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Planche treizième. La Mort de Bajazet; Dessin par M. Gérard.

L'artiste a choisi pour sujet de sa composition, l'avant-dernière scène de la tragédie de Bajazet ; c'està dire le récit d'Osmin, confident d'Acomat: il vient annoncer à son maître le meurtre de Roxane et celui du jeune prince que cette amante jalouse et furieuse a fait périr. On sentira mieux la manière dont M. Gérard a rendu les circonstances de cet événement tragique, en relisant la belle scène de Racine, que nous rappelons ici presque en entier.

A COM A T.

Ses yeux ne l'ont-ils point séduite?
Roxane est-elle morte?

OSMI N.

Oui, j'ai vu l'assassin

Retirer son poignard tout fumant de son sein.
Orcan, qui méditait ce cruel stratagême,
La servait à dessein de la perdre elle-même;
Et le sultan l'avait chargé secrètement
De lui sacrifier l'amante après l'amant.
Lui-même, d'aussi loin qu'il nous a vu paraître,
Adorez, a-t-il dit, l'ordre de votre maître ;
De son auguste seing reconnaissez les traits,
Perfides, et sortez de ce sacré palais.

A ces discours, laissant la sultane expirante,
Il a marché vers nous, et d'une main sanglante,

Il nous a déployé l'ordre dont Amurat

Autorise ce monstre à ce double attentat.

Mais, seigneur, sans vouloir l'écouter davantage,
Transportés à-la-fois de douleur et de rage,
Nos bras impatiens ont punis son forfait,
Et vengé dans son sang la mort de Bajazet.

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Planche quatorzième.-Le Christ au Tombeau; Tableau de la Galerie du Musée, par le Bassan.

Jacques de Ponte, surnommé le Bassan parce qu'il naquit à Bassano, petite ville de l'état vénitien, fut élève de son père, et se perfectionna à Venise d'après les ouvrages du Titien et du Parmesan. Il sut néanmoins se frayer une route nouvelle dans son art. S'il n'eût point assez d'élévation dans la pensée, de correction dans le dessein, de goût dans le choix des différentes parties dont se compose un tableau, du moins, comme coloriste, il tient un rang distingué même parmi les plus habiles peintres de l'école vénitienne; il y en a pen qui puisse le lui disputer pour la franchise et la vivacité des teintes, la vigueur de l'effet et la fermeté de la touche.

Après avoir séjourné quelque temps à Venise, le Bassan retourna dans son pays, et ne le quitta que pour faire quelques voyages à Trévise et à Padoue. Il peignit dans cette première ville les portraits de plusieurs doges, ceux du 'Tasse, de l'Arioste et autres personnages illustres. Annibal Carrache, l'étant venu voir, mit la main sur un livre que le Bassan avait peint sur le mur de son atelier; il se plaisait à faire de ces sortes de surprises. Il fut aussi bon musicien.

Le Bassan eut quatre fils, qui tous s'adonnèrent à la peinture. Les deux premiers, François et Léandre, ont été les plus habiles; et François a presque égalé son père. Etabli à Venise, il travailla dans le palais de Saint-Marc, en concurrence avec le Tintoret et Paul Véronèse. Léandre se retira à Bassano, et excella surtout dans le portrait.

Les deux autres fils de Jacques se bornèrent à copier les tableaux de leur père, et les ont singulièrement multipliés; c'est pour cette raison qu'on en rencontre plusieurs de la même composition, tous attribués à Jacques, et réputés originaux.

Jacques Bassan jouit d'une grande considération, et se distingua par la régularité de ses mœurs. Il disait en mourant que ne pouvant rien apprendre de nouveau, et ne commençant qu'à cette heure à entrevoir le merveilleux de la peinture, il voyait combien il était difficile d'atteindre à la perfection de son art. La mort enleva ce grand peintre en 1592, à l'âge de quatre-vingt-deux ans.

Le Christ au Tombeau, dont nous donnons ici l'esquisse, faisait partie de l'ancien cabinet du roi, et peut être considéré comme l'un des plus beaux du Bassan. Les figures sont de grandeur naturelle. L'expression en est commune et les draperies sont de raauvais goût. Mais sous le rapport du coloris et de l'effet, ce morceau mérite une attention particulière.

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