Imágenes de página
PDF
ePub

thelemi, & fameux feulement par l'assassinat du Duc de Guife. Etoit-ce bien la peine d'introduire dans l'action un Héros pareil qui n'agit point, un fantôme de Roi qui ne refte là, pendant la moitié du Poëme, que pour être tué au cinquieme chant? Et c'est à ce prétendu Héros qu'eft fubordonné le véritable. Avouez qu'il n'eft pas befoin de connoître aucune autre règle que celle du bon-fens, pour être choqué d'une telle conduite.

Quoi qu'il en foit, Valois, qui affiège Paris avec Bourbon fon plus grand appui, & qui fe laiffera battre, dès qu'il en fera privé, l'envoie en Angleterre demander du fecours à Elifabeth. Bourbon n'eft pas trop charmé de l'ambassade;

Mais il fallut d'un Maître accomplir les deffeins;

Et il obéit, fans répondre un feul mot fans faire fentir à Valois combien il étoit imprudent de fe défunir ainfi ; fe réfervant feulement à punir Valois de fon imprudence, en difant de lui tout le mal possible à Elisabeth. Il n'eft point de Lecteur à qui ce dé

faut de jugement n'ait sauté aux yeux, & qui n'ait dit qu'on pouvoit auffi-bien envoyer tout autre Guerrier en Angleterre. En effet, felon la vérité historique, ce fut Mornay qfit cette ambaffade. Pour moi, je conçois combien l'Auteur a été féduit par l'idée d'une entrevue entre Elifabeth & Henri IV, les deux Personnages les plus fameux alors dans l'Europe, & qui avoienttant de rapport dans l'efprit comme dans le caractère. I. falloit auffi que ce fût Bourbon qui fit le récit des troubles de la France; car cette narration eût été froide dans toute autre bouche. Mais quoique cette idée rie d'abord à l'efprit, « y a-t-il la moindre vraisemblance qu'Elifabeth demande ce récit, & le demande avec impatien:e ? » L'Auteur a beau vouloir excufer ce peu de » vraisemblance qu'il a fenti, & prévenir la »cenfure par des vers où la Reine cajole Bourbon pour le faire parler, lui dit que la Renommée a pu la tromper, & qu'elle apprendra mieux de lui que de tout autre, » la caufe & le développement de la guerre » civile. Si Henri IV avoit parlé à quelque

[ocr errors]

2

» Prince étranger, ce développement eût » été néceffaire; mais il parloit à une Reine, » dont les Etats font très - voifins de la

כל

ככ

ככ

ככ

[ocr errors]

1

France, & qui avoit dû cent fois entendre » ces récits. En vain les Partisans de la Ligue » coloroient leur révolte du prétexte de la Religion; une femme d'efprit comme Elifabeth, & auffi politique qu'elle, ne » devoit pas s'aveugler fur leur deffein ; » elle voyoit clairement que ce faux zèle qui en impofoit au Peuple, cachoit l'am» bition de Mayenne qui aspiroit à la Royau» té. Elle ne pouvoit ignorer que le foible Valois, chaffé du Louvre par fes Sujets » révoltés, n'avoit pu trouver d'appui que » dans la générofité de Bourbon, dont il » avoit été l'ennemi & le perfécuteur: enfin, » que Bourbon lui-même avoit dû, autant » par intérêt que par grandeur d'ame, prê» ter fon bras à Valois, pour foutenir le » trône de ce Prince, qui pouvoit un jour » devenir le fien. Le fanatifme feul aveu» gloit la moitié de la France fur la cause » de tant de malheurs ; mais Elifabeth, qui » affurément n'étoit point fanatique, net

رو

pouvoit fe tromper fur ces mêmes causes.

Il eft des fecrets qui ne fortent jamais du » Confeil des Princes, & qui changent la

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

face d'une partie du monde, fans qu'on puiffe les pénétrer; mais ceux dont il

s'agit ici n'étoient pas de ce nombre ; & il » étoit aufli facile de favoir la caufe de la » Saint Barthelemi, que d'en savoir l'hiftoire (1) ».

Nous avons laiffé derriere nous l'inutile & foible tempête que Bourbon effuie dans le paffage, & qui le porte dans une isle où un vieillard lui dit inutilement fa bonne aventure. Nous y reviendrons une autre fois. Je ne vous dirai pas non plus tous les défauts qui me bleffent dans le récit de notre Héros. C'eft auffi la matière d'un article à part. Le voilà qui part d'Angleterre, avant que le fecours qu'il a demandé foit prêt à le fuivre ; & il arrive au quatrième chant, justement comme Henri III étoit battu par d'Aumale, & fuyoit fans faire aucune réfistance. C'eft arriver à propos ; car

(1) Cette réflexion eft tirée d'un manuscrit de feu M. de Malfilâtre.

un moment plus tard il n'auroit plus trouvé de Siège, Il rétablit le combat, repousse les affiégés, & tue prefque d'Aumale. Cette bataille n'eft pas longue, & ne tient que trente ou quarante vers,

Le refte de ce chant & le cinquième font remplis par le voyage de la Difcorde à Rome, par fon alliance avec la Politique, par fon retour à Paris, par le décret de la Sorbonne qui déclare Valois déchu de lạ Royauté, & par le meurtre de ce même Valois. Nous voici à la moitié, ou, pour mieux dire, à la fin du premier Poëme; le fixième chant, ou le commencement du fecond Pcëme, s'ouvre par l'affemblée des Etats de la Ligue qui veut élire un Roi; & perfonne ne dit un mot dans ces Etats, excepté Potier, qui parle en fanatique à des fanatiques, & qui leur dit les plus groffes injures, fans qu'aucun personnage ofe ouvrir la bouche. Henri IV vient interrompre çes Etats par un aflaut; & au bout de cent vers tout eft fini. Paris va être pris, lorsque Saint Louis apparoît au Héros, & l'empê che de s'emparer de la Ville, parce qu'il convient mieux qu'elle éprouve les horreurs

« AnteriorContinuar »