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générale du pays, que ce bureau d'administration voulut favoriser l'étude de la géographie locale en achetant, outre les cartes ordinaires, des cartes du Bourbonnais et des environs de Moulins. En 1765, M. de Fleselles, intendant de la généralité, tout en construisant une entrée monumentale pour le college, sur la rue de Paris, mit le comble à ses libéralités par l'institution de croix à distribuer aux élèves méritants. Les principalats de MM. Vincent et Guillaume Baduel terminent cette période. Le premier d'entre eux, outre des thèses de philosophie, fit soutenir des thèses de mathématiques, dont le succès amena a création d'un cours annuel sur la même matière. Le 2 septembre 1780, Louis XVI mettait, par lettres patentes, les Doctrinaires à la tête de notre collége. Ils en prirent possession un mois après. Cette congrégation posséda la direction des études et du temporel jusqu'en 1793. A la distribution des prix de 1792, le conseil de district regretta hautement que les ressources ne permissent pas de songer à l'éducation des filles. Lors de la distribution des prix de 1793, sur une pétition des professeurs, le directoire du district décida que les livres et les dépenses de cette cérémonie seraient, à l'avenir, payés par la nation. La situation matérielle n'avait fait qu'empirer. Nous remarquerons parmi les derniers professeurs de cette époque, MM. Canard, Lakanal et Desrennes. Le premier, né à Moulins, fut un mathématicien distingué, et enseigna plus tard encore à l'école centrale, puis au lycée. Lakanal, dont le nom va être donné à une des rues de la capitale, est une personnalité trop connue et trop éminente pour que nous insistions sur lui. Disons seulement que l'ancien professeur de philosophie au collége de Moulins, après avoir réorganisé le Muséum de Paris, contribué à fonder les écoles centrales et l'Institut, se réfugia en Amérique. Président élu de l'Université de la Louisiane, il fut ensuite planteur, et revint mourir en France, doyen des membres de l'Institut. M. Desrennes, doctrinaire, dont la famille existe dans notre Bourbonnais, quitta l'enseignement pour marcher sous les drapeaux et défendre son pays.

Vers la fin de mars 1794, on instituait un Muséum français au Couvent de la Visitation-de-Sainte-Marie. Mentionnons parmi ses professeurs MM. Dufour et Bâtissier. Ce Muséum semble s'être maintenu peu de temps.

En 1795, on utilisa les bâtiments du collège pour l'école centrale de Moulins. M. Bouchard a reproduit la curieuse cérémonie de la fête de la Jeunesse (30 mars 1797), et nous a conservé les noms des lauréats de l'école centrale, qui vinrent chercher leurs prix sur l'estrade dressée devant la maison commune. Les noms des professeurs sont intéressants pour nous. Nous retrouvons MM. Canard, Dufour et Bâtissier. Viennent ensuite MM. Vidalin, Tallard, etc. Mais il est singulier de voir figurer parmi eux Rétif de la Bretonne. Ce fait n'est consigné ni dans les biographies, ni dans les articles de Gérard de Nerval, ni dans le livre de M. Monselet, J'ai engagé M. Bouchard à éclaircir ce point délicat. Il résulte de ses recherches toutes récentes aux Archives de l'Allier, que Rétif de la Bretonne avait été nommé à la chaire d'histoire, mais n'accepta pas. On trouvera aux pièces justificatives qui accompagnent le volume, le programme tracé par les professeurs. L'étude des sciences y tient une place importante. Un cours entièrement neuf, un cours de bibliographie, en faisait partie. Le 5 mai 1801, M. Vidalin, professeur de physique et de chimie, offrit au préfet de faire gratuitement au public amateur, des séances sur les sciences naturelles. Il était question, à cette époque, de transférer l'école centrale au couvent de la Visitation.

La municipalité décida, le 7 décembre 1801, qu'on solliciterait la fondation d'un lycée, lors du passage du premier consul à Lyon. On devait le placer dans le couvent de la Visitation. Il fut inauguré là le 16 juin 1803. En 1804, le préfet, M. de La Coste, fit élever à ses frais le portique qui sert d'entrée à notre lycée. Un impôt et une souscription avaient aidé aux dépenses d'aménagement. Dès lors, le lycée, sous ce nom ou sous celui de collége, se maintint avec des fortunes diverses. Il rend encore de grands services à notre province. Il a recueilli par dons les collections d'histoire naturelle ou d'objets d'art de MM. Péron (1) et Dufour.

La chapelle du lycée rappelle de grands souvenirs. Madame la duchesse de Montmorency, qui l'avait bâtie, y prit le voile et y fut enterrée, morte supérieure de la Visitation. Là se trouve le magnifique tombeau qu'elle éleva à son mari Henri II de Montmorency, le vaincu de Castelnaudary. Là, la princesse des Ursins reçut les

(1) François Péron, naturaliste français, de Cérilly (Allier), connu par ses voyages aux terres australes.

visites d'Henriette de France et de Christine de Suède, et célébra avec une pompe royale la canonisation de saint François de Sales.

La bienheureuse mère de Chantal fut l'amie de la duchesse et illustra ce sanctuaire et cette maison par sa vertu. Sa petite-fille, Mme de Sévigné, vint plus tard y méditer sur la sainteté de son aleule. Elle qui déclare à Bussy que les Sévigné comptaient des Montmorency dans leurs alliances, n'écrivait donc pas indifféremment, de Moulins : « Je vais diner à Sainte-Marie, avec le tombeau de M. de Montmorency et les petites de Valençay ». Ce tour elliptique cache sans doute de profondes réflexions sur le sort du duc et sur celui d'un autre Montmorency, le comte de Bouteville, aïeul des demoiselles de Valençay; l'un et l'autre compromis par l'amitié de Gaston d'Orléans; l'un et l'autre frappés par Richelieu.

M. Bouchard a décrit avec soin le tombeau. Il a établi, en s'appuyant sur l'ouvrage du père Garreau, que le corps du duc s'y trouvait réellement.

L'ancien collège des Jésuites est devenu le Palais de justice. La grande chapelle, inachevée, fut terminée et devint la salle des Assises. Dans l'aile opposée, la salle du Tribunal civil a pour plafond la peinture de l'Annonciation. C'était la bibliothèque des Pères. Audessous se trouvait leur chapelle. M. Esmonnot, architecte, y a découvert quelques-unes de leurs sépultures, présentant la plus grande analogie avec celles de la maison professe de Paris (1).

Un mot des pièces justificatives. Un certain nombre portent les noms de divers imprimeurs de Moulins: c'est une curiosité à ce point de vue, d'autant plus que certains eurent leur boutique engagée dans les bâtiments du collége. La liste de souscription de 1604 renferme les noms de nombreuses familles du pays et de quelques illustrations. La pièce de vers latins de Claude de Lingendes, écrite avec facilité, nous offre un éloge de Louis XIV au berceau, que l'avenir ne devait pas vérifier. Jean de Lingendes, aussi, emporté par ses souhaits poétiques, égalait aux dieux dans ses Stances pour la naissance du duc de Retelois, le fils de la belle duchesse de Nevers, que la guerre devait ravir à la fleur de l'âge à la tendresse de Philis, sa mère, chantée par le poëte et par Mademoiselle

(1) Voir M. de Ménorval, ouvrage déjà cité.

de Rohan. Tous deux furent trompés dans leurs vœux poétiques. Signalons aussi deux programmes de représentations théâtrales au collége des Jésuites. Le premier concerne un drame intitulė : Amor in Conceptione Dominica, etc. Le second annonce une comédie Aneroclerus seu vir importunus, qui nous rappelle les Fácheux de Molière.

Deux plans aident à la lecture de l'ouvrage.

Nous terminerons par une critique que les lecteurs auront déjà faite. L'histoire du lycée est indiquée, elle n'est pas approfondie. Beaucoup de professeurs, d'administrateurs, d'élèves, ont dû s'illustrer ou se distinguer. S'il est délicat d'apprécier, il n'y a que plus de mérite à le faire. Nous croyons que M. Bouchard voudra compléter son travail à ce point de vue. La partie la plus difficile de sa tâche est accomplie. Les origines du collège de Moulins ont été soigneusement établies. Nous ne pouvons que le féliciter d'avoir ajouté ce livre à ceux qu'il a déjà produits sur notre Bourbonnais. Son travail devra toujours être consulté.

C'est un précieux exemple que de faire revivre le passé de notre province, et l'Histoire du collège de Moulins, de M. Bouchard, comme l'étude sur Antoine de Laval, de M. Faure (1), méritent d'être goûtées du public lettré.

Les Archives de l'Allier ont puissamment aidé notre compatriote. Il est juste de rappeler que M. Clairefond a contribué à organiser ces richesses (2), et que M. Chazaud leur consacre tous ses soins et son savoir.

Nous serions ingrats de ne pas mentionner l'influence que les Congrès scientifiques de l'Institut des provinces, si vaillamment dirigés par M. de Caumont, ont sur les travaux des chercheurs. A notre connaissance, nous leur devons deux des principales études de M. Bouchard: les Guerres de religion et les troubles de la Fronde en Bourbonnais, et l'Histoire du Collège de Moulins.

A. AVISARD.

(1) Antoine de Laval et les écrivains bourbonnais de son temps. H. Faure, Moulins, 1870.

(2) Les archives de Moulins furent pillées en 1576 par les partisans du duc d'Anjou. Les archives de l'Allier sont d'une organisation moderne.

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(Voyez les Bulletins des 15 février, 1er, 15 mars, 1er, 15 avril, 1er et 15 mai.)

5845. ANDELYS. Miracle advenu aux Andelys par l'intercession de sainte Clotilde, réimpression fac-simile d'une relation du xvn siècle, publ. avec notes par Ch. Lormier. Rouen, 1870, pet. in-12, br. Papier vergé.

Tiré à 80 exemplaires.

3 »

5846. BEAUREPAIRE (E. de). Les faïences de Rouen et de Nevers à l'Exposition universelle. Caen, 1867, in-8.

2 »

5847. BONNIN. Documents sur la ville d'Evreux. 4 parties en un vol. in-8, d.-rel. mar. br. du Levant. Figure et plan. (Petit.) 12 » Analectes historiques, recueil de documents inédits sur l'histoire de la ville d'Evreux, 1839. Puy de musique érigé à Evreux en l'honneur de Madame

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sainte Cécile, 1837. - Notes, fragments et documents (1623-1816), 1847. Monstres généralles de la noblesse du bailliage d'Evreux (1469), 1833.

4 »

5848. BORDEAUX DE PRÉTREVILLE. Recherches histor. et critiques sur Jean Le Hennuyer, évêque et comte de Lisieux. Lisieux, Pigeon, 1842, in-8, d.-rel. mar. rou. doré en t., n. rog. (Petit.) 5849. BUSSEROLLE (C. de). Notice sur les fêtes des ânes et des fous qui se célébraient au moyen âge, notamment à Rouen, à Beauvais, etc. Broch, in-8.

2 »

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