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pera fans doute toutes ces incertitudes; on faura à Pavenir quels font les droits, quelles font les prérogatives des commandans des provinc's, l'on prendra les mefures les plus juftes pour qu'ils jouiffent de l'autorité entière dont ils ont befoin, mais auffi les précautions les plus grandes pour qu'ils ne puiffent jamais franchir impunément les bornes qu'on leur aura données.

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Un commandant de province qui veut remplir dans toute leur étendue toutes les fonctions qui lui font confiées, parcourt plufieurs fois chaque aanée la furface de fon commandement : il observe tout ce qui eft relatif à la défense & à l'attaque ; il reconnoît les camps les pofitions, les chemins, les défilés, les communications & les magains militaires: il tourne enfuite fon attention vers le commerce, & il s'occupe des moyens de le faire fleurir ou de l'étendre il fonge principalement, dans fes voyages, aux moyens d'encourager & de perfectionner l'agriculture: il doit favoir quelle eft la qualité & la quantité des denrées que fon commandement produit: il feroit bon qu'il eût un état exact de la population: & un état particulier du nombre d'hommes en état de porter les armes, des femmes, des vieillards, des enfans, des agriculteurs, des ouvriers, des artistes de chaque efpèce, & même des bêtes de fomme & de trait. Il pourroit facilement faire ce cens général & particulier, en tirant parti des délégués du gouvernement répartis dans les différentes villes de la province.

Les qualités les plus néceffaires à un commándant de province font celles qui peuvent lui concilier le plus sûrement le cœur des habitans & des gens de guerre auxquels il commande; fon 2torité eft bien plus sûre lorfqu'elle eft fondée fur l'eftime & fur l'amour, que lorsqu'elle a la crainte pour bafe. On en a vu des commandans de province qui auroient d'un feul mot appaifé les troubles les plus grands, & d'autres qui, par leur préfence feule, auroient excité des incendies: les premiers étoient accessibles affables bons; les feconds fiers, hautains, durs & repouffans: ceux-là étoient à la cour les folliciteurs ardens des grâces qu'avoient méritées les habitans & les gens de guerre de leur commandement; & les autres, .... on s'eftimoit heureux, quand ils ne rendoient point de mauvais offices: ceux-là faifoient tomber les grâces de la cour fur les hommes qui en étoient dignes & qui en avoient befoin; ceux-ci les attiroient fur leurs vils flatteurs, fur leurs parens, ou fur eux-mêmes: ceux-là faifoient quelquefois les frais des grâces qu'ils avoient fait efpérer & qu'ils n'avoient pu obtenir; ceux-ci, pour ne rien folline rien donner, ne promettoient rien : ceux-là s'étoient fait une loi de depenfer dans leur province le traitement qu'ils en recevoient, auffi leur maifon étoit-elle le rendez-vous d'une Art. Milis. Suppl. Tome IV.

citer

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fociété nombreufe, mais choifie, Is agiffoicht ainfi plus par principe d'économie politique que pour fatisfaire leurs goûts; les autres avoient pour loi de faire régner dans leur maisonne étiquette févère une trifte monotonie, ils agiffoient ainfi moins par amour de l'ordre général, que par principe d'économie perfonnelle : ceux-là aimoient, recherchoient, diftinguoient, encourageoient les hommes inftruits; ceux-ci, véritables Welches, auroient anéanti, s'ils l'avoient pu les lettres & les lettrés. Terminons ce parallèle, peut-être déja trop long, & que nous aurions effacé nousmême fi nous n'avions penfé qu'il préfente quelques vérités qui peuvent un jour être utiles.

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Les commandans des provinces font divifés en quatre claffes; en commandans généraux, en commandans en chef, en commandans en fecond & en commandans en troisième.

Un feul gouvernement, celui de Flandre, un commandant général; vingt-cinq gouvernemens ont des commandans en chef; vingt-deux des commandans en fecond; fix des commandins en troifième. Cette variété > cette multiplicité de commandans va bientôt difparoître l'affemblée nationale détruira fans doute dans fa fageffe, cette multitude d'êtres parafites qui fe gênent mutuellement, & qui abforbent fans néceffité une portion immense des contributions des peuples. Vingt provinces militaires fuffifent à la France, & par conféquent vingt commandans en premier & vingt commandans en fecond.

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Les commandans des provinces font tirés de la claffe des maréchaux de France de celle des lieutenans généraux & des maréchaux de camp. Ces officiers jouiffent d'un traitement particulier qui eft très confidérable. Ce traitement fera fans doute réduit par l'équité. Les fêtes que le commandant d'une province donne dans fon palais, n'ajoutent rien au bonheur, ni même aux plaifirs du peuple qui en fait les frais.

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La dignité de gouverneur de province & celle de commandant en chef ne font point incompatibles par le fait il en eft de même de celle de gouverneur particulier de telle ou telle ville & de commandant en chef de la province dans laquelle cette ville eft fituée. Une de ces places devroit fuffire, ce me femble, à l'ambition d'un citoyen; mais comment affouvir la cupidité des courtilans? ils font tous avares ou prodigues. Combien ne feroit-il pas heureux que la loi fi fage, relative à la multiplicité des emplois, fût accomplie à la lettre mais il eft à craindre qu'elle fera encore long-temps placée à côté de celle qui prohibe la multiplicité des bénéfices. Les chefs de l'adminif tration militaire ont encore, avec les chefs de la hiérarchie eccléfiaftique, une autre reffemblance; c'eft leur dégoût pour la réfidence. Si c'est en vain que les canons de l'églife rélèguent les évêques dans leurs diocèfes, c'eft auffi vainement que les ordon

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nances militaires prefcrivent aux chefs des provinces de féjourner dans leurs commandemens. Ces derniers prennent congé, quittent la cour à l'époque qui leur eft fixée par la loi, mais ils ne fe rendent point pour cela dans leurs commandemens. Sont-ils tenus à trois mois ou quatre-vingt-dix jours de fervice, ils paffent cinquante jours dans leurs terres, arrivent dans le commandement le dernier ou l'avant-dernier jour du premier des trois mois, & en fortent le premier ou le fecond jour du troisième. Comment ne voient-ils pas qu'ils doivent, par cette conduite, faire connoître aux adminiftrateurs que la multiplicité des commandaxs eft inutile ou même vicieufe? Ce n'eft que pour maintenir le bon ordre parmi les habitans & les gens de guerre que les commandans des provinces ont été établis, pourroit dire un miniftre patriote; or les provinces font auffi tranquilles & les troupes auffi-bien difciplinées quand les commandans font abfens, que lorfqu'ils font préfens; donc on peut fans inconvénient ou les détruire tous ou du moins en réformer un très grand nombre.

C'eft fans doute à la crainte de voir la puiffance, l'autorité des grands reprendre trop de force; & le régime féodal renaître, qu'on doit attribuer l'établiffement des commandans de province. Il eût pu en effet être dangereux, jadis de réunir conftamment fur la même tête les droits de gouverneur de province avec ceux de commandant; mais comment n'a-t-on pas vu, depuis qu'on n'a plus befoin de contrepoids, qu'il eft infiniment à charge, pour l'état, d'entretenir fur un pied, très-cher, deux ou trois hommes pour gérer un emploi qu'une feule perfonne peut facilement remplir? Vayez GOUVERNEUR DE PROVINCE.

§. II.

Des commandans des places..

Il eft des places qui, outre leur état-major ordinaire, c'est-à-dire, outre le lieutenant de roi, le major, les aides & fous-aide- major, ont encore un commandant particulier: c'eft fur-tout pendant la guerre & lorfque quelque place eft menacée d'un fiége, qu'on lui donne un de ces commandans. Ils font les chefs de l'état-major. Ils doivent obéir au commandant en chef & aux officiers généraux employés dans la province par lettres de fervice: ils ont dans leur place les mêmes devoirs à remplir relativement aux habitans & aux gens de guerre, que les commandans des provinces dans leur province. Il leur eft defendu de rien entreprendre contre les droits & la justice ordinaire, ils doivent même lut prêter main forte toutes les fois,.qu'ils en font requis. Ils.

doivent veiller particulièrement fur les hôpitaux de la place dans laquelle ils commandent; ils ne peuvent s'abfenter de leur place pour plus de quatre jours, fans avoir obtenu un congé de la cour; & pas même pour un jour, s'il n'y a dans la place un lieutenant de roi ou un major capables d'y commander en leur abfence. Les devoirs que ces. officiers ont à remplir dans l'intérieur, des places ne font, pendant la paix, ni bien nombreux ni bien difficiles: ils fe réduisent à fe trouver fur la place d'armes à l'arrivée d'un corps militaire, à affifter à la publication des bans lors de l'entrée des troupes dans leur logement, à la vifite des maifons fujettes au logement, & à faire défiler les gardes après les avoir infpectées. Ils ont à rendre au commandant de la province & aux offi ciers généraux employés par des lettres de fervice, certains devoirs, certains comptes, & certains honneurs que le lieutenant de roi le plus inepte rendroit tout aufli-bien qu'eux. Voyez, dans l'ordonnance des places, le tit. 3, art. 25, & le titre 2 , art. 9. Voyez LIEUTENANT DE roi.

Il y a des petites places dont le lieutenant de roi ou le major ont le titre de commandant ; pourquoi multiplier inutilement les titres d'hon

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quelques prérogatives attachées à fa place & d'une legère augmentation d'appointemens.

M. de Choifeuil reforma les chefs de bataillon, & l'armée fe plaignit avec railon; ils furent créés de nouveau en 1776, mais on ne leur rendit qu'une foible partie de leurs droits, & bientôt après on les réforma de nouveau.

A l'afpect de ces variations, l'homme qui défire, qui cherche le bien, flotte néceffairement dans une grande incertitude: puifque le paffé lui offre des exemples qui autorifent la création & la deftruction des chefs de bataillon, il eft obligé, pour réfoudre le problême dont il s'occupe, à n'en appeler qu'au feul raifonnement.

On convient généralement que les deux plus anciens capitaines d'un régiment ne peuvent, ne doivent point être confondus avec les deux capitaines les moins anciens: fi l'ancienneté des fervices ne donne, dit-on, aucune prérogative, chaque militaire abandonnera le fervice dès le moment où il verra qu'il n'a plus l'efpérance d'améliorer fon fort; fi l'ancienneté des fervices ne donne aucune prérogative, les jeunes officiers, ne voyant aucune différence entre les anciens & les nouveaux capitaines, n'auront plus pour les premiers ces égards particuliers qui font le prix légitimement da à la vieilleffe, & qui lui fervent de dédommagement. Rendit-on les lieutenances colonelles aux corps, il n'en faudroit pas moins établir une distinction de droits & de devoirs entre les plus anciens & les plus jeunes capitaines; car on ne peut fe diffimuler qu'il faut fournir aux anciens le moyen d'apprendre à commander, & que tous les officiers n'étant point après à devenir chefs de corps, il faut donner à l'ancienneté fans talens, une place de repos qui la diftingue, qui la dédommage, qui la récompenfe.

Mais en quoi confiftera cette récompenfe de Pancienneté? Si elle étoit uniquement pécuniaire, elle feroit peu flatteufe; elle attireroit bien peu de confidération à celui qui l'obtiendroit, & ne le formeroit point au commandement. Si l'on vouloit, comme on le fit en 1776, transformer les commandans de bataillon en aides-majors, on ne créeroit point une place de repos, & on confieroit à l'ancienneté des devoirs qu'elle ne pourroit prefque jamais remplir. Si on ne donnoit à Pancienneté que des titres fans fonctions, des diftinctions fans prérogatives, on n'atteindroit point non plus les différens buts que l'on doit frapper la fable qui nous peint les grenouilles fe moquant du foliveau eft l'hiftoire des hommes.

Une augmentation d'appointemens devroit donc être accordée aux chefs de bataillon: à cela on devroit joindre une marque diftinctive aifée à reconnoître; la difference dans la couleur des franges de l'épaulette pourroit fournir cette diftimation. Ne pourroit-on pas difpenfer encore

les commandans de bataillon de faire le fervice des places comme officiers fubalternes, & leur donner dans le fervice de campagne des fonctions particulières à remplir? Je crois avoir obfervé que les gardes, les patrouilles, les fentinelles ont perdu de leur vigilance depuis qu'il n'y a plus dans notre armée des hommes publics, deftinés à les furveiller en confiant particulièrement aux chefs de bataillon une infpection conftante fur ces détails, on feroit renaître, fans doute, l'ancienne activité. Ne pourroit-on pas auffi confier aux chefs de bataillon le foin d'infpecter la tenue des habits & des armes de leurs bataillons refpectifs? ne pourroit-on pas leur faire recueillir & rendre les rapports des compagnies réunies fous leur drapeau ? ne pourroit-on pas leur donner le droit de punir des arrêts tous les officiers du corps, & les charger particulièrement de la furveillance morale des jeunes gens. Tous ces petits détails font effentiels mais aifes à remplir, & conviennent à l'âge avancé. Qui oferoit qui voudroit faire des réclamations contre des prérogatives dont on feroit affuré de jouir à fon tour? Voyez APPOINTÉ.

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§. VI.

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Des commandans d'efcadron.

Le commandant d'efcadron eft dans la cavalerie ce que le commandant de bataillon eft dans l'infanterie. Il y a aujourd'hui des commandans d'escadron dans les troupes à cheval.

COMMANDEMENT. Ce mot a, dans le vocabulaire militaire, plufieurs acceptions différentes. Effayons de donner une idée nette de chacune d'elles.

§. I.

Du département confié à un commandant & nommé commandement.

On fe fert du mot commandement pour défigner l'étendue de pays fur laquelle s'étend l'autorité d'un des officiers dont nous avons parlé dans l'article COMMANDANT. C'eft dans ce fens qu'on dit, fon commandement s'étend jufqu'à tel ou tel endroit.

L'importance & l'étendue des commandemens varie infiniment en France: il en eft qui font trèsvaftes & d'autres qui font très-petits; il en eft qui font très importans & très difficiles, & d'autres qui le font peu : fût-il poflible de donner une égale étendue à tous les commandemens, il feroit impoflible de leur donner une égale importance, & par confequent de les répartir indifféremment parmi les hommes qui y afpirent. Tel commandement ne peut être donné qu'à un guerrier destiné à commander les armées; tel autre ne

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On donne encore le nom de commandement aux paroles que prononce celui qui fait faire à des troupes un des exercices militaires.

Les commandemens pour les exercices font naturellement divifés en commandemens préparatoires ou d'avertiffement, & en commandemens d'exécution. Les commandemens préparatoires font ceux qui avertiffent une troupe qu'elle doit, au premier commandement d'exécution qu'on lui fera, exécuter tel temps ou tel mouvement. Charge en douze temps & bataillon en avant, font des commandemens d'avertiffement. Les commandemens d'exécution font ceux qui décident de l'inftant où l'on doit exécuter ce qui a été précédemment commandé. Chargez vos armes & marche, font des commandemens de ce genre. Il y avoit autrefois une espèce de commandement qu'il eût été dif. ficile de claffer; c'étoit ceux qui commandoient Pattention. Tels étoient, attention tout le monde; je parle à tout le monde notre garde à vous ne doit point être confondu avec ces commandemens; il eft prefque toujours en effet commandement d'exécution, ou au moins devroit-il l'être toujours. C'est d'après cette confidération qu'il me paroît inutile avant le commandement, inf pedion des armes.

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Après avoir fait des commandemens l'objet

de fes réflexions, & avoir lu ce qu'en ont dit les écrivains qui méritent le plus de confiance, on reconnoît qu'ils devroient être foumis aux principes fuivans.

Chaque commandement doit exprimer toute la manœuvre clairement, briévement, en mots sonores & faciles à prononcer; il doit être articulé d'un ton ferme, d'une voix diftinate & d'autant plus arrêtée fur les principales voyelles, que la troupe à laquelle le commandement eft fait оссире un plus grand efpace: il eft abfolument impoffible que le commandement prononcé d'un ton bref & précipité foit entendu de loin quand l'air n'eft point calme, ou quand les perfonnes témoins de l'exercice ne gardent point un filence profond: cette espèce de commandement ne peut donc convenir qu'à une petite troupe placée fur une esplanade ou fous un hangard obfervons encore que cette efpèce de commandement n'eft néceffaire que pour des exercices exécutés pendant la paix; qu'ils font plutôt une espèce de fignal qu'un commandement réel, & l'on fait que les fignaux font toujours dangereux parce qu'il eft aifé de les confondre. On ne doit jamais employer des commandemens qui fe reffemblent pour annoncer des manceuvres différentes, ni des commandemens différens pour la même manœuvre,

Les mots qui caractérisent effentiellement la manœuvre doivent être prononcés les premiers; les anciens ufoient de cette précaution, que nous avons négligée. Il nous arrive affez communément de voir des pelotons rompre, d'après le même commandement, les uns à droite & les autres à gauche, , parce que nous avons placé le dernier, le mot caractéristique de nos commandemens; au liea de dire par peloton à droite, nous devrions commencer par à droite, & dire à droite par peloton.

Tout commandement d'exécution devroit être précédé d'un commandement préparatoire. Je, n'en excepte point le commandement garde à vous puifque les troupes doivent à ce commandement prendre l'immobilité. Le commandement préparatoire que nous demandons avant garde à vous, pourroit fans inconvénient être ou un roulement ou les mots à vos armes, ou quelques autres du même genre.

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Les commandemens d'avertiffement doivent être prononcés d'une manière bien différente des com mandemens d'exécution; il faudroit qu'au feul fon de la voix, on reconnût aifément les différens commandemens.

Les commandemens d'avertiffement peuvent être compofés de plufieurs mots, tandis que les commandemens d'exécution ne devroient être compo. fés que de deux, trois, ou tout au plus de quatre

fyllabes, La longueur des commandemens d'averuffement devroit cependant être toujours proportionnée aux befoins de la respiration, & l'on doit fe garder de fuppofer à tous les militaires des poumons de la force la plus grande.

Les commandemens d'avertiffement devroient être entièrement prononcés lentement & du même ton; il vaudroit mieux foutenir que précipiter la dernière fyllabe. Les deux dernières fyllabes des commandemens d'exécution devroient être toujours précédées d'une espèce de foupir; ce feroit pendant cette courte paufe que le commandant reprendroit haleine, afin de les terminer fans peine d'un ton ferme & élevé.

Tous les commandemens doivent être compofés de mots familiers même au foldat; tout mot technique doit donc en être banni avec foin. On devroit s'attacher auffi à choisir des mots fonores; on devroit bannir fur-tout de la finale des commandemens d'exécution les e muets, les voix les articulations nafales, & même les fyllabes longues.

Toutes les troupes d'une même puiffance doivent faire ufage de la même langue & employer les mêmes expreffions. Les avantages que peut produire la différence des langues font bien moins confidérables qu'on ne fait femblant de le croire. Les petits fratagêmes ne font plus aujourd'hui de faifon, & les méprifes peuvent nous être aff fouvent funeftes que favorables. Voyez fur set objet les articles BATTERIE & UNIFORMITÉ. §. IV.

Commandement, fortification.

On dit qu'une ville, une pofition, un pofte font commandés, quand il y a dans leurs environs, des hauteurs d'où l'on peut découvrir quelques parties de l'intérieur de la place ou du pofte: l'on donne le nom de commandement à l'effet militaire qu'on fuppofe avec raifon, que l'endroit le plus élevé peut produire fur celui qui l'eft

moins.

Pour attacher une idée fixe au mot commandement, on a déterminé la hauteur d'un commandement à neuf pieds de roi; ainfi neuf pieds font un commandement fimple; dix-huit pieds, un commandement double; vingt-fept un, commandement triple, &c.

Une hauteur pouvant dominer le front, les flancs ou les derrières d'un pofte, on a diftingué trois fortes de commandement, & on a donné à chacun d'eux un nom analogue à la manière dont ils commandent. Celui qui eft oppole à la principale face du pofte eft nommé commandement de front; celui qui eft oppofé aux derrieres du pofte, qui prend les troupes à dos, et nommé commandement de revers; & enfin

celui qui les prend en flanc, eft nommé commandement d'enfilade

une

Nous avons donné dans notre ouvrage intitulé, le guide de l'officier en campagne, nouvelle manière de confidérer les commandemens dont nous croyons devoir faire mention ici.

Ayant obfervé qu'un pofte placé au-delà de la portée du canon de la hauteur qui le domine, en peut néanmoins être incommodé, car les hommes placés fur cette hauteur peuvent découvrir les mouvemens que font fes défenfeurs z ayant obfervé encore qu'un pofte placé trèsproche d'une hauteur fur laquelle il eft prefque impoffible de conduire de l'artillerie, eft moins mauvais que celui qui eft placé à portée d'une hauteur fur laquelle on peut conduire du canon, j'ai demandé fi l'on ne devoit point, formant de nouvelles fubdivifions dans les commandemens diftinguer les pofitions commandées par l'oeil, d'avec les pofitions commandées par le canon & les unes & les autres d'avec les pofitions commandées par le fufil. Si l'on adoptoit ces fubdivifions, il feroit infiniment aifé de faire connoître le côté par lequel un pofte feroit commandé, la manière dont il le feroit, & par conféquent le moyen de parer au commandemeni.

L'expérience ayant prouvé fouvent que tout pofte commandé eft mauvais, on s'eft fortement occupé des moyens les plus propres à les mettre à l'abri des commandemens. On emploie, dans les poftes foumis à un commandement au canon, fimple, double, ou triple, les cavaliers, les épaulemens, les traverses; voyez ces mots; on oppofe aux commandemens au fufil, les blindages & les évantails; voyez ces mots ; & au commandement à l'ail, tous les objets qui peuvent empêcher l'œil de l'ennemi de découvrir l'inté rieur du pofte.

§. V.

Du commandement des armées.

Comme nous avons fourni, dans le cours de cet ouvrage, un tableau, fait d'après l'histoire, des connoiffances & des qualités néceffaires aux généraux, voyez notre article GENERAL, & ceux que nous avons particulièrement confacrés aux talens & aux vertus guerrières;) comme nous avons indiqué auffi quelle eft l'efpece & le degré d'autorité que l'on doit confier à un commandant en chef; (voyez nos articles AuTORITE, CARTE BLANCHE & POUVOIR;) il ne nous refte, pour completter ce qui eft relatif au commandement des armées, qu'à examiner à qui on l'a confié en France; & qu'à prouver qu'il ne peut être heureux quand il eft alternatif ou partagé.

On ne peut douter que les premiers rois des

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