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Habillement.

Les Romains habilloient en partie leurs troupes, foit de la part du butin qui étoit donné aux foldats, foit des contributions qu'ils levoient fur les vainqueurs.. Le dictateur Papirius Curfor arant obligé les Samnites à demander la paix, exigea d'eux un habillement complet pour toute fon armée. La même contribution fut une des conditions de la paix accordée, par le fénat, aux peuples d'Espagne, vaincus par Man'ius & Lentulus.

Lorfque les foldats avoient befoin d'habits, leur en étoit délivré, & le questeur en retenoit le prix fur leur paye.

La milice étant devenue perpétuelle fous les empereurs, les troupes furent habillées aux frais de l'Etat, & une contribution fut établie pour cet objet.

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Conftance & Constant permirent aux habitans des provinces de donner aux gens de guerre qu'ils recevoient dans leurs mailons, l'huile, le bois & les autres fournitures nommées falgamum; mais en même temps de porter plainte aux commandans des troupes contre ceux qui oferoient Pexiger avec violence.... Ces princes vouloient I que I humanité volontaire des habitans n'éprouvat aucun obftacle, & que leurs biens ne fouffriffent aucun dommage contre leur volonté Ils défendirent à tout comte, tribun, commandant ou foldat, fous des peines très graves, d'exiger de leurs hôtes, fous le nom de fulgamum, des mateias, du bois ou de l'huile, malgré eux & les magiftrats.

Théodofe voulut qu'aucune maifon de particulier ne fût exempte de logement, excepté celles où habitoient de leur perfonne les exprefets, les ex-maîtres de cavalerie ou d infanterie, les ex-confeillers du prince & les exchambellans.

Lorsqu'un menfor ou fourier avoit écrit, fur la porte d'une maifon, la marque & le nom de Art Milit. Suppl. Tome IV.

celui qui devoit y loger, fi quelqu'un étoit affez hardi pour l'effacer, il fubifloit la peine infligée pour le crime de faux.

Arcadius établit que le propriétaire auroit les deux tiers du logis; l'hôte, l'autre tiers: il excepta de ce partage les ergafteria ou lieux deftinés à placer de la marchandife, afin de les fouftraire aux dommages que les gens de guerre pourroient y faire : cependent fi, comme il arrivoit le plus fouvent, il n'y avoit pas d'écurie comprife dans la part du militaire, il en feroit affigné une dans les ergafteria, à moins que le propriétaire n'y pourvût d'une autre manière; quant au logement de ceux qui avoient le titre d'illuftres, l'empereur voulut que le propriétaire & l'officier euffent chacun une moitié de la maison... Il prononça la peine d'une amende de 32,742 liv. contre ceux qui, étant revêtus du titre d'illuftres, n'obferveroient pas fon ordonnance, & celle de la perte de leur em loi contre les autres militaires qui, par une témérité repréhensible, violeroient ce réglement.

On en vint auffi jufqu'à exempter du logement des gens de guerre, les habitans des provinces, moyennant une contribution, fous le nom de epide metica. Juftinien fupprima cette espèce d'impôt, affez onéreux à ceux qui le payoient; mais bien plus onéreux encore à ceux qui ne pouvoient pas le payer, & qui en étoient d'antant plus furchargés du logement des gens de guerre.

Guérifon.

chargés de fecourir les bleffés pendant le comIl y avoit, chez les Romains, des hommes bat; ils étoient fans armes; on les nommoit

defpotates; on les choififloit légers, agiles & courageux. Ils étoient placés à cinquante pas en arrière de la première ligne, & huit ou dix par chaque bande, pour relever les bleffés, & ligne. Ils recevoient du tréfor imperial un écu empêcher qu'ils ne fuffent foulés par la feconde pour chaque foldat qu'ils confervoient. Lorfque l'ennemi étoit mis en fuite, & que la feconde ligne les avoit dépaffés, ils ramaffoient les dépouilles, les remettaient aux decargues, & en recevoient quelques parties pour leurs foins. Ainfi les cavaliers, fûrs de ce butin, ne defcendoient point de cheval & gardoient leurs rangs.

Pour fauver plus facilement les bleffés, ces defpotates avoient des chevaux dont la felle portoit deux étriers, l'un attaché à l'arçon de devant; l'autre à celui de derrière, afin de monter avec le bleffé qu'ils amenoient; ils portoient auffi de l'eau pour ceux qui tomboient en defaillance.

A a a

Chaque légion avoit toujours un médecin, au temps des empereurs, & ces princes leur accordèrent divers priviléges, tel que celui de rentrer dans les biens qui leur auroient été enlevés pendant leur fervice, & l'exemption des charges civiles tant qu'ils étoient à l'armée.

Auffi vit-on fe multiplier, fous les empereurs, les abus & les vexations dans la partie fi effentielle des fubfiftances militaires.

Difcipline.

La difcipline militaire doit régler la conduite. des gens de guerre, fixer leurs opinions & molifier leurs préjuges. Qu'on me donne, difoit Pyrrhus, des Sibarites effemines, des hommes lâches ou corrompus avec la difcipline j'en ferai des guerriers valeureux; il avoit raifon : la difcipline peut, jufqu'à un certain point, tenir lieu de valeur & de courage. Marius & Marc-Aurèle font obligés de recruter leurs armées avec des gladiateurs, des efclaves, des bandits; ils ont le talent de foumettre ces hommes à une difcipline févère, ils en font des foldats valeureux, & ils donnent la loi à leurs

ennemis.

Comme la difcipline contrarie fouvent les volontés, les de firs & les paffions de ceux qui doivent s'y foumettre, il faut qu'elle foit fecondée par la crainte & par l'efpérance.

Aucune des actions des gens de guerre ne doit donc être indifférente; la difcipline doit les pefer toutes avec foin, & placer en conféquence leurs auteurs dans la lifte de ceux qui doivent être récompenfés ou qui méritent d'être punis; d'où la néceffité 1o. des peines, 2o. des récompenfes.

La grande, la plus importante loi de la difcipline, eft celle de l'obéiffance.

Le nombre & la valeur ne peuvent pas toujours remplacer la difcipline.

Auffi les nations guerrières ont-elles toujours foumis leurs troupes à la difcipline la plus exacte.

1o. Peines chez les Grecs. Au fiége de Troye, le chef de l'armee avoit droit de tuer les foldats qui, par lâcheté, fe tenoient loin du combat.

A Lacédémone, celui qui, ayant la garde d'une fortereffe, la rendoit à l'ennemi lorfqu'il pouvoit efperer d'être fecourù, étoit puni de mort. Ceux qui rendoient un pofte & livroient leurs armes étoient notés d'ipfamie, déclarés incapables d'exercer les emplois civils, d'acheter & de vendre.

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Dans Athènes, le général rendoit compte de fa conduite à la fin de fon expédition; s'il n'avoit pas rempli fon devoir, il étoit condamné à une amende. Quand fon bien n'y fuffifoit pas, fes enfans en étoient refponfables jufqu'à ce que la dette fût payée, ou que le peuple, devenu plus indulgent, leur en eût fait la remife.

Un général convaincu de trahison étoit condamné à mort.

Tout citoyen qui négligeoit de fe faire inf crire fur le catalogue, ou de fe présenter lorfqu'il étoit appellé pour quelque expédition étoit noté d'infamie. La loi défendoit qu'il gérât aucun office, vôtât dans les affemblées du peuple, entrât dans les temples, affiftât aux facrifices & cérémonies publiques; elle l'excluoit de l'afperfion luftrale dans les affemblées, & de l'honneur d'obtenir des couronnes.

Il étoit défendu à tout citoyen de mettre les armes en gage, quoiqu'elles lui appartinffent : comme il ne pouvoit favoir fi a patrie auroit befoin de fes fervices avant qu'il pût les retirer, il s'expofoit à manquer au premier & au plus faint de tous les devoirs ; il en étoit puni fuivant l'exigence da cas.

Celui qui commettoit des excès & des violences dans le camp, en étoit chaffé ignominieufement. Le luxe étoit défendu dans les camps; ceux qui le permettoient en étoient punis par des impôts confidérables.

La défertion étoit punie de mort, parce que déferter c'eft trahir l'Etat.

Le général avoit le pouvoir de releguer dans un grade inférieur, & même d'affujettir aux plus viles fonctions, l'officier qui défobéiffoit où fe déshonoroit.

Pendant les manoeuvres, on infligeoit des coups aux foldats indociles ou négligens. Des loix fi rigoureufes devoient entretenir l'honneur & la fubordination dans les armées; mais dès que l'Etat ceffa de les protéger, il n'en_fut bientôt plus protégé lui-même; la plus edentielle de toutes, celle qui obligeoit chaque citoyen à défendre fa patrie, fut tous les jours indignement violée. Les plus riches fe firent inf crire dans la cavalerie, & fe difpenfèrent du fervice, foit par des contributions volontaires,

foit en fe fubftituant un homme à qui ils remettoient leur cheval.

pofoit les circonflances & l'énormité du délit, faifoit tirer au fort tous les foldats, & enfuite exécuter la fentence; le refte de la troupe cou

de l'orge, au lieu de froment, & à camper hors du retranchement.

Peines chez les Romains. La févérité de la dif-pable étoit le plus fouvent condamné à recevoir cipline, dit Valère Maxime, fut la garde la plus fainte de l'Empire romain. Elle fit, dit Cicéron, la célébrité de Rome; elle a couvert cette ville d'une gloire éternelle, elle a contraint la terre d'obéir à fon empire.

La difcipline romaine eut ces grands effets tant que l'amour de la patrie en fut la bale, que les moeurs furent faintes, qu'on refpecta la vertu pauvre, que l'éclat des richeffes ne voila point une vie honteufe, que les crimes furent détestés, qu'on ne fit pas des vices un amusement, & que la prostitution, le vol, l'adultère ne furent pas appellés le fiècle.

On connoît la févérité de Manlius, plus citoyen que père, & celle de Papirius, qui ne céda qu'aux fupplications du fénat & du peuple. Ce furent ces grands exemples qui maintinrent la difcipline dans les armées romaines pendant plufieurs fiècles. Ce fut la profonde impreffion qu'ils avoient faite dans tous les efprits qui conferva, dans le camp de Scaurus, cet arbre chargé de fruit, & qui, fous l'empire même, fufpendoit les coups de tous les foldats dans une ville abandonnée à leur fureur.

Enfreindre la difcipline, c'étoit trahir la patrie. Une punition févère & certaine rendoit Tare cette espèce de crime.

A mille pas de Rome, le général avoit fur toute fon armée une puiffance abfolue. Il pouvoit juger feul, & la fentence étoit fans appel; mais il affeinbloit le plus fouvent un confeil de guerre. Les tribuns, fous l'autorité du conful, infligeoient les amendes, recevoient les cautions ou les gages. Ils pouvoient auffi punir par les coups, & ce droit appartenoit également aux centurions. Ceux-ci portoient une tige de vigne; c'étoit pour eux une marque de diftinction & l'inftrument de cette peine. La févérité plus ou moins grande du centurion régloit le nombre des coups. Ce châtiment n'étoit pas regardé comme déshonorant.

Les Romains étoient punis par des coups de tige de vigne, les étrangers par le bâton."

Les licteurs exécutoient ceux que le conful condamnoit à perdre la vie..

Lorsqu'un manipule, une cohorte, une légion ou même une armée s'étoient rendus coupables de lâch té ou de défobéiffance, le général en condamnoit la dixième partie; ce châtiment regardé comme ignominieux, puniffoic tous les foldats par la crainte, & un petit nombre par le fupplicé. Alors le tribun affembloit l'armée, ex

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Lorsque le confeil de guerre avoit condamné quelque accufé au fuftuaire, le tribun le touchoit avec un baton, auffi-tôt les foldats, mes de bâtons & de pierres, le frappoient & lə tuoient le plus fouvent, fi quelques-uns en réchappoient, il ne leur étoit pas permis de revenir dans leur patrie; leurs parens même n'auroient ofé leur donner afyle : ainfi tous ceux qui fubiffoient cette peine, périffoient miférablement. A l'égard des autres punitions, elles étoient à-peu-près comme celles des Grecs pour des fautes femblables.

20. Récompenfes chez les Grecs. Les récompenfes étoient établies, dans les armées grecques, dans le temps d'Hercule & de Théfé; elles confiftoient alors dans une portion plus grande ou plus précieufe de butin.

Cet ufage fe perpétua'; Paufanias eut, à Platée, la dixième partie du butin, choifie fur le tout.... Sparte récompenfoit, par le don de la liberté, les efclaves qui l'avoient fervie.

Une autre récompenfe, qu'on peut nommer nationale, étoit le jugement de la Grèce entière, qui décidoit quel étoit le peuple qui, dans une guerre, lui avoit rendu les plus grands fervices.... Elle fut adjugée aux Athéniens dans la guerre contre les Perfs.... Une autre de même genre étoit le jugement de l'armée, qui décidoit quel étoit le peuple qui avoit montré le plus d'ardeur dans une bataille. Les Lacédémoniens eurent cette gloire à Platée; on recherchoit enfuite dans chaque peuple le combattant qui s'étoit le plus diftingué. A la même bataille, ce fut Poffidonius parmi les Spartiates.

Dans Athènes, les récompenfes confistèrent en promotions aux grades fupérieurs, en proclamations, en couronnes & en monumens. Après une victoire, le général affen bloit les troupes, pour qu'elles décidaffent, à la pluralité des fuffrages, quelle tribu avoit contribué le plus au gain de la bataille; quel bourg, dans cette tribu, avoit fourni les plus braves combattans, & quel étoit parmi eux celui qui avoit furpaffé tous les autres. Les tribus & les bourgs tenoient regiftres de ces diftinctions, & les citoyens qui les avoient obtenues n'étoient pas oubliés dans les élections. Les généraux n'eurent d'abord d'autres récompenfes que leur part du butin, l'honneur de commander, la gloire de vaincre & le bonheur de fervir la patrie. Le peuple craignoit qu'en

nom latin; celui-ci couronnoit lui-même fon bérateur; & s'il ne le faifoit pas volontairement, les tribuns l'y obligeoient; il devoit, pendant toute la vie, l'honorer & le refpecter comme fon père. Il paroît que l'on ne donnoit la couronne civique à celui qui fauvoit un citoyen

leur accordant des honneurs extraordinaires, ils n'en abufaffent. Après la bataille de Marathon, Miltiade demanda la permiffion de paroître dans l'affemblée publique, portant fur la tête une couronne de laurier. Elle lui fut refufée... Quand tu feras feul triompher Athènes, lui dit un Athénien, tu pourras demander des diftinétions perfon-que lorfqu'il avoit sué un ennemi, & confervé nelles. L'efprit de la république vouloit qu'une la place où il combattoit. L'aveu du citoyen certaine égalité regnat entre fes membres, & fauvé étoit auffs néceffaire. On n'obtenoit point que les honneurs éclatans fuffent réfervés au la couronne en fauvant un auxiliaire; fût-ce corps entier..... Ce bon efprit s'altéra dans la même un roi... Tout l'honneur confiftoit à faufuite; les Athéniens, pour des actions beaucoup ver un citoyen; il étoit perpétuel. Quand le moins glorieufes que celles de Marathon, décer- libérateur paroiffoit dans les jeux publics, tous nèrent en public, à leurs généraux, des cou- les fpectateurs fe levoient, & le fénat lui-même : ronnes ou des ftatues, ou leur permirent d'em-il avoit place auprès des fénateurs; à la guerre ployer la part du butin qui leur appartenoit à il étoit exempt des travaux & du fervice ordifaire ériger un temple, où l'on gravoit le dé-naire; fon père & fon aïeul paternel jouiffoient cret honorable qui leur accordoit cette permifdu même avantage. fion. Le citoyen qui montroit le plus de valeur dans le combat obtenoit des couronnes, des chevaux, des armes. Le prix étoit donné fur le champ de bataille même; le général y joignoit des éloges.

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La troifième couronne étoit la murale, deftinée à celui qui, dans l'attaque d'une ville, efforts des affiégés; elle fut de feuilles d'arbres montoit le premier fur le rempart, malgré les dans les premiers temps; dans la fuite on la fit d'or, ainfi que la quatrième, nommée vallaire, que l'on donnoit à celui qui s'ouvroit le premier un paffage dans un camp attaqué.

Les autres actions de valeur avoient auffi leurs récompenfes. On éleva des ftatues, on érigea des colonnes; on permit à des généraux vainqueurs de fe faire précéder par des flambeaux & des joueurs de flûte, lorfqu'ils fe retiroient chez eux après le fouper... La peinture fervit aufi à perpétuer les actions mémorables... Les infcriptions étoient auffi un monument des victoires, des actions de valeur & des récompenfes

Récompenfe chez les Romains. Si aucune difcip'ine ne fut plus févère dans fes loix pénales, & plus attentive à les maintenir, aucune ne fut plus grande & plus magnifique dans fes récom-qu'elles obtenoient. penfes elles étoient proportionnées à la grandeur des actions; & pour en augmenter l'éclat & le prix par la folemnité, le général les diftribuoit en présence de l'armée. Il louoit chacun de ceux qui les avoient mérités, rappelloit leurs belles actions précédentes, & faifoit le récit de celles qu'il alloit récompenfer. Quelquefois les légions elles mêmes décernoient le prix du courage & de la fcience militaire.

Celui qui, en délivrant une troupe entourée par l'ennemi, confervoit à l'Etat plufieurs citoyens, recevoit la couronne obfidionale: elle fut d'abord d'herbe verte, & enfuite on la fit d'or.

Après la couronne obfidionale, la civique étoit Ja plus honorable; elle fut d'abord de chêne verd; enfuite de l'efpèce de chêne nommé efculus, & confacré à Jupiter; puis de chêne commun, quercus; enfin de toute espèce d'arbre glandifère que l'on rencontroit, en ayant feufement égard au fruit. Elle étoit donnée à celui qui fauvoit un citoyen, foit romain, foit du

Le citoyen qui fe diftinguoit par un courage éminent, recevoit une couronne d'or; les ornemens qu'elle portoit, annonçoient pour quelle action elle avoit été donnée.

Celui qui frappoit un ennemi, non dans un combat général ou dans un affaut, mais dans un combat particulier cherché volontairement, & fans y être obligé par fon devoir, recevoit une hafte fans fer... Lorsqu'il avoit tué & dépouillé fon adverfaire, on lui donnoit une phalera, s'il étoit cavalier; un. braffelet, s'il étoit fantafin.

Le braffelet d'or ou d'argent étoit réservé pour les citoyens; le collier, au contraire, étoit d'or pour les étrangers ou les auxiliaires, & d'argent pour les citoyens.

On trouve auffi, parmi les dons militaires, des chaînes, des boucles, des cornes d'argent; le vexile fut auffi une récompenfe militaire, ainfi que le don de la portion de terre que l'on pouvoit labourer en un jour; &une heaine de farine

que l'on nommoit adoreum, & qui étoit décerné par les tribuns militaires, les troupes ou le peuple.

Parlons auffi des places données dans le Cirque, du titre d'imperator attribué au général par fon armée, des furnoms donnés pour des actions particulières; des portions de butin, de l'augmentation de ration ou de paye, de l'exemption des travaux, du service du camp, des enfeignes particulières données à une légion, ainsi que des furnoms...

Il y eut auffi des temples votifs, c'est-à-dire voués par les généraux, s'ils revenoient triomphans dans Rome... Une autre récompenfe affez rare, mais très-honorable, confiftoit à confacrer à Jupiter Férérrien, les dépouilles qu'on nomroit opimes; c'étoient celles qu'un général enkevoit au général ennemi, après l'avoir tué.

Enfin le plus haut degré des récompenses militaires fut la pompe triomphale: on ne l'accorda d'abord qu'à un dictateur, un conful ou un prê Eur; on l'accorda enfuite aux proconfuls.

Il falloit que la guerre eût été déclarée, felon la loi, contre un peuple puiffant; que la victoire eut été difficile & fuivie de grands avantages; que le général l'eût remportée avec fon armée & non avec celle d'un autre conful, &c... On regarde comme fuperflu de rapporter ici les détails des triomphes; mais on croit devoir obferver qu'il y en avoit de plufieurs espèces.

C'étoit du tréfor public que l'on tiroit les frais du triomphe.

Mais à peine Rome eut-elle été forcée de fe foumettre au pouvoir d'un feul, que cette gloreafe récompenfe accordée d'abord par le fénat, enfuite par le peuple, pour avoir vaincu les ennemis de Rome, dépendit entiérement de la volonté & des caprices de l'empereur ou de quelques femmes, & ne fut bientôt plus ni follicitée, ni accordée : les fuccès devinrent plus rares, le vice triompha feul; des récompenfes prodiguées par la faveur, dérobées par l'intrigue, perdirent tout leur prix; les peines infligées par Finjuftice ne produifirent que l'indignation. Il n'y eut plus de patrie; l'intérêt particulier, le falte, la tyrannie anéantirent ces moeurs austères & cette inflexible discipline qui avoient élevé Rome au faite de la puiffance.

Quelques empereurs tentèrent de rétablir la difcipline; mais fa bâfe étoit détruite, le peuple étoit fans vertu, les loix fans vigueur; les ordonnances multipliées par les princes furent méprifées par les troupes, & l'on vit fouvent, dans les camps, les défordres les plus honteux & des peines atroces.

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Retraites.

étoient foldats, & où ils ne prenoient les armes Dans un régime militaire, où tous les citoyens qu'au moment où il falloit faire la guerre, afin de les quitter pendant la paix, il ne pouvoit pas y avoir, à proprement parler, de retraites à miner ce qui, chez les anciens, fe rapprochoit accorder aux foldats. Nous allons cependant exade ce que nous appellons actuellement une retraite militaire, für-tout chez les Romains, relativement à leurs vétérans....

Parmi les Grecs. Les citoyens eftropiés à la guerre, ou fi grièvement bleflés qu'ils ne pouvoient plus fubfifter de leur travail, préfentoient une requête aux magiftrats; ceux-ci, après avoir conftaté l'état & l'indigence de ces braves citoyens, leur affignoient, fur le trésor public, une penfion alimentaire.

Lorfque les citoyens tués à la guerre laiffoient une femme, une mère, des parens âgés, l'Etat en prenoit foin, & ils étoient fous la garde du polémarque.... Leurs enfans étoient élevés aux frais de la république jufqu'à dix-huit ans. On leur faifoit prêter alors le ferment militaire, on leur donnoit une armure complette, & ils avoient dans toutes les cérémonies publiques le droit de préféance fur tous les citoyens du même âge.

Chez les Romains. Conflantin accorda aux vétérans plufieurs priviléges; ils confiftoient dans l'exemption des charges civiles, des travaux & des contributions pour les ouvrages publics, de toute efpèce de tribut, d'impôt, corvée, droit de marche & de douane. Les fils de vétérans jouiffoient de ces exemptions, pourvu qu'ils ferviffent, ainfi que leurs pères; s'ils étoient incapables du fervice militaires on les employoit dans les offices préfidiaux.

terreins vagues & inutiles, & leur en accorda
Le même prince fit diftribuer aux vétérans les
la poffeffion perpétuelle, faus impôt ni rede-
vance; il fit donner à chacun une paire de bœufs,
cent boiffeaux de differens grains, & 1288 liv.
&
8 fols 4 den. pour acheter les outils & les inf-
trumens de l'agriculture. Quant à ceux qui pré-
feroient le commerce, il leur accorda, pour la
fomme de cent oboles, l'exemption de l'impôt
payé par les marchands, & invita ceux qui étoient
oififs à employer un de ces deux remedes contre
l'indigence.

Ceux qui avoient obtenu leur congé avant le d'exemption que pour eux feuls; tous les autres temps, pour une caufe honnête, n'eurent vétérans, de quelque troupe qu'ils fuffent, le furent eux & leurs femmes.

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