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avouer qu'on luy donneroit un pareil employ. S'il luy plaist de vous dire par quelle voye je luy pourray envoyer il me fera beaucoup d'honneur, et vous si vous me faites celuy de me croire toute ma vye,

Monsieur, votre très-humble, très-obeyssant et plus

que très-obligé serviteur,
ANTOINE VITRÉ.

A Monsieur, Monsieur Godefroy, directeur de la chambre des comptes de L'Isle en Flandre à L'Isle.

DE L'ORIGINE DE DEUX CHANSONS POPULAIRES Les amateurs de poésies populaires s'intéressent assez aux rapprochements dont elles offrent si souvent le sujet pour que je ne craigne pas de leur signaler l'origine possible de deux chansons publiées dans les Chants du Pays Messin, l'une sous le titre de la Bergère rusée, page 119, l'autre sous celui de la Bergère et le Loup, page 139-141. La première de ces chansons, dont on retrouve la donnée dans une sorte de petit fabliau que Favart a placé dans son opéra d'Annette et Lubin, nous montre une jeune fille qui, accostée par un trop galant cavalier, s'élance sur le cheval dont celui-ci vient de descendre et disparaît au galop. Une chanson du xv° siècle, publiée par Le Roux de Lincy (Chants historiques et populaires du temps de Charles VII, p. 34), raconte l'aventure d'un soudard qui rencontre un pauvre diable dont les chausses lui font envie. Il exige qu'on les lui donne, et tandis qu'il les passe dans ses jambes, le volé saute sur le cheval du voleur et s'enfuit comme la pastourelle de notre chanson:

Les cauches dont j'ai parlé
Commencha à recauchier.
Quand l'autre lui vit muchier
L'autre jembe, il s'avisa
Qu'il faisoit bon chevauchier;
Lors sur le cheval monta,
Le compagnon s'en alla

Sur le cheval bien montés.
L'autre crie: Hola! hola!
Tenez vos cauches, tenez.
Certes, vous vous abusés,
Mes cauches vous duisent bien,
Vous en etes bien paré,
Mais ce cheval sera mien.

L'autre chanson, la Bergère et le Loup, est extrêmement répandue. On la retrouve dans les Canti popolari inediti de Marcoaldi,

page 193; les Canti Monferrini, page 91; les Volkslieder aus. Venetien, no 77; les Chants populaires des provinces de l'Ouest, t. II, 307. J'en ai donné deux variantes, et je demanderai la permission d'en citer une :

« Là-haut, là-bas, dans ces vallons, il y a t'une bergère prend bien garde à ses moutons - sur l'herbe de fougère.

-

« Là-bas, il y passe un gros loup, tenant la gueule ouverte; il lui prend un de ses moutons, il le prend et l'emporte. « La belle se mit à crier : rapportera mon mouton

qui

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Douce Vierge Marie! Celui qui

sera mon bon ami.

-

<< Là-bas, il y passe un cavalier; - tirant son épée claire, il fit trois tours autour du bois et le mouton ramène.

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Monsieur, c'est en vous remerciant,—de vous et de vos peines;- quand nous tondrons nos moutons-vous en aurez la laine. «Je ne suis pas marchand drapier-ni trafiquant en laine, La belle, donnez-moi z'un baiser pour consoler mes peines. D. On sera, sans doute, frappé de la ressemblance de cette chanson et d'un chant tiré du livre: Carmina burana, lateinische und deutsche Lieder und Gedichte einer handschrift des XIII Jahrhunders, aus Benedictbeuern, auf der Kanigl. Bibliothek zu München (1). Voici ces couplets latins qui remontent au moins au x siècle.

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(1) Poésies de Beuern, chansons et poemes latins et allemands d'un manuscrit du xe siècle, de l'abbaye de Benectbeuern, à la bibliothèque royale de Mu

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La chanson finit là; mais il est probable, que la bergère se moquait du galant, ainsi que dans la chanson française et les canzoni itataliennes. Au reste, même sans cette ressemblance finale, il y a d'incontestables analogies entre la version latine et ce que nous regar dons comme ses imitations.

TH. DE P.

DU PRINCIPE ESSENTIEL DE L'HARMONIE.!
PAR ALEXANDRE MARCHAND

Un volume in-4. Paris, Imprimerie Nationale, 1872. Prix : 10 fr.
Chez Garnier frères et Aug. Aubry, 18, rue Séguier.

Voici un beau livre, qui est en même temps un livre substantiel et un livre original. Par le fond, il s'impose à tous ceux que l'art musical intéresse; par la forme, il devient une aubaine pour tout bibliophile.

L'auteur, ancien Lauréat de l'Ecole des Beaux-Arts, y traite en artiste et en professeur une question qui ne peut laisser indifférents compositeurs et auteurs, et, fort du résultat de ses laborieuses recherches, il arrive à la solution hardie du problème.

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Ceux qui l'auront suivi dans ses délicates démonstrations seront, de force, gagnés à sa cause, mais non sans s'étonner qu'une révolu tion - c'en est une ait pris pour complice un aussi joli véhicule; car on se mire dans ces pages splendides où papier, caractères, musique, tirage luttent de pureté, et dont la beauté ne saurait être dépassée.

Et, maintenant, que vient nous dire ce révolutionnaire?

Il vient dire aux maîtres :

- Dans vos œuvres on trouve des passages délicieux ou superbes, des traits de génie, qui, par leur élévation, leur souplesse, leur agilité même, semblent échapper aux règles de la grammaire musicale. C'est au-dessus, mais c'est en dehors. Et vous n'avez, pour les justifier, gammes, accords, appoggiatures, qu'une ressource; vous leur donnez les noms de fantaisies heureuses, d'inspirations, d'exceptions. D'où, pour l'élève, exclusion, sevrage de ces belles choses, un peu

affranchies du convenu et, pensez-vous, ne se prêtant pas facilement aux dissertations professorales. Eh bien! vous vous trompez. Là où vous croyez avoir fait un bond par-dessus les préceptes de votre art, vous n'avez fait qu'une ellipse, dont je vous révèle les sous-entendus, une condensation, dont je vous divulgue les ressorts. Par ce moyen l'exception n'est plus l'exception; elle rentre sous la loi, et ces passages, inexpliqués, c'est vrai, mais à tort taxés de vagabonds ou d'indépendants, je vous les codifie, je vous les grammatise. Dans un art, rien ne doit, rien ne peut se produire irrégulièrement. Les règles sont plus ou moins apparentes. Celles-là ne se voyaient pas; je les ai rendues perceptibles...

L'auteur, dont je résume l'esprit sans emprunter le texte, leur en dit bien d'autres ; mais il faudrait aller au fond de son œuvre, et je ne vous signale ici qu'un des points de sa doctrine.

En écrivain convaincu, il ne se contente pas d'émettre son opinion; il la prouve, Des maitres auxquels il s'adresse, notre analyste prend les partitions et en choisit des accords remarquables. Auber, Félicien David, Gounod, Hérold, Mendelssohn, Meyerbeer, Mozart, Reber, Rossini, Ambroise Thomas, Verdi, Wagner, Weber sont par lui mis à contribution, et chez tous, à l'aide de dessins musicaux des plus ingénieux, il montre le parce que de ces effets inattendus, il reconstruit la charpente légale de ces « fantaisies heureuses » que l'on n'avait jamais cherché à justifier...

En un mot, M. Marchand nous apprend que la loi de l'harmonie est une; qu'en fait de composition, tout est soumis à cette loi, et que cette loi, il l'a trouvée.

C'est simple, et nous croyons que c'est suffisamment curieux pour que l'on recherche ce livre, si magnifiquement édité, et dont l'Imprimerie Nationale a fait dessiner, graver sur bois et clicher les nombreuses citations musicales.

Nous aurions voulu étudier plus longuement ce remarquable travail; mais il appelle les articles des spécialistes et demande à être traité ex professo... ce qui dépasse nos aptitudes. C'est pourquoi nous n'apparaissons ici que comme amateur et bibliophile.

F. FERTIAULT.

LA SAINTE ET NOBLE FAMILLE DE LILLE

(1686-1793)

PAR LE COMTE DE FONTAINE DE RESBECQ

1 vol. gr. in-8. Lille et Paris, Aubry, 1873. — Prix : 5 fr.

En 1684, madame de Sepmeries, veuve de M. de Bacquehem, proposa, sous ce nom, la fondation à Lille d'une maison destinée à l'éducation des jeunes filles nobles et pauvres des provinces d'Artois, de Flandre et du Hainaut français. Des lettres royales du mois de mai 1686 approuvèrent cet établissement, qui fut pour le nord de la France un véritable Saint-Cyr. « Y seront receues, porte ce docu«ment, les filles des pauvres gentilshommes, nos sujets de la pro« vince de Flandres, de l'âge de sept ans jusques à celui nécessaire « pour se choisir un état, soit de mariage ou de profession reli«gieuse. » La fondatrice choisit pour première directrice mademoiselle de Noyelles, laquelle rédigea un règlement exigeant que les père et mère de la jeune fille présentée fussent nés nobles. Cet utile établissement se perpétua avec une constante faveur, et son évacuation n'eut lieu que le 16 septembre 1793. Les représentants du peuple qui prirent cette belle décision la motivèrent sur ce que sa conservation ne pouvait être « considérée que comme un abus et a une injure aux lois constitutionnelles de la république française ».

M. le comte de Fontaine de Resbecq a eu l'excellente pensée de faire connaitre la Noble famille de Lille en publiant toutes les pièces concernant sa fondation et la liste des 235 jeunes filles qui y furent admises. Il a ajouté des notes précises sur la famille de chacune d'elles en continuant leurs généalogies jusqu'à nos jours. Ce livre est donc en réalité un excellent armorial des provinces du Nord, composé avec un soin sérieux et une conscience parfaite.

E. DE BARTHÉLEMY.

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