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En attendant le recueil complet de ses Sonnets, que M. F. Fertiault est en train de préparer, l'auteur veut bien nous en communiquer une des catégories, dont le titre seul dit parfaitement le lien qui la rattache à notre publication.

Les Sonnets d'un Bibliophile, tel est ce titre piquant et qui promet beaucoup.

Pour prouver à quel point l'œuvre du poëte tient cette promesse, nous choisissons un certain nombre de pièces du groupe en question. Tout y est fin et profondément observé, et nous connaissons peu d'études traitées avec plus d'allure et d'humour.

Quoique les sujets convergent tous, bien entendu, vers l'idée du livre, ils ont pourtant dans leur ensemble une étonnante variété. M. Fertiault, qui s'entend au pittoresque, a reproduit là les travers, les manies, les passions du bibliophile sous les points de vue les plus originaux, et tel de ses Sonnets, aussi curieux que sincère, montre de l'amateur un côté tout à fait inattendu.

Dès aujourd'hui nous commençons l'indiscrétion... dans la mesure permise.

Voici les premiers venus de ces Sonnets, dont nous donnerons de temps en temps quelques échantillons:

MAL COUPES

Certe ! il n'est pas bibliophile,
L'hôte si choyé du château!
Au lieu de prendre le couteau
Et de les bien fendre à la file,

A. AUBRY.

Il raidit son doigt, le faufile
Sous les feuillets faisant, manteau,
Force, et, comme avec un râteau,
Les déchiquette et les effile.

Qu'un ignare laboure ainsi
Ses livres, je n'en ai souci;
Mais qu'un poëte ait ce désordre!...

Je m'alarme à tels accidents.

· O beau vélin, tu devrais mordre Tous les doigts qui te font des dents!

Juin 1872.

COUP DE VENT.

Dans la demeure savante
En avait-on entassé !

Mais, las! naïf qui se vante
D'un grand trésor amassé...

Les bourrasques de la vente
Par les rayons ont passé,
Et j'ai vu, plein d'épouvante,
Le cher « trésor » dispersé.

Malheur! ce destin me navre :
Il semble voir un cadavre
Aux membres éparpillés.

Comme épaves sur les plages,
Vont flotter aux étalages
Cent tomes dépareillés !...
Novembre 1872.

L'OPINION DU PÈRE JEAN

Des livres ?... Oui, ma foi! j'en fais cas tout de même. Ça sert. J'en ai trouvé, l'an dernier, dans un coin Deux ou trois, bien fournis, qui nous viennent de loin, Et dont les feuilles sont d'un papier fort, que j'aime.

L'autre jour, pour poser un fromage à la crème,
D'un solide support la bourgeoise eut besoin.

Vite aux vieux imprimés !... Ah! j'en aurai grand soin;
Ils sont, en mille cas, d'une ressource extrême :

Le matin, si, pressé, je veux avoir du feu,

Je cours à mon bouquin... crac, j'en déchire un peu;
L'allumette dessous... voilà le bois qui flambe!

Oh! moi, je comprends ça. Les livres ont du bon;
On y taille une vitre, on y met du jambon...
Mais les lire?... Nenni; ça vous fait belle jambe!
Décembre 1872.

SON EUREKA!,

Il jubile :... -Joie ineffable!
Je te tiens, bijou tant rêvé,
O cher petit livre introuvable,
Que par miracle j'ai trouvé!

« Es-tu vraiment là sur ma table?...
J'ai peur de t'en voir enlevé.

Sous ta poussière vénérable

Comme te voilà conservé!

« Quels parfums ont tes feuilles larges!
Laisse-moi contempler tes marges,
Du doigt caresser ton vélin.

« Pour mes yeux c'est une ambroisie... >>
Et le dénicheur s'extasie

Devant son tome... assez vilain.

Août 1872.

F. FERTIAULT.

DEUX DOCUMENTS INÉDITS

POUR SERVIR A L'HISTOIRE DU GALLIA CHRISTIANA

Dans les diverses notices consacrées à MM. de Sainte-Marthe, comme dans les pièces mises en tête du premier volume de l'avant

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dernière et de la dernière (1) édition du Gallia Christiana, on trouve les principaux éléments de l'histoire de ce précieux recueil. Mais combien de matériaux aurait encore à réunir celui qui voudrait retracer l'histoire complète, détaillée d'un des plus beaux monuments de l'érudition française! Voici deux petits documents qui pourraient, ce me semble, être utilisés en cette occasion.

PH. TAMIZEY DE LARROQUE.

I

Mémoire du P. Lacarry (2) pour Monsieur l'advocat Cazeneufve, quand il sera à Paris.

Voir Monsieur Du Chêne; historiographe du Roy (3), et sçavoir de luy (qu'on assure travailler les evesques et eveschés de France) s'il a des mémoires des evesques de la Gascogne plus amples que · celles (sic) qui sont dans Robert (4) et Oihenart (5). J'en ai un ramas plus ample que les leurs. Sçavoir de luy quand il espere de donner au jour cest ouvrage très-digne de son érudition. Il y a dans Robert grand nombre de contradictions touchant les années esquelles il marque les evesques avoir vescu et en marque des contemporains en des endroits qu'en d'autres endroits il marque bien esloignés.

Voir la vesve de Camuzat (6) dans sa boutique et sçavoir d'elle si elle a encore des exemplaires des Nottes sur Velleius qu'elle m'a

(1) Editio altera, labore et curis domni Pauli Piolin recensita et aucta. Tomus prinus, Parisiis, apud Victorem Palme, 1870, in fol. Il y a là les épîtres dédicatoires au régent Philippe d'Orléans et au clergé de France, les diverses préfaces de l'édition précédente, la préface de Dom Piolin, lequel, par l'ardeur de son zèle et par l'étendue de son érudition, méritait si bien d'être coisi pour continuer et pour améliorer la grande œuvre bénédictine.

(2) Gilles Lacarry, né dans le diocèse de Castres, en 1603, mort à Clermont le 25 juillet 1684. Le Moréri, de 1759, l'appelle « savant jésuite, et surtout très-habile dans la connoissance de l'histoire de France ». L'article est du P. Oudin, c'est-à-dire d'un excellent juge.

(3) François Du Chesne, fils d'André Du Chesne, qui était mort le 30 mai 1640. L'abbé Claude Robert, mort le 16 mai 1637, avait publié le premier Gallia Christiana en 1626, 1 vol. in-fol. Voir sur lui: Du Gallia Christiana et de ses auteurs, étude bibliographique, par VICTOR FOUQUE (Paris, 1857, in-8). - Claude Robert, premier auteur de la Gallia Christiana. Jugement en dernier ressort contre M. Victor Fouque, par J.-P. AREL JEANDET (Troyes, 1857, in48).

(5) Arnauld Oihenart, dont la Notitia utriusque Vasconiae avait paru en 1637 (in-4).

(6) Jean Camusat était mort en 1639. Sa veuve s'appelait Denyse de Courbe. Voir sur elle l'Histoire de l'Académie française, édition de M. Livet, t. 1, p. 128, 380.

faict la faveur autrefois de faire imprimer (1). Combien me cousteroit la pièce, reliés en parchemin?

Me donner, s'il luy plaict, au plustót response de cella et emporter dans son bourcet ce memoire (2).

II

Lettre d'Abel-Louis de Sainte-Marthe à Monsieur Monsieur Baluze, ȧ Tulle.

Monsieur, "aussytost que j'eus receu avec les memoires de Tulle, la lettre que vous me fistes l'honneur de m'escrire par Monsieur Girard, chanoine de Sarlat, je ne manquai pas de vous rendre mes remercimens par écrit, comme je feis de bouche pour lors audict sieur, mais comme ceste lettre pourroit ne vous avoir pas esté rendue par l'ordinaire, je vous prie d'agreer encore la volonté que j'eus pour ceste fois de vous en remercier.

Depuis j'ay receu encore une des vostres, du 28 du passé, par Monsieur vostre frère, et agrée singulièrement l'avis que me donnez du Catalogue des doyens et prevosts de l'église de Tulle, que je n'ai point receu dudit sieur Girard, avant son partement de Paris. Ce ne peut estrequ'une pièce exacte et curieuse venant de vostre part, pour les cognoissances particulières que vous avez de l'histoire ecclésiastique et autres sciences.

L'ouvrage de la Gaule chrestienne est tantost achevé : des trois tomes reste la moitié du dernier traitant des evesques à imprimer, et j'espère, Dieu aidant, qu'elle pourra estre publiée à la fin de ceste année. S'il y a quelque correction sur le livret des evesques de Tulle par Bertrand de La Tour, l'an 1636, vous m'obligerez bien de m'en donner avis et de croire que je suis autant qu'il se peut, Monsieur, vostre très humble et très obéissant serviteur. DE SAINTE-MARTHE.

A Paris, ce XV juillet 1653 (3).

(1). L'édition de l'Histoire romaine de Velleius Paterculus, donnée avec des notes par le P. Lacarry, avait paru à Paris, chez Jean Camusat et Pierre Petit, en 1644, in-12. Selon l'article déjà cité du Moréri, «on estime les notes de cette rédition. »

(2) Bibliothèque nationale, collection Du Chesne, t. XXX, p. 190. Le Mémoire n'est pas signé, mais le nom du P. Lacarry est écrit au verso de la main de Du Chesne. Quant à la date, elle est postérieure de plusieurs années à 1614 et doit se rapprocher du milieu du XVIIe siècle.

(3) Bibliothèque nationale, collection dite Armoires de Baluzę, t. CCCLXI, p.11,

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