remedier. Il comprend que tou tes les troupes vont périr dans cet incendie, fi on ne fe hâte d'abandonner le camp:mais il comprend auffi combien le defordre de cette retraite eft à craindre devant un ennemi victorieux; il commence à faire fortir fa jeuneffe Lacedemonienne encore à demi defarmée : mais Adrafte ne les laiffe point refpirer. D'un côté une troupe d'Archers adroits perce de flêches inombrables les foldats de Phalante; de l'autre des Frondeurs jettent une grêle de groffes pierres. Adrafte lui-même l'épée à la main marchant à la tête d'une troupe choifie des plus intrépides Dauniens,poursuit à la lueur du feu les troupes qui s'enfuyent. Il moiffonne par le fer tranchant tout ce qui a échapé au feu, il nage dans le fang; il ne peut s'affouvir de carnage : les lions & les tygres n'égalent point fa furie quand ils égorgent les Bergers avec leurs troupeaux. Les troupes de Phalante fuccombent, & le courage les abandonne. La pâle mort conduite par une furie infernale, dont la tête eft heriffée de ferpens,glace le fang de leurs veines, leurs membres engourdis fe roidiffent, & leurs genoux chancelans leur ôtent même l'efperance de la fuite. Phalante à qui la honte & le defefpoir donne encore un refte de force & de vigueur, éleve les mains & les yeux vers le Ciel ; il voit tomber à fes pieds fon frere Hippias fous les coups de la main foudroyante d'Adrafte. Hippias étendu par terre fe roule dans la pouffiere, un fang noir & bouilTonnant fort comme un ruiffeau de la profonde bleffure qui lui traverfe le côté, fes yeux fe ferment à la lumiere; fon ame furieufe s'enfuit avec tout fon fang. Phalante lui-même tout couvert du " 1 fang de fon frere,& ne pouvant le fecourir, fe voit envelopé par une foule d'ennemis qui s'efforcent de le renverfer; fon bouclier eft percé de mille traits. Il eft bleffé en plufieurs endroits de fon corps; il ne peut plus rallier les troupes. fugitives. Les Dieux le voyent,& ils n'en ont aucune pitié. Fin du feizième Livre. LES |