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récompenfes de la haute valeur qu'ils avoient montrée en différentes occafions importantes.

troupe: cette coutume que j'ai vu imfter quoique [tion avoit été accordée aux premiers pour les de loin, par quelques régimens, eft utile dans une infinité de circonftances; elle mérite d'être généralement adoptée. Il fuffit d'affecter une lettre de l'alphabet à chaque compagnie, & un numéro à chaque foldat.

Ne feroit-il pas utile d'infliger une punition ainsi que le faifoient les Romains, au foldat qui dans un combat perdoit fes armes? Ne pourroiton pas, ainfi que le pratiquoient nos ancêtres & quelques autres peuples, leur faire un point d'honneur de les conferver ou de les reprendre? Voyez le paragraphe III de l'article ARMEMENT.

S. I I.

Des armes confidérées comme récompenfe & punition.

Un gouvernement qui feroit jaloux de récompenfer toutes les actions militaires utiles & glorieufes, & de punir toutes les actions nuifibles & honteufes, & qui auroit pris, en même-tems, la fage réfolution de ne point recourir à l'argent pour récompenfer, ou à des peines graves ou phyfiques pour punir, ne pourroit-il pas trouver dans les armes qu'il feroit porter aux corps entiers & même aux individus, ou dans celles qu'il diftribueroit aux uns & aux autres, une manière de les punir ou de les récompenfer? L'hiftoire des tems reculés & celle des tems modernes, offrent des exemples en ce genre, & la raifon nous les indique comme faits pour être imités.

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Les Grecs & les Romains faifoient porter des armes particulières à ceux de leurs guerriers qui s'étoient diftingués par des actions éclatantes; ils leur donnoient auffi quelquefois des armes ornées avec magnificence; fous les empereurs, une action d'éclat étoit auffi récompenfée par le don d'une arme particulière : on diftribuoit auffi aux vainqueurs une partie des armes qu'on avoit prifes fur les ennemis.

Une des plus grandes prérogatives accordées à nos anciens chevaliers, étoit le droit de porter une lance plus forte que le refte des combattans; un haubert, une cotte-d'armes, des éperons dorés, & de couvrir leurs chevaux de harnois enrichis d'or.

Henri V, roi d'Angleterre, accorda après la bataille d'Azincourt à tous ceux de fes fujets qui s'étoient fignalés, le droit de porter des cottesd'armes femblables à celles de la nobleffe.

Plufieurs de nos rois ont donné des épées riches aux généraux & aux guerriers qui les avoient

bien fervis.

Pour perpétuer à jamais, dit l'historien de l'ordre de faint-Louis, tome 2, pag. 114, les actious valeureufes de M. de Vifé, un confeil de guerre tenu fous l'autorité de M. de Joyeuse, colonel-général de la cavalerie légère, lui accorda, pour fa perfonne & pour celle de fes enfans, le droit de porter des timbales à la guerre.

Un des régimens de l'armée françoise, le régiment Dauphin infanterie, a le droit de faire porter, au lieu de fufit, des fourches de fer à tous les fergens de fes grenadiers; cette récompenfe lui a été accordée après une action heu

reuse exécutée avec des fourches. Cette distinc

tion glorieufe eft infiniment chère au corps qui en jouit, & lui en fera, fans doute, mériter beaucoup d'autres.

Nos rois ont donné dans tous les tems des canons & des mortiers à ceux de leurs généraux qui en avoient enlevé plufieurs aux ennemis; ils leur ont accordé en même-tems la permiffion de les expofer fur la porte de leurs maifons ou de leurs châteaux L'année 1784 nous en offre un exemple. Le miniftre de la marine envoya au comte Durumain trois mortiers de fonte, comme les monumens de la valeur du chevalier Durumain, fon frère, qui après avoir combattu plufieurs fois les ennemis de l'Etat avec une grande valeur & beaucoup de fuccès, avoit été tué dans un combat naval. Ces mortiers ont été placés fur la principale porte du château de Durumain.

Joignons à ces exemples deux obfervations qui nous paroiffent effentielles. Si l'on se réfolvoit jamais à faire entrer le changement d'armes dans le code triomphal ou pénal, on devroit avoir l'attention de ne faire ufage, ni comme récompêcher celui qui les porteroit, de combattre l'enpenfe, ni comme peine, d'armes qui puffent emou du moins d'égal à

nemi avec avantage,

égal.

Si l'on plaçoit au rang des récompenfes militaires le don d'une partie des armes prifes fur les ennemis, on devroit, ce me femble, empêcher par une loi précife, que ces armes ne paffaffent dans les mains d'une autre famille que celle qui dont la cour feroit ornée de canons & de morles auroit conquifes; alors le maître d'un château, tiers, étant toujours le defcendant d'un général victorieux, ou d'un guerrier recommandable par fes talens militaires, ou par une grande valeur, obtiendroit toujours des étrangers une jufte vénération, & des François une vive reconnoif

Brantome rapporte qu'ayant affifté à une proceffion dans l'ile de Malthe, il avoit vu une partie des chevaliers armés de toutes pièces, & les autres avec de fimples tuniques. Cette diftinc-fance.

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Doit-on chercher à donner de belles armes aux troupes ?

On lit dans l'hiftoire ancienne, que Brutus, Céfar, Sertorius, cherchoient à embellir les armes des foldats; ils prétendoient qu'un air de magnificence dans l'armement infpire du courage aux troupes, & les engage à faire les derniers efforts pour les conferver; mais on y lit auffi que Mithridate & plufieurs autres généraux, avoient adopté une opinion contraire. Si leurs armes appartenoient aux foldats, peut-être feroit-il utile de fe ranger du parti de Brutus; mais comme c'est l'Etat qui les leur fournit, nous nous rangerons de celui de Mithridate, & nous dirons que les gouvernemens modernes doivent plus s'occuper à avoir des armes bonnes que des armes belles.

S. IV.

bonnes armes défenfives: on fait qu'un foldat expofé nud aux coups des ennemis doit combattre avec moins d'affurance qu'un foldat couvert d'armes défenfives. Tous les guerriers feroient des Achilles, fi comme lui ils étoient invulnérables. Pourquoi ne donne-t-on donc pas des armes défenfives à l'infanterie? Seroit-ce à caufe de leur chèreté? Seroit-ce parce que l'humeur françoise ne compatit point avec cette efpèce d'armes ? Seroit-ce parce que nous fommes trop foibles, trop mous pour en porter?

La chèreté des armes défenfives ne peut être le motif de leur exclufion : l'équipement du foldat tué fur le champ de bataille eft prefque toujours perdu pour le fouverain. Un homme de recrue coûte très-cher à lever, à équiper, à transporter à fon corps: un foldat bleffé coûte infiniment à guérir; un foldat eftropié eft une charge pour l'Etat on fait d'ailleurs qu'un homme de recrue ne remplace point un homme fait ; & enfin l'ar les armes défenfives feroient donc plutôt économiques que difpendieuses.

Quand doit-on faire ufage des armes de jet & des mure produiroit une économie fur l'habillement :

armes de main?

La feconde raifon, qui eft celle que nous donne M. de Feuquieres, n'eft point meilleure. Si elle étoit vraie, les autres peuples de l'Europe, eux qui n'ont point les mêmes préjugés que nous, auroient confervé les armes défenfives. Ce n'eft point pour nous imiter qu'ils les ont abandonnées, ils copient nos frivoles modes, mais ils ont une opinion trop défavorable de nos inftitutions militaires, pour les prendre pour modèles; c'eft nous. qui, dans ce genre, fommes le peuple imita

meur

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Celui-là nous rendroit, un grand fervice qui Dous indiqueroit, d'une manière claire, quelles font les circonstances dans lesquelles nous devons faire ufage des armes de jet, comme le fufil, le canon, &c. & celles dans lesquelles nous devons recourir à l'arme blanche, comme la bayonnette, le fabre, &c. Cette queftion eft une des plus importantes à réfoudre; elle a été débattue dans beaucoup d'ouvrages polémiques modernes, mais on paroit avoir cherché plutôt à foutenir le fyftême qu'on avoit créé ou adopté, qu'à trouver Ja vérité. Celui qui voudroit répandre des lumiè-teur. res fur cette queftion, devroit, après avoir lû les La troisième raifon n'eft point meilleure ; ceux ouvrages de MM. Dumenil Durand, Guibert, & ceux de leurs adhérens refpectifs, parcourir qui la donnent font plutôt entraînés par l'hules commentaires de Folard, tome I, pag. 116; que par la vérité. Les homines font auffi forts auffi grands qu'ils l'ont été jadis. tome 3, pag. 290; tome 4, pag. 54, 90, 283, 352; tome 5, pag. 86; tome 7, pag. 92. ll de Si depuis le moment où le premier des hiftoriens vroit lire dans le commentaire de M. de Turpin nérée, les hommes avoient continué à perdre de a donné à fes contemporains le nom de race dégéfur Montécuculli, les pag. 95, 96 & 180 du leur vigueur ou de leur taille, nous ferions de tome 1 ; dans les rêveries du maréchal de Saxe, vrais pygmées. Les reproches que l'on nous fait à la page 38 du tome 1; dans les mémoires de Montluc, la pag. 121 du tome 2; dans les mé- caufe de notre luxe & de la diffolution de nos moires de M. de St-Germain, la pag. 206, &c. moeurs, ne font pas mieux fondés: nos pères Il devroit, fur-tout, étudier avec foin l'hiftoire n'étoient ni plus fobres, ni plus continens que des tems modernes ; c'est-là que les militaires nous. Les nobles étoient peut-être jadis plus vipeuvent puiser des lumières sûres, car l'hiftoire goureux qu'ils ne le font aujourd'hui, mais le 'est que rarement aveuglée par l'efprit de fyftême. peuple eft auffi fort aujourd'hui qu'il l'étoit autrefois. Nos fantaffins employent en tems de guerre autant de force qu'en employoient les foldats Romains. Leurs armes leurs munitions de guerre & de bouche, leur équipement & leurs n'eft guères poffible que des hommes aient jamais bagages pefent environ quatre-vingt livres, & il porté pendant huit ou dix heures de fuite un poids plus confidérable. Trompés par le poids des armes de nos preux, nous nous fommes fait des

Armes défenfives.
S. V.

Faut-il donner des armes défenfives à l'infanterie

moderne?

On eft aujourd'hui tout auffi convaincu qu'on P'étoit jadis, des avantages que produiroient de

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:

,

armes défenfives des Romains une idée bien fauffe; elles étoient de métal, mais extrêmement minces; ils ne leur avoient donné que l'épaiffeur indifpenfable pour rendre nul l'effet des flèches & des pierres. Les Romains pouvoient d'ailleurs porter des armes défenfives, parce qu'ils ne faifoient que des courfes peu confidérables, parce que leurs marches étoient plus promptes que les nôtres, & qu'ils fuivoient toujours des chemins fermes & unis. Ce n'eft donc ni notre manque de force, ni notre molleffe qui nous ont obligés à bannir les armes défenfives, mais l'impoffibilité d'en fabriquer qui puiffent nous être réellemment utiles. Des armes défenfives devroient, pour être utiles, être à l'épreuve du fufil, car fi elles ne l'étoient pas, ce feroit, comme le remarque M. Mauvillon: (Efai fur l'influence de la poudre à canon fur la guerre moderne.) « ce feroit la couverture la plus perfide, puifqu'elle ne ferviroient qu'à ouvrir, déchirer envenimer la plaie, en y portant les éclats de fon fer, ou du moins en y caufant une meurtriffure plus cruelle que la plaie elle-même. » Mais pour être à l'épreuve, il faudroit que les armes fuffent auffi lourdes que les anciennes cuiraffes mais puifque les cuiraffes ont été abandonnées par la cavalerie à caufe de leur poids, à plus forte raifon doivent- elles l'être par l'infanterie. A cela on répliquera deux chofes, dit encore l'auteur eftimable que nous venons de citer, & qui nous a fourni une grande partie de ce paragraphe. » Quand même on ne pourroit pas me dira-t-on, donner au fantaffin une armure plus grande ou entièrement à l'épreuve, ce feroit toujours quelque chofe de lui en donner une comme à nos cuiraffiers. Car n'at on pas fouvent vu que le plaftron du cavalier, & même le hauffe-col de l'officier, ont arrêté des balles, dont ceux qui les portoient auroient été bleffés?» Ces cas ont exifté fans doute; mais quelles balles étoient-ce? Mortes, & fur la fin de leurs courfes, le moindre obftacle fuffifoit pour les arrêter. Ce ne font pas ces balles-la qui font des bleffures fort à craindre, & contre lefquelles on doive prendre beaucoup de précaution. En un mot, il faut que l'armure foit abfolument à l'épreuve pour être vraiment utile; & alors il eft queftion de favoir, fi le petit nombre de bleffures, réellement dangereufes, dont un plaftron, ou même un corcelet, pourroient garantir, valent la peine d'appefantir une armée dans tous fes mouvemens, comme on feroit en donnant un nouveau poids de trente à quarante liv. au moins, à porter à chaque foldat; car il faut obferver qu'une armée, avec une armure femblable, feroit appefantie dans toutes fes manoeuvres, dans la même proportion que le feroit chaque homme. Mais en fuppofant même qu'un fouverain voulût, pour ménager le fang de fes foldats, courir tous les rifques de cet appefan tiffement, & leur donner de telles armes défen

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fives, il eft très-douteux qu'il trouvât fes foldats difpofés à les porter. L'homme calcule tout, & même le danger. Pour un centième de péril de plus, & c'eft porter les chofes bien haut, le foldat ne voudra pas fe charger d'un poids intolérable pendant toute une campagne ; d'un poids, qui par la fatigue, l'échauffement, le mal-aise de toute espèce l'expoferoit au danger beaucoup plus grand & plus certain de mourir de maladie; c'eft ainfi que les hommes pefant tacitement le danger & la peine, ne fe foumettent à celle-ci qu'autant qu'elle ne furpaffe pas l'autre. C'est ce calcul qui a fait rejetter toutes les armes défenfives pour l'infanterie dans toute l'Europe, & pour la cavalerie dans quelques fervices; ce qui eft d'autant plus raifonnable, que par le peu d'attention qu'on fait à la fabrique du plaftron, il n'eft prefque plus qu'un ornement incommode.

Là-deffus on dira encore, & ce fera la feconde objection: » Que voilà le mal; que les hommes font trop foibles & trop pareffeux pour vouloir porter des armes défenfives. On fera intervenir les Grecs, & fur-tout les Romains, pour prouverque les hommes, lorfqu'ils font endurcis au travail, peuvent porter des poids bien plus confidérables. A cela je répondrai, que quand cela feroit, quand le luxe, la molleffe, ou je ne fais quelles caufes, auroient rendu les hommes moins capables de foutenir la fatigue, & leur auroient ôté, ou la force ou l'envie de porter de grands fardeaux, il faut les prendre comme ils font, & s'en fervir en conféquence. Car vouloir réformer l'espèce humaine, c'est un objet que des écrivains militaires devroient ne pas former. »

» Je conclus de tout ceci, que non-feulement l'invention de la poudre à canon eft la vraie cause de l'abolition des armes défenfives, mais encore une caufe jufte & néceffaire. Il ne me paroît pas que l'on puiffe raisonnablement rien changer à notre façon d'armer nos troupes, tant que la poudre à canon formera la base de notre art mili taire ; & fi jamais celle-ci fe voit obligée de céder la place à quelque autre invention, ce fera, fans doute, à une plus meurtrière. Alors on aura, peut-être, des armes offenfives d'une autre efpèce

d'une autre figure, mais il fera encore plus impoffible de faire des armes défenfives capables de leur réfifter. Ainfi, il me femble que celles-ci ont été chaffées à jamais par la poudre.

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Quoiqu'il foit démontré, par ce que nous venons de tranfcrire, qu'il eft impoffible de fonger à couvrir le foldat d'armes défenfives, & le garantir des coups de l'arme à feu, ne doit-on pas chercher à mettre fa tête & fes épaules à l'abri des coups de l'arme blanche ? oui, fans doute, on le doit, & toute puiffance qui ne s'occupe point de cet objet eft blâmable. Voyez CASQUE & EPAULETTES

Quoique les armes défenfives foient inutiles pour notre infanterie de ligne, nous ne devons pas moins en raffembler dans nos arfenaux; & en avoir à la fuite de nos armées. Elles font néceffaires dans les villes affiégées, pour les hommes chargés de défendre les brêches, pour les fentirelles placées dans des endroits découverts par l'ennemi, en un mot pour tous les hommes poftés dans des endroits commandés par le fufil. Voyez

Armes, maniement des armes, Voyez MANIE MENT.

tionnaire confacré à l'art du blafon renferme tous ARMOIRIES, récompenfe militaire. Le dicles détails relatifs aux armoiries, à leur inftitution, à leurs différences, &c. Ce n'eft donc point traiter de ces objets, que nous confacrons cet article de les placer parmi les récompenfes militaires au mot armoiries, mais pour examiner s'il eft bon françoifes.

Plufieurs raifons doivent faire placer les armoi

COMMANDEMENT. Elles font néceffaires dans l'armée affiégeante pour couvrir les hommes qui vont reconnoître les brêches, & pour ceux qui protègent les travailleurs; on pourroit en donnerries au rang des récompenfes militaires françoifes. encore à ceux qui forment la tête de l'affaut, qui montent les premiers à l'escalade, ou qui fervent des batteries découvertes, ou des batteries à barbette. Obfervons que dans toutes les circonftances pour lesquelles nous avons demandé des armes defenfives, ceux à qui elles font deftinées n'ont qu'un petit nombre de mouvemens à faire, & qu'ils peuvent par conféquent fe couvrir d'armes allez épaiffes pour être à l'épreuve des armes de portée moyenne.

Il faut promettre & accorder aux hommes les récompenfes qu'ils prifent, qu'ils aiment le plus. Les François prifent beaucoup les récompenfes qui, vifibles à tous les yeux, difent à la nation, voilà un citoyen qui s'eft rendu recommandable par des hauts faits ou par des vertus guerrières; ils defirent comme le reste des hommes, que le fouvenir de leur vie foit confervé, & que leurs defcendans participent aux récompenfes qu'ils ont ce triple objet, elles font faites pour être adopobtenues; or, comme les armoiries rempliffent

Armes, hommes d'armes. On donnoit jadis le nom d'hommes d'armes au cavalier armé de toutes piètées. ces; on les appella enfuite gendarmes. Voyez GENDARME.

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Il faut que les récompenfes accordées à un citoyen ne puiffent fous aucun afpect tourner au détriment du refte de la fociété ; or, les armoi

Armes, paffer par les armes, punition militaire. Paffer un militaire par les armes c'eft le faire mourir à coups de fufils, d'après le jugementries ne coûtent rien à l'Etat, ne donnent à ceux d'un confeil de guerre.

Cette punition étoit infligée autrefois pour une infinité de fautes qui paroiffent d'une gravité & d'une nature bien différentes. Le foldat que le fommeil avoit furpris pendant qu'il étoit en faction, & celui qui avoit dès long-tems choifi pour déferter le moment où il feroit en faction, fubiffoient tous les deux cette même peine : quoiqu'on ait déja fait éprouver quelques changemens heureux à notre code militaire pénal, il n'en offre pas moins encore un grand nombre d'imperfections. Voyez MORT, PEINE DE MORT.

qui les obtiennent aucune prérogative à charge à leurs concitoyens, ne peuvent même donner naiffance à aucun vice, donc elles méritent d'être placées au rang des récompenfes militaires francoifes.

peu

Les armoiries ont encore cet avantage, qu'avec

d'art on peut les varier à l'infini, & proportionner toujours la récompenfe à l'action. Les armoiries méritent enfin d'entrer dans notre code triomphal, parce qu'il eft inutile de créer des récompenfes nouvelles quand il en exifte d'anciennes dont la bonté eft reconnue, & l'on fait que plufieurs de nos rois & plufieurs autres fouverains, ont fait avec fuccès ufage des armoiries comme récompenfes militaires. Tranfcrivons quelques-uns des exemples de ce genre dont l'hiftoire Aux armes; cri de guerre par lequel on avertit toutes les fois qu'on le peut, & le fouvenir des a confervé la mémoire; il eft bon de rappeller, the troupe de gens de guerre qu'elle doit pren-actions glorieufes & celui des récompenfes qu'elles dre les armes. Voyez CONSIGNE & HONNEURS ont obtenues de la reconnoiffance des peuples & de celle de leurs chefs.

Armes, fufpenfion d'armes ; c'eft la ceffation de toutes fortes d'hoftilités entre deux puiffances qui font en guerre. Voyez SUSPENSION D'ARMES & TRÈVE.

MILITAIRES.

Armes, prendre les armes. On dit qu'un régiment prendra les armes à telle heure, pour dire qu'il fe montrera armé, à telle heure, hors de fon quartier, ou fur le front de bandière de fon camp.

Armes, mettre bas les armes. On fe fert de cette expreffion pour défigner l'action par laquelle on s'avoue vaincu, & l'on pose les armes,

Philippe Augufte voulut que la maison de Montmorenci portât feize aiglons dans fes armes parce que Matthieu II. de Montmorenci avoit pris fur l'ennemi feize étendards à la bataille de Bouvines.

Le même prince accorda à la maison d'Estaing le droit de porter les armoiries de France, & de.

faire porter à fes gens la livrée de nos rois; un comte de cette maifon lui avoit fauvé la vie dans une bataille.

Louis IX donna dans la Palestine le chef de France à l'ordre teutonique; il permit au jeune prince Boëmond VI. d'écarteler fes armes des armes de France.

Philippe de Valois accorda la même récompenfe à la maifon de la Tour-d'Auvergne, & à celle de Salvain de Boiffieu.

Charles VI. à Charles d'Albret.

Charles VII. accorda à Barbafan, un des héros de fon tems, la prérogative de porter les trois fleurs-de-lys d'or fans brifure; au vicomte de Beaumont, celle de parfemer fon écu de fleurs-delys, & à la fameufe Jeanne d'Arc le droit d'en porter une.

de Villaines, un des dignes compagnons de Duguefclin; & prefque de nos jours le baron d'Asfeld a obtenu le droit de joindre l'écu de Valence à celui de fes armes, en récompenfe de fes hauts faits en Espagne.

Les rois de Naples de la branche d'Anjou ont fait fouvent ufage de cette récompenfe : les maifons d'Andréa, d'Alleman, de Beccari en font la preuve.

Jonville obtint d'Edouard premier, roi d'Angleterre, de partir les armes de fa maifon de celles d'Angleterre, & de nos jours on a accordé au général Eliot, ce vaillant défenfeur de Gibraltar, le droit d'ajouter à fes armoiries celles de la ville qu'il a défendue avec tant de gloire.

Plufieurs petits princes ont auffi ufé de pareilles conceffions; des républiques, des villes même ont auffi communiqué leurs armes à des particuliers; nous ne citerons que la ville de Sienne, qui donna à Montluc, fon brave défenfeur, le droit de charger fon écuffon d'une louve.

François I. accorda à Jean de Haizecourt la permiffion de compofer fes armoiries de la porte & de la barrière de Perronne, favoir d'azur à un deffus de porte & une barrière d'or, à côté de deux fleurs-de-lys d'or foutenues de deux croif- Nous n'entrerons ici dans aucun détail fur la fans d'argent. D'Haizecourt avoit par fon intel- manière d'appliquer les armoiries aux récompenligence & fa valeur contribué à fauver Péronne. fes militaires, nous ne parlerons point du moyen de varier le fupport, l'écu, le cimier, &c. Nous Henri-le-grand donna pour récompense au capitaine Libertas, qui avoit délivré Marseille de nées, ou changées pour des faits guerriers, denous contenterons de dire que les armoiries donla tyrannie de Cazaud & des mains des Efpa- vroient être caractérisées par un figne général; le Efpa-nées, gnols, les armoiries fuivantes; un chef d'azur de trois fleurs de lys d'or, à fes armes de gueules nouvelle : j'oblerverai que les armoiries devroient cafque, par exemple, ou mieux encore une pièce à un château d'argent. être auffi parlantes qu'elles pourroient l'être, c'est-à-dire, très-analogues à l'action dont elles feroient la récompenfe; qu'elles devroient être établies par une loi, accompagnées d'un décret public, & diftribuées avec un certain apparat ; j'obferverai de plus qu'il devroit être défendu, Henri IV. voulut encore que le fieur de Vic, fous les peines les plus graves, de charger fon vice-amiral de France, qui lui avoit rendu des écu, fans une permiffion expreffe, des pièces services fignalés, portât en les armoiries une fleur-devroit enfin annoncer à l'armée que tout régiréservées pour les récompenfes militaires ; qu'on de-lys d'or.

Le même prince fit un don du même genre à Pierre Hoftager, gentilhomme de Marseille, qui lui avoit aidé à foumettre cette ville. Il lui donna un écu d'azur à une fleur-de-lys d'ot, fur le tout de fes armes.

ment qui fe diftinguera obtiendra des armoiries

Louis XIII. & Louis XIV. ont auffi fait ufage qu'il pourra faire graver fur fon cachet, peindre des armoiries comme récompenfe.

Avant de jetter un coup-d'oeil fur les princes étrangers, nous croyons devoir faire obferver à nos lecteurs que ce font les plus grands de nos monarques, ceux dont le génie étoit le plus militaire, qui ont fait ufage des armoiries pour récompenfer leurs guerriers.

L'empereur Frédéric II. accorda à un chef des Turcs le droit de porter fes armes fur fa bannière; Sigifmond permit à un gentilhomme provençal de charger l'étoile de fes armes de l'aigle de fable. Maximilien I. donna l'aigle de l'empire à Raphaël Grimaldi. Henri III, roi de Caftille, fit porter un quartier des armes d'Efpagne au Begues

fur les drapeaux, empreindre fur fes boutons, & fur les caiffes de fes tambours.

Comme le don d'armoiries nouvelles peut être employé en qualité de récompenfe, tant envers les corps militaires qu'envers les individus qui les compofent, de même la privation d'anciennes armoiries peut être mife, comme elle l'a été de tous les tems, au rang des punitions militaires. Voyez DEGRADATION & CHEVALERIE.

ARMURIER. Il y a, depuis l'année 1776, un armurier dans chacun des régimens de l'armée françoife; cet artifan n'a que le nom & la paye de foldat, car il eft exempt de toute espèce de fervice militaire,

On

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