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Planche quarante – septième.

Dispute d'Achille et d'Agamemnon; Dessin de M. Gérard.

Agamemnon a consenti au sacrifice d'Iphigénie, ordonné par un oracle. Achille, à qui elle a été promise pour épouse, vient lui demander s'il est vrai qu'il laisse sacrifier sa propre fille. Le ton menaçant de ses discours révolte Agamemnon, qui lui répond avec la fierté du chef de la Grèce et tout l'orgueil du roi des rois. Achille ne garde plus de mesure, et lui fait les reproches les plus sanglans. Il lui déclare qu'il ne connait Priam, Hélène, ni Pâris; qu'il ne veut que sa fille, et ne part qu'à ce prix.

AGAMEMNON.

Fuyez donc, retournez dans votre Thessalie;
Moi-même je vous rends le serment qui vous lie.
Assez d'autres viendront, à mes ordres soumis,
Se couvrir des lauriers qui vous furent promis,
Et par d'heureux exploits forçant la destinée,
Trouveront d'Ilion la fatale journée.

J'entrevois vos mépris, et juge à vos discours
Combien j'acheterais vos superbes secours.
De la Grèce déja vous vous rendez l'arbitre.
Les rois, à vous ouïr, m'ont paré d'un vain titre.
Fier de votre valeur, tout, si je vous en crois,

Doit marcher, doit fléchir, doit trembler sous vos loix.
Un bienfait reproché tint toujours lieu d'offense.
Je veux moins de valeur et plus d'obéissance.
Fuyez, je ne crains pas votre impuissant courroux,
Et je romps tous les noeuds qui m'attachaient à vous.

A CHILLE.

Rendez grace au seul nœud qui retient ma colère;
D'Iphigénie encor je 1especte le père.

Peut-être sans ce nom, le chef de tant de rois
M'aurait osé braver pour la dernière fois.

Je ne dis plus qu'un mot, c'est à vous de m'entendre:
J'ai votre fille ensemble et ma gloire à défendre ;
Pour aller jusqu'au cœur que vous voulez percer,
Voilà par quel chemin vos coups doivent passer.

Iphigénie, acte IV, scène 6.

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Planche quarante-huitième. — Entretien de Pyrrhus et d'Andromaque; Dessin de M. Girodet.

Les Grecs demandent à Pyrrhus de leur livrer le fils d'Hector. Pyrrhus, qui aime Andromaque, refuse de leur obéir. Il ne peut cependant toucher le cœur de sa captive, qui a juré d'être fidèle aux mânes de son époux. Ces refus obstinés de répondre à l'amour qu'elle lui a inspiré allument son ressentiment; il veut tenter un dernier effort pour fléchir ses rigueurs; il espère qu'elle viendra au moins lui demander la grace de son fils. Tremblante et accablée de douleur, elle garde le silence. Pyrrhus, irrité, se décide à livrer Astianax. Andromaque se jette à ses pieds.

ANDROMAQUE.

Ah! seigneur, arrêtez ! que prétendez-vous faire?
Si vous livrez le fils, livrez-leur donc la mère.
Vos sermens m'ont tantôt juré tant d'amitié ;
Dieux ! ne pourrai-je au moins toucher votre pitié ?
Sans espoir de pardon m'avez-vous condamnée ?

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PYRRHU S.

Ce n'est plus, madame, une offre à dédaigner;

Je vous le dis: il fant ou périr ou régner.

Mon cœur désespéré d'un an d'ingratitude,
Ne peut plus de son sort souffrir l'incertitude.
C'est craindre, menacer, et gémir trop long-temps.
Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j'attends.
Songez-y. Je vous laisse, et je viendrai vous prendre
Pour vous mener au temple où ce fils doit m'attendre ;
Et là vous me verrez, soumis ou furieux
Vous couronner, madame, ou le perdre à vos yeux.

Andromaque, acte III, scène 7.

M. Girodet a très-bien exprimé dans ce dessin la douleur suppliante d'Andromaque, qui oublie qu'elle est fille d'un roi et veuve d'Hector, pour se ressouvenir qu'elle est mère. Il a rendu tout le pathétique de cette scène. Les personnages ont l'attitude qui leur convient. Les têtes sont d'un beau caractère; en un mot, cette composition est pleine de vérité et d'intérêt.

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