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Gothofredus), fils de Léon Godefroy. Il naquit à Paris, le 17 octobre 1549, embrassa la religion protestante, s'établit à Genève, y publia le Corpus juris civilis (1583), alla professer à Heidelberg, à Strasbourg, et mourut dans cette dernière ville, le 7 septembre 1622, laissant, outre les ouvrages de jurisprudence qui l'ont fait appeler par le chancelier Daguesseau « le plus docte et le plus profond entre tous les interprètes des lois civiles, » diverses éditions d'auteurs latins qui lui assignent un rang élevé parmi les critiques de son temps.

Les deux fils donnés à Denys Godefroy par Denyse de Sainct-Yon, Théodore et Jacques, héritèrent de son savoir et de sa vertu. Théodore fut historiographe de France, conseiller d'Etat, chargé d'affaires pour le roi de France à Munster. Ses travaux de tout genre ne sont pas moins nombreux que précieux. Ce qui en a été imprimé, quoique bien considérable, n'est presque rien à côté de ce qui est resté inédit. Moi qui si souvent ai fouillé, à la bibliothèque de l'Institut, les portefeuilles de la collection Godefroy, dont les trois quarts sont remplis de notes et de mémoires de Théodore, moi, qui ai tant profité des trésors amassés par le grand travailleur, je tiens à joindre ici mon reconnaissant hommage au filial hommage que lui rend l'auteur des Mémoires. Jacques fut un humaniste distingué, mais surtout un juriste éminent. Editeur du Code Théodosien (1665, 6 vol. in-fol.), il a été placé par Gravina immédiatement après Cujas, et Gibbon l'a béni comme le plus sûr et le meilleur de tous les guides.

Le fils aîné de Théodore, Denys II, historiographe royal comme son père, fut comme lui un travailleur habile, infatigable. Il compléta quelques-uns des ouvrages paternels, notamment l'édition du Cérémonial françois qui, d'un seul volume in-4 (1619), fut portée par ses soins à deux volumes in-folio (1649). Ses publications personnelles augmentèrent encore l'illustration de la savante dynastie des Godefroy.

Deux des fils de Denys II, Denys III et Jean, furent eux aussi d'excellents éditeurs. On leur doit une plantureuse édition de la Satire Menippée (1711, 3 vol. in-8), des éditions des Mémoires de Ph. de Commines, de Castelnau, de Marguerite de Valois, de Pierre de l'Estoile, des Lettres de Louis XII et du cardinal d'Amboise, etc, Mais il est temps de s'arrêter dans cette analyse, pourtant si ra

pide, du livre de M. de Godefroy. Ajoutons seulement que, dans les dernières pages, l'auteur évoque le souvenir de son père, Denys-Joseph Godefroy, sieur de Maillart, rédacteur de l'Inventaire des archives d'Artois, de l'Inventaire des archives de Flandre, et qu'à l'éloge d'aussi importants travaux il a mêlé, en quelques mots touchants, l'éloge des qualités de l'ami de M. de Bréquigny.

Je serais bien surpris si les Mémoires de M. de Godefroy n'obte naient pas un grand succès. Tout le monde, ce me semble, voudra les lire. On y trouvera de curieux détails de mœurs, des anecdotes spirituellement racontées, d'intéressants extraits de documents inėdits qui nous révèlent une foule de particularités relatives aux hommes et aux livres, le tout relevé par ce sympathique accent de franchise et d'honnêteté qui donne tant de saveur aux récits du bon vieux temps. PHILIPPE TAMIZEY DE LARROQUE.

L'IDÉE DU BONHEUR AU XVIII° SIÈCLE

Nous avons réuni dans un précédent article (1er février 1872) quelques exemples du trouble moral et des écarts de l'imagination qui ne sont pas l'un des traits les moins saillants de la physionomie du xvn⚫ siècle. Nous allons, si le lecteur veut bien nous suivre, invoquer à l'appui de la même thèse un nouveau témoignage. ⚫ Quelle idée les contemporains de Voltaire et de Rousseau avaientils de la plus incessante aspiration de l'esprit humain, le bonheur? Interrogeons madame du Chastelet : « J'entends par vertu, nous dira-t-elle, tout ce qui peut contribuer au bonheur de la société, et par conséquent au nôtre, puisque nous sommes membres de la société; nous n'avons rien à faire en ce monde qu'à nous procurer des sentiments ou des sensations agréables; ce sont des passions qu'il faudrait demander à Dieu, si l'on osait lui demander quelque chose, et Lenostre avait bien raison de demander au pape des tentations au lieu d'indulgences. » D'Holbach n'hésite pas à compléter ou à résumer cette théorie cynique par cette brutale formule: « Dès que le vice rend l'homme heureux, il doit aimer le vice. » - Proposition affreuse, répond Voltaire, et que vos amis auraient bien dù vous

faire effacer. Un peu plus tard, en 1793, dans une séance des Jacobins, Léonard Bourdon s'écriera à son tour: «Sois heureux ! voilà la véritable manière d'honorer la Divinité, et le seul but pour lequel tu fus mis sur la terre. » (Séance du 6 novembre.) Déjà la déclaration des Droits de l'homme et du citoyen contenait un paragraphe ainsi conçu : « Le but de la société est le bonheur commun.» (Article 1°.)

Cette dernière proposition, moins audacieuse que les précédentes et, dans une certaine mesure, inattaquable, a cependant le tort d'être, comme elles, la conséquence directe des mœurs et des idées au milieu desquelles les unes et les autres ont été émises; si le désir du bonheur est légitime, s'il est permis à l'homme d'en poursuivre dès ici bas la réalisation, c'est à la condition que du moins il ne perdra pas de vue l'éternel et divin foyer d'où cette idée émane; mais les foules peuvent-elles établir elles-mêmes de pareilles distinctions, et lorsqu'on jette au-devant d'elles un appât aussi séduisant, faut-il s'étonner si, pour y mordre, elles s'abandonnent à toutes les violences et n'hésitent devant aucun excès?

J. BONIFACE DELCRO.

CORRESPONDANCE

A M. A. Aubry, directeur du BULLETIN DU BOUQUINISTE.

Monsieur,

Le savant auteur du Manuel du Libraire mentionne au mot Moutardier (le) spirituelle (sic) un opuscule de 4 feuillets, « aussi plat qu'ordurier,» intitulé la Successions (sic) de Roger Bontemps, par M. S. C., publié sous la rubrique de Cologne et du fameux typographe (imaginaire) Pierre Marteau.

M. Brunet possédait un exemplaire de cette Successions; il faisait partie d'un recueil de pièces facétieuses réunies en trois volumes, recueil qui, à la vente du célèbre bibliographe, a été adjugé à 2,400 fr. et qui fait aujourd'hui partie de la riche collection de M. H. B.

Bien des amateurs avaient cherché la Successions de Roger Bontemps, et toujours sans succès; c'est peut-être leur rendre service que de les prévenir qu'elle se trouve dans diverses éditions d'un ana, assez souvent réimprimé, mais dont il est difficile d'écrire tout au long le titre mal sonnant : M-rdiana. Dans une de ces éditions (M-rdianopolis, au bureau des vidangeurs, in-18, s. d., 94 pages), on trouvera, p. 74 et suiv., un fragment intitulé: Testament ou Fin et dernières volontés de Roger Bontemps; c'est la même chose que la Successions.

Jugerez-vous cette découverte digne d'être portée à la connaissance des lecteurs du Bulletin ? Quoi qu'il en soit, agréez, etc.

E. S.

En souscription à la librairie A. Aubry, 18, rue Séguier.

REVUE

DES

DOCUMENTS HISTORIQUES

Suite de pièces curieuses et inédites

PUBLIÉES AVEC DES NOTES ET DES COMMENTAIRES

PAR ETIENNE CHARAVAY

ARCHIVISTE PALEOGRAPHE

Cette Revue est spécialement destinée à la reproduction de documents inédits sur l'histoire de France. Elle paraîtra, à partir du 5 avril, une fois par mois, par fascicules de 16 pages gr. in-8, imprimés en caractères elzéviriens, sur papier de Hollande. Chaque numéro contiendra un fac-simile hors texte, sorti des presses de la maison Lemercier. Le texte sera accompagné de figures sur bois.

Le premier numéro contiendra des lettres de Pierre Puget et de Madame de Pompadour (avec fac-simile) et une charte de Thibaut V, comte de Champagne (avec fac-simile). Il sera adressé à toute personne qui enverra à M. AUBRY 1 Fr. 60 c. en timbres-poste.

Le prospectus-specimen est en distribution à la librairie A. AUBRY.

LIVRES

En vente aux prix marqués

A la librairie d'Auguste AUBRY

BELLE COLLECTION DE

LIVRES RELATIFS A LA NORMANDIE

LA PLUPART RELIÉS PAR PETIT, RAPARLIER ET ANDRIEUX, PROVENANT DE LA BIBLIOTHÈQUE D'UN AMATEUR NORMAND

(Suite.

Voyez les Bulletins des 15 février, 1er et 15 mars.)

5029. BLONDEL SAINT-AUBIN. Trigonométrie géométrique, astronomique et maritime. Edit. corrigée et augm., par J. Le C. Au Havre de grace, chez Faure. 1760, in-12, parch. Rare.

3 50

5030. BOUCLON (Ad. de). Histoire de Monseigneur Olivier, évêque d'Évreux. Evreux, 1855, fort vol. in-12, d.-rel. v. fauv. 250

5031. BOURGUEVILLE (Ch. de). Les recherches et antiquitez de la prouince de Neustrie, à present Duché de Normandie, comme des villes remarquable (sic) d'icelles. Mais plus spéciallement de la Ville et Université de Caen. A Caen, de l'imprimerie de Jean le Feure, 1588 rel. neuve en vélin, n. rog. Portrait.

Contrefaçon faite en 1705, devenue rare.

· Bel exemplaire.

25

5032. CAPEFIGUE (B.). Essai sur les invasions maritimes des Normands dans les Gaules. Paris, impr. Roy., 1823, in-8, dos et coins maroq br., tête dor.., n. rog. (Raparlier).

Bel exemplaire.

-

7

Cet ouvrage obtint une mention très-honorable lors du Concours de 1822, dans lequel M. Depping fut couronné.

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