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SUR L'HIS

Ans de

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des affaffins d'Aurélien; & le Sénat rétabli dans son ancien droit, élut DISCOURS Tacite. Ce nouveau Prince étoit vénérable par fon âge & par fa verTOIRE UNI- tu; mais il devint odieux par les violences d'un parent à qui il donna VERSELLE. le commandement de l'armée, & périt avec lui dans une fédition le fixième mois de fon regne. Ainfi fon élévation ne fit que précipiter Jesus-Chrift. le cours de fa vie. Son frere Florien prétendit l'Empire par droit de fucceffion, comme le plus proche héritier : ce droit ne fut pas reconnu, Florien fut tué, & Probus forcé par les foldats à recevoir l'Empire, quoiqu'il les menaçât de les faire vivre dans l'ordre. Tout fléchit fous un fi grand Capitaine; les Germains & les Francs qui vouloient entrer dans les Gaules, furent repouffés; & en Orient, auffi bien qu'en Occident, tous les Barbares refpecterent les armes Romaines. Un guerrier fi redoutable afpiroit à la paix, & fit espérer à l'Empire de n'avoir plus befoin de gens de guerre. L'armée fe vengea de cette parole, & de la régle févère que fon Empereur lui faifoit garder. Un moment après, étonnée de la violence qu'elle exerça fur un fi grand Prince, elle honora fa mémoire, & lui donna pour fucceffeur Carus, qui n'étoit pas moins zélé que lui pour la difcipline. Ce vaillant Prince vengea fon prédéceffeur, & réprima les Barbares, à qui la mort de Probus avoit rendu le courage. Il alla en Orient combattre les Perfes avec Numérien fon fecond fils; & oppofa aux ennemis du côté du Nord, fon fils aîné Carinus, qu'il fit Céfar. C'étoit la feconde dignité, & le plus proche dégré pour parvenir à l'Empire. Tout l'Orient trembla devant Carus; la Méfopotamie fe foumit; les Perfes divifés ne purent lui réfifter. Pendant que tout lui cédoit, le Ciel l'arrêta par un coup de foudre. A force de le pleurer, Numérien fut prêt à perdre les yeux. Que ne fait dans les cœurs l'envie de regner ! Loin d'être touché de fes maux fon beau-pere Aper le tua; mais Dioclétien vengea fa mort, & parvint enfin à l'Empire, qu'il avoit défiré avec tant d'ardeur. Carinus fe réveilla malgré fa molleffe, & battit Dioclétien; mais en poursuivant les fuyards, il fut tué par un des fiens, dont il avoit corrompu la femme. Ainfi l'Empire fut défait du plus violent & du plus perdu de tous les hommes. Dioclétien gouverna avec vigueur, mais avec une infupportable vanité. Pour réfifter à tant d'ennemis qui s'élevoient de tous côtés au-dedans & au-dehors, il nomma Maximien Empereur avec lui, & fçut néanmoins fe conferver l'autorité principale. Chaque Empereur fit un Céfar. Conftantius Chlorus & Galérius furent élevés à ce haut rang. Les quatre Princes foutinrent à

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peine le fardeau de tant de guerres. Dioclétien fuit Rome qu'il trouvoit trop libre, & s'établit à Nicomédie, où il fe fit adorer DISCOURS à la mode des Orientaux. Cependant les Perfes vaincus par Galérius abandonnerent aux Romains de grandes Provinces & des VERSELLE. Royaumes entiers. Après de fi grands fuccès, Galérius ne veut Ans de plus être fujet, & dédaigne le nom de Céfar. Il commence par Jefus - Chrift. intimider Maximien. Une longue maladie avoit fait baiffer l'efprit 297. de Dioclétien, & Galérius, quoique fon gendre, le força de quit- 1. v. 13. Eufeb. Hift. ter l'Empire. Il fallut que Maximien fuivît fon exemple. Ainfi Orat. Conft. l'Empire vint entre les mains de Conftantius Chlorus & de Ga- ad Sanit. cœt. lérius; & deux nouveaux Céfars, Sévère & Maximien, furent La&. de créés en leur place par les Empereurs qui fe dépofoient. Les mort. perfec. Gaules, l'Espagne, & la Grande Bretagne furent heureuses, mais cap. 17, 18. trop peu de tems, fous Conftantius Chlorus. Ennemi des exactions, & accufé par-là de ruiner le fifc, il montra qu'il avoit des thréfors immenfes dans la bonne volonté de fes fujets. Le refte de l'Empire fouffroit beaucoup fous tant d'Empereurs & tant de Céfars: les Officiers fe multiplioient avec les Princes: les dépenfes Lact. ibid. & les exactions étoient infinies. Le jeune Conftantin, fils de 24. Conftantius Chlorus fe rendoit illuftre: mais il fe trouvoit entre les mains de Galérius. Tous les jours cet Empereur, jaloux de fa gloire, l'expofoit à de nouveaux périls. Il lui falloit combattre les bêtes farouches par une efpéce de jeu; mais Galérius n'étoit pas moins à craindre qu'elles. Conftantin échappé de ses mains, trouva fon pere expirant. En ce tems Maxence, fils de Maximien, & gendre de Galérius, fe fit Empereur à Rome malgré fon beau pere; & les divifions inteftines fe joignirent aux autres maux de l'Etat. L'image de Constantin, qui venoit de fuccéder à fon pere, portée à Rome felon la coutume, y fut rejettée par les ordres de Maxence. La réception des images étoit la forme ordinaire de reconnoître les nouveaux Princes. On se prépare à la guerre de tous côtés. Le Céfar Sévère, que Galérius envoya contre Maxence, le fit trembler dans Rome. Pour fe donner de l'appui dans fa frayeur, il rappella fon pere Maximien. Le vieillard ambitieux quitta fa retraite où il n'étoit qu'à regret, & tâcha en vain de retirer Dioclétien fon collégue du jardin qu'il cultivoit à Salone. Au nom de Maximien, Empereur pour la feconde fois, les foldats de Sévere le quittent. Le vieil Empereur le fait tuer; & en même tems pour s'appuyer contre Galérius, il donne à Constantin fa fille Faufte. Il falloit auffi de l'appui à Ga

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Lact. de mort. perfec. cap. 26, 27.

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lérius après la mort de Sévère : c'est ce qui le fit réfoudre à nomDISCOURS mer Licinius Empereur mais ce choix piqua Maximin, qui en qualité de Céfar, fe croyoit plus proche du fuprême honneur. Rien ne put lui perfuader de fe foumettre à Licinius, & il VERSELLE. se rendit indépendant dans l'Orient. Il ne reftoit prefque à GaJefus Chrift. que l'Illyrie, où il s'étoit retiré après avoir été chassé d'ILat. ibid. talie. Le refte de l'Occident obéiffoit à Maximien, à fon fils 28, 29, 30, Maxence, & à fon gendre Conftantin. Mais il ne vouloit non

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plus pour compagnons de l'Empire, ses enfans que les étrangers. Il tâcha de chaffer de Rome fon fils Maxence, qui le chaffa luimême. Conftantin, qui le reçut dans les Gaules, ne le trouva pas moins perfide. Après divers attentats, Maximien fit un dernier complot, où il crut avoir engagé fa fille Faufte contre fon mari. Elle le trompoit, & Maximien qui penfoit avoir tué Conftantin, en tuant l'Eunuque qu'on avoit mis dans fon lit, fut conLat. ibid. traint de fe donner la mort à lui-même. Une nouvelle guerre s'allume, & Maxence, fous prétexte de venger fon pere, fe déclare contre Conftantin, qui marche à Rome avec fes troupes. En même tems il fait renverfer les ftatues de Maximien ; celles de Dioclétien qui y étoient jointes eurent le même fort. Le repos de Dioclétien fut troublé de ce mépris, & il mourut quelque tems Eufeb. VIII. après, autant de chagrin que de vieilleffe.

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Hift. Eccl. 16. de vitâ Conft. lib. 57.

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En ces tems, Rome toujours ennemie du Chriftianifme, fit un dernier effort pour l'éteindre, & acheva de l'établir. Galérius, Lact. de mort. marqué par les Hiftoriens comme l'Auteur de la derniere perféperfec. 9,&cution, deux ans devant qu'il eût obligé Dioclétien à quitter l'Empire, le contraignit à faire ce fanglant Edit, qui ordonnoit de perfécuter les Chrétiens plus violemment que jamais. Maximien qui les haïffoit, & n'avoit jamais ceffé de les tourmenter, animoit les Magiftrats & les bourreaux ; mais fa violence, quelqu'extrême qu'elle fût, n'égaloit point celle de Maximin & de Galérius. On inventoit tous les jours de nouveaux fupplices. La pudeur des Vierges Chrétiennes n'étoit pas moins attaquée que leur Foi. On recherchoit les Livres Sacrés avec des foins extraordinaires pour en abolir la mémoire : & les Chrétiens n'ofoient les avoir dans leurs maifons, ni prefque les lire. Ainfi après trois cens ans de perfécution, la haine des perfécuteurs devenoit plus âpre. Les Chrétiens les lafferent par leur patience. Les Peuples touchés de leur fainte vie, fe convertiffoient en foule. Galérius défefpéra de les pouvoir vaincre. Frappé d'une maladie extraordi

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naire, il révoqua fes Edits, & mourut de la mort d'Antiochus, avec une auffi fauffe pénitence. Maximin continua la perfécution: DISCOURS mais Conftantin le Grand, Prince fage & victorieux, embrassa publiquement le Christianisme.

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ONZIÉME ÉPOQUE.
Conftantin, ou la Paix de l'Eglife.

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ETTE célébre Déclaration de Conftantin arriva l'an 312 de Notre-Seigneur. Pendant qu'il affiégeoit Maxence dans Rome, une Croix lumineufe lui parut en l'air devant tout le monde, avec une inscription qui lui promettoit la victoire; la même chofe lui eft confirmée dans un fonge. Le lendemain il gagna cette célébre Bataille, qui défit Rome d'un tyran, & l'Eglife d'un perfécuteur. La Croix fut étalée comme la défenfe du Peuple Romain & de tout l'Empire. Un peu après Maximin fut vaincu par Licinius, qui étoit d'accord avec Conftantin, & il fit une fin femblable à celle de Galérius. La paix fut donnée à l'Eglife. Conftantin la combla d'honneurs. La victoire le fuivit par-tout, & les Barbares furent réprimés, tant par lui que par fes enfans. Cependant Licinius fe brouille avec lui, & renouvelle la perfécution. Battu par mer & par terre, il eft contraint de quitter l'Empire, & enfin de perdre la vie. En ce tems Conftantin assembla à Nicée en Bithynie le premier Concile Général, où trois cens dix-huit Evêques qui repréfentoient toute l'Eglife, condamnerent le Prêtre Arius, ennemi de la Divinité du Fils de Dieu, & drefferent le Symbole où la confubftantialité du Pere & du Fils eft établie. Les Prêtres de l'Eglife Romaine, envoyés par le Pape Saint Sylveftre, précéderent tous les Evêques dans cette affemblée; & un ancien Auteur Grec compte parmi les Légats du faint Hift. Conc. Siége, le célébre Ofius, Evêque de Cordoue, qui présida au Con- lib. II. 6, 27. cile. Conftantin y prit fa féance, & en reçut les décifions comme un Oracle du Ciel. Les Ariens cacherent leurs erreurs, & rentrerent dans fes bonnes graces en diffimulant. Pendant que fa valeur maintenoit l'Empire dans une fouveraine tranquillité, le repos de fa famille fut troublé par les artifices de Faufte fa femme. Crifpe, fils de Conftantin, mais d'un autre mariage, accufé par cette marâtre de l'avoir voulu çorrompre, trouva fon pere infle

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xible. Sa mort fut bientôt vengée. Faufte convaincue fut fuffoquée DISCOURS dans le bain. Mais Conftantin deshonoré par la malice de fa femTOIRE UNI- me, reçut en même tems beaucoup d'honneur par la piété de fa VERSELLE. mere. Elle découvrit dans les ruines de l'ancienne Jérufalem la vraie Croix féconde en miracles. Le faint Sépulcre fut auffi trouvé. La nouvelle Ville de Jérufalem, qu'Adrien avoit fait bâtir, la Grotte où étoit né le Sauveur du monde, & tous les faints Lieux furent ornés de Temples fuperbes par Héléne & par Conftantin. Quatre ans après l'Empereur rebâtit Byfance, qu'il appella Conftantinople, & en fit le fecond fiége de l'Empire. L'Eglife paisible fous Conftantin fut cruellement affligée en Perfe. Une infinité de Martyrs fignalerent leur Foi. L'Empereur tâcha en vain d'appaifer Sapor, & de l'attirer au Chriftianifme. La protection de Conftantin ne donna aux Chrétiens perfécutés qu'une favorable retraite. Ce Prince béni de toute l'Eglife, mourut plein de joie & d'efpérance, après avoir partagé l'Empire entre fes trois fils Conftantin, Conftance & Conftant. Leur concorde fut bientôt troublée. Conftantin périt dans la guerre qu'il guerre qu'il eut avec fon frere Conftant pour les limites de leur Empire. Conftance & Conftant ne furent guère plus unis. Conftant foutint la foi de Nicée, que Conftance combattoit. Alors l'Eglife admira les longues fouffrances de Saint Athanafe, Patriarche d'Alexandrie, & défenfeur du Concile de Nicée. Chaffé de fon fiége par Conftance, il fut rétabli canoSoc. Hift. Eccl. 11. 15. le Pape S. Jules premier, dont Conftant appuya niquement par Sozom. III. le Décret. Ce bon Prince ne dura guère. Le tyran Magnence le tua par trahison; mais bientôt après vaincu par Conftance, il se tua lui-même. Dans la bataille où fes affaires furent ruinées, Valens Evêque Arien, fecrettement averti par fes amis, affûra Conftance que l'armée du Tyran étoit en fuite, & fit croire au foible Empereur qu'il le fçavoit par révélation. Sur cette fauffe révélation Conftance fe livre aux Ariens. Les Evêques Orthodoxes font chaffés de leurs fiéges : toute l'Eglife eft remplie de confusion & de trouble: la constance du Pape Libère céde aux ennuis de l'exil; les tourmens font fuccomber le vieil Ofius, autrefois le foutien de l'Eglife. Le Concile de Rimini, fi ferme d'abord, fléchit à la fin par furprise & par violence: rien ne fe fait dans les formes: l'autorité de l'Empereur eft la feule Loi: mais les Ariens qui font tout par-là, ne peuvent s'accorder entr'eux, & changent tous les jours leur Symbole : la Foi de Nicée fubfifte : Saint Athanafe & Saint Hilaire, Evêque de Poitiers, fes principaux défenfeurs, se

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