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SUR L'HIS

TOIRE UNI

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puis de faire de nouveaux deffeins fur une Ifle fi commode à leur affû DISCOURS rer l'Empire de la mer, que leur République affectoit. La Gréce le tenoit alors, mais elle ne regardoit que l'Orient & les Perfes. Paufanias venoit d'affranchir l'Ifle de Chypre de leur joug, quand il conçut le deffein d'affervir fon pays. Tous les projets furent vains, dev. quoique Xerxès lui promît tout le traître fut trahi par celui qu'il Rome. J. C. aimoit le plus, & fon infâme amour lui coûta la vie. La même 477: année Xerxès fut tué par Artaban, fon Capitaine des Gardes : foit 280. 474. que ce perfide voulût occuper le Thrône de fon Maître, ou qu'il

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VIII. Ibid. I.

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craignît les rigueurs d'un Prince dont il n'avoit pas exécuté affez Arift. Polit. promptement les ordres cruels. Artaxerxe à la longue main fon fils commença fon regne, & reçut peu de tems après une Lettre 473. de Thémistocle, qui, profcrit par fes Citoyens, lui offroit fes fervices contre les Grecs. Il faut eftimer autant qu'il devoit un Capi taine si renommé, & lui fit un grand établissement malgré la jalou 287 467. fie des Satrapes. Ce Roi magnanime protégea le Peuple Juif, & 1. Ed. VII. dans fa vingtiéme année que les fuites rendent mémorable, il per mit à Néhémias de rétablir Jérufalem avec fes murailles. Ce dé1. Ed. VI. 3. cret d'Artaxerxe diffère de Cyrus, en ce que celui de Cyrus regardoit le Temple, & celui-ci étoit fait pour la Ville. A ce décret Dan. IX. 25. prévû de Daniel, & marqué dans fa prophétie, les 490 ans de Les femaines commencent. Cette importante date a de folides fondemens. Le banniffement de Thémistocle eft placé dans la chroni que d'Eusèbe à la derniere année de la 76 Olympiade, qui revient à la 280. de Rome. Les autres Chronologiftes le mettent un peu au-deffous: la différence eft petite, & les circonstances du Thucyd. lib. tems affûrent la date d'Eusèbe. Elles fe tirent de Thucydide, Hiftorien très-exact, & ce grave Auteur contemporain prefque, auffi-bien que Concitoyen de Thémistocle, lui fait écrire fa Lettre au commencement du regne d'Artaxerxe. Cornélius Népos, Auteur ancien, & judicieux autant qu'élégant, ne veut pas qu'on doute de cette date après l'autorité de Thucydide : raifonnement d'autant plus folide, qu'un autre Auteur plus ancien encore que Thu Plutarg in cydide s'accorde avec lui. C'eft Charon de Lampfaque, cité

3.

Corn. Nep. in Themift.

Them

par

Plutarque; & Plutarque ajoûte lui-même, que les Annales, c'està-dire, celles de Perfe, font conformes à ces deux Auteurs. Il ne les fuit pourtant pas, mais il n'en dit aucune raison ; & les. Hiftoriens qui commencent huit ou neuf ans plus tard le regne d'Artaxerxe, ne font ni du tems, ni d'une fi grande autorité. Il paroît donc indubitable qu'il en faut placer le commencement vers la fin

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de la 76 Olympiade, & approchant de l'année 280 de Rome, par où la vingtiéme année de ce Prince doit arriver vers la fin de DISCOURS la 81 Olympiade, & environ l'an 300 de Rome. Au reste ceux qui rejettent plus bas le commencement d'Artaxerxe, pour concilier les Auteurs, font réduits à conjecturer que fon pere l'avoit du moins affocié au Royaume quand Thémistocle écrivit fa Lettre; & de dev. en quelque façon que ce foit, notre date est affûrée. Ce fonde- Rome. J. G. ment étant pofé, le refte du compte est aifé à faire, & la suite le rendra sensible. Après le décret d'Artaxerxe, les Juifs travaillerent à rétablir leur Ville & fes murailles, comme Daniel l'avoit prédit. Néhémias conduifit l'ouvrage avec beaucoup de prudence & de Dan. IX. 25. fermeté au milieu de la réfiftance des Samaritains, des Arabes & des Ammonites. Le Peuple fit un effort, & Eliafib, fouverain Pontife, l'anima par fon exemple. Cependant les nouveaux Magiftrats qu'on avoit donnés au Peuple Romain, augmentoient les divifions de la Ville, & Rome formée fous des Rois, manquoit des Loix néceffaires à la bonne conftitution d'une République. La réputation de la Gréce, plus célébre encore par fon gouvernement que par les victoires, excita les Romains à fe régler fur fon exemple. Ainfi ils envoyerent des Députés pour rechercher les Loix des Vil- 302. 452 les de Gréce, & fur-tout celles d'Athènes, plus conformes à l'état de leur République. Sur ce modéle, dix Magiftrats abfolus, qu'on 303. créa l'année d'après fous le nom de Décemvirs, rédigerent les Loix des douze Tables qui font le fondement du Droit Romain. Le Peuple ravi de l'équité avec laquelle ils les compoferent, leur laiffa empiéter le pouvoir fuprême, dont ils uferent tyranniquement. Il fe fit alors de grands mouvemens par l'intempérance d'Ap- 305. 449 pius Clodius, un des Décemvirs, & par le meurtre de Virginie, que fon pere aima mieux tuer de fa propre main que de la laiffer abandonnée à la paffion d'Appius. Le fang de cette feconde Lucréce réveilla le Peuple Romain, & les Décemvirs furent chaffés. Pendant que les Loix Romaines fe formoient fous les Décemvirs, I. Efd. IX Efdras, Docteur de la Loi, & Néhémias, Gouverneur du Peuple de Dieu, nouvellement rétabli dans la Judée, réformoient les abus, & faifoient obferver la Loi de Moyfe qu'ils obfervoient les premiers. Un des principaux Articles de leur réformation, fut d'obliger tout le Peuple, & principalement les Prêtres à quitter les fem mes étrangères, qu'ils avoient époufées contre la défense de la Loi. Efdras mit en ordre les Livres Saints, dont il fit une exacte 11. Efd. XIIli révision, & ramaffa les anciens Mémoires du Peuple de Dieu, xxIII, 13.

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pour en composer les deux Livres des Paralipoménes ou chroni DISCOURS ques, aufquels il ajoûta l'hiftoire de fon tems, qui fut achevée TOIRE UNI- par Néhémias. C'est par leurs Livres que fe termine cette longue que Moyfe avoit commencée, & que les Auteurs fuivans continuerent fans interruption jufqu'au rétablissement de Jérusalem. Le reste de l'hiftoire Sainte n'eft pas écrit dans la même suite. PenRome. J. C. dant qu'Efdras & Néhémias faifoient la derniere partie de ce grand Ouvrage, Hérodote, que les Auteurs profanes appellent le Pere de PHiftoire, commençoit à écrire. Ainfi les derniers Auteurs de l'hiftoire Sainte fe rencontrent avec le premier Auteur de l'hiftoire Grecque, & quand elle commence, celle du Peuple de Dieu, à la prendre feulement depuis Abraham, enfermoit déja quinze fiécles. Hérodote n'avoit garde de parler des Juifs dans l'histoire qu'il nous a laiffée ; & les Grecs n'avoient befoin d'être informés que des Peuples, que la guerre, le commerce, ou un grand éclat leur faifoit connoître. La Judée qui commençoit à peine à fe relever de fa ruine, n'attiroit pas les regards. Ce fut dans des tems si malheureux que la langue Hébraïque ceffa d'être vulgaire. Durant la captivité, & enfuite par le commerce qu'il fallut avoir avec les Chaldéens, les Juifs apprirent la langue Chaldaïque, affez approchante de la leur, & qui avoit prefque le même génie. Cette raifon leur fit changer l'ancienne figure des lettres Hébraïques, & ils écrivirent l'Hébreu avec les lettres des Chaldéens, plus ufitées parmi eux, & plus aifées à former. Ce changement fut aifé entre deux langues voisines, dont les lettres étoient de même valeur, & ne différoient que dans la figure. Depuis ce tems on ne trouve l'Ecriture Sainte parmi les Juifs qu'en lettres Chaldaïques; mais les Samaritains retinrent toujours l'ancienne maniere de l'écrire. Leurs descendans ont perfévéré dans cet ufage jufqu'à nos jours, & nous ont par ce moyen confervé le Pentateuque qu'on appelle Samaritain, en anciens caractères Hébraïques tels qu'on les trouve dans les médailles & dans les monumens des fiécles paffés.

Les Juifs vivoient avec douceur fous l'autorité d'Artaxerxe. Ce Prince réduit par Cimon, fils de Miltiade, Général des Athéniens, à faire une paix honteuse, désespéra de vaincre les Grecs par la force, & ne fongea plus qu'à profiter de leurs divifions. Il en arriva de grandes entre les Athéniens & les Lacédémoniens. Ces deux Peuples jaloux l'un de l'autre, partagerent toute la Gréce. 323. 431. Péricle, Athénien, commença la guerre du Péloponnèse, durant laquelle Théramène, Thrafybule, & Alcibiade, Athéniens, fe rens

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dent célébres. Brafidas & Myndare Lacédémoniens y meurent en combattant pour leur pays. Cette guerre dura vingt - fept ans, dura vingt- fept ans, & DISCOURS finit à l'avantage de Lacédémone, qui avoit mis dans fon parti TOIRE UNIDarius, nommé le Bâtard, fils & fucceffeur d'Artaxerxe. Lyfandre, Général de l'Armée navale des Lacédémoniens, prit Athènes, & en changea le Gouvernement. Mais la Perfe s'apperçut de bien-tôt qu'elle avoit rendu les Lacédémoniens trop puiffans. Ils Rome. J. C. foutinrent le jeune Cyrus dans fa révolte contre Artaxerxe fon aî- 350. né, appellé Mnémon, à cause de son excellente mémoire, fils & fucceffeur de Darius. Ce jeune Prince fauvé de la prison & de la mort par fa mere Paryfatis, fonge à la vengeance, gagne les Satrapes par fes agrémens infinis, traverse l'Afie Mineure ; va préfenter la bataille au Roi fon frere dans le cœur de fon Empire, le bleffe de fa propre main, & fe croyant trop tôt vainqueur, périt par fa témérité. Les dix mille Grecs qui le fervoient, font cette retraite étonnante, où commandoit à la fin Xénophon, grand Philofophe & grand Capitaine, qui en a écrit l'hiftoire. Les La- 358. cédémoniens continuoient à attaquer l'Empire des Perfes, qu'Agélilas, Roi de Sparte, fit trembler dans l'Afie Mineure; mais les divifions de la Gréce le rappellerent en fon pays. En ce tems la Ville de Veies qui égaloit prefque la Ville de Rome, après un fiége de dix ans, & beaucoup de divers fuccès, fut prife par les Romains fous la conduite de Camille. Sa générofité lui fit encore une autre conquête. Les Falifques qu'il affiégeoit, se donnerent à lui, touchés de ce qu'il leur avoit renvoyé leurs enfans, qu'un Maître d'Ecole lui avoit livrés. Rome ne vouloit pas vaincre par des trahisons, ni profiter de la perfidie d'un lâche qui abufoit de l'cbéiffance d'un âge innocent. Un peu après les Gaulois Sénonois entrerent en Italie, & affiégerent Clufium. Les Romains perdirent contre eux la fameufe bataille d'Allia. Leur Ville fut prise & brûlée. Pendant qu'ils fe défendoient dans le Capitole, leurs affaires furent rétablies par Camille qu'ils avoient banni. Les Gaulois demeurerent sept mois maîtres de Rome; & appellés ailleurs par d'autres affaires, ils fe retirerent chargés de butin. Durant les brouilleries de la Gréce, Epaminondas, Thébain, se signala par fon équité & par fa modération, autant que par fes victoires. On remarque qu'il avoit pour régle de ne mentir jamais, même en riant. Ses grandes actions éclatent dans les dernieres années de Mnémon, & dans les premieres d'Ochus. Sous un fi grand Capitaine, les 395 359 Thébains font victorieux, & la puiffance de Lacédémone eft abat

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tue. Celle des Rois de Macédoine commence avec Philippe pere DISCOURS d'Alexandre le Grand : malgré les oppofitions d'Ochus & d'Arfes fes fils, Rois des Perfes, & malgré les difficultés plus grandes encore que lui fufcitoit dans Athènes l'éloquence de Démosthène, puiffant défenfeur de la liberté. Ce Prince victorieux durant vingt dev. ans, affujettit toute la Gréce, où la bataille de Chéronée qu'il Rome, J. C. gagna fur les Athéniens & fur leurs Alliés, lui donna une puiffance abfolue. Dans cette fameufe bataille, pendant qu'il rompoit les Athéniens, il eut la joie de voir Alexandre à l'âge de dix-huit ans enfoncer les troupes Thébaines de la difcipline d'Epaminondas & entre autres la troupe Sacrée, qu'on appelloit des Amis, qui fe croyoit invincible. Ainfi maître de la Grèce, & foutenu par un fils d'une fi grande efpérance, il conçut de plus hauts deffeins, & ne médita rien moins que la ruine des Perfes, contre lefquels il fut 337 déclaré Capitaine général. Mais leur perte étoit réservée à Alexan418. 336. dre. Au milieu des folemnités d'un nouveau mariage, Philippe fut affaffiné par Paufanias, jeune homme de bonne maifon, à qui il n'avoit pas rendu juftice. L'Eunuque Bagoas tua dans la même année Arles, Roi de Perfe, & fit regner à fa place Darius, Fils d'Arfame, furnommé Codomanus. Il mérite par fa valeur qu'on fe range à l'opinion, d'ailleurs la plus vraisemblable, qui le fait fortir de la famille Royale. Ainfi deux Rois courageux commencerent ensemble leur regne, Darius, fils d'Arfame, & Alexandre, fils de Philippe. Ils fe regardoient d'un œil jaloux, & fembloient nés pour difputer l'Empire du monde. Mais Alexandre voulut s'affermir avant que d'entreprendre fon Rival. Il vengea la mort de fon il dompta les Peuples rébelles qui méprifoient fa jeuneffe; 419. 335. battit les Grecs, qui tenterent vainement de fecotier le joug; & ruina Thébes, où il n'epargna que la Maison & les defcendans de 334. Pindare, dont la Gréce admiroit les Odes. Puiffant & victorieux, 333. il marche avec tant d'exploits à la tête des Grecs contre Darius 330. qu'il le défait en trois batailles rangées, entre triomphant dans Ba327. bylone & dans Sufe, détruit Perfépolis, ancien Siége des Rois de 3.24. Perfe, pouffe fes Conquêtes jufqu'aux Indes, & vient mourir à Babylone, âgé de trente - trois ans.

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De fon tems Manaffès, frere de Jaddus, fouverain Pontife, excita des brouilleries parmi les Juifs. Il avoit époufé la fille de Sanaballat, Samaritain, que Darius avoit fait Satrape de ce pays. Plûque de répudier cette Etrangère, à quoi le Confeil de Jérufalem, & fon frere Jaddus, vouloient l'obliger, il embraffa le Schif

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