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On alla propofer Polydamas aux Dauniens, qui attendoient une réponse avec impatience. Quand ils entendirent le nom de Polydamas, ils répondirent; Nous connoiffons bien maintenant que les princes alliés veulent agir de bonne foi avec nous, & faire une paix éternelle, puifqu'ils nous veulent donner pour roi un homme fi vertueux & fi capable de nous gouverner. Si on nous eût propofé un homme lâche, efféminé & mal inftruit, nous aurions cru qu'on ne cherchoit qu'à nous abattre, & qu'à corrompre la forme de notre gouvernement; nous aurions confervé en fecret un vif reffentiment d'une conduite fi dure & fi artificieufe; mais le choix dé Polydamas nous montre une véritable candeur. Les alliés, fans doute, n'attendent rien de nous que de jufte & de noble, puifqu'ils nous accordent un roi qui eft incapable de rien faire contre la liberté & la gloire de notre nation. Auffi pouvons-nous protefter, à la face des juftes Dieux, que les fleuves remonteront vers leurs fources, avant que nous ceffions d'aimer des rois fi bienfaifans. Puiffent nos derniers neveux fe reffou venir du bienfait que nous recevons aujourd'hui, & renouveller, de génération en génération, la paix de l'âge d'or dans toute la côte de l'Hefperie!

Télémaque leur propofa enfuite de donner à Dio mede les campagnes d'Arpi, pour y fonder une cofonie. Ce nouveau peuple, leur difoit-il, vous devra fon établiffement dans un pays que vous n'occupez point. Souvenez-vous que tous les hommes doivent s'entr'aimer; que la terre eft trop vafte pour eux; qu'il faut bien avoir des voifins & qu'il vaut mieux en avoir qui vous foient obligés de leur établiffement. Soyez touchés du malheur d'un roi qui ne peut retourner dans fon pays. Polydamas & lui étant unis enfemble par les liens de la juftice & de la vertu, qui font les feuls durables vous entretiendront dans une paix profonde, & vous rendront redoutables à tous les peuples voifins qui penferoient à s'agrandir. Vous voyez, ô Daunieus , que nous avons donné à votre terre un roi capable d'en élever la gloire jufqu'au ciel, Donnez auffi, puifque nous vous le demandons, une

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terre

damas was propofed to the Daunians, who were impatiently waiting for an answer. When they heard the name of Polydamas, they replied, we now plainly perceive that the confederate princes design to deal fincerely and to make an eternal peace with us, fince they give us for our king a man fo virtuous and fo capable of governing, Had they propofed to us a cowardly, an effeminate and ignorant perfon, we should have thought that they only intended to deprefs us and to change the form of our government, and we should fecretly have retained a lively refentment of fo cruel and artful a conduct; but the choice of Polydamas is a proof of their real candour. The allies without doubt expect nothing from us but what is juft and noble, fince they give us a king who is incapable of doing any thing contrary to the liberty and glory of our country. We accordingly proteft in the fight of the righteous Gods, that rivers shall uproll to their fources, before we ceafe to love fuch beneficent princes. May our lateft pofterity be mindful of the benefit which we this day receive, and renew from generation to generation the peace of the golden age through the whole coaft of Hefperia!

Telemachus then propofed to the Daunians the gi wing the fields of Arpi to Diomed, to fettle a colony there. This new people, faid he, will be indebted to you for their eftablishment in a country which you do not cultivate. Remember that all men ought to love each other; that the earth is too large for them; that you must have neighbours, and that it is best to have fuch as may be obliged to you for their fettlement. Pity the misfortunes of a prince who cannot return to his own country. Polydamas and he, being united together in the bands of juftice and virtue which alone are lafting, will maintain you in a profound peace, and render you formidable to all the neighbouring nations that may think of aggrandizing themselves. You fee, ye Daunians, that we have gl ven your nation a king capable of raifing its glory to the heavens; do you therefore on your part give, at

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terre qui vous eft inutile, à un roi qui eft digne de toutes fortes fortes de fecours.

Les Dauniens répondirent qu'ils ne pouvoient rien refufer à Télémaque, puifque c'étoit lui qui leur avoit procuré Polydamas pour roi. Auffitôt ils partirent pour l'aller chercher daus fon défert pour le faire régner fur eux. Avant que de partir, ils donnerent les fertiles plaines d'Arpi à Diomede, pour y fonder un nouveau royaume. Les alliés en furent ravis, parce que cette colonie des Grecs pourroit fecourir puiffamment le parti des alliés, fi jamais les Dauniens vouloient renouveller les ufurpations dont Adrafte avoit donné le mauvais exemple.

Tous les princes ne fongerent qu'à fe féparer. Télémaque, les larmes aux yeux, partit avec fa troupe, après avoir embraffé tendrement le vaillant Diomede, le lage & inconfolable Nestor, & le fameux Philoc tete, digne héritier des fleches d'Hercule.

Fin du vingt-unieme Livre.

LES

our request, a tract of land which is of no ufe to you, to a king who is worthy of all kind of fuccour.

The Daunians replied, that they could refuse Telemachus nothing, fince he had procured them Polydamas for their king. Hereupon they went to feek him in his defert and to place him on the throne; having first given the fertile plains of Arpi to Diomed, to found a new kingdom there. The allies were overjoyed at this grant, because this colony of Greeks might powerfully affift their party, if the Daunians should ever attempt to renew the ufurpations of which Adraftus had given an ill example.

And now all the princes prepared to take, their leave of each other. Telemachus with tears in his eyes departed with his troop; having first tenderly embraced the valiant Diomed, the fage and difconfo late Neftor, and the famous Philoctetes, the worthy inheritor of the arrows of Hercules.

End of the twenty-firft Book.

TOM. IL

THE

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༩༠

AVENTURES

DE

TÉLÉMA QUE,

FILS D'ULYSSE.

LIVRE VINGT-DEUXIEM É.

SOMMAIRE.

Télémaque, arrivant à Salente, eft Surpris de voir la campagne fi bien cultivée, & de trouver fi peu de magnificence dans la ville. Mentor lui explique les raifons de ce changement, lui fait remarquer les défauts qui empêchent d'ordinaire un état de fleurir, & lui propofe pour modele la conduite & le gouverne, ment d'Idoménée. Télémaque ouvre enfuite fon caur à Mentor fur fon inclination d'époufer Antiope, fille de ce roi. Mentor en loue avec lui les bonnes quar lités, l'affure que les Dieux la lui deftinent; mais que préfentement il ne doit fonger qu'à partir pour Ithaque, & qu'à délivrer Pénélope des poursuites de fes prétendans.

Le jeune Mentory Salemoe E jeune fils d'Ulyffe brûloit d'impatience de re & de s'embarquer

avec lui pour revoir Ithaque, où il efpéroit que fon pere feroit arrivé. Quand il s'approcha de Salente, il fut bien étonné de voir toute la campagne des environs, qu'il avoit laiffée prefque inculte & déferte, cultivée comme un jardin & pleine d'ouvriers diligens. Il reconnut l'ouvrage & la fageffe de Mentor. Enfuite entrant dans la ville, il remarqua qu'il y avoit

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