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Les étrangers ont pu apprécier cette France, jadis si inquiète, et rejetant ses inquiétudes au delà de ses frontières, aujourd'hui laborieuse et calme, toujours féconde en idées généreuses, appropriant son génie aux merveilles les plus variées, et ne se laissant jamais énerver par les jouissances maté⚫rielles.

Les esprits attentifs auront deviné sans peine que, malgré le développe⚫ment de la richesse, malgré l'entraînement vers le bien-être, la fibre nationale y est toujours prête à vibrer dès qu'il s'agit d'honneur et de patrie; mais cette noble susceptibilité ne saurait être un sujet de crainte pour le repos • du monde.

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Que ceux qui ont vécu quelques instants parmi nous rapportent chez eux une juste opinion de notre pays; qu'ils soient persuadés des sentiments d'estime et de sympathie que nous entretenons pour les nations étrangères, et de notre sincère désir de vivre en paix avec elles.

Je remercie la commission impériale, les membres du Jury et les différents comités du zèle intelligent qu'ils ont déployé dans l'accomplissement de leur mission. Je les remercie aussi au nom du Prince Impérial, que j'ai été heureux d'associer, malgré son jeune âge, à cette grande entreprise, dont il gardera le souvenir.

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L'Exposition de 1867 marquera, je l'espère, une nouvelle ère d'harmonie et de progrès. Assuré que la Providence bénit les efforts de tous ceux qui, « comme nous, veulent le bien, je crois au triomphe définitif des grands prin«cipes de morale et de justice qui, en satisfaisant toutes les aspirations légitimes, peuvent seuls consolider les trônes, élever les peuples et ennoblir l'humanité. »

Sur l'ordre de l'Empereur, S. Exc. M. de Forcade, ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, vice-président de la Commission impériale, a fait l'appel des récompenses.

Nous donnons plus loin la liste exacte et complète de tous les prix obtenus qui se rattachent à la musique, et dans l'ordre de leur classement sur la liste des jurys.

Quelques lignes encore, et nous aurons terminé ce compte-rendu que nous avons cru ne pas devoir abréger.

Rossini n'assistait pas à cette séance. Ce n'est pas lui qui se dérangerait pour entendre sa musique. Pendant qu'on l'acclamait sous cette chaude et splendide cage de verre des Champs-Élysées, il respirait philosophiquement l'air frais et embaumé de ses ombrages de

Passy.

C'est dans cette même villa que le 3 juillet, le général Favé est allé trouver le maître pour le complimenter au nom de l'Empereur sur l'hymne exécuté la veille.

COMITÉ DE L'EXÉCUTION MUSICALE.

PREMIÈRE SECTION.

DEUXIÈME ET DERNIER FESTIVAL AVEC ORCHESTRE ET CHOEURS, AU PALAIS

DE L'INDUSTRIE.

Ce festival, annoncé pour le 4 juillet, ainsi qu'il est dit dans le rapport du comité, n'a pu avoir lieu ce jour-là, à cause de la nouvelle de la mort, au Mexique, de l'empereur Maximilien. Il fut remis au 8 juillet. Mais le 8 ayant été fixé pour la revue des troupes passée en l'honneur du Sultan, il fallut encore ajourner cette séance musicale, qui eut lieu enfin, le 11 juillet, avec un très-grand succès. Près de quinze mille personnes y assistèrent, et M. Georges Hainl déploya en cette circonstance toutes les qualités d'un excellent chef d'orchestre. Comme au premier concert, il avait sous sa direction 1,200 chanteurs ou instrumentistes. Les places avaient été fixées à 20 fr., 10 fr. et 5 fr. au rez-de-chaussée. Les spectateurs du premier étage payaient, en entrant, 2 fr. au tourniquet. Aucune modification n'ayant été apportée dans le programme arrêté par le comité, les morceaux furent exécutés dans l'ordre suivant:

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Les honneurs de cette imposante exécution ont été pour le prélude de l'Africaine qu'on a redemandé avec insistance, pour l'hymne de Rossini salué de trois salves d'applaudissements, pour le Chant du Soir de Félicien David, pour cette noble et forte inspiration de notre cher Berlioz, qui a nom l'Hymne à la France, et pour l'ouverture de Méhul, avec adjonction d'une fanfare de soixante exécutants jouant la partie des cors. Cette fanfare avait été maintenue éloignée de l'orchestre et des chœurs, de manière à produire une sorte d'optique musicale, qui fut d'un excellent effet.

COMITÉ DE L'EXÉCUTION MUSICALE.

DEUXIÈME SECTION.

FESTIVAL ET CONCOURS ORPHÉONIQUES. — DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES.

Nous sommes au vendredi, 5 juillet. Il est sept heures du matin, et les orphéonistes sont à leur poste, dans le Palais de l'Industrie, pour la répétition du festival qui doit avoir lieu ce jour-là même, à une heure, et dans le même local. Georges Hainl dirige ces nombreuses phalanges vocales qui marchent comme une seule société. L'excellence de cette répétition est un présage du succès de la journée.

A une heure précise, et devant un public de 8,000 personnes, commence le premier concert vocal. On n'a pas oublié le programme:

Domine Salvum.

L'Enclume.

Fabliau des Deux Nuits.

Le vin des Gaulois.

Choeur des soldats (de Jaguarita).

La Noce du Village.

Les Martyrs aux Arènes.

Choeur des matelots (de l'Africaine).

Les Traineaux.

Le Temple de la Paix.

Hymne à la Nuit.

ADAM.
BOÏELDIEU.

Félicien DAVID.

GOUNOD.

HALÉVY.

L. DE RILLÉ.
L. DE RILLÉ.
MEYERBEER.

A. THOMAS.

A. THOMAS.
RAMEAU.

Avant d'applaudir aux harmonieux accents de tous ces braves artisans qui savent avec tant d'intelligence allier le devoir à la plus noble distraction, le travail à la culture de l'art, Parisiens et étrangers ont admiré leur tenue modeste, leur physionomie honnête et heureuse, leur esprit d'ordre et leur politesse, comme l'a si bien dit M. Duruy. Les amateurs du pittoresque ont remarqué les Enfants de Castelfranc, en vareuse et en pantalon de flanelle blanche bordée de rouge; les Enfants de Breloux, en blouse bleue, avec un épis de blé pour décoration à leur boutonnière; les Pyrénéens, en berrets rouges, comme les Basques; les Lillois, en frac noir et en cravate blanche, comme des invités de noce; des prêtres étaient en soutanes, ceux-là en lévites; les uns ornés de lyres, les autres d'étoiles; d'un côté des harpes brodées sur les habits, de l'autre côté des fleurs d'or et

d'argent; et, pour trancher sur le tout, l'uniforme des orphéons militaires, grenadiers de la garde, voltigeurs de la ligne, chasseurs à pied.

L'ordre le plus parfait n'a cessé de régner dans les rangs de ces volontaires de l'art, et ils ont montré, pendant les quelques jours où Paris a eu le bonheur de les avoir pour hôtes, ce que la bannière orphéonique couvre de cœurs honnêtes et sympathiques.

Que dis-je, ce n'est plus une bannière, c'est un blason, le blason du peuple ennobli par l'art.

Ce blason, après tout, en vaut bien un autre. Avec la noblesse de race, la noblesse de robe, la noblesse d'épée et tous les autres genres de noblesse, il n'est pas mauvais que nous ayons une noblesse du travail et de l'art.

Voltaire, qui a dit tant de bonnes choses, a dit ceci :

Vous mettez la grandeur

Dans les blasons; je la veux dans le cœur.

Trois cent trente-sept sociétés chorales avaient envoyé leur adhésion au comité de l'organisation musicale de l'Exposition internationale. Ils auraient tous voulu venir saluer ce Paris dont on a tant de fois parlé au village, et visiter cette merveille de tous les peuples qu'on admirait au Champ-de-Mars; mais si dans le service de l'Autriche le militaire n'est pas riche, dans les rangs de l'orphéon tous ne possèdent pas vingt-cinq mille livres de rente, et les chemins de fer, — excepté, nous l'avons vu, la ligne du Midi-n'ont fait aux chanteurs populaires qu'une diminution de cinquante pour cent sur le prix des places. Ah! si les compagnies avaient accordé généreusement, comme le Midi, soixantequinze pour cent, toutes les difficultés eussent été levées, et il n'est pas une bourgade en France qui, après ces grands jours d'émotion et de gloire intellectuelle, n'eût été attentive aux récits des orphéonistes, revenus des fêtes de la paix comme les soldats reviennent des périls de la guerre. Mais il paraît que les compagnies de chemins de fer, en dehors de la ligne du Midi, y auraient perdu ou qu'elles y auraient moins gagné, et il n'y a pas à discuter avec les représentants de l'empire de la vapeur qui est l'empire du monde.

Donc deux cent soixante-douze orphéons seulement, sur trois centquarante sociétés qui avaient répondu à l'appel du comité, se sont senti assez de foin dans les bottes pour ne pas craindre de coucher sur la paille à leur arrivée dans Paris. C'était encore au total environ cinq mille troubadours d'un peu de tous les départements de la France:

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