Imágenes de página
PDF
ePub

Les grenadiers ne font pas choifs à la taille; mais l'on s'attache à prendre des gens fûrs, robuftes, d'un âge fait & bons marcheurs.

Les appointemens des capitaines étant trèsmodiques, le roi eft parvenu à les rendre confidérables, au moins en temps de paix.

1o. Dans les régimens où le roi fournit les recrues étrangères, le capitaine ne jouit que de la moitié de la paye des nationaux, pendant dix mois & demi qui eft le temps où ils font

chez eux.

Dans les régimens où le capitaine eft chargé des recrues, il jouit de la paye entière des nationaux, pendant dix mois & demi de l'année. 2o. Les régimens étant habillés tous les ans au complet, le capitaine fait encore un bénéfice confidérable fur l'habillement des nationaux.

3o. Il eft permis à chaque capitaine d'avoir 30 à 40 travailleurs, pendant dix mois & demi de l'année ; ils étendent cette permiffion autant que le chef du corps le leur permet. Les travailleurs ne tirent ni prêt ni habillement, & paient même fort chèr la permiffion de fe livrer à tel métier qu'ils veulent. Plus le capitaine a de travailleurs, plus la troupe lui rapporte ; ce qui fait qu'il ne réferve à la compagnie que les hommes qui lui font néceflaires pour fai e le fervice, ou qui manquent d'induftrie; ces malheureux font obligés de monter la garde de jour à autre, & ne font pas payés du fervice qu'ils font. Il réfulte de ce trafic des horreurs inconcevables. Les capitaines les moins délicats tirent encore des rétributions en denrées des foldats nationaux, volent fur les habillemens, & font valoir leurs compagnies jufqu'à 8 à 9000 liv.

Quelque modique que puiffe paroître ici le prix de chaque pièce, le foldat pruffien est trèsbien vêtu..... L'habit eft étroit & court, mais i ne gêne pas; la vefte & la culotte font, comme l'habit, d'une étoffe groffière; mais en portant les caleçons en été, cette culotte dure an l'année; le chapeau n'eft pas d'une mauvaise qualité; il eft bordé d'un petit bord de fil, & garni de trois houpes; les guètres font bonnes & commodes, parce que l'étoffe en eft lâche; les chemifes font d'une toile fort groffière; les fouliers font excellens ; enfin toutes ces nippes doivent durer l'année, fans quoi le foldat paie de fa poche celles dont il auroit befoin.

Au bout de l'année, tous les effets appartiennent au foldat; mais on réferve toujours un habillement au magafin, afin qu'il foit vêtu pour entrer en campagne.

Le premier bataillon des gardes a des brandebourgs en argent d'Allemagne; chaque foldat tire un louis par année de fes galons.

Chaque régiment a des uniformes différens; quelques-uns font galonnés.

Armement & équipement du foldat, des fousofficiers & officiers.

Le foldat pruffien eft très-bien armé ; les fufils & les platines font faits avec un foin infini; les changemens qu'on a fait font reconnus pour trèsavantageux. Telles font les baguettes cylindriques & les culaffes coupées en cifeaux ; ce qui fait qu'on n'eft pas obligé d'amorcer, la poudre pafle du canon dans le baffinet. Cette poudre eft aufli fine que celle de chaffe. Le foldat tire aisément fix coups par minute; nous ne pouvons en tirer que trois avec nos armes. On a donné depuis bas-offi-platines; ce qui fait que la pluie ne peut pas peu des couvre-batteries, qui s'attachent fur les

Habillement & prix de chaque pièce. Le roi fournit tous les ans à chaque cier & foldat, les objets fuivans :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

mouiller la batterie; on tire aisément avec cette machine. Le canon eft auffi garni d'un cuir jufque vers le milieu, afin qu'en s'échauffant, le foldat puiffe le tenir dans la main fans fe brûler; les fufils font garnis en cuivre, les courroies font à boucles & plaquées en rouge; elles font faites de manière à pouvoir porter le fufil en bandoulière. La plupart des bois de fufil font verniffés en noir ou en jaune ; les bayonnettes font comme celles de l'infanterie franço fe; les gibernes & la buffleterie font très belles : les gi bernes peuvent contenir foixante cartouches. Les ceinturons font à boucle.

Le foldat pruffien eft auffi armé d'un petit fabre, qui n'eft ni incommode ni utile.

On a calculé que le foldat, en campagne, étoit chargé de 59 livres 11 onces, en y comprenant le pain pour cinq jours, un bidon, deux haches, trois pêles ou pioches.

Le roi fournit des armes, lorfqu'elles font, eft fort étonné quand, fur un régiment de 1500 ufées; le capitaine reçoit 44 liv. par mois pour hommes, il y a 20 ou 30 malades à l'hôpital. l'entretien de l'armement de fa compagnie.

Les officiers font armés d'un fponton & d'une épée : ils ne portent l'épée qu'à la guerre; les bas-officiers portent des hallebardes & des fabres.

Des cafernes.

Excepté celles de Berlin, les cafernes font tris-mauvaises; l'on n'y loge que les gens maties, & à-peu près quarante hommes par compagnie, qui font ceux dont on fe défie le plus: les fldats mariés leur fervent de gardiens.

Les foldats couchent trois dans le même lit; les fournitures fout au compte du capitaine, à qui le roi donne 24 fols par mois pour chaq e hoane; on change le drap de lit (il n'y en a qu'un tous les deux mois, & on renouvelle la pailies tous les dix-huit mois.

Les foldats qui ne font pas cafernés logent deux à deux, chez le bourgeois; le roi donne 48 fols par mois pour le logement de d.ux

hommes.

Nourriture du foldat.

Les foldats pruffiens ne font pas d'ordinaires; au moins y a-t-il très-peu de régimens où cela foit établi. Ceux qui manquent d'induftrie, & qui font obligés de vivre de leur folde, ne mangent jamais de viande; lorfque le pain eft cher, le roi eft obligé de le leur donner à un prox modique : les boulangers des villes font oligés de le cure, il n'y a pas d'établiflerens pour cet objet. Ce pain eft de la plus mauvaise qualité.

Hôpitaux.

Le roi donne aux chirurgiens majors de chaque regiment 36 fols par année, pour chaque basofficier & foldat; fur quoi le chirurgien eli obligé de louer une maison convenable, de fournir le lit, le feu, la lumière, les médicameus, & de payer les infirmiers; le frater de chaque compagnie eft de garde à l'hôpital à fon tour. Le foldat malade conferve fa paie, & achete de l'infirmier les alinens qu'on lui permet de prendre.

Les hôpitaux font on ne peut pas plus mal a'miniftrés. Un foldat qui eft attaqué de maladie vénérienne, reçoit cent coups de bâton en fortant de l'hôpital

L'attention qu'on a de n'admettre dans la troupe que des jeunes gens fains, robuftes & d'un âge mar, de tenir les troupes dans an air falubre & toujours dans les mêmes garnifons, font qu'on Art. Milit. Suppl. Tome IV.

Soldats mariés.

L'on accorde aifément aux foldats la permiffion de fe marier; l'on cherche même à faire marier les étrangers autant que l'on peut, afin de les fixer; mais le roi ne donne aucun fecours aux femmes ni aux enfans. Les enfan, ne reçoi vent la paye qu'au moment où ils peuvent porter les armes.

Les enfans des foldats étrangers font nés feldats, & obliges de fervir toute leur vie; les femmes de foldats qui obtiennent d'être logées aux cazernes, font obligées d'entretenir les. chambres, de faire les lits, de laver les fournitures; elles reçoivent pour falaire 4 liv. par nois, du roi; mais comme fa majefté ne donne ni bois ni lumière, on leur retient 36 fols pour ces objets.

Garnifons ftables.

Ce n'eft que par les garnifons permanentes que les officiers peuvent le foutenir au fervice avec leurs appointemens; que le foldat peut vivre de fa folde; que l'on peut laiffer marier les foldats nationaux & autres ; que l'on peut faire d'excellens établiffemens en tous genres. Ce n'eft que par ce moyen que l'on peut toujours être prêt à entrer en campagne; avantage qui l'emporte fur tous les autres. Les régimens pru fiens ont tout ce qui leur est néceffaire pour faire la guerre; les tentes, les marmites, les bidons, les porte-manteaux, les pièces d'artillerie & leur train, les chariots des compagnies, c.; les chevaux de peloton & d'attelages font marqués chez les payfans. Lorfqu'un regiment reçoit ordre de marcher, il ne faut que trois jours pour rappeller les nationaux, faire arriver les chevaux, fortir les effets des magafins, paqueter & charger; le quatrième jour, & même laiffe à la garnifon les foldats qui ne peuvent le troisième, il peut le mettre en route. On pas faire la guerre, les femmes, les enfans; & l'on s'occupe à recruter, habiller & drefler les. nouveaux foldats. il eft d'ailleurs prouvé que dans les garnifons permanentes, on perd moins d'hommes par mortalité que par défertion : que les maladies font fort rares, & qu'il en résulte une prodigieufe économie pour l'Etat & pour la troupe, à qui les déplacemens coûtent horrible ment cher. On peut ajouter que cette vie vugal bonde libertine les officiers, & les empêche de s'adonner au travail. On répete fans cefle en Pruffe, que fans garnifons ftables, on ne peut point avoir d'armées.

Ccc

[ocr errors]

Choix des officiers & leur avancement.

que d'acquérir en converfant avec leurs camarades, & par les applications que l'on fait chaque année fur le terrein.

Défertion des officiers.

Retraites.

Le roi exige que tous les officiers foient gentilhommes; la prodigieufe quantité de pauvre nobleffe qu'il a dans fes Etais, lui a fait fans doute prendre ce parti. La plupart des jeunes Il eft difficile qu'un officier puiffe fe déranger gentilhommes qui entrent au fervice, fortent de en Pruffe; cependant les exemples en font affez l'école des cadets; ils commencent par être gen-fréquens; il arriveroit même très - fouvent que tilhommes aux drapeaux; ils apprennent dans ce des officiers déferteroient, fi l'on n'avoit pas grade le fervice de foldat & la manière de le attaché l'infamie à l'infraction du ferment qu'on conduire; ils font d'autant mieux placés pour leur fait prêter. Le roi a fait dreffer des potences acquérir ces connoiffances, qu'ils vivent avec dans toutes les garnifons. Un officier qui déferte, les bas - officiers; c'eft dans ce grade, avec la pour quelque motif que ce foit, eft pendu en paye de fergent, qu'ils attendent, pendant plu- effigie; fon portrait eft attaché au gibet jusqu'à fieurs années, l'emploi d'enfeigne. L'avancement ce qu'il tombe. fe fait par colonne, c'eft-à-dire par ancienneté ; & tout gentilhomme à drapeaux peut efpérer de devenir lizutenant-général, il n'y a que dans le corps des adjudans du roi, que l'on peut avancer hors de ligne, mais feulement jufqu'au grade de major, après quoi l'on prend fon rang d'ancienneté. Des actions d'éclat à la guerre procurent encore des avancemens extraordinaires. La fubordination eft extraordinairement bien établie entre chaque grade; le lieutenant-général eft titré d'excellence: il y a une extrême diftance de celui ci au général-major; ces degrés s'ob fervent dans tous les grades jufqu'au gentilhomme au drapeau, que l'enfeigne peut punir s'il fe trouve en faute. Il arrive fouvent que des lieutenans généraux font envoyés aux arrêts, & que des colonels font caffés pour avoir négligé la difcipline ou l'inftruction des troupes qui font à leurs ordres.

[blocks in formation]

Le roi n'accorde que très-difficilement des retraites aux officiers c'est pour les mettre à même de fe procurer de quoi vivre, lorsqu'ils font hors d'état de fervir, que l'on tolere l'affreux monopole des capitaines. Il y a cependant un certain nombre d'emplois dans le civil. qui font réfervés aux anciens officiers, ou à ceux qui ont été eftropiés à la guerre; tels font ceux des maitres de poftes & autres de cette nature.

Choix des bas-efficiers & des caporaux.

L'on choifit les bas-officiers ou caporaux plutôt à l'anciennete qu'au mérite; mais ils font fi rigoureufement punis pour la moindre faute, il leur tombe une fi prodig eufe quantité de coups de plats d'épée, s'ils manquent à leur devoir, qu'ils ne peuvent pas être mauvais. S'ils font abiolument incapables, on les caffe.... Un bas-officier ne peut devenir officier.

Invalides.

Quoique le roi ait un établissement à Berlin pour les invalides, où il en entretient 600, & qu'il fe foit emparé dans le civil de tous les emplois qui peuvent être à la convenance des à ces établiffemens par 4 liv. par m is qu'il bas officiers & foldats, & qu'il fupplee encore donne à ceux qu'il ne peut pas placer; cette grace ne s'obtient que lorfqu'on eft vraiment hors d'état de pouvoir continuer de fervir : il y en a fort peu.

d'état de fervir, obtient la permiffion de demanUn follat national qui fe trouve jeune hors der fon pain.

Les étrangers qui fe trouvent dans le même cas font conduits fur les frontières, avec défenfe de rentrer dans le royaume.

Difcipline intérieure des compagnies & des régimens.

Le capitaine eft chargé de la difcipline, de l'inftruction & de tout ce qui concerne fa troupe. Il a la plus grande autorité fur fes officiers, & les punit très-fréquemment. Les chefs des corps envoient auffi les cap taines à la grande - garde pour les moindres fautes; il n'y a pas d'officiers ni de bas-officiers attachés particulièrement aux fubdivifions des compagnies; c'eft le fergent de jour qui fait les appels, & qui rend compte aux officiers & au capitaine de ce qui s'eft paffé dans la journée.

L'officier de femaine infpecte les hommes qui doivent monter la garde, & ne s'inquiette nul lement de ceux qui ne font pas de service; i leur et même défendu de parler inutilement aux foldats.

De la tenue.

Les foldats pruffiens font très-bien tenus, lorfqu'ils font fous les armes; mais hors de fervice, il leur eft permis d'aller dans les rues comme ils veulent, couver:s de haillons & jambes nues cela leur convient.

Des punitions des gentilhommes au drapeau, des bas-officiers & des foldats.

Les gentilhommes au drapeau & les bas-officiers font punis de prifon & de coups de plat d'épée; les foldats reçoivent 25 ou so coups de bâton pour la moindre faute. Lorsqu'un foldat manque effentiellement, on lui donne un certain nombre de coups de petits joncs fur les épaules nues; cette punition eft à-peu-près Pequivalent des verges. Si un foldat eft incorrigibe, on l'enchaine au pied de fon lit. On l'occupe à filer de la laine ou à tricotter, & on ne le déchaîne que pour faire fon service & aller aux exercices. Ils ont encore une autre punition, qui eft d'enchaîner les hommes les pieds & les mains prefque jointes, & ils les laiffent dans cette attitude infoutenable pendant plus ou moins de temps.

L'on ne punit pas les efcroqueries & les petits vols. Il n'y a guère de foldats étrangers chez les Pruffiens qui ne foient voleurs. Si cependant on les prend fur le fait, on les fait paffer par les verges. Il eft difficile d'obtenir juftice; il faut que l'objet volé foit d'un grand prix, ou que la chose ait une grande publicité.

Tout homme qui manque à la fubordination paffe par les verges; tout homme qui cherche à fe débarraffer de la vie, & qui eft pris fur le fait, paffe par les verges: le fuicide eft on ne

peut pas plus commun parmi les foldats étrangers qui font au fervice de Pruffe, fur - tout parini les François. Ils font exposés à effuyer tant d'injustice, tant de mauvais traitemens; ils ont fi peu d'efpoir de fortir de la captivité où ils vivent, qu'ils n'ont que ce moyen de mettre fin à leurs mifères.

Un foldat étranger qui a de l'industrie, du talent, & qui rapporte de l'argent au capitaine, jouit d'une très-grande liberté, & n'est jamais puni. Les officiers & les bas-officiers de la compagnie n'oferoient punir un homme aufli utile, de peur de déplaire au capitaine.

Désertion.

Tout ce que l'on peut imaginer pour empêcher la défertion eft mis en oeuvre. La moitié de la garnifon eft employée à garder l'autre ; les fentinelles font placées fur le poustour de la ville à so pas les unes des autres. On a attention de placer un affidé entre les fentinelles qui ne méritent pas une entière confiance. La fen. tinelle a fon fufil chargé à balle. Les hommes qui font les moins fûrs ne font de faction que dans l'intérieur de la place & devant les armes, Les fentinelles qui font fur les ouvrages extérieurs & fur le rempart, font obligées de crier qui vive tous les demi quarts-d'heure. Si l'une d'elles déferte, celles qui font à fa droite & à fa gauche paffent par les verges.

L'on multiplie les rondes, les contre-rondes, les patrouilles extérieures & intérieures, les biyouacs autant que la proximité des frontières & la faifon y obligent. Lorfque les grains font en maturité, ou les rivières & les canaux gelés, on augmente de précaution.

Si, lorfqu'un officier eft de garde, il lui déferte un homme de fon pofte, il eft envoyé pour fix mois dans une citadelle. Si le pofte eft commandé par un fergent, il eft caffe. Dès qu'on s'apperçoit qu'il manque un homme à l'appel ou à fon pofte, on en prévient le commandant de la plice, qui fait tirer plufieurs coups de canon: à ce fignal, les payfans vont occuper les poftes qui leur font affignés. Ces poftes font vifités par des officiers ou bas officiers de la garnison; fi les payfans ne font pas exacts, ils font punis par une amende; indépendamment des chaînes de poftes qui cernent la ville, les chaffeurs du pays font obligés de fe mettre en guette avec leurs chiens. Ces animaux font fi parfaitement dreffés à cette espèce de chaffe, que ce font prefque toujours eux qui les découvrent à leurs maîtres. Lorfque les payfans ou les chaffeurs ramenent ces déferteurs, le capitaine eft obligé de leur donner une certaine fomme pour récompenfe. Les payfans ont d'ailleurs un intérêt particu

lier à arrêter les déferteurs, parce que plus il y a d'étrangers fous les drapeaux, moins on engage de nationaux : il eft d'expérience à Berlin que fur 100 hommes qui défertent, on en ramene 98. Cette ville eft cependant fituée près des frontières de la Saxe, & contient 25,000 hommes.

Punitions infligées aux déferteurs.

Tout fujet du roi qui déferte pour la première fois, dès qu'il eft ramené, paffe trente-fix tours de verges par 200 hommes; pour la feconde fois, s'il eft pris, il eft pendu.

Un foldat étranger qui déferte seul, n'étant pas de fervice, paffe douze tours de verges; pour la feconde defertion, 24; & pour la troi fième, 36 tours.

Si plufieurs foldats étrangers défertent enfemble, cette défertion eft réputée complot; le chef du complot eft rendu; les autres paffent trente fix tours de verges & font condamnés aux galères, qui font établies dans les fortereffes, pour un certain nombre d'années; à l'expiration du terme prefcrit par la fentence, on les remet dans leur régiment.

La punition des verges eft fi rigoureufe, que la plupart de ceux qui font condamnés à paffer trente-fix tours (ce qu'ils fubiffent en trois jours), meurent fous les coups.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Les régimens de garnifon font destinés à garder les places en temps de guerre ; l'on tire de ces régimens les homines qui peuvent être propres à fervir pour les incorporer dans les régimens de campagne. Ces régimens font compolės d'une fort mauvaife espèce d'officiers. On leur envoie même tous les fujets qui n'ont pas réuffi dans les corps, & qui n'ont pas mérité d'être chatfés ou renfermes dans quelque fortereffe. On leur envoie également les foldats qui, par leur âge, leur conduite, leur mauvaife conftitution ne font pas fufceptibles d'être confervés dans leurs corps. Ces regimens fe complettent par les recrues etrangères. C'eft, à tous égards, le rebut de l'armée. Le fort des capitaines eft fort bon. Celui des officiers fubalternes eft encore plus modique que dans les régimens de campagne. Les foldats ne font habilles que tous les deux ans. Leur paye eft moins forte que celle des régimens de campagne; mais on kur donne du mauvais pain, ils font mal vêtus; inais bien armés ils font le fervice des places avec la plus grande exactitude, & exercent paflablement bien.

:

[blocks in formation]
« AnteriorContinuar »