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par écrit de tuer Philocles ; & comme lestraîtres font toujours lâches,il fongea à fauver fa vie en découvrant à Philocles toute la trahifon de Protefilas.

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Philocles effrayé de voir tant de malice dans les hommes, prit un parti plein de moderation : il déclara à toute l'armée que Timocrate étoit innocent, il le mit en fûreté,& le renvoya en Créte il ceda le commandement de l'armée à Polimene,que j'avois nom. mé dans mon ordre écrit de ma main,pour commander quand on auroit tué Philocles. Enfin il ex horta les Troupes à la fidelité qu'ils me devoient, & paffa pendant la nuit dans une legere barque,qui le conduifit dans l'ifle de Samos, où il vit tranquilement dans la pauvreté & dans la folitu de, travaillant à faire des ftatues pour gagner fa vie,ne voulant plus entendre parler des hommes

trom

trompeurs & injuftes, mais fur tout des Rois, qu'il croit les plus malheureux & les plus aveugles de tous les hommes.

En cet endroit Mentor arrêta. Idomenée : Hé bien,dit-il, fûtesvous longtems à découvrir la verité Non, répondit Idomenée ; je compris peu à peu les artifices de Protefilas & de Timocrate ; ils fe brouillérent même,car les mé chans ont bien de la peine à demeurer unis,Leur divifion acheva de me montrer le fond de l'abîme où ils m'avoient jetté. Hé bien, reprit Mentor, ne prîtes-vous point le parti de vous défaire de l'un & de l'autre ? Helas : répon dit Idomenée, eft-ce que vous ignorez la foibleffe & l'embaras des Princes? Quand ils font une fois livrez à des hommes qui ont l'art de fe rendre neceffaires, ils ne peuvent plus efperer aucune liberté. Ceux qu'ils méprifent le

plus,

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kesel actori e. Emange sumon je me MFILCctarake n'avas pas a force de reprendre Marie ore in aros abandonnee Dalers je le trouvois commode, complaint, induf triesx pour dater mes pattions, ardest pour més interès. Enin j'aross the ration pour m'excuser en motmème de ma forclele, c'est que je ne connoiois pas de veritable vertu, faute d'avoir fu choifir des gens de bien qui conduififfent mès affaires je croiois qu'il n'y en avoit pas fur la terre, & que là probite étoit un beau fantome. Qu'importe,difois-je, de faire un grand éclat, pour fortir des mains d'un homme corrompu, & pour tomber dans celles de quelqu'autre qui ne fera ni plus defintereffé,

ni plus fincere que lui. Cependant l'armée Navale commandée par Polimene revint. Je ne fongeai plus à la conquête de l'isle de Carpathie, & Protefilas ne put diffimuler fi profondément que je ne découvriffe combien il étoit affligé de favoir que Philocles étoit en fûreté dans Samos.

Mentor-interrompit encore Idomenée pour lui demander s'il avoit continué,après une fi noire trahifon,à confier toutes fes affaires à Protefilas. J'étois,lui répondit Idomenée, trop ennemi des affaires & trop inappliqué pour pouvoir me tirer de fes mains; il auroit falu renverser l'ordre que j'avois établi pour ma commodité,& inftruire un nouvel homme: c'est ce que je n'eus jamais la force d'entreprendre. J'aimai mieux fermer les yeux pour ne pas voir les artifices de Protefilas. Je me Tome II.

B

con

plus, font ceux qu'ils traitent le mieux,& qu'ils comblent de bien. faits : j'avois horreur de Protefilas,& je lui laiffois toute l'autorité. Etrange illufion! Je me favois bon gré de le connoître, & je n'avois pas la force de reprendre l'autorité que je lui avois abandonnée. D'ailleurs je le trouvois commode, complaifant, induf trieux pour flater mes paffions, ar dent pour mes interêts. Enfin j'avois une raifon pour m'excufer en moi-même de ma foibleffe, c'est que je ne connoiffois pas de veritable vertu,faute d'avoir fçu choifir des gens de bien qui conduififfent mes affaires:je croiois qu'il n'y en avoit pas fur la terre, & que la probité étoit un beau fantôme. Qu'importe,difois-je, de faire un grand éclat, pour fortir des mains d'un homme corrompu, & pour tomber dans celles de quelqu'autre qui ne fera ni plus defintereffé,

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