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tus ou conductor, était juge de tous les délits commis par les gardes, dans l'exercice de leurs fonctions. A Montpellier, le peuple était divisé en sept classes ou échelles, suivant les professions. Chacune portait le nom d'un jour de la semaine, et elle faisait le guet et avait la garde des portes pendant le jour dont elle portait le nom.

A Sisteron, nul avocat, chevalier, clerc ou oblat (laïque consacré à l'Église), n'était exempt des tours de garde. Il fallait, sous peine de 3 sous d'amende, payer de sa personne.

A Nantes, le service du guet était très-pénible pour les bourgeois quand il arrivait une alarme. Ainsi, dès le début des troubles religieux du seizième siècle, les bourgeois de cette cité durent veiller à la sûreté publique, depuis cinq heures du soir jusqu'au matin. Les magistrats, les ecclésiastiques eux-mêmes, ne furent pas exempts du guet, et il fut défendu de quitter le corps de garde, sous peine de mort. Cette rigueur excessive se relâchait, d'ailleurs, quand le péril s'éloignait. En 1553, tout habitant tenant ménage ne fut tenu de faire le guet qu'une fois par mois. L'amende contre les négligents était de 10 deniers. Quand la guerre de la ligue succéda à la guerre du calvinisme (1577), injonction fut faite aux Nantais de doubler le guet, sans exception aucune, et sous peine d'exclusion de la ville. Les protestants seuls ne firent pas de service, le port d'armes leur étant interdit. On pouvait néanmoins présenter un remplaçant, de sorte que chaque famille contribuait à la garde de la cité. Les veuves dans l'aisance soldaient un homme, sinon elles payaient 15 à 30 sous d'amende.

Dans certaines villes, les miliciens du guet avaient de singuliers auxiliaires on sait qu'à Saint-Malo les patrouilles de nuit étaient faites, non-seulement par des hommes, mais aussi par d'énormes dogues, qu'on laissait vaguer dans les rues et sur les remparts (*). De même le gouverneur du fort du Taureau, bâti au seizième siècle, à l'en

(*) De là le proverbe appliqué à un individu à jambes grèles: Il revient de SaintMalo (il a eu les jambes mordues par les dogues).

trée de la rade de Morlaix, avait à ses ordres, outre sa petite garnison, un certain nombre de dogues qui, pendant la nuit, faisaient le guet sur les roches.

Mais revenons au guet de Paris. Sous le ministère de Colbert, la ville demanda au roi une augmentation de cette compagnie, qui n'était encore que de 150 hommes environ, tous nommés en titre d'office. On y ajouta une compagnie d'ordonnance de 120 cavaliers, et une recrue de 160 fantassins. Ce dernier corps fut l'origine d'une autre compagnie préposée à la tranquillité publique, connue sous le nom de garde de Paris, et composée, en 1784, de 930 hommes d'infanterie, et de 128 cavaliers. Mais le guet, comme la garde de Paris, entendaient la police d'une façon assez extraordinaire; on en jugera par un extrait des Mémoires de la régence. On y fit, à la date de l'année 1719:

«On avoit distribué des ordres pour enlever les vagabonds, fainéants et gens sans aveu. Sous ce prétexte, les archers eurent l'insolence d'arrêter nombre d'honnêtes gens, dans l'espérance qu'ils se racheteroient de leurs mains par des sommes considérables. Ils enleverent des fils de famille dans la même vue. Ils poussèrent l'audace jusqu'à entreprendre d'arracher des demoiselles vertueuses de leurs maisons, et ils osèrent même s'attaquer à des officiers et à des chevaliers. Ils travailloient à faire naître des querelles, afin d'y embarrasser quelques riches bourgeois, qu'ils comptoient intimider par leurs menaces, et forcer à les payer de leur impudence. Enfin, ils commirent tant d'excès, qu'on ne put se persuader qu'ils agissoient sans des ordres secrets, dont le Mississipi n'étoit que le prétexte. Quoi qu'il en soit, la populace s'arma contre eux à la fin, et plusieurs de ces malheureux furent massacrés, sans que la justice parût en prendre connoissance, comme elle l'auroit fait sans doute, s'ils n'avoient point excédé leur commission. >>

« L'année suivante, dit le même ouvrage, on établit une nouvelle garde de police, composée de quatre-vingt et un hommes, qui furent partagés dans les différents quartiers de la ville, pour arrêter les bandits et les mendiants qui se trouveroient en état de travailler, et

pour remettre les invalides aux archers. Chaque garde avõit quarante-cinq livres par mois. Ils devoient avoir servi au moins cinq ans dans les troupes. Ils avoient des habits bourgeois, et portoient seulement une bandolière semée de fleurs de lis. Dès les premiers jours qu'ils entrèrent en fonction, on assura qu'il étoit sorti de Paris vingt à trente mille pauvres et fainéants, qui s'étoient retirés dans les provinces, sans compter plus de neuf cents personnes des deux sexes qu'ils avoient prises. Mais ils se lassèrent bientôt de faire leur de voir. Comme on leur donnoit une pistole pour chaque personne qu'ils menoient au Châtelet, ils arrêtoient toutes sortes de gens et bourgeois, apprentis, ouvriers, tout leur étoit bon, parce qu'ils y gagnoient. Enfin, le 29 avril, plusieurs de ces gardes en ayant arrêté que des bourgeois réclamèrent, il arriva du tumulte dans le faubourg SaintAntoine; neuf ou dix archers furent blessés, et les suites auroient pu être funestes, si la sédition s'étoit communiquée jusque dans la ville. Mais, par un heureux hasard, le maréchal de Villeroi se trouva dans ce faubourg, et apaisa le peuple par sa présence et par ses promesses.

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Cependant, on mena plusieurs bourgeois en prison, et on nomma des commissaires pour les juger avec le lieutenant général de police. Mais on jugea ensuite à propos de leur pardonner, et, le 4 mai au soir, on publia une ordonnance du roi concernant ce qui devoit être observé en arrêtant les mendiants et les vagabonds, afin d'éviter à l'avenir toute méprise, tant de la part des gardes que de celle des bourgeois. Il y avoit d'autant plus de justice dans cette conduite, qu'entre les gardes blessés qui avoient été conduits à la Charité, pour y être pansés, il y en avoit quelques-uns qui avoient déjà eu la fleur de lis, et pour l'amour de qui il eût été criant de punir d'honnêtes gens. »>

L'office de chevalier du guet, supprimé en 1737, fut rétabli en 1765. Sa troupe elle-même subit de grandes modifications, jusqu'à ce qu'en 1783 elle fut incorporée dans la garde de Paris. Cette dernière troupe se composait, en 1789, de 2 compagnies de 69 hommes,

qu'on appelait encore archers; de 111 cavaliers, et de 852 fantassins. L'uniforme du guet était, pour la cavalerie, habit bleu galonné d'or, veste et parements écarlate, épaulette d'or, housses des chevaux écarlate et or; pour l'infanterie, habit bleu, parements rouges, baudrier galonné.

Cette milice fut presque toujours mal composée, et elle n'inspirait à la population parisienne ni confiance ni considération. Il en était de même à peu près dans toutes les grandes villes qui avaient reçu un guet royal, à l'instar de la capitale, à Bordeaux, à Lyon, etc.

GUET (droit de), redevance qu'on payait en temps de guerre pour se garantir des dévastations de l'armée.

GUET DE SAINT-LAZABE. On appelait ainsi à Marseille une cavalcade solennelle qui commençait la veille de la fête de saint Victor, et se prolongeait toute la nuit à la lueur, des flambeaux et au milieu de l'allégresse générale. Le capitaine du guet était un gentilhomme marseillais chargé de représenter saint Victor, et de porter à cheval la bannière gardée de temps immémorial dans l'abbaye de ce nom. Le lendemain, jour de la fête, la cavalcade recommençait ses courses, et le capitaine, monté et équipé, s'avançait à la procession devant la châsse du saint. Cette cérémonie fut abolie en 1610. On se contenta de faire faire à un valet de ville, travesti en gendarme, quelques tours dans les rues pour amuser le peuple. L'origine de cette course remontait sans doute à un guet institué pour la sûreté de la ville, à la veille d'une fête qui attirait un grand concours de gens de toute espèce.

GUET ou GUÉ (Jacques-Joseph du), théologien et moraliste, né à Montbrison en 1649. Il entra de bonne heure dans la congrégation de l'Oratoire, qui l'envoya professer à Troyes, puis à Paris. Il recut l'ordination dans cette dernière ville, et s'y attira beaucoup de considération par des conférences ecclésiastiques où il déploya un savoir étendu et une remarquable facilité de parole. Attaché aux doctrines du jansénisme, il quitta l'Oratoire lorsque cette société rendit un décret par lequel elle excluait

à la fois de son sein la théologie de l'évêque d'Ypres et la philosophie de Descartes. Il se retira à Bruxelles, où il vécut quelque temps avec le grand Arnauld, l'indomptable chef du jansénisme, qui, du fond de l'exil, lançait écrit sur écrit pour la défense de la prédestination. Revenu en France, du Guet accepta l'asile que lui offrait le président de Ménars, et y passa le reste de ses jours, non sans interruption cependant, car les opinions qu'il continua de manifester en théologie le mirent plus d'une fois en danger, et l'obligèrent à quelques voyages de prudence. C'est ainsi qu'il se retira, à différentes époques, à l'abbaye de Tamié en Savoie, en Hollande, et à Troyes. Il se mit au nombre des appelants et des réappelants contre la bulle Unigenitus, et n'échappa aux lettres de cachet qu'en disparaissant à propos. Il mourut en 1733, un peu en froid avec son parti, parce qu'il avait montré peu de goût pour la folie des convulsions. Ses principaux livres sont ses Conférences ecclésiastiques; l'Ouvrage des six jours, ou Histoire de la création, explication du commencement de la Genèse; l'Institution d'un prince. Ce dernier ouvrage fut composé, ainsi que le rapportent Saint-Simon et plusieurs autres, pour le fils du duc de Savoie, dans le temps que Victor-Amédée concevait le chimérique espoir de voir tomber entre les mains de son héritier l'immense succession d'Espagne. Voltaire, de son côté, assure qu'il est faux que l'Institution d'un prince ait eu cette destination. Ce livre, qui ne fut publié qu'en 1739, consacra la réputation de du Guet comme moraliste et comme écrivain. Les conseils qu'il y donne aux princes sont inspirés à la fois par la vertu et par l'expérience. La forme dont il les revêt est correcte, pure, élégante, mais sans originalité expressive, et un peu diffuse. Attaché aux principes de la monarchie absolue, il n'en revendique pas moins pour les peuples certains droits essentiels. Animé par cet esprit de liberté qui était au fond du jansénisme, il exprime hautement le vœu que les impôts soient toujours préalablement consentis par les états de la nation assemblés. Il recommande aux princes de consulter la voix publique

sur le choix de leurs ministres. Il leur interdit les dépenses faites pour leurs plaisirs, qui seraient ruineuses pour la nation. Partout il confond l'autorité du monarque avec celle des lois. De tels préceptes doivent renfermer, on le sent, plus d'un blâme indirect sur le règne de Louis XIV, plus d'une allusion hostile aux prodigalités et au despotisme du grand roi. Il y a des pages où du Guet paraît animé contre ce prince, non pas seulement de l'indignation vertueuse d'un citoyen, mais de la haine impitoyable d'un sectaire persécuté. Rien de plus remarquable, sous ce rapport, que les lignes suivantes écrites dans le temps des conférences de Gertruydenberg, où il montre à quels revers s'expose un monarque qui a fait craindre aux autres son orgueil et son ambition : « ...Il est contraint d'acheter la paix qu'il avait lui-même troublée, de restituer pour cela des places usurpées, et d'en raser d'autres qu'il avait fortifiées avec des dépenses infinies. Il est forcé de passer les dernières années de sa vie dans la guerre, au lieu du repos qu'il s'y était promis; elle devient plus générale et plus animée lorsqu'il en est las, et qu'on sait bien qu'il désire de la terminer, même à des conditions honteuses. On commence à le mépriser, lorsqu'il n'est plus en état de mépriser les autres; on lui demande plus qu'il n'a pris. On veut lui enlever son ancien héritage, pour le faire repentir de ses usurpations; et il éprouve dans une triste vieillesse la vé rité des imprécations que l'Écriture fait contre les princes qui s'imaginent être grands, parce qu'ils sont orgueilleux et injustes... L'idée fastueuse qu'un prince s'était efforcé de donner de lui-même, disparaît alors. On lui insulte dès qu'on ne le craint plus, et il est contraint de souffrir qu'on dise hautement de lui ce qui est marqué dans un prophète : Quoi! est-ce donc là cet homme qui troublait toute la terre, qui ébranlait les royaumes, qui désolait l'univers, et qui ruinait les villes? >>

GUETTARD (Jean-Étienne), médecin naturaliste, né à Étampes en 1715, doit être considéré comme un des fondateurs de la géologie. Quoique l'abbé Coulon, en 1664, eût indiqué sur une carte les limites de quelques terrains, cette

science n'a pris son essor que depuis la publication du mémoire de Guettard sur la nature et la situation des terrains qui traversent la France et l'Angleterre (1746). Guettard a joint à ce travail une carte du bassin de Paris. II a fait une foule d'observations excellentes et neuves sur toutes sortes de sujets d'histoire naturelle, et particulièrement de minéralogie et de géologie. C'est un des hommes que la réputation exagérée de M. de Buffon empêchait d'être appréciés à leur juste valeur. Bernard de Jussieu, Malesherbes et lui, tenaient ensemble des comités où l'on faisait une critique juste et sévère des erreurs que le grand nom de Buffon tendait à répandre dans le public.

On doit à Guettard la découverte d'un kaolin semblable à celui de la Chine, découverte qui donna lieu à la création de la manufacture de Sèvres. Il fut aussi l'un des premiers savants français qui cherchèrent à suppléer au papier de chiffon par d'autres productions végétales. Dès l'année 1734, il avait été admis à l'Académie des sciences. Parmi les nombreux mémoires insérés par lui dans le recueil de cette société, nous nous contentons de citer ici les principaux, qui font assez connaître la grande importance de ses recherches. Ce sont : 1° Mémoires sur les granits de France comparés à ceux de l'Egypte, 1751; 2o Mémoires sur quelques montagnes de la France qui ont été des volcans, 1752; 3° Mémoire dans lequel on compare le Canada à la Suisse par rapport à ses minéraux, ouvrage accompagné de cartes minéralogiques, 1752; 4° Atlas et description minéralogique de la France, Paris, 1780. Cet atlas, non terminé, contient 32 cartes. Il a laissé en outre : Observations sur les plantes, Paris, 1747, 2 vol. in-12; Histoire de la découverte faite en France de matières semblables à celles dont la porcelaine de Chine est composée, ibid., 1765, in-4°; 1766, in-12; Mémoires sur les différentes parties des sciences et des arts, Paris, 1768-83, 5 vol. in-4°, collection tres-estimée; Mémoire sur la minéralogie du Dauphiné, ibid., 1779, 2 vol. in-4°, réin> primés dans la Description de la France, par de Laborde, etc. Guettard exerçait

la médecine, et tous ceux dont il était connu louaient son exquise sensibilité. Il ne pouvait visiter les pauvres sans chercher à les assister dans leurs besoins, et quand lui-même se sentit malade, il s'abstint de voir ses amis, de peur de les affliger par le spectacle de ses souffrances. Il termina ses jours à Paris, le 8 janvier 1786.

GUFFROY (Armand-Benoît-Joseph), membre de la Convention nationale, naquit aux environs d'Arras en 1740. Il exerçait la profession d'avocat en cette ville, lorsqu'il fut nommé en 1787 membre de l'assemblée provinciale de l'Artois. Deux ans après, divers écrits politiques le signalerent comme l'un des plus zélés partisans de la révolution. Juge de paix à Arras en 1790, il fut élu en 1792 député du Pas-de-Calais à la Convention nationale. A son arrivée à Paris, il entreprit la rédaction d'un journal qu'il intitula le Rougiff (anagramme de son nom), ou la France en vedette. L'extrême cynisme de son langage, et ses exagérations, le rendirent suspect à Robespierre, qui le fit chasser des Jacobins. Chasles dénonça son journal comme infecté du poison aristocratique, et divers membres l'accusèrent d'avoir des liaisons intimes avec le marquis de Travanes et une autre personne attachée au service de Louis XVI. Devenu dès lors l'ennemi de Robespierre, Guffroy se prononça contre lui au 9 thermidor. Après la mort de Robespierre, il se signala parmi les plus furieux réacteurs. Membre de la commission chargée d'inventorier les papiers du tyran, il eut soin d'anéantir les pièces qui constataient, dit-on, ses propres fríponneries. Le 5 août 1794, il denonça Joseph le Bon, son compatriote et son ami. Le 4 février 1795, il se déclara hautement l'approbateur de la conduite de Cadroy et de Mariette dans le Midi, et fit sanctionner par la Convention tous les actes réactionnaires qui avaient signalé la mission de ces deux représentants. Le 27 mars, il accusa Duhem de correspondre avec les jacobins détenus à la Bourbe, et de tramer avec eux des complots contre la Convention. Deux jours après, il fit décréter que Billaud, Collot et Barrere seraient entendus. Il ne se borna pas,

au reste, à activer la réaction par ses discours et ses votes dans l'Assemblée nationale, il la prêcha en furieux dans ses écrits. Le 9 juin 1797, Couchery l'attaqua en face, et le couvrit d'une nonte ineffaçable, en lui reprochant d'avoir fait arrêter, par une fausse dénonciation, un homme dont il était débiteur, Rougeville. Atterré par cette accusation imprévue, Guffroy se condamna dès lors au silence, et rentra dans la plus profonde obscurité. Cependant, après quelques mois de séjour à Arras, il revint dans la capitale, et se fit nommer, à force de sollicitations, chef adjoint au ministère de la justice. Il mourut en 1800, âgé de 60 ans. Guffroy avait été nommé membre du comité de sûreté générale en septembre 1793. Au mois d'octobre de la même année, il fit placer le buste de Descartes au Panthéon, et demanda que les cendres de Fénelon y fussent aussi déposées. Entre autres ouvrages, il a publié : 1o Censure républicaine, ou Lettre de Guffroy aux Français habitants d'Arras et communes environnantes, à la Convention nationale et à l'opinion publique, an III; 2° Les secrets de Joseph le Bon et de ses complices, ou Lettre de A. B. J. Guffroy a la Convention nationale et à l'opinion publique, an III.

GUIAGE, redevance féodale pour la sûreté des chemins, ou droit en vertu duquel, dans d'autres localités, les habitants du littoral étaient tenus d'entretenir des phares.

GUIARD, fou qui vivait à la fin du règne de Philippe le Bel, vers 1310, et qui se prétendait l'ange de Philadelphie dont il est fait mention au chapitre 3 de l'Apocalypse (verset 7). Il commit tant de folies, qu'il se fit arrêter. Il soutint obstinément la vérité de sa mission devant ses juges, qui le condamnèrent à être brûlé vif, supplice auquel il échappa en abjurant son erreur. Il en fut quitte pour être enfermé le reste de ses jours.

GUIBAL (N.), peintre, né à Lunéville en 1725. Après avoir étudié d'abord la sculpture sous son père Barthélemy, premier sculpteur du roi Stanislas, il s'adonna exclusivement à la peinture, et passa a plus grande partie de sa vie en Allemagne, et principalement à

Stuttgard, où il fit quinze plafonds au nouveau château. Il a travaillé aussi pour l'électeur Palatin et les villes de Soleure et de Manheim. Il mourut à Stuttgard en 1784.

GUIBERT (Charles-Benoît, comte de), lieutenant général, gouverneur des Invalides, né en 1715, à Montauban, fit les campagnes d'Italie, de Corse, de Bohême et de Flandre. Après la paix de 1763, Guibert, mettant à profit les notions de la tactique prussienne qu'il avait recueillies pendant 18 mois de captivité en Prusse, à la suite de l'affaire de Rosbach, posa les bases du code militaire français, et fut chargé par le duc de Choiseul de la confection des ordonnances du service de campagne et des places. Nommé gouverneur des Invalides après la mort du comte d'Espagnac, il ne s'occupa plus, jusqu'à sa mort, en 1786, que d'améliorer l'administration de cet établissement.

Son fils, Jacques-Antoine-Hippolyte, naquit à Montauban en 1743. Promu, très-jeune encore, au grade de colonel commandant de la légion corse, il n'avait que trente ans lorsqu'il publia son Essai de tactique. Comme les innovations qu'il proposait, et les insinuations hardies dont il ne s'était pas abstenu, pouvaient exciter contre lui beaucoup de murmures, il alla recueillir de nouvelles observations en Prusse. Mais sous le nouveau ministre nommé en 1775, Guibert reprit ses anciennes occupations; il eut même toute la confiance du comte de Saint-Germain, auquel il resta ensuite attaché dans sa disgrâce. Brigadier en 1782, et six ans après, maréchal de camp, il rechercha aussi la gloire des travaux littéraires. Ses tragédies furent toutefois jugées défavorablement. On trouva qu'il ne réussissait pas mieux dans les éloges académiques. Enfin Guibert, dont l'ambition trop active ne se dissimulait pas suffisamment, augmenta encore le nombre de ses ennemis par un amour-propre trop irascible. En 1779, il publia, sous le titre de Défense du système de guerre moderne, une sorte de suite et d'apologie de son Essai de tactique Son premier ouvrage sur cette matière, écrit avec indépendance, et plein de l'enthousiasme du soldat, avait produit

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