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faites aux troupes; les officiers municipaux pourroient entrer aufli dans cette furveillance: obfervons d'ailleurs que da moment où il n'y aura plus une fe compagnie financière chargée de l'approvifionnement des troupes, les foldats & les officiers n'auront que très-rarement des réclamations à faire. Ne feroit-il pas d'ailleurs poffible de lier l'adminiftration militaire avec Padminiftration civile des provinces ? Rien ne feroit plus aifé, & ce me femble plus utile. C'eft en reuniffant les intérêts du foldat à ceux du citoyen, qu'on peut enlever la barrière qui, depuis un demi-fiècle, fépare ces deux claffes de François.

Ce que j'ai dit de la police des corps militaires eft également & plus particulièrement applicable à la comptabilité générale & particulière de la guerre. Dès le moment où le département de la guerre auroit ordonné la conftruction ou la réparation d'un hôpital, d'un corps de cafernes, d'un baftion, d'un magafin, d'une falle d'armes, d'un arfenal, &c, l'officier général Pofficier du génie, l'officier municipal de la cité ne pourroient-ils pas en faire faire l'adjudication en arrêter & ordonnancer le paiement? Les officiers généraux & les officiers municipaux ne pourroient-ils point de même vérifier & clorre la Comptabilité des régimens ? Ne nous faifons point illufion: j'ai vu fouvent des commiffaires honnêtes vérifier & clorre des comptes; ils avoient, je dois le dire, affez de probité pour croire à celle des autres hommes, & ils n'étoient jamais trompes; j'ai vu auil des commiffaires méfians vérifier des caiffes, clorre des comptes; eh bien, on les eût trompés, & peut-être même les trompoiton. Non, non, ce n'eft point en multipliant les furveillans qu'on parviendra à éclaircir la comptabilité militaire, mais c'eft en fimplifiant cette machine compliquée. Voyez COMPTABILITÉ.

Si l'on le réfolvoit à fupprimer le corps des commiffaires des guerres, il faudroit pourvoir au remboursement de leurs finances, qui s'élève à environ 13 millions, & au traitement que l'on ne pourroit s'empêcher de leur donner. On pourtoit, pour remplir ce double objet, laiffer subsister en dépenfes annuelles fur l'etat, les 1,429,4451. qui font affectées aux commiffaires des guerres, juf qu'au moment où toutes leurs charges feroient reaboutfées, & former une caiffe d'amortiffement avec la portion de leurs traitemens ou appointemens qu'on fupprimeroit: ainfi on parviendroit, dans moins de quinze ans, à libérer l'état des 13 millions qu'il doit aux commiffaires des guerres, & vers la même époque, on n'auroit plus à payer pour cet objet que de foibles penfions de retraite. Quinze ans font longs pour un homme, mais ils font bien courts aux yeux d'un administrateur qui aime le bien, & qui regarde les fociétés politiques comme des individus dont la durée eft fans

barnes.

COMMISSION. Suppl. Des lieutenans ob-. tiennent quelquefois la commiffion de capitaine; des capitaines celle de major; des majors celle de lieutenant-colonel ou de colonel.

Il a été fouvent décidé que le lieutenant qui n'étant pas le premier de fon corps à paffer à une compagnie, obtient une commiffion de capitaine, ne peut, pendant qu'il eft lieutenant, prétendre dans fon régiment à aucun commandement en qualité de capitaine; mais cet officier doit-il, quand il a été nommé à une comPagnie, commander & prendre fon rang d'après la date de la première commiffion qu'il a obtenue, ou d'après les lettres de paffe qu'on lui donne? cette queftion ayant été réfoiue tantôt en faveur du lieutenant, tantôt contre lui, doit être placée au rang des queftions indécifes & de celles qu'il importe de réfoudre. Le législateur qui fera chargé de prononcer, flottera, fans doute, dans l'incertitude: « Si je donne, dira-t-il, au lieutenant le rang fur ceux de fes camarades qui étoient plus anciens que lui, je lèfe réellement ceux-ci, car je leur donne un commandant que, d'après nos principes militaires, ils ne devroient point avoir; d'un autre côté, fi je ne donne point le rang au lieutenant, je rends vaine la commiffion que cet officier a obtenue ». Si à ces premières réflexions le legiflateur joint celles que nous avons inférées dans la fection 7 de notre article CAPITAINE, fon incertitude deviendra plus grande encore. L'extrême difficulté qu'on éprouvera à dénouer ce noud, déterminera, je penfe, à le trancher, & à ordonner qu'on ne mettra plus à l'avenir les commiffions expectatives au rang des récompenfes. Ces commiftons ne peuvent en effet produire que du mal. Voyez les articles CAPITAINES & RECOMPENSE,

COMPAGNIES AUXILIAIRES. Par une ordonnance rendue le 25 mars 1776, le roi avoit créé dans chacun des régimens de fon armée une compagnie particulière, défignée par le mot auxiliaire. Cette compagnie étoit deftinéeà faire les levées néceffaires pour completter le corps auquel elle étoit attachée, à fervir de dépôt aux hommes de recrue faits par les différens officiers, & à former les uns & les autres. Cette compagnie devoit être compofée du même nombre d'officiers & de bas - officiers que les autres; le nombre de fes foldats devoit être proportionné aux befoins du régiment; elle avoit un quartier féparé de celui du corps auquel elle appartenoit, & fouvent très éloigné, car les régimens avoient le droit de choisir le quartier de ces compagnies.

Cet établiffement, infiniment fage à beaucoup d'égards, & qui pour être excellent n'eût eu befoin que de quelques légères modifications, ne Z z

dura qu'un inftant. Il fut détruit par une ordonnance du 31 août de la même année.

L'ordonnance rendue le 17 mars 1788 a créé encore une fois les compagnies auxiliaires, mais pour la guerre feulement. Ces compagnies doivent être compofées de quatre fergens, de huit caporaux, de foixante-quinze fafiliers, & commandées par deux ou trois officiers; ces compagnies doivent être formées des hommes les moins en état de

foutenir les fatigues de la guerre, foit par leurs infirmités, foit par leur jeuneffe. Le nombre des recrues qui doivent être admis au depôt auxiliaire doit être proportionné à l'aperçu de la confommation que le régiment pourra éprouver en confequence de fa deftination.

Flotterons nous fans ceffe dans l'incertitude? aurons-nous des compagnies auxiliaires pendant la paix & pendant la guerre, ou n'en auronsnous que pendant la guerre feulement ? Qu'il eft cruel de n'avoir, au milieu du 18me fiècle, réfolu d'une manière définitive aucun des grands problêmes de notre administration militaire ! Ce qui eft plus fâcheux encore, c'est qu'aucun adminiftrateur militaire françois n'ait voulu jufqu'à ce jour prendre les moyens les plus affurés pour le procurer de bonnes folutions. Cette opération eft cependant bien fimple, bien facile. Il ne faut pour cela que créer une académie militaire, chargée de propofer & de diftribuer des prix; ou que raffembler momentanément, à Paris, un officier de chaque régiment des différentes armes, auxquels on confieroit le foin de rédiger les obfervations que le concours général des lumières leur fourniroit. Jufqu'au moment où l'on aura pris une de ces deux déterminations, nous refterons dans la pénible incertitude au milieu de laquelle nous vivons. Oui, je dois le dire, l'affemblée nationale, elle qui terminera de la manière la plus heureufe tous les travaux qu'elle a entrepris pour la conftitution & les finances de l'empire françois ne fera rien ou prefque rien pour l'armée; je m'explique l'affemblée nationale pourra pofer les grandes bafes, les principes généraux, mais elle ne réfoudra qu'une très-petite partie des problêmes relatifs à la conftitution & à l'organifation de l'armég: la manière dont cette affemblée a été formée; les grands objets dont elle s'occupe; l'efpèce de méfiance que la force armée infpire aux amis de la liberte; le petit nombre de guerriers adminiftrateurs qu'elle renferme; le peu de lumières que nous avons fur les détails militaires, & la croyance dans laquelle paroiffent être une grande partie des repréfentans de la nation que le pouvoir exécutif a feul le droit d'organifer la force publique, toutes ces caufes empêcheront, je n'en doute point, qu'on ne réfolve d'une manière définitive les nombreux & importans problêmes de la folution, defquels

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dépendent, plus qu'on ne le croit, le bonheur & la liberté des François. Mais revenons aux compagnies auxiliaires. Devons-nous en former pendant la paix & pendant la guerre, où devonsnous n'en avoir que pendant la guerre seulement?

Si nous confervons notre antique manière de recruter l'armée, il eft prefque inutile de former une compagnie auxiliaire pendant la paix ; mais fi nous avons la fageffe de réunir fous les mêmes drapeaux les fils, les frères, en un mot, les habitans du même département, & dans la même compagnie les habitans du même dictric, il n'eft pas douteux qu'il ne nous faille une compagnie auxiliaire afin de raffembler les hommes de recrue toutes les fois que le régiment de la province fera hors de fes limites. Puifqu'une compagnie auxiliaire nous fera néceffaire niême pendant la paix, à plus forte raison en aurons befoin pendant la guerre. Cette compagnie auxiliaire pourroit être compofée de vieux officiers & & d'anciens bas-officiers; le nombre de fes foldats devroit être proportionné à la confommation prévue.

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Il n'existe plus aujourd'hui des compagnies franches, peut-être même n'en verra-t-on plus renaître. Il feroit cependant poffible d'en former de très bonnes & d'en tirer un très - grand parti en temps de guerre; mais il faudroit s'éloigner beaucoup en formant ces nouvelles compagnies franches, des principes qu'on avoit autrefois adoptés. Ne le diflimulons point, ces compagnies étoient compotées jadis de gens, qu'on nous paffe l'expreflion, de gens de fac & de corde, ou du moins d'hommes attirés à la guerre plutôt par l'espoir du butin que par celui de la gloire : celles quenous formerons ne devroient être compofées au contraire que de l'élite de nos citoyens. Ainfi on craindroit bien moins leur indifcipline & le

défertion. C'eft avec des volontaires qu'on devroit les former; c'est en faifant entrevoir à ces foldats un avancement affuré dans les troupes de ligne, qu'on les retiendroit fous leurs bannières. I.e François aime la liberté, il aimera bientôt fa patrie, & on lui a perfuadé dès l'enfance qu'il eft né avec l'humer belliqueufe; ces trois motifs nous donneront aisément, quand on le voudra, des troupes légères à pied & à cheval, capables par leur nombre, & fur-tout par leur courage & leur valeur, de diffiper cette nuće de croates & d'hongrois qui entourent les armées de nos ennemis naturels, & qui leur font fi utiles. Voyez VOLONTAIRES

COMPAGNIE D'ORDONNANCE. La création des compagnies d'ordonnance remonte à 1425; fous le roi Charles VII, chaque compagnie étoit compofée de cent gendarmes, ou, ce qui eft la méme chofe, de cent lances ces compagnies étoient au nombre de dix-fept; les mémoires de Jacques du Clercq nous apprennent que chaque Lace étoit compofée d'un gendarme, de deux archers, d'un page, d'un ginfarmier ou cenftiller; que cette ordonnance de dix - fept cents lances étoit foldée tant pendant la guerre que pendant la paix; que le gendarme avoit, par mois, pour les trois chevaux, c'est-à-dire, pour lui, fon page & fon ginfarmier ou cenftillier, quinze francs, monnoie royale; & chaque archer pour lui & fon cheval fept francs & demi par mois. Ces compagnies d'ordonnance étoient entretenues fur les fonds produits par une impofition nommée la Taille des gensdarmes.

Je fais bien que tous les écrivains ne font point d'accord avec du Clercq, fur le nombre des compagnies d'ordonnance, ni fur celui des archers attaches à chaque lace; mais comme ils s'accordent quant à l'effentiel, quant au fond des chofes, nous n'examinerons point quel est celui qui mérite le plus notre croyance; il peut Failleurs fe faire qu'ils aient tous raifon.

Nous ne parlerons point dans cet article de la manière dont l'homme d'armes, les archers, les ginfarmiers, les cenftilliers ou couftilliers, les pages étoient armés ces détails appartiennent aux mots homme-d'armes, ginfarmier, coufillier ou cenfillier, archer, page, valet; voyez donc ces différens mots dans le dictionnaire de l'art militaire ou dans ce Supplément..

Jufqu'au règne de François Ier on n'étoit point admis dans ce qu'on appeloit les compagnies ordonnance, qu'après avoir fait rigourcufement fes preuves de nobleffe. Il arrivoit fréquemment que cinquante ou foixante gentilshommes, fous le nom de furnuméraires, s'attachoient à ces compagnies,. & attendoient avec impatience qu'une: place. homme-d'arme vint à vaquer; lors même que des guerres longues & fanglantes eurent moif

fonné une partie de la nobleffe, le gentilhomme fut toujours préferé; à fon défaut, le mérite, uni à une bravoure éprouvée, avoit feul le droit d'être admis dans ces compagnies.

On ne s'accorde pas fur le nombre d'archers attachés à chaque lance: M. le Duchat le porte à trois. Il paroit conftaté que, dans l'origine, chaque homme-d'armes n'en avoit que deux. Il est trèspoffible qu'enfuite on ait augmenté ce nombre. Fauchets fes origines de la Milice Françoife, page 4.) nous apprend que les deux archers, le page & l'écuyer devoient tous être nobles. Il ajoute que la folde de l'homme-d'armes, lorfqu'on inftitua en 1445 les compagnies d'ordon nance, étoit de treize fols fix deniers par jour. Sous Henri II on doubla cette folde. Avec des appointemens auffi modiques, quelque bas que fût alors le prix des denrées, on conçoit qu'il falloit que l'homme d'armes eût du patrimoine pour foutenir fon état; car il étoit obligé d'avoir quatre chevaux, un pour fon valet, le fommier destiné à porter fon bagage, le courtaut fur lequel il montoit pour faire fes voyages, & fon cheval de bataille qui ne quittoit point la compagnie. Les archers, le page & l'écuyer, étoient tenus d'avoir chacun deux chevaux. Ainsi il est aifé de calculer la quantité de chevaux qu'une compa gnie de cent honimes-d'armes traînoit à fa fuite.

Outre les cent hommes-d'armes, chaque compagnie d'ordonnance avoit à fa fuite, comme nous venons de le dire, une quantité confidérable de volontaires > qui regardoient comme une grâce d'être agrégés à ce corps. Ils y fervoient à leurs dépens dans l'efpérance d'obtenir une place d'homme-d'armes. Le nombre de volontaires fuc quelquefois fi grand, qu'on voyoit douze cents chevaux à une feule compagnie.

Chaque compagnie avoit à fa tête un capitaine choifi parmi les hommes les plus diftingués par leur naiffance leurs talens militaires & leur richeffe. Les officiers qui, fous le capitaine, commandoient les compagnies d'ordonnance, étoient un lieutenant, un guidon & un enfeigne. Ces places furent toujours confiées à des gentils-hommes qui s'étoient fignalés par de belles actions.

On trouve dans les mémoires de François de Rabutin une phrafe qui pourroit faire croire qu'on raffembloit plufieurs compagnies d'ordonnance pour en former un régiment. Rabutin parle du ravitail-lement de S. Quentin. « M. de Nevers, dit-il, s'achemina avec. fon régiment de gendarmerie,. à favoir fa compagnie & celle des feigneurs:des Curton & d'Aubigni ».

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Les gendarmes combattoient ordinairement à cheval mais on les vit fouvent mettre pied à terre foit pour combattre en rafe campaae foit pour donner l'assaut..

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En 1479

Louis XI avoit beaucoup augmenté le nombre de les compagnies d'ordonnance, car il envoya à un camp de paix qu'il forma en Normandie, proche du Pont de l'arche, quinze cents hommes-d'armes de fon ordonnance.

Louis XII fit bien quelque changement dans les compagnies d'ordonnance, mais ils furent peu confidérables. On voit par une ordonnance de ce prince en date de 1498, qu'il y avoit des compagnies de cent hommes-d'armes, de cinquante, de quarante, de trente, & même de vingt-cinq. On imagine bien que cette multiplication de compagnies dût ravaler le grade de capitaine de gendarmes, par conféquent les gendarmes euxmêmes, & par une fuite naturelle rendre la gendarmerie moins bonne.

Pendant les premières années du règne de François Ier, les compagnies d'ordonnance n'éprouvèrent aucun changement confidérable; elles étoient encore compofees de gentilshommes, car Montluc nous apprend qu'il fit fa première campagne dans la compagnie du maréchal de Foix : ce qu'on eftimoit beaucoup alors, dit-il; mais vers la fin de ce règne tous les gendarmes ne furent plus gentilshommes.

Le 28 juin 1526, Francois Ier rendit une ordonnance concernant les compagnies d'ordonnance, qui changea beaucoup leur compofition. Chaque lance fournie dut être de huit hommes. Henti II renouvella en 1549 l'ordonnance du roi fon père; il eft dit dans cette loi que chaque lance fera fournie de huit chevaux, parmi ces huir chevaux il y avoit fans doute plufieurs chevaux-légers; mais il y a apparence qu'il y en avoit aufli plufieurs deftinés au fervice de la perfonne du gendarme, car le luxe s'étoit introduit dans ce corps, & l'avoit, comme à l'ordinaire, furchargé de valets, de bagages, &c., c'est-à

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dire, énervé, corrompu. On trouve la preuve de cette vérité dans les mémoires de Rabutin, parlant de la courfe que fit Henri II pour aller s'emparer de Metz il dit «y pouvoit avoir mille ou onze cents hommes d'armes, avec la fuite d'agchers, Les hommes-d'armes montés fur gros rouilins ou courfiers du royaume, turcs & chevaux d'Espagne, avec les bardes peintes des couleurs des foyes que portoient les capitaines, armez du hault de la tefte jufque au bout du pied, avec les haultes pieces & plaftrons, la lance, Pefpée, l'eftoc, le couftelas ou la maffe: fans encore nombrer leur fuite d'autres cheveaux, fur lefquels eftoient leurs couftilliers & vallets: & fur tous paroiffoient les chefs & membres de ces compagnies, & d'autres grands feigneurs, armez fort richement de harnois dorez & gravez en toute forte leurs chevaux forts & adroits, bardez & caparaffonnez de bardes, & lames d'aciers légères & riches, ou de mailles fortes & delices, couvertes de velours, drap d'or & d'argent, orfaveries, & broderies en fumptuofité indicible. Les archers armez à la légère, portans la demie-lance, le piftolet à l'arçon de la felle, l'efpée ou le couftclats: montez fur cavallins & cheveaux de légère taille, bien remuans & voltigeans. Entre lefquelles, felon le pouvoir que chacun fe fentoit avoir, n'eftoit rien oblié, qu'il ne fût defployé pour se faire paroiftre, & voir à qui mieux ».

Charles IX rendit auffi une loi par laquelle il ftatua que toutes les compagnies d'ordonnance feroient au moins de cinquante hommes-d'armes ; mais fous un prince foible les lois les plus fages font bientôt mifes en oubli. La gendarmerie touchoit d'ailleurs à fon déclin; la multiplication des armes à feu & les progrès de l'art de la guerre lui avoient fait perdre de fa réputation, de fon mérite & de fon utilité; elle n'étoit plus d'ailleurs compofce de la même manière, car Henri III fut obligé de renouveler en 1575 la loi qui portoit qu'il falloit être de noble race pour entrer dans les compagnies d'ordonnance; & l'on fait que dans ce genre-là, comme en beaucoup d'autres, la défense prouve le fait la lance fut donc abandonnée, & bientôt après les anciennes, les véritables: compagnies d'ordonnance difparurent pour faire place à de la cavalerie moins pefante; il refta, il eft vrai, quelques compagnies qui portèrent le nom de compagnies d'ordonnance; mais elles n'eurent prefque rien de commun qui font l'objet de cet articie. Voyez GARDES DU CORPS, GENDARMES DE LA GARDE, DARMERIE DE FRANCE.

avec celles

& GEN

On a fouvent demandé de quelle manière combattoient ces hommes d'armes, ces pages, ces valets, ces couftilliers qui compofoient les compagnies d'ordonnance. Les gendarmes combattoient feuls & en haie; les archers étoient ordinairement conduits par le guidon, & placés ou fur

le flanc des gendarmes ou dans quelqu'autre partie de l'ordre de bataille; c'eft ce qu'on voit dans le récit de la bataille de Cerifolles. Ils fervoient auffi à efcarmoucher avant le combat & à pourfuivre la gendarmerie ennemie lorfqu'elle avoit été rompue pour l'empêcher de fe rallier. Ils avoient dans ces circonstances de grands avantages fur les hommes d'armes, que des chevaux lourds, des armes pefantes rendoient prefque immobiles, mais auffi leur étoit-t-il impoffible de fe mesurer avec la gendarmerie ennemie; ils n'auroient på en foutenir l'effort, car ils n'avoient ni chevaux de bataille ni longue lance, ni armure complette.

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Quant aux valets, aux ginfarmiers, cenftilliers, coufiiliers, écuyers, ils ont quelquefois combattu comme cavalerie légère, mais ils le tenoient plus fréquemment en arrière des gendarmes, pour les relever lorsqu'ils avoient été renverfés, pour les debarraffer de deffous leurs chevaux morts оц bleffes, pour leur en fournir d'autres, & enfin pour leur donner de nouvelles armes quand les leurs s'étoient rompues ou brisées.

COMPAGNIE DE REMPLACEMENT OU DE RECRUES. Beaucoup de tacticiens prétendent qu'on doit toujours manœuvrer avec un nombre égal de files par peloton; ils penfent que cette méthode est la feule capable de faire acquérir aux troupes cette précifion dans l'exécution des manœuvres qui leur paroît néceffaire; en conféquence ils calculent toutes leurs manoeuvres fur un nombre de files déterminé. Plufieurs écrivains militaires prétendent qu'au lieu de répartir les recrues, dès leur arrivée au corps, dans les différentes compagnies du régiment, on devroit les tenir réunies fous les mêmes chefs, jufqu'au moment où elles feroient allez parfaitement inftruites de tous leurs dévoirs, pour être admises au bataillon; ils prouvent par les raifonnemers fuivans que cette inftitution eft abfolument néceffaire. Le foldat de recrue, lorfqu'il eft, des fon arrivée, placé dans une compagnie, n'est point affez particulièrement étudié pour être connu; furveillé, pour ne point s'égarer; fuivi, pour acquérir de l'inftruction. Jeté par le hafard au milieu d'une foule d'hommes qu'il ne connoît point, il s'attache au premier qui paroît le remarquer, à celui qui lui fait les plus légères avances, & l'on fait que ce font les hommes les moins eftimabies qui fe jettent ordinairement à la tête des nouveaux venus, foit parce qu'ils font repouffes par les hommes qui les connoiffent, foit parce qu'ils efpèrent abufer de la confiance qu'un jeune homme, qu'un foldat novice doit néceffairement avoir. Á ces confidérations, qui paroiffene puiffantes, ils en ajoutent encore une autre d'une grande force. Tous les bas-officiers, difent-ils, ne font pas affez inftruits pour former les recrues; tous fur-tout n'ont point la patience & les autres qualités néceffaires à cette efpèce d'inftitu

teurs ; auffi le nouveau foldat effuye - t- il fouvent des traitemens rigoureux qui le découragent, ou perd-il à s'inftruire un temps précieux pour ceux de fes camarades qui font le fervice pour lui.

Des tacticiens prétendent qu'on ne doit jamais préfenter tout un régiment en même temps aux coups, parce que s'il fe fait une trouéc, on par l'effet du canon, ou par celui des variations du terrain, on ne peut plus la boucher; d'autres afurent enan, qu'il eft dangereux d'envoyer fur un champ de bataille, ou dans un pofte important des foldats peu connus ou peu formés, & de détacher, pour garder les bagages ou les poftes peu effentiels, des hommes très-valeureux & trèsinftruits.

Pour remplir les quatre objets qui paroiffoient d'une importance majeure, même lorfqu'on les confidère ifolement, nous croyons qu'on devroit former dans chaque bataillon une compagnie de remplament ou de recrues; qu'on devroit donner pour officiers & bas-officiers à cette compagnie, des hommes d'une patience, d'une douceur reconnues; des hommes qui fe feroient particulièrement deftinés à la formation des recrues; des hommes qui auroient des mœurs pures, & une connoiffance particulière du cœur humain. C'est là qu'on pourroit placer quelques vieux caporaux, à qui leur âge empêche de fuivre leurs efcouades formées; des vieux fergens qui fe trouveroient dans la même pofition. En rapprochant ainsi les enfans des vieillards on fourniroit de bons exemples aux premiers, des fecours conftans aux feconds: je l'avoue, ce rapprochement m'a féduit dès long-temps, dès long-temps j'ai défiré qu'il fût fait.

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Les compagnies de remplacement deviendroient une espèce de féminaire, une espèce d'école qui feroit foumise aux lois générales de la difcipline; mais qui auroit encore des lois particulières relatives à fon principal objet. On attacheroit à chaque compagnie un maître qui enfeigneroit aux élèves à lire, à écrire & à calculer; on pourroit auffi, fi on le croyoit utile, leur faire donner des leçons d'efcrime, de natation. Ces compagnies ne feroient pendant la paix, que le fervice intérieur des places, & elles ne monteroient la garde que tous les quinze jours. Quand les régimens feroient l'exercice, on conduiroit ces compagnies fur le terrain où le régiment manoeuvreroit, & là on répartiroit les hommes les mieux inftruits dans les compagnies les plus foibles; le refte feroit placé en potence derrière les compagnies des aîles pour couvrir le flanc. Ces compagnies feroient deftinées, pendant la guerre, à garder les bagages & le camp; l'excedant ferviroit à boucher les trouées que le hafard feroit dans l'ordre de bataille.

On doit obferver que ces compagnies pourroient être comprifes tant pour les officiers &

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