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mais il n'eut point, comme les autres lieutenans de l'empereur, d'occasion de s'illustrer personnellement dans le commandement des armées et par de grands faits d'armes. Il ne fut pas seulement un instrument utile: une meilleure part que celle que lui ont faite à cet égard quelques-uns de ses compagnons d'armes, et Napoléon lui-même, est due à la mémoire du maréchal Berthier. Aucun général n'a mieux entendu les moyens d'exécution des opérations de guerre; aucun n'a su les préparer avec une prévoyance plus éclairée, et faire mouvoir avec plus de simplicité et de fermeté les ressorts d'une si vaste machine. Ce fut surtout à l'ouverture

de cette campagne que la tâche du majorgénéral fut la plus importante et la plus difficile. En lui rendant ce témoignage, nous osons conseiller aux généraux, que leurs talens feront appeler à de semblables fonctions, de le prendre pour modèle, et d'observer dans cette transmission raisonnée des ordres concis et si multipliés de Napoléon, avec quelle vigilance et quel discernement il

réglait les moindres mouvemens, les moindres détails de service de guerre et d'administration, sans jamais perdre de vue l'ensemble de l'opération et le but auquel chacun devait concourir.

DU QUINZIÈME VOLUME.

Suite de la Correspondance et des Ordres de l'empereur Napoléon, transmis par le major-général de la Grande-Armée française.

(Depuis la ratification du traité de Presbourg, jusqu'à l'évacuation du territoire autrichien.)

Au général MARMONT.

Schoenbrünn, le 25 frimaire an xiv.

L'EMPEREUR, général, me charge de vous demander où est le dépôt des deux cents caissons que vous lui avez écrit avoir dans votre commandement.

Sa majesté désire que vous rédigiez un mémoire sur la citadelle de Gratz; combien de canons faudrait-il pour l'armée? y a-t-il de l'eau, des bâtimens? combien d'hommes peut-elle contenir? pourrait-on y loger les dépôts, y établir des fours, des magasins, des vivres, un arsenal pour les munitions; enfin des emplacemens pour y déposer les bagages d'un corps d'armée de trente à quarante mille hommes? combien il faudrait d'hommes pour la défendre?

Si la citadelle de Gratz peut remplir l'objet dont je viens de vous parler, vous devez la faire armer et approvisionner de suite, et même y mettre un hôpital. L'opinion de l'empereur est que, dans le genre de guerre que nous faisons, les hôpitaux des maladies graves ne peuvent, sans inconvénient, être placés de manière à les laisser prendre à l'ennemi.

Vous vous êtes déjà trouvé dans le cas, général, où cette citadelle pouvait être utile; comme sagement vous l'avez fait en vous portant sur Vienne, en manoeuvrant de manière à ce que le prince Charles ne pût s'y porter avant vous.

Faites connaître si la citadelle de Gratz, sous les rapports dont il est question ci-dessus, peut, dans douze ou quinze jours de travail, servir à garder les magasins et les bagages d'un corps d'armée de trente à quarante mille hommes pendant huit à dix jours, étant défendue par trois ou quatre cents hommes, temps nécessaire pour que l'armée qui agirait pût venir prendre la position.

L'empereur désire encore que vous fassiez reconnaître et prendre tous les renseignemens pour avoir l'itinéraire bien exact de la route que devrait suivre une armée de trente à quarante mille hommes pour se rendre de Gratz à Pest. Vous devez faire connaître l'étendue, la nature de la route, les défilés, les ravins; enfin la position que pourrait prendre

l'armée. Vous m'enverrez le plus promptement possible ce travail, afin que je le mette sous les yeux de l'empereur.

Au maréchal DAVOUST.

Schoenbrünn, le 26 frimaire an xiv.

L'INTENTION de l'empereur, monsieur le maréchal, est que vous vous occupiez de faire jeter un pont sur le Danube, à la hauteur de Presbourg, et que vous fassiez construire deux têtes de pont ; une du côté de la rive droite, l'autre du côté de la rive gauche, pour défendre le pont.

Je vous prie de me faire connaître les moyens que vous avez pour exécuter cet ordre, et de m'envoyer un petit plan de la reconnaissance de l'endroit où vous vous proposez de faire jeter le pont, ainsi qu'un croquis des têtes de pont, que je veux soumettre à l'empereur.

Au maréchal BERNADOTTE.

Schoenbrünn, le 26 frimaire an XIV. L'EMPEREUR me charge, monsieur le maréchal, de vous faire connaître que vous devez voir, par l'ordre du jour, qu'une trop grande sécurité serait funeste; que son intention est que vous teniez en première ligne les Bavarois devant le prince Ferdinand, et que vous vous placiez de manière à vous porter

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