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Ajoutons que le Gammier peint sur une toile dans les dimensions voulues, par rapport au nombre des élèves qu'il s'agit d'instruire, est le tableau par excellence pour l'étude pratique de l'intonation. Le Gammier explique si nettement et si complétement le fait musical, qu'au besoin il ferait comprendre à un sourd-muet les règles de l'art avec le secours seul de la vue, comme on se rend compte de la position des lieux sur une carte de géographie. Sous une autre forme, le Gammier est l'indispensable corollaire de toutes les méthodes de piano et d'orgue. Il n'en remplace aucune, il aide à toutes.

Le Gammier arrive à merveille pour faciliter l'exécution de l'article 4 du décret qui rend obligatoires pour les élèves des écoles normales primaires les exercices élémentaires du clavier et la connaissance des gammes dans tous les tons majeurs et mineurs. Ce décret, on ne l'a pas oublié, embrasse les matières suivantes :

1° Principes élémentaires de musique et de chant ;

20 Principes élémentaires du plain-chant (pour les élèves catholiques);

3o Études élémentaires de l'accompagnement;

4o Enfin, exercices élémentaires de mécanisme sur le piano et l'orgue, gammes dans tous les tons majeurs et mineurs.

Le Gammier posé sur le clavier, ce qui est une opération des plus faciles, détermine instantanément pour toute personne ignorante de la musique :

1o Les noms que portent, suivant le ton donné, chaque touche blanche ou noire, ainsi que leur qualité de note naturelle ou de note altérée ;

2o La série des touches dont il faut se servir pour former chaque gamme majeure ou mineure ;

3o Le doigté à employer pour chaque gamme majeure ou mineure ; 4o Enfin, les sons qui, combinés entre eux, constituent tous les accords parfaits majeurs ou mineurs, ainsi que leurs doigtés.

N'est-ce pas là véritablement un appareil des plus ingénieux et des plus utiles?

Par des rapports tout naturels entre l'esprit de la théorie musicale et les règles de son application, il résulte que le Gammier, de quelque façon qu'on l'emploie, qu'il serve à la démonstration des éléments de l'art, à celle de l'harmonie, du plain-chant, de la constitution des gammes ou de l'étude pratique du clavier, reste toujours conséquent avec lui-même et toujours éminemment utile.

Peu de professeurs, je le sais, ont à la fois la patience et le temps nécessaires d'étudier sérieusement les moyens nouveaux d'enseignement qui se produisent, et il est toujours plus commode et moins fatigant de s'en tenir aux anciens, à ceux qui vous sont familiers. Et puis il y a lant de rêves creux dans le cerveau des inventeurs! D'ailleurs les moyens mécaniques, aussi bien que les formules algébriques, inspirent généralement de la méfiance quand ils s'appliquent à la démonstration d'un art tout de sentiment tel que la musique. Cependant je constate ce fait que les personnes compétentes qui ont examiné avec attention le Gammier, reconnaissent que jamais la mécanique n'était venue en aide à l'intelligence d'une manière plus heureuse, plus saisissante que par cet appareil. Nous appelons donc de toute la force de nos convictions l'attention des professeurs et des directeurs d'orphéons sur la découverte de M. Frelon qui, envoyée bien qu'elle fût encore loin d'être complète, à l'exposition de Londres en 1862, y obtint le prize medal.

Moins heureux à Paris en 1867, qu'à Londres en 1862, le Gammier de M. Frelon, perfectionné, augmenté, rendu aussi parfait et aussi complet qu'on pouvait le désirer sans oser l'espérer, n'a pas même obtenu une mention!!! Oubli, incapacité des juges pour apprécier la valeur de cette invention, ou injustice de parti pris, une semblable omission est aussi surprenante qu'elle est inexcusable.

Appareils mécaniques à l'usage des tableaux de M. Edouard Batiste.

Nous avons parlé, en commençant, des importants tableaux de lecture musicale dus à M. Édouard Batiste. Il nous faut, à cette heure, vous dire quelques mots de l'appareil tout mécanique qui a pour but de recevoir et de développer ces tableaux,-applicables, eux aussi, comme le Gammier de M. Frelon et l'échelle de M. Pauraux, dont nous allons vous dire quelques mots plus loin, à toutes les méthodes.

Les tableaux de M. Batiste exigeaient un grand développement en raison des douze exercices présentés de front sur chaque difficulté d'intonation ou de rhythme. Nous avons vu que ces exercices peuvent se chanter isolément ou simultanément par deux sections d'élèves ou un plus grand nombre, et sur un seul accompagnement. On ne manie pas comme un cahier de musique des toiles de cette dimension, et il a bien fallu chercher un moyen mécanique de les fixer sur le mur tout en permettant leur développement à volonté. Ce moyen a été trouvé, et il est de la plus grande simplicité. On voit se développer, comme des rouleaux de papier de tenture, ces tableaux gigantesques sur lesquels l'attention se fixe nécessairement.

Les rouleaux-cartes de ces tableaux qui peuvent être lus par plus de cent élèves, sont divisés en plusieurs séries. Ils se placent sur deux montants à crémaillères, fixés au mur de la classe, et se développent au moyen d'une seule manivelle mobile de haut en bas et de bas en haut, sur une largeur de 1 mètre 60 c. et une hauteur de 1 mètre 80. Un troisième rouleau vide, celui de transmission, est fixé à la hauteur mème de chaque tableau de 12 portées, de manière à en permettre le dévelop pement complet. Rien de plus simple, nous l'avons dit, et aussi rien de moins coûteux, puisque cet appareil est joint aux tableaux de M. Édouard Batiste, sans augmentation de prix. Il est vrai que ces

tableaux ne sont pas bon marché par eux-mêmes. Toutefois, cette élévation de prix s'explique quand on songe à l'immense travail d'impression de 60 tableaux, par le moyen de simples patrons découpés, et à l'énorme dépense première d'une pareille installation '. Nul doute que ces premiers frais couverts, il n'y ait une réduction sensible dans le prix de vente de ces tableaux qui sont une œuvre de propagande désintéressée, et non point une affaire de commerce. Ce que nous avançons ici est si vrai, que les éditeurs ont exposé, classe 10, un nouveau moyen de reproduire ces tableaux par la gravure sur bois. MM. Mary et fils, graveurs, et M. Morris, imprimeur, ont fait là un essai des plus heureux de la gravure de musique sur bois, qui donnerait au tirage une économie de 100 pour 100 et plus. Mais, pour atteindre ce but, il faudrait tirer ces tableaux en grand nombre. Que M. le Ministre de l'Instruction publique les désigne pour l'étude de la musique dans nos écoles primaires, - cela se peut puisqu'ils sont applicables à tous les systèmes d'enseignement, , et nos écoles posséderont bientôt, à bon marché, un précieux atlas pour l'étude élémentaire de la musique, devenue obligatoire, comme on sait.

De quelques autres appareils."

L'Exposition a été loin d'offrir un échantillon de tous les appareils mécaniques qui, dans ces dernières années, ont été imaginés à l'usage de la musique. En parcourant par hasard, il y a quelques jours, une liste de brevets d'invention pris en France, j'y ai vu la description d'un Guide-mémoire musical. Pourquoi ce Guide n'a-t-il pas figuré au Champde-Mars? J'ai aussi entendu parler de cartons merveilleux au moyen desquels l'estimable Auvergnat, qui alimente journellement vos fontaines, composerait des valses comme Strauss, des quadrilles comme Musard, et des mélodies originales comme... Le nom ne me revient pas. Où sont des Cartons mécaniques compositeurs? Ah! si Masini vivait ennon point le gracieux auteur de romances, mais celui qui fut longtemps le président de la Société philharmonique de Milan, de quelle divertissante machine il eùt orné cette classe 89, médiocrement gaie, il faut bien l'avouer ! Cette mécanique, l'indispensable annexe de sa méthode de chant, n'était autre chose qu'une sorte de râtelier pos

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4. C'est à Nantes, sous l'habile direction de M. Testé, que fonctionne l'imprimerie des tableaux géants de lecture musicale de M. Édouard Batiste.

tiche, muni de vigoureux ressorts, que le professeur logeait dans la bouche de tous ses élèves, sans distinction de sexe ni d'àge. Horriblement embarrassés par cette seconde rangée de dents, qui donnait à leur mâchoire l'apparence de celle d'un requin, les malheureux disciples de Masini pouvaient à peine articuler un son et demander grâce.

Persévérez, leur disait le maître; vous n'imaginez pas avec quelle facilité, plus tard, vous chanterez sans mon ràtelier, et à l'aide de vos seules dents naturelles.

La mort, en nous enlevant Masini, nous a aussi enlevé sa mélodique mâchoire. C'est en vérité bien dommage!

Pour continuer cette revue des appareils mécaniques spéciaux à l'Exposition, nous passerons, sans autre transition, au Clavier déliateur de M. Joseph Grégoir.

Ce clavier muet offre la possibilité d'atteindre à une égalité parfaite dans le toucher, par la raison que chaque touche de ce discret piano est munie d'un ressort qu'on rend à volonté plus ou moins résistant. Le jeu de l'exécutant manque-t-il d'égalité parce que le quatrième doigt, par exemple, est plus faible que les autres? Au moyen d'un mécanisme des plus simples, on donne à la touche sur laquelle doit s'exercer le quatrième doigt, un degré de pression de plus qu'aux autres touches, et l'égalité du jeu s'acquiert ainsi par l'inégalité même dans la résistance du clavier.

M. Grégoir assure que si l'élève parvient, avec la même facilité, à tous les degrés de résistance, à jouer un petit cahier d'exercices écrits par lui pour le clavier déliateur, il pourra bientôt vaincre sans efforts les plus grandes difficultés du piano.

C'est dans le même but que Mlle Faivre a pris un brevet d'invention pour un lacet en caoutchouc très-bien imaginé, auquel elle a donné le nom de veloce mano.

Il suffit, nous dit Mlle Faivre, de faire, au début, usage de cet appareil pendant cinq ou six minutes par jour. D'abord il fatigue beaucoup les doigts, mais on s'habitue promptement à ces élastiques avec lesquels on parvient à jouer tous les morceaux. Cinq minutes de travail au moyen du veloce mano équivalent au moins à une heure de même travail sans son emploi.

Quand on lit de ces choses-là, on se sent pris d'une envie furibonde de devenir un Listz ou un Thalberg. Mais on pourrait bien ne pas réussir, même avec l'emploi de tous ces appareils. Il est très-certain néan

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