Imágenes de página
PDF
ePub

La ronde est de toutes les notes restées en usage celle
qui a le plus de valeur; autrefois, au contraire, elle
étoit celle qui en avoit le moins, et elle s'appeloit semi-
brève. (Voyez SEMI-BRÈVE et VALEUR DES NOTES.)

RONDE DE TABLE. Sorte de chanson à boire, et pour
l'ordinaire mêlée de galanterie, composée de divers
couplets qu'on chante à table chacun à son tour, et sur
lesquels tous les convives font chorus en reprenant le
refrain.

RONDEAU, s. m. Sorte d'air à deux ou plusieurs re-
prises, et dont la forme est telle qu'après avoir fini la
seconde reprise on reprend la première; et ainsi de
suite, revenant toujours et finissant par cette même
première reprise par laquelle on a commencé. Pour
cela on doit tellement conduire la modulation, que la
fin de la première reprise convienne au commence-
ment de toutes les autres, et que la fin de toutes les
autres convienne au commencement de la première.

Les grands airs italiens et toutes nos ariettes sont
en rondeau, de même que la plus grande partie des
pièces de clavecin françoises.

Les routines sont des magasins de contre-sens pour
ceux qui les suivent sans réflexion : telle est
pour les
musiciens celle des rondeaux. Il faut bien du discer-
nement pour faire un choix de paroles qui leur soient
propres. Il est ridicule de mettre en rondeau une
pensée complète, divisée en deux membres, en repre-
nant la première incise et finissant par là. Il est ridi-
cule de mettre en rondeau une comparaison dont l'ap-
plication ne se fait que dans le second membre, en
reprenant le premier et finissant par là. Enfin il est

ridicule de mettre en rondeau une pensée générale limitée par une exception relative à l'état de celui qui parle, en sorte qu'oubliant derechef l'exception qui se rapporte à lui, il finisse en reprenant la pensée générale.

Mais toutes les fois qu'un sentiment exprimé dans le premier membre amène une réflexion qui le renforce et l'appuie dans le second; toutes les fois qu'une description de l'état de celui qui parle, emplissant le premier membre, éclaircit une comparaison dans le second; toutes les fois qu'une affirmation dans le premier membre contient sa preuve et sa confirmation dans le second; toutes les fois enfin que le premier membre contient la proposition de faire une chose, et le second la raison de la proposition, dans ces divers cas et dans les semblables le rondeau est toujours bien placé.

ROULADE, s. f. Passage dans le chant de plusieurs notes sur une même syllabe.

La roulade n'est qu'une imitation de la mélodie instrumentale dans les occasions où, soit pour les graces du chant, soit pour la vérité de l'image, soit pour la force de l'expression, il est à propos de suspendre le discours et de prolonger la mélodie; mais il faut de plus que la syllabe soit longue, que la voix en soit éclatante et propre à laisser au gosier la facilité d'entonner nettement et légèrement les notes de la roulade sans fatiguer l'organe du chanteur, ni par conséquent l'oreille des écoutants.

Les voyelles les plus favorables pour faire sortir la voix sont les a; ensuite les o, les è ouverts: l'i et l'u

sont peu sonores; encore moins les diphthongues. Quant aux voyelles nasales, on n'y doit jamais faire de roulades. La langue italienne, pleine d'o, et d'a, est beaucoup plus propre pour les inflexions de voix què n'est la françoise; aussi les musiciens italiens ne les épargnent-ils pas: au contraire, les François, obligés de composer presque toute leur musique syllabique, à cause des voyelles peu favorables, sont contraints de donner aux notes une marche lente et posée, ou de faire beurter les consonnes en faisant courir les syllabes ; ce qui rend nécessairement le chant languissant ou dur. Je ne vois pas comment la musique françoise pourroit jamais surmonter cet inconvénient.

C'est un préjugé populaire de penser qu'une roulade soit toujours hors de place dans un chant triste et pathétique; au contraire, quand le cœur est le plus vivement ému, la voix trouve plus aisément des accents que l'esprit ne peut trouver des paroles, et de là vient l'usage des interjections dans toutes les langues. (Voyez NEUME.) Ce n'est pas une moindre erreur de croire qu'une roulade est toujours bien placée sur une syllabe ou dans un mot qui la comporte, sans considérer si la situation du chanteur, si le sentiment qu'il doit éprouver la comporte aussi.

La roulade est une invention de la musique moderne. Il ne paroît pas que les anciens en aient fait aucun usage, ni jamais battu plus de deux notes sur la même syllabe. Cette différence est un effet de celle des deux musiques, dont l'une étoit asservie à la langue, et dont l'autre lui donne la loi.

ROULEMENT, s. m. (Voyez ROULADE. )

S.

S. Cette lettre écrite seule dans la partie récitante d'un concerto signifie solo, et alors elle est alternative avec le T', qui signifie tutti.

SARABANDE, s. f. Air d'une danse grave, portant le même nom, laquelle paroît nous être venue d'Espagne, et se dansoit autrefois avec des castagnettes. Cette danse n'est plus en usage, si ce n'est dans quelques vieux opéra françois. L'air de la sarabande est à trois temps lents.

SAUT, s. m. Tout passage d'un son à un autre par degrés disjoints est un saut. Il y a saut régulier qui se fait toujours sur un intervalle consonnant, et saut irrégulier, qui se fait sur un intervalle dissonant. Cette distinction vient de ce que toutes les dissonances, excepté la seconde, qui n'est pas un saut, sont plus difficiles à entonner que les consonnances; observation nécessaire dans la mélodie pour composer des chants faciles et agréables.

SAUTER, v. n. On fait sauter le ton, lorsque, donnant trop de vent dans une flûte, ou dans un tuyau d'un instrument à vent, on force l'air à se diviser et à faire résonner, au lieu du ton plein de la flûte ou du tuyau, quelqu'un seulement de ses harmoniques. Quand le saut est d'une octave entière, cela s'appelle octavier. (Voyez OCTAVIER.) Il est clair que, pour varier les sons de la trompette et du cor de chasse, il faut nécessairement sauter, et ce n'est encore qu'en sautant qu'on fait des octaves sur la flûte.

SAUVER, v. a. Sauver une dissonance, c'est la résoudre, selon les règles, sur une consonnance de l'accord suivant. Il y a sur cela une marche prescrite et à la basse-fondamentale de l'accord dissonant et à la. partie qui forme la dissonance.

Il n'y a aucune manière de sauver qui ne dérive d'un acte de cadence; c'est donc par l'espèce de la. cadence qu'on veut faire qu'est déterminé le mouvement de la basse-fondamentale. (Voyez CADENCE.) A l'égard de la partie qui forme la dissonance, elle ne doit ni rester en place, ni marcher par degrés disjoints,. mais elle doit monter ou descendre diatoniquement> selon la nature de la dissonance. Les maîtres disent que les dissonances majeures doivent monter, et les mineures descendre; ce qui n'est pas sans exception, puisque, dans certaines cordes d'harmonie, une septième, bien que majeure, ne doit pas monter, mais, descendre; si ce n'est dans l'accord appelé fort incorrectement accord de septième superflue. Il vaut donc mieux dire que la septième, et toute dissonance qui en dérive, doit descendre; et que la sixte ajoutée, et toute dissonance qui en dérive, doit monter : c'est là une régle vraiment générale et sans aucune exception; il en est de même de la loi de sauver la dissonance. Il y a des dissonances qu'on ne peut préparer; mais il n'y en a aucune qu'on ne doive sauver.

A l'égard de la note sensible appelée improprement dissonance majeure, si elle doit monter, c'est moins par la règle de sauver la dissonance que par celle de la marche diatonique, et de préférer le plus court chemin; et en effet il У a des cas, comme celui

« AnteriorContinuar »