroit, au milieu de nos grandes garnifons le militaire qui cultive le deffin d'avec celui qui s'eft adonné à la mufique, & qu'il les reconnoîtroit à leur ton, à leurs manières, & fur-tout aux fociétés qu'ils fréquentent. Voyez DESSIN & MENTOR.

[ocr errors]

ARSENAL. On donne le nom d'arfenal aux magafins d'armes & d'inftrumens de guerre. Voyez tiquités, article ARSENAL, & pour les arfenaux Pour les arfenaux anciens le dictionnaire des an modernes, le même mot dans le dictionnaire de

l'artillerie.

ASSAILLANT. L'affaillant eft celui qui attaque ce mot n'a plus d'ufage qu'au pluriel, & pour défigner les troupes qui affiègent une place.

belles & le refte de fes actions militaires : on
ne parleroit plus de Demetrius s'il n'eut mérité
que le furnom de Poliorcete; mais on racontera
toujours qu'il aima mieux prendre Rhodes plus
tard, que de s'expofer à voir confumer par le
feu l'attelier de Protogene. Marcellus fera plus
fouvent loué d'avoir voulu conferver les jours
d'Archimede, & d'avoir fait ériger à ce mathé-
maticien immortel un tombeau magnifique, que
de s'être emparé de Siracufe malgré les efforts
de ce même Archimède. Charles-Quint fera peint
plus fouvent ramaffant le pinceau de Titien, que
dans toute autre attitude. Condé a été auffi fou-
vent loué de fon amour pour les beaux arts de
fon amitié pour les Boileau, les Racine, les Mo-
lière, & tous les hommes célèbres qui vivoient de
fon tems, que des victoires à jamais ménrorables
qu'il a remportées. Les gens de lettres parleront
à jamais de cet empereur qui traita avec de grands
égards le célèbre Maupertuis, que fes troupes
avoient fait prifonnier, & qui donna à ce favant,
avec une grace fingulière, un inftrument nécef-
faire aux obfervations aftronomiques dont il s'oe
cupoit. Mais pourquoi citerions nous d'autres
exemples Pourquoi folliciterions - nous encore
les généraux en faveur des artiftes & des beaux
arts? Ils favent tous qu'en détruifant le chef-lités
d'œuvre de ces arts ils fe priveroient du plus beau
prix de leur victoire : l'exemple de Louis XVI.
leur a appris d'ailleurs à tous, qu'un peuple peut
faire la guerre à fes voifins fans la déclarer aux
fciences ni aux arts.

Nous ne prouverons ici ni qu'il importe aux adminiftrateurs de faire naître le goût des beaux arts dans le coeur des guerriers, ni qu'il eft intéreffant pour les militaires eux-mêmes de s'adonner à la culture de ces arts, ces objets font traités dans l'article MŒURS; mais nous examinerons quel eft celui de tous les beaux arts qu'il importe le plus au gouvernement que les militaires cul

tivent.

ASSAILLIR. Attaquer vivement une place, un camp ou des lignes. Voyez ces différens mots.

ASSEOIR UN CAMP. On fe fert des mots affeoir un camp pour défigner l'action de placer un camp. Quant à la manière'de bien affeoir un camp voyez CAMP & CASTRAMETATION.

travail. L'affiduité à fes devoirs eft une des qua·ASSIDUITÉ. Application continuelle à un lités des plus néceffaires aux militaires, & furEXACTITUDE, & le paragraphe XIV de la quatout aux bas-officiers. Voyez BAS - OFFICIERS trième fection de l'article GENERAL.

>

ASSIÉGEANT. L'affiégeant eft celui qui affiège. Ce mot ne fe dit guères qu'au pluriel.

le fiège. Voyez fur la manière d'affiéger les places, ASSIÉGER. Affiéger une place, c'est en faire les articles PLACE & SIEGE.

ASSIÉGÉ. Les affiégés font ceux qui font renfermés dans une place dont l'ennemi fait le fiège. Pour connoître la manière dont les affiégés doivent fe conduire, voyez PLACE, GOUVERNEUR DE PLACE & SIEGE.

ASSIETTE. Situation. L'affiette d'une place eft bonne ou mauvaife. Voyez fur la manière de choifir l'affiette d'une place, l'article FORTIFICA TION & PLACE. Quant à l'affiette des poftes,

Le deffin eft à mes yeux celui qui doit obtenir la préférence : l'étude de cet art & de fes différentes branches eft auffi agréable que celle du refte des arts libéraux; elle eft moins longue, & peutêtre moins chère; on jouit des premiers pas que Pon fait vers la perfection, & même de fes pre-voyez POSTES. miers effais; le goût pour le deffin'eft plus conf tant, plus durable que celui du réfte des beaux arts, parce qu'on peut étudier feul, parce qu'on peut étudier dans tous les inftans, trouver partout des modèles, des admirateurs & des objets d'émulation: les différentes branches de l'art du defin font d'ailleurs indifpenfables aux militaires pendant la guerre, & utiles pendane la paix : une derrière confidération, & qui n'eft pas la moins puntinte, c'est que le jeune officier qui s'est livré

[ocr errors]

ASSURANCE. L'affurance eft l'effet de la valeur, de la confiance en fes forces, & de l'efpoir de la victoire. Tous ceux qui commandent doivent montrer de l'affurance dans leurs propos, dans leurs regards & dans leur contenance; l'affurance des chefs augmente celle des foldats qui ont de la bravoure, & l'exemple de ceux-ci fe communiquant aux autres, tous acquièrent de l'assurance.

« AnteriorContinuar »