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ceffer de fe voir: il voit la vanité des jugemens des hommes, aufquels il a voulu plaire dans toutes fes actions. Il fe fait une révolution universelle de tout ce qui est audedans de lui, comme fi on bouleverfoit toutes fes entrailles ; il ne fe trouve plus le même; tout appui lui manque dans fon cœur. Sa confcience,dont le témoignage lui avoit été fi doux, s'éleve contre lui, & lui reproche amerement l'égarement & l'illufion de toutes les vertus qui n'ont point eu le culte de la Divinité pour principe & pour fin,il eft troublé, consterné,plein de honte, de remords, & de defespoir. Les furies ne le tourmentent point, parce qu'il leur fuffit de l'avoir livré à lui-même,& que fon propre cœur venge affez les Dieux méprifez: il cherche les lieux les plus fombres pour se cacher aux autres morts ne pouvant fe cacher à lui-même

-même

ton idole; apprens qu'il n'y a point de veritable vertu, fans le refpect & l'amour des Dieux à qui tout eft dû. Ta fausse vertu qui a longtems ébloui les hommes faciles à tromper, va être confondue : les hommes ne jugeant des vices & des vertus que par ce qui les choque ou les accomode,font aveugles & fur le bien & fur le mal. Ici une lumiere divine renverse tous leurs jugemens fuperficiels; elle condamne fouvent ce qu'ils admirent, & juftifie ce qu'ils condamnent.

A ces mots,ce Philofophe comme frappé d'un coup de foudre, ne pouvoit fe fupporter foi-même. La complaifance qu'il avoit eue autrefois à contempler fa modération, fon courage & fes inclinations genereufes,fe changent en defefpoir. La vûe de fon propre cœur ennemi des Dieux devient fon fupplice. Il se voit & ne peut

ceffer

ceffer de fe voir: il voit la vanité des jugemens des hommes, aufquels il a voulu plaire dans toutes fes actions. Il fe fait une révolu tion universelle de tout ce qui eft audedans de lui, comme fi on bouleverfoit toutes fes entrailles ; il ne fe trouve plus le même; tout appui lui manque dans fon cœur. Sa confcience,dont le témoigna ge lui avoit été fi doux, s'éleve contre lui, & lui reproche amerement l'égarement & l'illusion de toutes les vertus qui n'ont point, eu le culte de la Divinité pour principe & pour fin,il eft troublé, confterné,plein de honte, de remords, & de defespoir. Les furies ne le tourmentent point, parce qu'il leur fuffit de l'avoir livré à lui-même,& que fon

propre cœur venge affez les Dieux méprisez: il cherche les lieux les plus fombres pour se cacher aux autres morts ne pouvant fe cacher à lui-même

il cherche les ténebres, & ne peut les trouver : une lumiere importune le fuit par tout; par tout les rayons perçans de la verité vont venger la verité qu'il a négligé de fuivre. Tout ce qu'il a aimé lui devient odieux, comme étant la fource de fes maux qui ne peuvent jamais finir.Il dit en lui-même: O infenfé je n'ai donc connu ni les Dieux,ni les hommes,ni moi-même. Non,je n'ai rien connu,puifque je n'ai jamais aimé l'unique & veritable bien; tous mes pas ont été des égaremens; ma fageffe n'étoit que folie; ma vertu n'étoit qu'un orgueil impie & aveugle, j'étois moi-même mon idole.

Enfin Telemaque apperçut les Rois qui étoient condamnez pour avoir abufé de leur puiffance: d'un côté une furie vengereffe leur presentoit un miroir qui leur montroit toute la difformité de leurs

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