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KEEGAN (GUILLAUME), professeur de langues et de calcul commercial à Londres, vivait au commencement de ce siècle. On a de lui un livre qui a pour titre: New dialogues in French and English; containing exemplifications of the parts of speech, and the auxiliary and actives verbs, with familiar conversations on the following subjects, History, Arithmetic, Botany, Astronomy, the Comet, the Opera, Singing, Hippodramatic performances, Italian painting, Music, etc., Londres, 1811, in-12.

KEFERSTEIN (GUSTAVE-ADOLPHE), connu sous le pseudonyme de K. STEIN, est né à Crollwitz, près de Halle, en Saxe, le 13 décembre 1799. Son père, fabricant de papier, connu par plusieurs inventions de machines, alla, peu de temps après la naissance de son fils, fixer son séjour à Weida, dans le Voigtland, où Keferstein reçut plus tard des leçons de chant, de piano et de composition du cantor Hægel. A l'âge de quatorze ans, il fréquenta le Gymnase de Géra, et pendant son séjour en cette ville, il eut occasion de former son goût par l'audition des œuvres de Mozart, de Beethoven et d'autres maîtres célèbres. Après quatre années d'études brillantes, il se rendit à l'Université de Halle, pour y faire un cours de théologie. Là, il fit la connaissance de Naue, musicien instruit qui lui fit faire des progrès dans les diverses parties de l'art. Ses liaisons avec quelques jeunes artistes et littérateurs de mérite commencèrent à tourner dès lors ses vues vers l'esthétique. Trois années de séjour à Halle lui firent atteindre le terme de ses études de théologie; il accepta alors (en 1820) une place de précepteur dans une maison particulière à Weimar, où il fut admis dans la maison de Hummel et chez Goethe. Il n'a quitté cette place que pour celle d'aumònier et de diacre à Jéna. Dans un des voyages qu'il faisait quelquefois à Dresde pour entendre de la musique, il s'est marié. Lié d'amitié avec Robert Schumann, il fut un de ses premiers collaborateurs dans la rédaction de la Nouvelle Gazette musicale de Leipsick. Les articles relatifs à la musique qu'il a donnés dans différents journaux ont été publiés sous le pseudonyme de K... Stein. Ayant été nommé pasteur à Wickerstædt, en Thuringe, Keferstein passa dans cette situation les vingt dernières années de sa vie. Il est mort le 10 janvier 1861, à l'âge de soixante et un ans accomplis. Parmi ses écrits, on remarque V'Essai sur la partie comique de la musique, publié dans l'ouvrage périodique intitulé

Cæcilia (1. XV), qui a donné lieu à une polémique terminée par un autre article sur le même sujet, inséré dans la Gazette musicale de Leipsick (janvier 1855), et une allégoric musicale intitulée: Kanig Mys von Fidibus (le Roi Mys de Fidibus), dans la Cæcilia (cah. 61-64). On a aussi du docteur Keferstein un discours ou sermon qu'il prononça dans l'église Saint-Michel à Jéna, en 1839, le dixseptième dimanche après la Trinité, sur un texte des actes des apôtres, et qui a été publié sous ce titre : Die Kunst von ihrer Schat. tenseite (l'Art sous ses divers aspects), Jéna, 1839, seize pages in-8°. Le 15 octobre 1841, il a prononcé à l'Académie d'Erfurt, dont il était membre correspondant, un discours sur la relation de la musique avec la pédagogique (Ueber das Verhältniss der Musik zur Pœdagogik), publié à Leipsick, chez Breitkopf et Hærtel, 1841, in-8° de seize pages. Enfin, le 15 octobre 1843, le docteur Keferstein a fait, à l'occasion du jour de naissance du roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, une leçon à l'Académie des sciences d'Erfurt, sur l'Ora torio. Ce morceau a été publié dans la Gazette musicale de Leipsick (t. XLV, p. 875, 897 et 921).

KEGEL (EMMANUEL), directeur de la chapelle du comte de Reuss, né à Géra, en 1655, fit ses études au Gymnase de Gotha, et fréquenta ensuite l'Université de Jéna. D'abord cantor à Neustadt, il ne conserva cette position que six mois; puis il remplit les mêmes fonctions à Saalfeld et enfin à Géra, où le comte de Reuss le nomma directeur de sa chapelle. I mourut subitement à Breslau, le 25 juin 1724. Son meilleur élève est le maître de chapelle Stolzel. Ses compositions sont restées en manuscrit.

KEGEL (LOUIS-HENRI), fils du précédent, né à Géra le 25 octobre 1705, alla terminer ses études à l'Université de Leipsick, après les avoir commencées dans le lieu de sa naissance. En 1726, il obtint la place d'organiste de l'église Saint-Salvador de Géra; sept ans après, il alla par ordre du comte de Reuss, son protecteur, apprendre la composition à Gotha, chez Stolzel, ancien élève de son père. De retour à Géra, il a rempli sa place d'organiste jusqu'en 1770, époque de sa mort. Ses compositions n'ont pas été publiées.

KEGEL (CHRÉTIEN-HENRI), descendant de cette famille, et organiste à Géra, s'est fait connaitre par les ouvrages suivants : 1o Orgelschule, zunächst für Organisten in kleinen Stadten und auf dem Lande (École

d'orgue à l'usage des organistes des petites villes et des campagnes), Leipsick, Breitkopf et Hærtel.

KEGEL (CHARLES-CHRISTIAN) né, le 30 septembre 1770, à Frankleben près de Mersebourg, fut élève de Kittel et se montra digne d'un tel maître par son talent sur l'orgue et par le mérite de ses compositions. Eu 1807, il obtint les places de cantor et d'instituteur de l'école communale à Gunglossummen, près de Weissensée, dans la Thuringe. C'est dans cette position modeste et peu faite pour exciter l'imagination qu'il passa le reste de sa vie. Cependant à l'âge de cinquante-six ans, il fit un voyage à Leipsick et y donna, en 1826, un concert d'orgue à l'église Pauline, dans lequel il fit admirer son habileté. Cet artiste distingué est mort le 28 janvier 1843, laissant en manuscrit la plupart de ses ouvrages. On a publié de lui dix préludes et finales pour l'orgue sous le titre 10 Vor-und Nachspiele für die Orgel, Leipsick, Breitkopf et Hærtel. Deux autres préludes de sa composition ont été publiés dans la vingt-neuvième année de la Gazette générale de musique de Leipsick, et Koerner, d'Erfurt, a inséré une fugue de cet artiste dans son nouveau journal d'orgue (Neues Orgel-Journal). Tout le reste, consistant en un grand nombre de morceaux pour l'église, de pièces et fugues d'orgue, est resté en manuscrit.

KEHL (JEAN-BALTHAZAR), né à Cobourg dans la première partie du dix-huitième siècle, fut d'abord organiste à Erlang, et ensuite cantor à Bayreuth. En 1780, il devint aveugle. Il a fait imprimer à Nuremberg, en 1770, quatre suites de chorals variés pour l'orgue, et plus tard, quelques sonates pour le clavecin. La Bibliothèque royale de Berlin possède de cet artiste, en manuscrit, Andantino, avec neuf variations pour le clavecin. Il a laissé en manuscrit 1° Les Bergers à la crèche de Bethleem, oratorio. 2o les Pèlerins de Golgotha, idem. 3o Plusieurs morceaux de musique instrumentale. Kehl est mort vers 1790.

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KEIFFER (CHRÉTIEN), chanoine prémontré et organiste du monastère d'Auge, en Bavière, vécut au commencement du dix-septième siècle, et mourut le 12 avril 1627. Il est auteur d'un recueil intéressant de cantiques à quatre voix égales pour le temps de Noël, publié sous ce titre singulier : Odæ soporiferæ ad infantulum Bethlehemiticum sopiendum, quatuor vocibus æqualibus factæ; Augustæ Vindelicorum, 1612, in-4°. On a aussi de lui

un œuvre contenant une messe et des motets à six voix, intitulé: Flores musici seu divinæ laudis odores suavissimi, in quibus cantiones cum missa, senis decantandæ vocibus, adjuncto basso pro organo. Ingolstadt, 1618, in-4°.

KEIL (JEAN), virtuose sur le cor, né en Bohême, vécut Prague pendant quelques

années. Son instrument était le cor chromatique ou à pistons, dont il a disputé la priorité d'invention à Stolzel (voyez ce nom). Keil a eu une fille cantatrice qui chantait au théâtre de Weimar en 1842. Il voyagea avec elle pour donner des concerts.

KEILHOLZ (Christine-Madeleine-ÉlisaBETH), voyez HASSLOCH.

KEINSPECK (MICHEL), musicien de la fin du quatorzième siècle, né à Nuremberg, est connu par un traité de plain-chant, intitulé: Lilium Musice plane; Basileæ, p. Michaelem Furter, 1496, in-4°. Un exemplaire de cette édition existait dans la bibliothèque du comte de Boutourlin (no 564 de son catalogue); M. Brunet, qui le cite (Nouvelles recherches bibliographiques, t. II, pag. 259), ajoute que c'est un opuscule de douze feuillets, en beaux caractères gothiques, sign. a-b., avec musique. Maittaire, Panzer, Forkel et tous les bibliographes ont ignoré l'existence de cette édition. En 1789, J.-F. Christmann a signalé, dans la Gazette musicale de Spire (pag. 354), l'existence d'une autre édition du même livre qu'il avait trouvée dans la bibliothèque de Stuttgard; elle a aussi pour titre: Lilium Musice plane. A la fin du dernier feuillet, on lit: Explicit Lilium Musice plane Michaelis Keinspeck de Nurnberga musici Alexandrini benemeriti, una cum psalmo dia utriusque tam majoris quam minoris intonatione secundum omnes tonos et exercitio solmisandi noviter adjunctis; Impressum Ulmæ per Joh. Schæffler, 1497, petit in-4o de quinze feuillets. Un exemplaire de cette édition est à la bibliothèque royale de Berlin. Gerber a cru que cette édition était la première (voyez Neues hist. biogr. der Tonkunst, 3 Th., col. 27); mais on vient de voir que c'est une erreur. Maittaire (Annales typograp., t. IV, pag. 739), et Panzer (Annal. typog., t. III) indiquent une troisième édition donnée à Augsbourg, en 1498, in-4°, dont Forkel paraît avoir vu un exemplaire dans la bibliothèque du monastère de Buxheim (Allg. Litter. der Music., p. 297). J'ignore si c'est d'après cette édition qu'il écrit le nom de l'auteur Keinsbeck. Le savant bibliographe

G.-W. Zapf fait connaitre, dans son histoire des imprimeurs d'Augsbourg (Augsburg Buchdrucker-Geschichte, I th., p. 135), une quatrième édition du même livre, déjà indiquée par Gesner dans sa Bibliothèque universelle; l'article de Zapf est ainsi conçu : Michael Reinspeck Musicus Alexandrinus, Lilium Musica planæ. L'explicit est comme dans les éditions précédentes. A la fin, on lit: Impressum Auguste per Johannem Froschauer, anno Domini MCCCCC, in-4o. Ainsi qu'on le voit, le nom de Keinspeck est ici changé en celui de Reinspeck; cette faute, qui a été faite aussi par Christmann, dans son article de la Gazette musicale de Spire, provient sans doute de la forme incertaine du K allemand, et de sa ressemblance avec l'R. Un exemplaire de chacune des éditions de 1497 et 1498 se trouve dans la Bibliothèque impériale de Vienne, suivant les renseignements que M. Mosel nous fournit dans sa description de cette bibliothèque (Geschichte der K.K. Hofbibliothek zu Wien, pag. 366). Les exemplaires de ces quatre éditions du livre de Keinspeck sont de la plus grande rareté. Il en existe une cinquième sous le même titre : Lilium musice plane Joannes Knoblauch typis æreis excepit Argentina, 1506, seize feuillets petit in-4°. J'ai vu un exemplaire de cette édition dans les collections de feu Landsberg, à Rome. Le nom de l'auteur y est orthographié Künspeek (Michael).

Forkel (loc. cit.) dit qu'on ne sait pas pourquoi Keinspeck est appelé musicus Alexandrinus au titre de son livre, et ajoute que son nom ne se trouve pas dans le catalogue des artistes et des savants de Nuremberg publié par Woll et Doppelmayer. Je pense que l'expression Musici Alexandrini indique que Keinspeck fut attaché, comme beaucoup de musiciens belges, français et espagnols de ce temps, à la chapelle pontificale, sous le pape Alexandre VI, qui fut élu le 11 août 1492, et gouverna l'Église jusqu'au 18 août 1503. Je n'ai pu vérifier le fait dans le catalogue de chapelains-chantres de cette chapelle donné par A. Adami de Bolsena, à la suite de ses Osservazioni per ben regolare il coro della Capella Pontificia, parce que, à l'exception de Josquin Deprès, il ne cite dans sa liste aucun musicien antérieur au pontificat de Paul III; mais il me semble que c'est la seule explication qu'on puisse donner des mots dont il s'agit.

KEISER (REINHARD), un des plus illustres compositeurs de l'école allemande, naquit

vers 1673, dans un village situé entre Weissenfels et Leipsick. Son père, musicien distingué qui a laissé en manuscrit de bonnes compositions pour l'église, lui enseigna les éléments de la musique; puis il entra à l'école Saint-Thomas de Leipsick, où il fit ses études, qu'il termina à l'université de cette ville. Le génie de Keiser se manifesta de bonne heure · cet artiste avait à peine dix-neuf ans lorsque la cour de Wolfenbüttel le chargea (en 1692) d'écrire la musique d'une pastorale intitulée Ismène. Cette époque était l'aurore de l'opéra allemand qui, jusqu'alors, avait emprunté son style aux compositions italiennes et françaises. Dès ses premiers essais, Keiser fit entrevoir un génie original destiné à s'affranchir, au moins en beaucoup de choses essentielles, de toute imitation. Le succès de sa pastorale lui fit confier, l'année suivante, la composition de Basilius, opéra sérieux, qui ne fut pas moins bien accueilli. L'Opéra national de Hambourg était alors le plus florissant de toute l'Allemagne Keiser résolut d'aller essayer ses forces sur ce théâtre; il y arriva vers la fin de 1694, et fit représenter son Basilius. La musique de cet ouvrage était si différente de ce qu'on avait entendu jusqu'alors, et sa supériorité était si incontestable, que le public montra, dès ce moment, une prédilection pour les ouvrages de Keiser. Cependant, trois années s'écoulèrent avant qu'il pût faire jouer quelque autre ouvrage, parce que des engagements pris envers d'autres compositeurs, et peut-être aussi quelques intrigues d'artistes alarmés par la puissance de son talent, firent occuper la scène pendant tout ce temps. Enfin, il put donner Irène, en 1697, puis Janus, et la pastorale d'Ismène, fraîche et gracieuse composition qu'on entendait encore avec. plaisir longtemps après. Pendant quarante ans, Keiser fut le plus actif, le plus abondant et le plus aimé des compositeurs du théâtre de Hambourg. Mattheson compte cent seize opéras sortis de sa plume dans cette série d'années, non compris tous ceux qu'il fit en société avec d'autres musiciens, ou dans lesquels il introduisit des airs, quoiqu'il eût aussi écrit beaucoup d'oratorios et de morceaux de musique d'église.

En 1700, Keiser institua des concerts d'hiver qui furent peut-être les plus brillants qu'il y ait jamais eu. Un choix de la meilleure musique de ce temps, le meilleur orchestre qu'il fût possible de rassembler alors, le choix des meilleures cantatrices et des virtuoses les plus distingués, parmi lesquels on remarquait l'ex

cellent violoniste Reinwald, n'étaient pas les seules causes de l'empressement du public pour ces solennités. Le luxe qui brillait dans la salle de ces concerts, les mets délicats, les vins exquis qu'on y servait, composaient, de la distraction qu'on y venait chercher, le plaisir le plus vif et le plus complet. Keiser y paraissait luimême vêtu avec élégance et avec le ton d'un homme du monde. Mattheson, contemporain de ces concerts, et qui en dirigea plusieurs fois l'orchestre, déclare (Grundlage einer EhrenPforte, p. 132) qu'il n'a point vu de cour où il y eût autant de magnificence et de bon goût. Au commencement de 1702, l'entreprise de ces concerts cessa; mais, en 1703, Keiser s'associa avec un Anglais, nommé Drusike, pour prendre la direction de l'Opéra. L'entreprise sembla d'abord prospérer; mais après quelques années, les folles dépenses de cet Anglais, et peut-être aussi de Keiser, ruinèrent l'entreprise. Poursuivi par ses créanciers, le compositeur fut obligé de se cacher; mais bientôt rappelant son courage, il écrivit dans un court espace de temps huit opéras qui furent considérés comme ses plus beaux, et qui lui procurèrent des sommes assez considérables pour satisfaire ses créanciers. Dans le même temps (1709), il épousa une demoiselle d'Oldenbourg, fille d'un riche musicien du conseil, et cantatrice distinguée dont le talent prêta de nouveaux charmes aux productions de l'artiste célèbre. Ainsi se trouvèrent réparées toutes les conséquences de son désastre.

En 1716, Keiser organisa de nouveaux concerts avec Mattheson; ils n'obtinrent pas la même vogue que les premiers. Six ans après, le comte de Wedel lui fit, de la part du roi de Danemark, des propositions qui furent acceptées. Keiser se rendit à Copenhague et y fut mis en possession de la place de maître de chapelle de la cour. Quelques années plus tard, il retourna à Hambourg, où il obtint, en 1728, la direction de la musique de l'église SainteCatherine, avec le titre de chanoine. Alors l'activité de son génie se réveilla pour la production d'une grande quantité de musique d'église. En 1729, Keiser se rendit à Moscou avec sa fille, qui devint la femme du violoniste et compositeur Verocai. Keiser resta dans cette ville et à Saint-Pétersbourg jusqu'en 1730. L'impératrice l'avait chargé de la direction de son opéra. En cette qualité, il prit la résolution de faire un voyage en Italie pour y engager des chanteurs et des instrumentistes; mais, arrivé à Hambourg, il ne put se décider à s'en éloigner de nouveau ct ne s'acquitta pas

de sa mission. Pendant plusieurs années on ignora à Saint-Pétersbourg ce qu'il était devenu. En 1734, il écrivit son opéra de Circé : ce fut son dernier ouvrage. Retiré depuis ce temps chez sa fille, dont il avait fait une cantatrice excellente, il vécut dans le repos pendant quelques années, et mourut à l'âge de soixante-six ans, le 12 septembre 1739.

Les artistes les plus célèbres, les musiciens les plus instruits, se sont accordés dans les éloges qu'ils donnent au génie et aux ouvrages de Keiser. Mattheson et Scheibe, si avares de louanges, n'hésitent point à lui attribuer la première place parmi les compositeurs dramatiques des temps antérieurs à leur époque. Ils assurent que Hændel et Hasse ne se sont formés que d'après lui, et qu'ils ont même emprunté à ses ouvrages des traits originaux qu'ils ont ensuite développés. C'était aussi l'avis de Telemann; celui-ci ajoutait que Graun devait beaucoup à la lecture des œuvres de Keiser. Au surplus, Hændel et Hasse n'ont jamais nié les obligations qu'ils avaient à cet homme de génie. Burney rapporte, dans le deuxième volume de son Voyage musical en Allemagne, que Hasse lui dit à ce sujet « qu'il « considérait Keiser comme le premier musi<< cien de l'univers (en son genre); que cet << homme célèbre avait écrit un plus grand « nombre d'ouvrages qu'Alexandre Scarlatti « (le plus fécond des compositeurs italiens de « ce temps), et que ses mélodies, malgré les changements que cinquante ans avaient

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« apportés dans la musique, avaient tant de « grâce et d'élégance, qu'on pouvait les mêler parmi d'autres modernes, sans que les con« naisseurs mêmes pussent les reconnaître. » Le maître de chapelle Reichardt s'exprime avec le même enthousiasme, dans son Magasin musical (p. 36), sur le mérite des compositions de Keiser. De tels éloges n'étonneront point ceux qui ont entendu le fragment des compositions de ce grand artiste que j'ai fait exécuter dans mon premier concert historique de l'Opéra, et qui se souviennent de la profonde impression qu'il fit sur l'auditoire.

Les qualités par où Keiser se distingue sont la justesse et la profondeur de l'expression, unies à l'originalité des formes. Comme la plupart des maîtres de son école, il a une harmonie forte et pénétrante, mais ses successions d'accords ont je ne sais quoi qui lui appartient en propre. Ainsi que J.-S. Bach, il instru mentait d'instinct, et nullement d'après les conventions ordinaires. Il a placé jusqu'à quarante-neufairs dans son opéra de Fredegonde,

et tous ont un effet particulier résultant de cette originalité de dispositions. Tantôt il n'a pour orchestre que la basse avec le clavecin et des instruments à cordes pincées; ou bien, c'est simplement le quatuor; d'autres fois, des hautbois seuls accompagnent la voix, ou c'est une flûte douce et des violes. Gerber cite un air (Vieni a me, dolce oggetto) qui n'a pour accompagnement qu'un violon concertant, et un autre, qu'un seul hautbois avec la basse. On ne peut s'empêcher d'admirer les ressources que le compositeur tirait de si faibles moyens.

Tous les opéras de Keiser ne sont pas connus; ceux qu'il a composés à Copenhague, ainsi que beaucoup d'airs détachés, ont péri dans l'incendie du palais de cette ville, en 1794. Parmi les cent seize ouvrages dramatiques composés par Keiser seul, suivant Mattheson, on ne connaît que les soixante-dixsept dont les titres suivent: 1o Ismène, 1692, à Wolfenbüttel. 2o Basilius, 1693, ibid. et 1694, à Hambourg. 3o Mahomet, 1696, à Hambourg, ainsi que tous ceux qui suivent. 4o Adonis, 1697. 5o Irène, 1697. 6o Janus, 1698. 7° La Pomme d'or transportée des régions hyperboréennes dans la Cimbrie, 1698. 8° Ismène, refaite. 9o Iphigénie. 10° Hercule. 11° Le Retour de l'Age d'or. 12o Ballet pour la fête de l'empereur Léopold, 13° La Forza della virtù, 1701. 14o Endymion. 15° Ballet prussien. 16° Stærtebecker und Godje Michel. 17° Psyché, 1701. 18° Circé, 1702. 19o Pénélope, 1702. 20° Pomone, 1702. 21° Orphée, première et deuxième partie, 1702. 22° Nouveau ballet prussien, 1702. 25° Claudius, 1703. 24° Minerve, 1703. 25° Salomon, 1703. 26° Nabuchodonosor, oratorio, 1704. 27° Octavie, 1705. 28° Lucrèce, 1705. 29° La Fedeltà coronata, 1706. 50° Masaniello furioso, 1706. 31° Sueno, 1706. 32o Il Genio di Holsazia, 1706. 33o Almira, 1706. 34o Le Carnaval de Venise, 1707. 55° Hélène, 1709. 36° Helias et Olympie, 1709. 37° Desiderius, 1709. 38° Orphée dans la Thrace, 1709. 39° Arsinoe, 1710. 40o La Foire de Leipsick, 1710. 41o L'Aurore, 1710. 42o Jules-César, 1710. 43° Crésus, 1711. 44° Charles V, 1712. 45o Diane, 1712, 46° Héraclius, 1712. 47° L'Inganno fedele, 1714. 48° La Virtù coronata, 1714. 49° Le Triomphe de la Paix, 1715. 50° Frédegonde, 1715. 51° Caton, 1715. 52° Artémise, 1715. 55o La Fête d'Avril à Rome, 1716. 54° La Maison d'Autriche triomphante, 1716. 55o Achille, 1716. Cet ouvrage qui, d'après une indication de la main de Kei

ser, est le soixante-sixième qu'il a écrit, fait voir qu'il y a des lacunes dans la liste précédente. 56° Julie, 1717. 57° Tomyris, 1717. 58° Trajan, 1717. 59° Bellerophon, 1717. 60o Ariane, 1722. 61° Ulysse, 1722. 62o L'Arménien, Copenhague, 1722. 63° La GrandeBretagne en allégresse, Hambourg, 1724. 64° Cloris. 65° Bretislaus, 1725. 66° La Foire annuelle de Hambourg, 1725. 67° L'Époque de la Bataille de Hambourg, 1725. Dans la préface de cet ouvrage, on voit qu'il était le cent septième opéra de Keiser la lacune de 1717 à 1722, et le séjour de Copenhague doivent avoir fourni beaucoup d'ouvrages inconnus aujourd'hui. 68° L'Anniversaire de la Naissance du prince de Galles, 1726. 68° (bis) Ulysse, pour le théâtre de Hambourg, en 1727, différent de celui de 1722. 69° Mistevojus, 1726. 70° Jodelet, 1726. 71o Le Prince muet; Atys, intermède, 1728. 72o Barbacola, intermède, 1728. 73° Nabuchodonosor, refait, 1728. 74° Lucius Verus, 1729. 75o Parthénope, 1733. 76o Circé, 1754. Walther attribue aussi un opéra de Sancio à Keiser; mais Mattheson dit que cet ouvrage est de Telemann. Les compositions de Keiser qui ont été publiées sont: 1° Cantates pour une voix, avec deux violons, basse et clavecin, sous ce titre R. Keisers Gemuths-Ergotzung, bestehend in einigen Sing-Gedichten, mit einer Stimme und unterschiedlichen Instrumenten, Hambourg, Nicolas Spieringk, 1698, in-4° obl. 2o Erlesene Sætze aus der opera l'Inganno fedele (Collection choisie des àirs de l'Inganno fedele, avec violons, hautbois, basse et clavecin), Hambourg, 1714, in-fol. Quelques-uns de ces morceaux sont de la plus grande beauté. 3o Componimenti musicali, oder deutsche und italienische Arien, nebst unterschiedlichen Recitativen aus Almira und Octavia (Compositions musicales, ou airs allemands et italiens entremêlés de récitatifs des opéras Almira et Octavia), Hambourg, Zacharie Hærtel, 1706, in-4° obl. 4° Divertimenti serenissimi, consistant en différentes cantates, en duos et airs avec clavecin, Hambourg, 1713, in-fol. 5° Soliloques choisis dans l'oratorio Jésus martyrisé, exécuté dans la semaine sainte des années 1712 et 1713, Hambourg, 1714, in-fol. 6o Musikalisch Landlust (Amusements musicaux de la campagne), cantates avec basse continue pour le clavecin, Hambourg, 1714, in-4° obl. 7° Kaiserliche Freidenpost (Messager impérial de la poste), composé de chants et duos avec instruments, Hambourg, 1715, in-fol. 8° Pensées bien

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