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mard, Bouze, Bouilland, Lusigny, etc., forment déjà un bagage important. Il faisait partie de plusieurs Sociétés savantes et fut correspondant du Ministère de l'Instruction publique.

Voilà, Messieurs, l'archéologue distingué, savant, que nous avons perdu. Tant que ses forces le lui permirent, il assista régulièrement à nos séances, ayant presque toujours des communications intéressantes à nous faire. Je suis loin d'avoir tout dit sur ce collègue, que nous aimions voir à nos réunions, avec lequel nous étions heureux de nous entretenir. Après avoir essayé de rendre hommage à la mémoire de M. Bigarne, en prononçant cet éloge mérité, je salue son souvenir et exprime à sa famille nos regrets et nos condoleances, E. DAVID.

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M. Joseph Routy de Charodon, Chevalier de la Légion d'honneur et Maire de Molinot, membre de notre Compagnie depuis plusieurs années, a été enlevé, au mois de mars dernier, en quarante-huit heures, malgré sa vigoureuse constitution, à l'affection des siens, de ses nombreux amis et de ses administrés. C'était un homme de bien dans la plus large acception du mot, dont la vie bien remplie fut simple et édifiante.

Pendant la guerre de 1870-71, il servit aux mobiles de la Côte-d'Or et devint capitaine et chevalier de la Légion d'honneur. Il se retira ensuite à Molinot, où bientôt ses concitoyens. l'appelaient aux fonctions de Maire, qu'il occupa sans interruption pendant trente-cinq ans. Nul mieux que lui ne sut remplir ces fonctions, souvent difficiles, avec plus d'abnégation et de dévouement, à la satisfaction de tous. Aussi, simple et modeste, il vivait entouré de l'estime et de l'affection. respectueuse des habitants de sa commune.

Ses funérailles furent dignes de lui, imposantes par la foule en larmes qui y assistait. Les maires du canton de Nolay sui

vaient la famille, puis venaient la Société de secours mutuels, la Mutuelle-Bétail, les délégations de diverses associations dont M. de Charodon avait été le fondateur ou le soutien. Son cercueil, recouvert de son écharpe et de ses décorations, était précédé par un grand nombre de prêtres qui avaient, eux aussi, voulu unir leurs prières et leurs regrets à ceux de la famille, des habitants et des amis, et rendre un pieux et dernier hemmage à celui qui fut en tout et toujours le modèle du devoir, de discipline militaire et de l'officier de l'état civil, comme encore du citoyen libre et indépendant et du père de famille. Il est mort comme il avait vécu, en vrai chrétien.

Notre Société a fait en lui une perte très sensible. Nous espérions le conserver encore dans nos rangs pendant un grand nombre d'années.

Que sa veuve et sa famille éplorées reçoivent l'expression de nos bien sincères condoléances et de nos très vifs regrets d'avoir perdu un membre si dévoué qui s'intéressait tant à nos travaux.

E. DAVID.

111 M. Edme DE JUIGNÉ DE LASSIGNY

Le comte Anatole de Juigné de Lassigny, doyen de la Société d'Archéologie de Beaune et l'un des derniers survivants des membres fondateurs de notre Compagnie à laquelle il a appartenu plus de 50 ans, mourut à Beaune le 17 Octobre 1901. M. de Montille, notre vénéré président d'honneur, lui a consacré dans les Mémoires de la Société d'Histoire, d'Archéologie et de Littérature de Beaune (année 1901, tome XXVI) une notice écrite avec la précision d'un érudit et l'émotion d'un homme de cœur, dans laquelle sont retracés les titres archéologiques du défunt et quelques unes des vertus de sa vie privée. Cette notice se termine par l'historique d'un geste de son fils, M. Edme de Juigné, dont nous avons aujourd'hui à déplorer la perte.

Au mois de Novembre 1901, Edme de Juigné venait parler au Président de la Société d'Archéologie des dernières volontés de son père, dont l'une mettait la Société en possession de sa rarissime collection de jetons de Bourgogne. Cette collection, qui depuis ce jour se trouve dans la salle principale de nos réunions, au Beffroi, constitue l'un des trésors archéologiques de notre Société ; elle avait été commencée par le comte Anatole de Juigné, elle fut complétée par son fils et c'est lui qui nous en fit don, continuant ainsi les traditions de générosité de ceux de son nom. N'est-ce pas un Juigné qui fut l'un des principaux bienfaiteurs de la bibliothèque de Dijon, lui laissant à diverses reprises, de 1872 à 1881, des manuscrits, des notes et des documents précieux relatifs à la noblesse bourguignonne, au Parlement, à la Chambre des Comptes et à la Révolution?

La famille Le Clerc de Juigné de Lassigny était depuis plus de deux siècles en Bourgogne. On l'y voit pour la première fois en 1678, amenée par le mariage de Jean-Louis Le Clerc de Lassigny, né à Toulon, mariage célébré à Dijon. L'un des descendants directs de ce personnage, Louis Le Clerc de Lassigny, né à Lorgues, en Provence, diocèse de Fréjus, en 1758, eut pour enfant Adélaïde Le Clerc de Juigné de Lassigny, née à Lorgues, en 1785, mariée à Paris en 1816 avec le vicomte Blancheton de La Rochepot, domicilié à Beaune. Il y eut en effet plusieurs alliances entre Juigné et Blancheton de La Rochepot. Le frère aîné consanguin de Edme de Juigné, dont nous écrivons la notice, avait pour mère Anne Blancheton de Meursault, et ces alliances successives avaient fortement attaché à la Bourgogne cette famille provençale. Nous

avons vu avec regret, ces dernières années, vendre les propriétés qui provenaient des Blancheton et des Juigné, et le frère aîné de Edme de Juigné abandonner Beaune pour partager son temps entre la Provence et le château d'Ollainville, proche de Paris. C'est une famille qui s'éloigne de nous, et c'est pour cette raison que nous croyons devoir ici rappeler ses origines (1).

On sait l'illustration des LE CLERC DE JUIGNÉ dont le premier auteur connu, Hisgaud Le Clerc, vivait au x° siècle, sur les confins de la Picardie et de l'Artois. La branche aînée s'installa en Anjou, et donna à la France un grand nombre de personnages parmi lesquels: un archevêque de Paris qui se distingua par son zèle et ses qualités administratives, à l'époque de la Révolution; un érudit qui publia avec grand succès, au XVIIe siècle, un dictionnaireannuaire qui fut le prélude de nos grands annuaires français; un homme politique contemporain, qui fut député de la catholique Bretagne jusqu'en 1893.

La branche de Le Clerc qui prit le nom de Lassigny et y ajouta plus tard celui de Juigné, par suite de la reconnaissance de parenté des Le Clerc, marquis de Juigné, s'était fixée en Provence par le mariage de Louis Le Clerc de Lassigny, né à Paris, qui se maria à Toulon en 1652. Nous venons de voir qu'un rameau bourguignon s'en détacha

(1) Le Clerc de JUIGNÉ porte d'argent, à la croix de gueules engrêlée et bordée de sable, cantonnée de 4 aiglettes du même becquées et onglées ou parées de gueules. Cimier Un coq essorant. Devise: Ad Alta. Cri: Battons et abattons. La croix indique sa participation aux croisades. Les deux branches des Le Clerc, Juigné et Lassigny, portent les mêmes armoiries sans brisure. Celles des Le Clerc de Lassigny figuraient ainsi gravées sur des pierres tombales qui existaient dans l'église Saint-André des Arcs, à Paris au xvIe siècle.

au XVIIe siècle et qu'il porte aujourd'hui ses frondaisons en dehors de notre province.

Edme de Juigné nous semble donc devoir être le dernier bourguignon de sa famille. Il partageait d'ailleurs son temps entre la Provence, le Lyonnais où l'avait attiré son alliance avec la famille de Tricaud et la Bourgogne où le retenait le souvenir de sa mère et celui des Blancheton de La Rochepot.

Il était né à Beaune, le 30 Janvier 1856. Il fit au collège de Mongré, de 1866 à 1873, ses études classiques. Sans négliger les lettres qu'on enseignait dans ce célèbre collège, il s'adonna surtout aux sciences mathématiques et se révéla à l'Ecole de la rue des Postes, à Paris, où il se prépara à Polytechnique. L'homme des sciences exactes trouvait là sa voie et son passage à Polytechnique en 1876 et à Fontainebleau en 1878 affirma ses préférences. Il fut nommé à Nîmes en 1880 au 19° d'artillerie, puis à Bourges au 1o régiment, pour revenir ensuite à Nîmes au 38°; il donna sa démission en 1886, ayant le grade de lieutenant. Il était capitaine dans la Territoriale.

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Avant même de quitter l'uniforme d'officier d'artillerie, il avait commencé à consacrer aux travaux historiques les rares loisirs que lui laissait l'accomplissement scrupuleux du devoir militaire et à rassembler les premiers éléments de la riche bibliothèque héraldique qu'il ouvrait si libéralement à ses amis. La nature même de son esprit, porté à l'étude des sciences exactes, devait l'attirer à la généalogie, car nulle recherche ne demande plus de précision et de méthode, lorsqu'on veut s'y appliquer consciencieusement. Ce fut donc à partir de sa démission, en 1886, qu'il put se

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