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Sur ce chiffre, -170,000 francs de produits ont été vendus avant ou pendant l'Exposition, et l'Exposition elle-même a été l'occasion de ventes d'objets non exposés pour une somme d'environ 145,000 francs.

Ces chiffres seraient arides s'ils ne nous donnaient la meilleure idée que nous puissions nous former de l'importance actuelle de commerce de cette branche si importante de notre industrie artistique.

En ce qui concerne le règlement propre à assurer le service intérieur de la classe 10, qui seule nous occupe en ce moment, nous nous bornerons à détacher les articles suivants :

ART. 1". Les gardiens de la classe 10 doivent être arrivés sur la classe à 6 heures du matin.

ART. 4.

Les gardiens de classe ne devront recouvrir les instruments qu'à partir de 6 heures du soir, à moins de motifs de service. (Cette disposition ne s'applique pas aux instruments exposés dans les annexes.)

ART. 5. -Les gardiens de classe, au nombre de cinq, sont établis à deux par secteur et un dans l'annexe du parc.

Je ne serai ici que l'écho de tous les exposants de la classe 10 et de ses annexes, en louant le zèle si intelligent, la politesse exquise, la complaisance à toute épreuve du délégué de service et secrétaire du comité, M. C.-Ph. Henry, qui a fait de son poste difficile et assez tyrannique, pendant toute la durée de l'Exposition, un véritable poste d'honneur.

Et maintenant que nous avons mis et classé sous les yeux du lecteur les travaux d'organisation des divers comités, avec tous les détails et tous les documents officiels propres à faire d'une partie de cet ouvrage ce que nous avons voulu qu'elle fût, les archives mêmes de la musique dans toutes ses branches à l'Exposition de 1867, passons à la seconde partie de notre livre, à l'Exécution musicale.

EXÉCUTION. MUSICALE.

COMITÉ DE L'EXÉCUTION MUSICALE.

PREMIÈRE SECTION.

DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES AU PALAIS DE L'INDUSTRIE. PREMIER CONCERT AVEC ORCHESTRE ET CHOEURS. PREMIÈRE AUDITION DE L'HYMNE A LA PAIX DE ROSSINI.

On a appelé cette cérémonie la Fête de la Paix.

Quand donc toutes les fêtes seront-elles des fêtes de la paix? Mais je n'écris pas ici pour faire de la politique ou de l'économie sociale, et c'est de musique, exclusivement, qu'il faut nous occuper. La musique, d'ailleurs, jouait en cette circonstance un des rôles les plus importants. Et cela devait être, puisqu'il a été écrit que la musique adoucit les mœurs et entretient dans les cours de doux et paisibles sentiments.

Voir le Grand Turc et entendre l'hymne dédié par Rossini à Napoléon III et à son vaillant peuple (vaillant est un peu bien guerrier pour une fête de la paix), voilà quelle était la great attraction pour les 25,000 personnes qui se pressaient dans l'immense Palais des ChampsÉlysées.

C'était un beau spectacle.

La nef centrale offrait un vaste amphithéâtre garni de stalles toutes numérotées. L'axe de la nef était occupée par des trophées représentant les principaux attributs des dix groupes de l'Exposition. Un palier de circulation entourait le terre-plein de la nef au pied des amphithéâtres.

En ma qualité de mélomane, mes regards sondent avec un intérêt tout particulier l'extrémité orientale de l'amphithéâtre ou les musiciens (les femmes en robes blanches, les hommes, dans le civil, en habit

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noir et en cravate blanche, les militaires en grande tenue), attendent le signal de leur chef, M. Georges Hainl. Je vois Paulus avec ses musiciens de la garde de Paris, renforcés par les musiciens des grenadiers de la garde (chef M. Magnier), et une fanfare de soixante musiciens, sous la sous-conduite de Maury.

Partout je me sens attiré par mille détails curieux.

Que de fleurs, que de rubans, que de soie, que de dentelles, que d'or et que de diamants du côté de la plus faible et de la plus gracieuse moitié de notre espèce ! Que d'habits brodés, de chapeaux à trois cornes, de croix et de bariolages honorifiques du côté de la plus puissante et de la moins gracieuse moitié de l'humanité! Les gens, comme votre très-humbe serviteur, en simple habit noir et en cravate blanche, avaient l'air nu et presque indécent. Mais que faire ? On ne pouvait pas par décence, et pour ne pas se singulariser, emprunter une croix d'honneur à son voisin, ce voisin en eùt-il trois, comme le personnage de la chanson de Béranger. C'est dommage, vraiment, car on a l'air piteux ou insolent quand on se trouve ainsi décoré de sa poitrine nue, suivant l'énergique expression de Barbier, au milieu de tant de poitrines si diversement chamarrées.

A midi, toutes les estrades étaient garnies. On admirait l'ornementation, dont le principal mérite, à mes yeux, était de s'harmoniser parfaitement avec les vitraux du bâtiment.

Une heure sonne, et le chef d'orchestre, ayant à ses côtés M. Jules Cohen, qne Rossini avait chargé, on s'en souvient, de diriger les études de son hymne, donne le signal du départ « à son vaillant peuple d'instrumentistes et de chanteurs.

Ils étaient là douze cents, qui faisaient du bruit comme quatre cents. A quoi cela tenait-il? Un acousticien que je ne veux pas nommer, pour ne pas être soupçonné de faire une réclame, critiquait vertement la distribution des forces musicales. Ses raisons paraissaient justes, mais il sera toujours bien difficile, je crois, de produire un effet vraiment musical dans une salle de cette dimension, quel que soit d'ailleurs le nombre des exécutants. La musique a besoin d'être entendue de près, et les instruments dits à longue portée sont trop souvent des instruments qui ne portent pas.

Le programme de ce premier concert était ce qu'il devait être, court:

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Vous connaissez tous, artistes ou amateurs qui me lisez, l'ouverture d'Iphigénie, pour laquelle notre tant regretté maître Halévy a écrit une coda. Dans la partition de Gluck, s'enchaîne avec la première scène, cette belle préface musicale. Pour l'exécuter isolément, pour en faire un morceau de concert, il fallait nécessairemant y ajouter un final. Halévy a fait ce travail délicat avec une grande intelligence du génie de Gluck, et son addition serait irréprochable, si elle était un peu moins développée.

Le Chant du Soir, de Félicien David, est une des plus poétiques et des plus colorées compositions de ce poëte coloriste musical par excellence. Ce morceau n'est pas nouveau. Il fut écrit après une réunion de saintsimoniens à Ménilmontant. Un des assistants avait parlé sur la pondération des astres, l'infini des mondes et le mouvement universel. Le futur auteur du Désert, inspiré par cette conférence, écrivit, en rentrant chez lui, cette page ravissante, qu'il appela tout d'abord la Danse des Astres. Ai-je besoin de dire que le Chant du Soir a été vivement applaudi de tous ceux qui aiment la bonne musique? Voilà un aimable, un vrai compositeur qui joue cartes sur table et paie mélodie comptant!

Après l'exécution de ce morceau vocal et instrumental, un mouvement de toute l'assemblée annonce l'arrivée du cortége impérial. Vingt mille paires d'yeux se tournent à la fois vers le trône qui s'élève au milieu du transept, du côté de la façade nord du Palais, sur une estrade surmontée d'un dais de velours cramoisi. A droite et à gauche du trône on voit des siéges pour les princes et les princesses invités à la cérémonie.

En avant de l'estrade du trône, nous apprend le Moniteur, étaient placées Leurs Excellences les ministres, les membres du conseil privé, le président du corps législatif, les maréchaux et amiraux, le grand chancelier de la Légion d'honneur, ayant devant eux leurs femmes, et les veuves des maréchaux et amiraux.

Les premiers gradins étaient occupés par les membres de la Commission impériale.

A droite et à gauche de l'estrade du trône se trouvaient la maison de l'Empereur, le sénat, le corps législatif, le conseil d'État; les députations de la

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