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rce que les atteintes n'en étoient ni très-fréentes, ni très meurtrières. On ne fe chargeoit ais fans fe choquer, parce qu'on étoit acutumé à fe choquer; parce que le choc étoit fentiel, Pobjet, le but du combat; parce de les deux armées vouloient en finir, & qu'elles avoient que le choc pouvoit feul vider le diffé rend. Une preuve certaine que l'habitude a ici, comme par-tout ailleurs, une influence trèsgrande, c'eft que l'on voit le choc. devenir plus rare à mesure qu'on s'éloigne du temps où il étoit indifpenfable: une feconde preuve de cette vérité, c'est que la cavalerie, qui ne peut guères, combattre fans charger, charge plus oavent que l'infanterie & choque auffi plus fouvent. Pour obliger les armées à fe charger & à fe choquer, il faudroit donc les replacer dans des circonftances femblables à celles où elles étoient autrefois.

Mais eft- il réellement plus avantageux de mener les armées à la charge que de les laiffer fe pafer par les armes, jufqu'à ce que l'une des deux, ennuyée de garder la même position, ou rebutée des pertes qu'elle a faites, lâche le pied cette queftion ainfi énoncée est beaucoup trop vague; il faudroit, pour la bien réfoudre, faire autant de fuppofitions différentes qu'on pourroit imaginer de caractères différens dans les peuples; il faudroit faire autant de fuppofitions. diferentes qu'on pourroit imaginer de politions Politiques diverfes; il faudroit faire autant de fuppofitions différentes qu'on pourroit imaginer de variations dans les circonstances du terrain. Nous n'entreprendrons pas de faire ces fuppofitions, & nous nous bornerons à obferver que les écrivains militaires, nationaux & étrangers, difent unanimement: les François doivent, toutes les fois qu'ils peuvent, charger l'ennemi & fe hâter de le choquer.

Comment doit-on ordonner un corps de troupes qu'on veut mener à la charge? Cette question eft des plus importantes; elle fera difcutée dans les articles COLONNE, ONDRE PROFOND & ORDRE

MINCE.

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La manière de charger fs armes devoit être, avant l'invention des cartouches, & moins prompte & moins sûre qu'elle ne l'eft aujourd'hui: moins sûre, il devoit arriver fouvent ce qui n'arrive guères de nos jours, que le foldat mettoit trop ou trop peu de poudre dans le canon; moins prompte, il étoit impoffible que chaque homme chargeât & tirát trois fois par minute, comme on le fait aujourd'hui, ce qui eft pourtant, on ne peut trop le répéter, non- feulement inutile mais même nuifible: il eft en effet impoffible de bien charger & de bien tirer, quand on charge & quand on tire fi vîte. Voyez FEU.

Les ordonnances militaires indiquent aux chefs. des compagnies les attentions qu'ils doivent avoir dans la charge; mais elles n'ont point parlé, ce me femble, de ce qui méritoit le plus de fixer leurs regards. On a toujours bien chargé, quand on n'a mis ni trop ni trop peu de poudre danss le baffinet; quand on a fuffifamment déchiré la cartouche; quand on a eu foin de fecouer la car-touche avant de la laiffer couler dans le canon " & quand on a bien bourré : c'étoit donc ces temps que l'ordonnance devoit indiquer, comme l'objet de l'attention particulière des commandans des compagnies.

Nos ordonnances militaires diftinguoient trois espèces de charges: une, qu'elles appeloient charge en douze temps; une, charge précipitée, &cune, charge à volonté. Ces noms différens ne défignoient cependant qu'un feul & même objet, une même › charge, mais exécutée avec une promptitude plus > ou moins grande. Dans la charge en douze temps, le foldat n'exécutoit les différens temps que lorfqu'on lui en faifoit le commandement; dans la charge précipitée, il s'arrêtoit quand il étoit par-venu à certains temps qui lui avoient été défignés; & dans la charge à volonté, il alloit, fans s'arrêter, jufqu'à la fin de la charge.

La manière dont ces différentes charges s'éxécutoient n'appartenant point à l'Encyclopédie nous renvoyons nos lecteurs aux ordonnances qui règlent. l'exercice des troupes: nous nous permettrons cependant deux obfervations fur cet objet. La première, fur les mots charge précipitée; & la feconde, fur la manière dont cette charge eft divifée.

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Le mot précipité offre à l'efprit l'idée d'une vîteffe très-grande, & même trop grande; eftce bien-là ce que le rédacteur vouloit dire? La› feconde, c'eft qu'au lieu de fixer la fin du fecond temps au moment où le foldat a laiffé couler la cartouche dans le canon il auroit fallu la fixer à l'inftant où il tient encore la cartouche entre fes doigts, après l'avoir fait entrer dans le canon; ainfi on auroit fait contracter aux foldats › l'habitude de bien fecouer la cartouche, ce qui eft très-important. Au lieu de fixer la fin du : troisième temps au moment où le foldat a exé-

cuté le conmandement bourrez, on auroit dû la fixer au moment où il a fini le temps tirez la baguette; ainfi on auroit habitué le foldat à ne point fe contenter de laiffer gliffer la baguette dans le canon, tandis qu'il doit l'y précipiter avec force; ainfi on lui auroit fait contracter l'habitude de prendre la pofition la plus commode pour bien bourrer, ce qui eft, comme nous l'avons très-fouvent obfervé, une des chofes les plus effentielles du maniement des armes. Voyez BOURKER.

§. 111.

Du fignal militaire, connu fous le nom de charge.

Au moment où l'on veut marcher à l'ennemi pour le choquer, s'il attend le choc, le mêler avec lui s'il réfifte, on commande pas de charge, marche; à ce commandement l'ordonnance veut que les tambours & la mufique d'un bataillon feulement de chaque régiment, battent & jouent la marche; en obfervant de la battre d'abord lentement & prefque dans la viteffe du pas ordinaire, l'accélérant peu à peu, mais ne changeant de mouvement tout au plus que de cent pas en cent pas, jufqu'à ce que la batterie foit à raifon de cent vingt pas par minute.

Voilà la manière de marcher à l'ennemi pour le charger, réglée de la manière la plus fage; mais pourquoi tous les inftrumens militaires ne fe font ils point entendre quand on va à la charge is porteroient dans l'ame des combattans une espèce d'ivreffe heureufe, & même néceffaire : les anciens, qui étoient aufli braves que nous avoient bien fenti la néceffité de cette ivreffe; car au bruit de tous leurs inftrumens militaires ils joignoient encore celui du cri de guerre. Voyez CRI DE GUERRE voyez aufli Particle MUSIQUE. L'auteur y développe une idée bien faite, ce me femble, pour être adoptée.

CHARGER. Charger une arme à feu, c'eft y mettre ce qu'il faut de poudre & de plomb pour tirer un coup. Voyez le §. 2 de l'article CHARGE.

CHARGER (l'ennemi,) c'eft marcher à lui pour le joindre & le combattre avec l'arme blanche.

Les écrivains militaires qui ont fait de la manière de charger l'ennemi l'objet de leurs méditations, confeillent affez unanimement d'empêcher les troupes de faire feu en marchant; ils veulent, pour que le foldat ne foit même pas tenté de tirer, qu'on lui faffe porter les armes fur l'épaule. Voyez le §. 28 de notre article FEU. Ils recommandent de marcher avec lenteur jufqu'à ce que l'on foit arrivé à trois cents pas de l'ennemi, & d'accélérer enfuite le mouvement de cent pas en sent pas. Voyez le §. 3 de l'article CHARGE. Ils eulent tous qu'on marche dans le plus grand

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ordre; quelques uns exigent même qu'on faffe taire les inftrumens militaires, & régner parmi les hommes le plus profond filence. La feconde partie de cette maxime militaire ne nous paroît point aufli incontestable que la première. Voyez l'article CRI DE GUERRE & le §. 3 de l'article CHARGE. « Il y a des régimens, dit Pauteur du Didionnaire militaire portatif, qui ont la méthode de faire monter à cheval les officiers de ferre-file, afin qu'ils puiffent avec plus de facilité faire marcher les foldats en avant, les contenir en leurs rangs, & même les empêcher de fuir. Cette précaution eft excellente; car on a vu des régimens renverfer ces officiers à pied, & il eft bien difficile à un régiment de faire une mauvaise mauœuvre, quand tous ces officiers à cheval s'emploient avec vigueur ». Je ne ferois pas éloigné d'adopter cette opinion, toutefois en la modifiant un peu. Je ne mettrois point tous les ferre-file à cheval ce feroit trop, mais j'en placerois un ou deux par compagnie de cette manière, & je ne doute point qu'ils ne fuffent plus utiles qu'à pied.

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CHARGES MILITAIRES (des) Quelques-uns des emplois de l'armée françoife portent le nom de charges tels font ceux des commiffaires des guerres, des tréforiers généraux des dépenfes du département de la guerre, & des tréforiers principaux ou particuliers dans les provinces, des lieutenans des maréchaux de France, des lieutenans généraux de roi des provinces, des maréchaux généraux des logis des camps & armées, & des officiers de l'état major des différentes armées, &c; on pourroit, on devroit fans doute réformer tous les emplois militaires qu'on obtient à prix d'argent nous parlerons dans l'article VENALITE de la manière dont on doit envifager les charges militaires.

CHARIOT. (fuppl.) Sorte de voiture à quatre roues. Le réglement pour le fervice de l'infanterie en campagne veut que tous les chariots qui font dans l'armée foient à timon, & les chevaux attelés deux à deux: il fixe à deux le nombre de chariots que chaque régiment peut avoir à fa fuite; un pour les vivandiers, & un pour le boucher & le boulanger réunis il défend aux officiers de fubftituer des chariots à la place de ceux que les perfonnes ci-deffus nommées n'auroient point: il prefcrit de marquer les chariots du nom du régiment, de celui de la perfonne à laquelle ils appartiennent, & de l'ufage auquel ils font destinés.

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dont il pouvoit difpofer, (& c'eft là peut-être le vrai génie ) fit fervir les chariots deftinés à tranfporter les bagages, les vivres & les munitions guerre, à retrancher le camp qu'il avoit choifi; à couvrir les flancs de fes troupes pendant une marche, & même pendant une bataille : ce qu'il y a de certain, c'eft que l'hiftoire des temps les plus reculés nous préfente des exemples de ce genre, & que celle des temps modernes nous en offre une fuite prefque non interrompue. Je vais rapporter quelques-uns de ceux que j'ai trouvés dans notre hiftoire : j'aime à puifer dans cette fource; ce qu'elle fournit doit être plus intéresfant & plus utile pour des François, que ce que F'on pourroit puifer dans des fources étrangères.

A la bataille de Mons en Puelle en 1304, Les flamands s'étoient retranchés en faifant de tous leurs chariots une barricade en rond qui aroit, difent les hiftoriens, près d'une lieue & demie de tour.

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Le duc Jean de Bourgogne ayant affiégé Montdidier en 1410, fit clorre fon oft d'un lez ou bordure de chariots tout à l'entour. Voyez les mémoires de Pierre Fennin.

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Après la journée de Montlhéri l'armée du comte de Charolois fe retrancha derrière fes chariots. «Le comte de St. Paul, qui fembloit chef de guerre, & monfeigneur de Hauitbourdin encore plus, commandèrent qu'on amenât le charroi au propre lieu là où nous étions & qu'on nous cloift; & ainfi fut fait». Le même comte de Charolois étant venu camper entre Charenton & Conflans, proche Paris, «ferma ledit Comte un grand pays de fon charroi & de fon artillerie, & mit tout fon oft dedans ». Voyez les mémoires de Comines.

Les espagnols avoient retranché leur camp à Ravannes avec leurs chariots, qu'ils avoient liés enfemble avec des chaînes de fer. Voyez les mémoires de Fleuranges.

A la bataille de Montcontour, le fieur de Ta-annes couvrit avec des chariots les flancs des fuiffes qu'il avoit pouffés en avant ; & ce fut en grande partie à cette précaution fage que les François durent la victoire. Voyez les mémoires de Tavannes.

Le maréchal de Briffac marchant pour faire lever aux impériaux le fiége de Santya « avoit délibéré de marcher avec l'armée tout le long d'un ruisseau qu' farciroit d'harquebuziers : & que de l'autre côté il couvriroit l'armée par les flancs avec quarante chariots armez, chargez de vivres, & chacun deux accompagné de deux facres & dix harquebuziers, qui fortiroient & fe retireroient par les intervalles qu'il y auroit d'un chariot à l'autre n, Voyez les mémoires de Boivin du Villars.

Alexandre Farnèfe, duc de Parme, conduifant
Flandres vers Paris une armée d'Espagnols
Art. Milit. Suppl. Tome IV.

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put être attaqué par Henri IV, qui le fuivoit dans l'intention de le combattre. Voyez le maréchal de bataille de Loftelnau.

Aux batailles de Zenta & de Peterwardin les turcs firent ufage des chariots pour couvrir une partie de leur armée.

Le duc d'Albe fe fervit auffi de fes chariots pour couvrir fon armée & mettre fa cavalerie à l'abri de celle de l'ennemi, jufqu'au moment où fon infanterie l'auroit joint. Voyez la vie du duc d'Albe tome I, pag. 130..

Le général Lewenhaupt fe fervit auffi, après un échec, des chariots de fon armée pour le mettre à l'abri de la pourfuite de l'ennemi.

Les chariots peuvent fervir à embarraffer un chemin que l'ennemi doit suivre, voyez DEFILÉ; les rues d'un village dans lequel un convoi eft renfermé, voyez VILLAGE & CONVOI ; & à mettre en rafe campagne un convoi à l'abri des infultes de l'ennemi. Voyez CONVOL.

Les chariots, quoique chargés, peuvent être employés à ces différens objets, mais c'eft principalement quand ils font vides qu'on peut en faire ufage.

Il feroit aujourd'hui ridicule de prétendre couvrir une armée entière avec fes chariots, mais il eft encore très - poffible de s'en fervir pour appuyer les flancs d'un ordre de bataille : on peut dans cette circonftance les employer comme le fit le maréchal de Briffac dans le Piémont il feroit poffible à plus forte raifon d'en couvrir les flancs, ou le front d'une colonne en marche & d'en faire ufage dans une pofition défensive.

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Quant au nombre de chariots qu'on fait fournir à chacun des régimens qui voyagent dans l'intérieur du royaume voyez l'article CONVOI MILI

TAIRE.

CHARPENTIER. On donne le nom de charpentier à des foldats fantassins qui font armés d'une hache qu'ils portent à la main, & d'un fufil qu'ils portent en bandoulière : ils font vétus comme le refte des foldats; ils ont pour marques diftinctives deux haches en fautoir fur le bras, & un tablier femblable à ceux que portent les artifans connus fous le nom de charpentiers.

Les charpentiers font au nombre de huit par régiment d'infanterie; leurs fonctions font, pendant la paix, de marcher à la tête des régimens & d'écarter ce qui pourroit en troubler la marche ils font destinés, pendant la guerre, à faire dans les haies, dans les bois, dans les paliffades, les ouvertures néceffaires au paffage des colonnes; en un mot, à faire tout ce qui demande un certain art, une certaine habitude à manier la hache.

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L'ordonnance qui a créé les places de charpentier vouloit, cela n'eft point douteux, qu'elles fuffent données à des foldats habitués à manier la hache j'oferois affirmer cependant qu'il n'y a peut-être point, parmi les charpentiers de chaque régiment, trois hommes habiles à manier l'inftrument qu'on leur a confié. Qui a-t-on donc choifi, demandera-t-on fans doute? On a choisi des hommes d'une taille avantageufe, d'une belle tournure, à la barbe noire & touffue au vifage dur; des hommes que les jeunes colonels montrent avec complaifance; des hommes propres à effrayer de vieilles femmes & de petits enfans, mais qui feront totalement inutiles à la guerre. Ne nous corrigerons-nous jamais de la ridicule manie qui nous fait tout facrifier à une vaine parade? les troupes feront-elles toujours commandées par des hommes qu'à leur conduite on prendroit pour des enfans? feront-elles toujours furveillées par des chefs ou foibles ou peu occupés de ce qui devroit être l'objet de leur attention & de leurs travaux ? Voyez, relativement à la manière de choisir les charpentiers, notre article GRENADIER, & à leur bifarre accoutrement, notre article MOUSTACHE & TENUE.

Un écrivain militaire à qui nous devons un nouveau plan de conftitution pour notre armée, voudroit que les charpentiers, difféminés dans nos régimens, fuffent, fous le nom de fapeurs, formés en compagnies. Cette idée de M. Jarri eft heureute & faite pour être adoptée : on pourroit avec les fept cent trente-fix charpentiers que nous entretenons, former dix compagnies d'ouvriers, compofées chacune de quarante-huit charpentiers, huic caporaux & quatre fergens. Chacune feroit commandée par un capitaine & un lieutenant. Pendant la paix, les charpentiers feroient répartis dans nos magasins, nos arfenaux, nos ports, nos villes, & nos campagnes pendant la guerre on en donneroit à chaque armée une divifion proportionnée à fa force. Ainfi chaque colonne en marche pourroit avoir à fa tête quatre ou cinq efcouades de charpentiers qui ouvriroient des marches devant elle; chaque divifion destinée à donner un affaut, des ouvriers qui, par leur adreffe à manier la hache auroient bientôt détruit la paliffade la plus forte.

Les fix cents charpentiers couteroient moins, en y comprenant leurs officiers, que ne coûtent aujourd'hui les fept cent trente-fix que nous avons, & ils feroient d'une utilité plus grande.

CHARRETIERS. On trouvera dans l'ouvrage qui nous a fourni les articles SUBSISTANCE MILITAIRE, CAISSONS, &c, les loix de police qu'on doit établir parmi les charretiers qui font employés dans les armées; on trouvera aussi quelques détails, fur le même objet, dans le titre 27 du réglement provifoire pour le fervice

de l'infanterie en campagne ; & enfin, dans notre article SURPRISE, les précautions que l'on doit prendre avec les charretiers que l'on conduit aux opérations de ce genre.

CHASSE. Action de chaffer. Les ordonnances militaires ont conftamment prohibé la chaffe aux foldats françois, & elles ne l'ont permife aux officiers que dans le cas où il y avoit aux environs des places des terrains de réserve à ce deftinés.

Les décrets rendus le 4 août par l'affemblée nationale ayant fupprimé les terrains de réferve deftinés aux officiers, & connus fous le nom de plaifirs, les officiers François feront-ils abfolument privés du plaifir utile & falutaire de la chaffe, ou rentreront-ils dans le droit commun des François ? & les foldats rentreront-ils auffi dans ce droit, ou laiffera-t-on fubfifter pour eux les difpofitions de la loi ancienne?

Il n'eft point douteux qu'on ne puiffe, qu'on ne doive traiter les officiers avec la même faveur que le reste des citoyens; il n'eft point douteux non plus que fi l'on accorde à tous les François le droit de chaffer avec des armes à feu, on puiffe, fans s'écarter des principes, refufer le même droit aux bas-officiers & aux foldats. Mais fi on leur accorde ce droit illimité, n'en réfultera-t-il point de grands inconvéniens La folution de ce problême eft difficile à trouver; car le refus feroit injufte en principes; la liberté, dangereufe par fes effets. La chaffe doit donc être mife au rang des droits du citoyen dont le basofficier & le foldat fera obligé de faire le facrifice à fa patrie ce facrifice eft pen confidérable, mais il n'en doit pas moins être reconnu pour

tel.

Quoique j'aye avancé que la chaffe eft utile & même néceffaire aux officiers François, je ne dirai cependant point avec Machiavel, qu'il eft néceffaire d'être chaffeur pour être grand capitaine, & je ne recommanderai pas, comme lui, aux généraux & aux princes de fe livrer fouvent à cet exercice. Frédéric le Grand nous a appris par fon exemple, & dans l'ouvrage qu'il a compotë pour réfuter celui du fecrétaire de Florence, qu'il eft pour les rois & pour les chefs des armées, des plaifirs plus nobles, plus doux & plus purs: rendre leurs états floriffans & leurs fubordonnés heureux; protéger les beaux-arts, les cultiver même telles font les jouiffances qui font vraiment dignes d'eux l'hiftoire nous prouve auffi qu'il n'eft pas befoin de courir fouvent la chaffe pour devenir grand capitaine Scipion, Alexandre, Céfar, Guftave-Adolphe, Turenne, Malbouroug n'ont jamais paffé pour des déterminés chaffeurs : je crois de même qu'on peut en

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fe promenant avec le projet de raffembler des obfervations militaires, faire des réflexions plus judicieufes, plus folides fur les différentes fitua tions d'un pays, relativement à l'art de la

guerre,

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en un

mot

que forf qu'on eft préoccupé par une perdrix qui s'envole, ou par un cerf qui fuit en bondi fant; que loriqu'on eft diftrait par le bruit du cors, étourdi par le galop des chevaux, les hurlemens d'une meute vivement animée entrainé par l'ardeur impétueufe de la chaffe je crois enfin qu'on devroit défendre abfolument la chaffe dès que les troupes font raffemblées dans un camp, & quand elles font en quartier d'hiver fur la frontière, ou dans le pays ennemi, parce que la chaffe entraîne alors de grands inconveniens mais pendant la paix, & dans l'intérieur du royaume, il n'en eft plus de même; l'officier doit rentrer dans le droit commun; il feroit mine heureux que fes chefs l'engage affent avec adrafe à fe livrer fouvent à cet exercice; car, fuivant Xénophon, tom I, pag. 11; Vegèce, pag. 37; l'empereur Léon le philofophe; Santa Crux, tom. I, pag 12; Folard, tom. 1, pag. 36, écrivains &plufieurs autres chaffe contribue infiniment à former le coupd'ail; voyez Coup-D'OIL; elle enfeigne à juger avec promptitude d'une vafte étendue de pays; elle fortifie le corps, le rend plus adroit, plus fouple, plus agile. Voyez JEUX. Le temps que Fon confume à la chaffe eft volé à des plaifirs moins nobles, ou même moins purs; elle eft enfin plus puiffante que toutes les loix de la morale, pour amortir les fougueux défirs de la jeuneffe. Voye; MENTOR.

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CHASSEURS A CHEVAL. Les chaffeurs à cheval font un corps de troupes légères, destiné au fervice extérieur & avancé de l'armée.

Ce corps eft compofé de douze régimens. Chaque régiment eft divifé en quatre efcadrons. Chaque efcadron en deux compagnies.

Chaque compagnie eft compofée, fur le pied de paix, de foixante-dix-neuf hommes, dont foixantequinze feulement font montés. Sur le pied de guerre la compagnie doit être compofée de cent cinq hommes, dont cent feront montés.

Chaque efcadron a pour chef un capitaine distingué par le titre de chef d'efcadron.

Chaque compagnie est commandée par un capitaine, un lieutenant, un fous-lieutenant, & un fous-lieutenant furnuméraire ou porte- étendard. Ses bas-officiers font un maréchal des logis en chef, deux maréchaux des logis, quatre brigadiers, quatre appointés & un trompette. Ces douze hautes payes font comprises dans la force de la compagnie.

Chaque régiment de chaffeurs à cheval a un état major compofé de dix-neuf perfonnes. Un colonel, un lieutenant-colonel, un major, un major en fecond, un quartier-maître, quatre porte-étendards, deux adjudans, un chirurgien-major, un aumônier, un premier trompette, un maître maréchal, un maître fellier, un maître armurier

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CHASSEURS A PIED. Outre les chaffeurs dont nous avons parlé dans notre article CHASSEUR, il y a en France un corps de chaffeurs à pied, deftinés, comme les chaffeurs à cheval, au fervice extérieur & avancé de l'armée.

Les chaffeurs à pied font divifés en douze bataillons; chaque bataillon forme un corps féparé. Chaque bataillon eft compofé de quatre compagnies.

Chaque compagnie a trois pieds différens : un pied de paix, un pied de guerre, un pied de grande guerre.

Les officiers & les bas-officiers de ces compagnies font en nombre égal fur ces différens pieds: favoir, deux capitaines, deux lieutenans, deux fous-lieutenans. Leurs bas-officiers font un fergent major, un fourier, quatre fergens, huit caporaux, huit appointés & deux tambours.

Une compagnie fur le pied de paix eft compofée de foixante-dix-huit chaffeurs, dont douze carabiniers & deux enfans; fur le premier pied de guerre, chaque compagnie doit être de quatrevingt-dix-neuf hommes, & fur le grand pied de guerre, de 124.

L'état major d'un bataillon de chaffeurs à pied eft compofé d'un lieutenant-colonel, d'un major, d'an adjudant, d'un chirurgien-major, d'un tambour-major, de quatre muficiens, d'un armurier d'un maître tailleur & d'un maître cordonnier.

Réflexions fur les Chaffeurs à cheval & à pied.

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