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nos soucis, surprendre les secrets de la Nature, cueillir des fleurs chatoyantes et des fruits savoureux (1).

Et que de charmants vestiges ne trouverait-on pas si l'on pouvait entrer dans chacune de ces anciennes maisons dont la ville presque entière reste composée, tant les derniers siècles l'ont peu modernisée !

Mais il faut terminer cette incursion fugitive à travers les rues et l'histoire de Beaune. Si rapide et si courte soitelle, puisse-t-elle au moins laisser cette impression de passé à la fois fire et profonde qui a été si bien exprimée et résumée dans ces lignes :

Mollement étendue dans la plaine que limitent à l'horizon les côteaux chargés de vigne et où serpente une rivière accueillante, la Bouzaise, la ville apparait comme une miniature délicatement colorée, tant le rouge de la terre s'y harmonise avec le bleu du ciel. Petite est sa surface, petites sont ses maisons, étroites ses rues silencieuses et pavées. Depuis l'époque romaine où elle fit son entrée dans l'histoire, elle n'a jamais connu que deux industries, l'industrie drapière, ruinée par la révocation de l'Edit de Nantes et le travail du vin. Mais à ces ressources elle a dû et doit encore une aisance heureuse, et tout y respire le bienêtre et la paix. La bourgeoisie beaunoise habite de vieux hôtels, les fidèles vont à l'église où allaient leurs pères; les pauvres sont hospitalisés au mème lieu. Il ne semble pas que rien ait été changé depuis plusieurs siècles et le spectateur étonné se demande ce qu'il doit admirer davantage, des jolis édifices qu'il rencontre ou de leur état de

(I Maison de la Ferté-Milet, 1592, Rue du Faubourg Saint-Martin, no 35. V. Aubertin, Les Rues de Beaune etc., Beaune, Batault-Morot, 1867 et Ph. Voillery, Beaune historique et archéologique. Beaune, Imp. Beaunoise, 1911,

conservation, de l'art des anciennes générations ou du respect de la génération actuelle pour l'oeuvre de ses devanciers > (1).

Pour esquisser le « Vrai Portrait » de' Beaune, ne faudrait-il pas la plume d'un Rodenbach ou d'un Anatole France ?

Puisse pourtant ce furtif coup d'oeil avoir montré sous son multiple aspect cette cité qui fut en même temps une fière commune, une puissante forteresse, une capitale politique et judiciaire, une incomparable ville d'art.

Beaune, en définitive, on l'a déjà dit, est une vraie terre d'élection pour l'historien et l'archéologue.

C'est pourquoi, Messieurs, je me réjouis d'interroger avec vous et guidé par vos lumières, ses annales glorieuses et ses monuments splendides, trop heureux si je puis apporter ma modeste pierre au grand édifice que vous ne cessez d'accroître.

La ville de Beaune doit s'estimer heureuse d'avoir sû garder ses principaux trésors d'art, ses parures du MoyenAge prudemment et pieusement restaurées» (2). Souhaitons qu'une garde vigilante continue de la défendre contre le vandalisme toujours en évei! et toujours à l'affut de quelque nouveau crime contre la Beauté et contre l'Histoire.

Or, Messieurs, telle est précisément la mission la plus noble et la plus impérieuse de votre Compagnie qui a toujours sû la remplir avec un soin jaloux et qui, certes, n'y faillira pas à l'avenir.

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Je salue en vous les protecteurs éclairés du Passé beaunois !

C'est par un autre vœu que je veux terminer :

Puisse bientôt la grosse cloche « solide, douce et courtoise » qui, depuis cinq siècles, a sonné au Beffroi tant d'heures historiques, sonner, pour la Bourgogne et pour la France, l'heure de la Victoire et de la Paix !

HENRI BERNARD,

PEINTURES DU CHOEUR

de l'église de Pommard

Au bas de la conque marine qui fait le fond de l'église de Pommard, se voient quatre grands rectangles qui furent longtemps nus, comme le reste de l'église. Mais, en août 1865, ils furent ornés de peintures représentant quatre épisodes de la vie de saint Pierre, patron de la paroisse. Ces peintures de grand style et imitant fort bien les fresques sont dues au pinceau de M. Descotis, peintre, qui jouissait d'une assez grande notoriété au milieu du siècle dernier. Sorti de l'école d'application de Metz, il donna bientôt sa démission pour suivre sa vocation et s'adonner à la peinture d'église. Comme il possédait une belle fortune, il put céder ses œuvres à des conditions avantageuses et se faire ainsi de nombreux clients. En 1865, le chiffre de ses tableaux se montait à près de cinquante et l'église principale de Caen en comptait quinze, à elle seule. Habituellement, M. Descotis ne demandait qu'à rentrer dans ses déboursés et ne faisait payer que les frais de couleur, de toile et de pose.

A Pommard, les 50 mètres carrés de peinture, estimés par des connaisseurs 15.000 fr., furent cédés à 1.800 fr. que voulut bien verser M. Edmond Marey-Monge. Les toiles peintes à Paris, furent envoyées à Pommard et collées par l'artiste lui-même dans les compartiments qu'elles occucupent aujourd'hui, et le travail de pose fut fait avec tant

de soin que les tableaux sont demeurés intacts et les couleurs n'ont point été détériorées par l'humidité.

Ces quatre panneaux représentent l'un la pêche miraculeuse, un autre la tradition des clefs à saint Pierre, un troisième la prédication de saint Pierre au sortir du cénacle, enfin le quatrième, la délivrance de saint Pierre par un ange, qui le fait sortir de prison. Nous les citons d'après l'ordre chronologique. Au chœur de notre église, le premier, à droite du visiteur est celui de la pêche miraculeuse, le deuxième celui de la prédication, le troisième en suivant, celui de la tradition des clefs, le quatrième et dernier, premier à gauche du visiteur, est celui de saint Pierre és-liens délivré par un ange.

1° Tableau de la pêche miraculeuse. Les Evangélistes en mentionnent deux saint Luc V. 1-11, saint Jean XX. 1-14. Ces pêches se rapprochent sous plus d'un rapport, mais chacune a ses particularités. Les ressemblances: elles ont lieu sur le lac de Génézareth; des deux côtés, saint Pierre est à la tête des pêcheurs et les enfants de Zébédée Jacques et Jean, sont avec lui. On travaille vainement toute la nuit et le jour venu, on prend tout à coup une quantité de poissons. Quant aux particularités : l'une des pêches a lieu pendant la vie mortelle du Sauveur, l'autre après sa résurrection. La première se fait en haute mer, la deuxième près du rivage. La première fois une deuxième barque vient aider à lever le filet; à la deuxième, on le traine sur la grève. Dans la première pèche, le filet se brisait, une partie du poisson se perdait et les barques menaçaient de couler; dans la deuxième, la cargaison de pcissons ne met en péril ni le filet, ni la barque. Non est scissum rele Jean XX. 11.) Dans le première pèche, paraissent les 12

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