Télémaque, conduit par Minerve, sous la figure de Mentor, est jeté
par une tempête dans l'île de Calypso. Cette déesse, inconsolable
du départ d'Ulysse, fait au fils de ce héros l'accueil le plus favo-
rable; et, concevant aussitôt pour lui une violente passion, elle
lui offre l'immortalité, s'il veut demeurer avec elle. Pressé par
Calypso de faire le récit de ses aventures, il lui raconte son voyage
à Pylos et à Lacédémone, son naufrage sur la côte de Sicile, le
danger qu'il y courut d'etre immolé aux mânes d'Anchise, le se-
cours que Mentor et lui donnèrent à Aceste, roi de cette contrée,
dans une incursion de barbares, et la reconnaissance que ce prince
leur en témoigna, en leur donnant un vaisseau phenicien pour re-
tourner dans leur pays, Page 7
Suite du récit de Télémaque. Le vaisseau tyrien qu il montait ayant
été pris par une flotte de Sésostris, Mentor et lui sont faits prison-
niers, et conduits en Egypte. Richesses et merveilles de ce pays:
sagesse de son gouvernement. Télémaque et Mentor sont traduits
devant Sésostris, qui renvoie l'examen de leur affaire à un de ses
officiers appelé, Méthophis. Par ordre de cet officier, Mentor est
vendu à des Éthiopiens qui l'emmènent dans leur pays, et Télé-
maque est réduit à conduire un troupeau dans le désert d'Oasis..
Là, Termosiris, prêtre d'Apollon, adoucit la rigueur de son exil,
en lui apprenant à imiter le dieu, qui, étant contraint de garder
les troupeaux d'Admète, roi de Thessalie, se consolait de sa dis-
grâce en polissant les mœurs sauvages des bergers. Bientôt Sé-
sostris, informé de tout ce que Télémaque faisait de merveilleux
dans le désert d'Oasis, le rappelle auprès de lui, reconnait son
innocence, et lui promet de le renvoyer à Ithaque. Mais la mort
de ce prince replonge Télémaque dans de nouveaux malheurs ;
il est emprisonné dans une,tour sur le bord de la mer, d'où il voit
Bocchoris, nouveau roi d'Égypte, périr dans un combat contre
ses sujets révoltés, et secourus par les Phéniciens,
Calypso interrompt Télémaque pour le faire reposer. Mentor le blâ-
me en secret d'avoir entrepris le récit de ses aventures, et cependant
lui conseille de l'achever, puisqu'il l'a commencé. Télémaque, se-
lon l'avis de Mentor, continue son récit. Pendant le trajet de Tyr
à l'ile de Chypre, il voit en songe Vénus et Cupidon l'inviter au
plaisir: Minerve lui apparaît aussi, le protégeant de son égide, et
Mentor l'exhortant à fuir de l'ile de Chypre. A son reveil, les Chy-
priens, noyés dans le vin, sont surpris par une furieuse tempête,
qui eût fait périr le navire, si Télémaque lui-même n'eût pris en
main le gouvernail, et commandé les manœuvres. Enfin, on ar-
rive dans l'ile. Peinture des mœurs voluptueuses de ses habitants,
du culte rendu à Vénus, et des impressions funestes que ce specta-
cle produit sur le cœur de Télémaque. Les sages conseils de Men-
tor, qu'il retrouve tout à coup en ce lieu, le délivrent d'un si grand
danger. Le Syrien Hasaël, à qui Mentor avait été vendu, ayant
été contraint par les vents de relâcher à l'île de Chypre, comme il
allait en Crète pour y étudier les lois de Minos, rend à Télémaque
son sage conducteur, et s'embarque avec eux pour l'ile de Crète.
Ils jouissent, dans ce trajet, du beau spectacle d'Amphitrite trai-
née dans son char par des chevaux marins,
Suite du récit de Télémaque. Richesse et fertilité de l'île de Crète:
mœurs de ses habitants, et leur prospérité sous les sages lois de
Minos. Télémaque, à son arrivée dans l'île, apprend qu'Idoménée,
qui en était roi, vient de sacrifier son fils unique, pour accomplir
un vœu indiscret; que les Crétois, pour venger le sang du fils,
ont réduit le père à quitter leur pays; qu'après de longues incer-
titudes, ils sont actuellement assemblés afin d'élire un autre roi.
Télémaque, admis dans cette assemblée, y remporte les prix à
divers jeux, et résout avec une rare sagesse plusieurs questions
morales et politiques proposées aux concurrents par les vieillards,
juges de l'île. Le premier de ces vieillards, frappé de la sagesse
de ce jeune étranger, propose à l'assemblée de le couronner roi,
et la proposition est accueillie de tout le peuple avec de vives ac-
clamations. Cependant Télémaque refuse de régner sur les Crétois,
préférant la pauvre Ithaque à la gloire et à l'opulence du royaume
de Crète. Il propose d'élire Mentor, qui refuse aussi le diadème.
Enfin l'assemblée pressant Mentor de choisir pour toute la nation,
il rapporte ce qu'il vient d'apprendre des vertus d'Aristodème, et
décide aussitôt l'assemblée à le proclamer roi. Bientôt après, Men-
tor et Télémaque s'embarquent sur un vaisseau crétois, pour re-
tourner a Ithaque. Alors Neptune, pour consoler Vénus irritée,
suscite une horrible tempête, qui brise leur vaisseau. Ils échappent
à ce danger en s'attachant aux débris du mât, qui, poussé par les
flots, les fait aborder à l'île de Calypso, 72
Calypso, ravie d'admiration par le récit de Télémaque, conçoit pour
lui une violente passion, et met tout en œuvre pour exciter en lui
le même sentiment. Elle est puissamment secondée par Vénus,
qui amène Cupidon dans l'île avec ordre de percer de ses flèches le
cœur de Télémaque. Celui-ci, déjà blessé sans le savcir, souhaite,
sous divers prétextes, de demeurer dans l'ile malgré les sages re-
montrances de Mentor. Bientôt il sent pour la nymphe Eucharis
une folle passion, qui excite la jalousie et la colère de Calypso.
Elle jure par le Styx que Télémaque sortira de son ile, et presse
Mentor de construire un vaisseau pour le reconduire à Ithaque.
Tandis que Mentor entraîne Télémaque vers le rivage pour s'em-
barquer, Cupidon va consoler Calypso, et oblige les nymphes à
brûler le vaisseau. A la vue des flammes, Télémaque ressent une
joie secrète; mais le sage Mentor, qui s'en aperçoit, le précipite
dans la mer, et s'y jette avec lui, pour gagner à la nage un autre
vaisseau, alors arrêté auprès de l'île de Calypso,
Mentor et Télémaque s'avancent vers le vaisseau phénicien arrête
auprès de l'île de Calypso: ils sont accueillis favorablement par
Adoam, frère de Narbal, commandant de ce vaisseau. Adoam,
reconnaissant Télémaque, lui promet aussitôt de le conduire à
Ithaque. Il lui raconte la mort tragique de Pygmalion, roi de
Tyr, et d'Astarbé, son épouse; puis l'élévation de Baléazar, que
le tyran son père avait disgracié, à la persuasion de cette femme.
Télémaque, à son tour, fait le récit de ses aventures depuis son
départ de Tyr. Pendant un repas qu'Adoam donne à Télémaque
et à Mentor, Achitoas, par les doux accords de sa voix et de sa
lyre, assemble autour du vaisseau les Tritons, les Néréides, toutes
les autres divinités de la mer, et les monstres marins eux-mêmes.
Mentor, prenant une lyre, en joue avec tant d'art, qu'Achitoas,
jaloux, laisse tomber la sienne de dépit. Adoam raconte ensuite
les merveilles de la Bétique. Il décrit la douce température de
l'air et toutes les richesses de ce pays, dont les peuples mènent la
vie la plus heureuse dans une parfaite simplicité de mœurs,
Vénus, toujours irritée contre Télémaque, demande sa perte à Jupi-
ter; mais les destins ne permettant pas qu'il perisse, la déesse va
solliciter de Neptune les moyens de l'éloigner d'Ithaque, où le con-
duisait Adoam. Aussitôt Neptune envoie au pilote Achamas une
divinité trompeuse, qui lui enchante les sens et le fait entrer à
pleines voiles dans le port de Salente, au moment où il croyait arri-
ver à Ithaque. Idoménée, roi de Salente, fait à Télémaque et à
Mentor l'accueil le plus affectueux: il se rend avec eux au temple
de Jupiter, où il avait ordonné un sacrifice pour le succès d'une
guerre contre les Manduriens. Le sacrificateur, consultant les en-
trailles des victimes, fait tout espérer à Idoménée, et l'assure qu'il
devra son bonheur à ses deux nouveaux hôtes,
Idoménée fait connaître à Mentor le sujet de la guerre contre les Manduriens, et les mesures qu'il a prises contre leurs incursions. Mentor lui montre l'insuffisance de ces moyens, et lui en propose de plus efficaces. Pendant cet entretien, les Manduriens se présentent aux portes de Salente, avec une nombreuse armée composée de plusieurs peuples voisins, qu'ils avaient mis dans leurs intérêts. A cette vue, Mentor sort precipitamment de Salente, et va seul proposer aux ennemis les moyens de terminer la guerre sans effusion de sang. Bientôt Télémaque le suit, impatient de connaître l'issue de cette négociation. Tous deux offrent de rester comme otages auprès des Manduriens, pour répondre de la fidélité d'Idoménée aux conditions de paix qu'il propose. Après quelque résistance, les Manduriens se rendent aux sages remontrances de Mentor, qui fait aussitôt venir Idoménée pour conclure la paix en personne. Ce prince accepte sans balancer toutes les conditions proposées par Mentor. On se donne réciproquement des otages, et l'on offre en commun des sacrifices pour la confirmation de l'alliance; après quoi Idoménée rentre dans la ville avec les rois et les principaux chefs alliés des Manduriens,
Les alliés proposent à Idoménée d'entrer dans leur ligue contre les Dauniens. Ce prince y consent, et leur promet des troupes. Mentor le désapprouve de s'être engagé si légèrement dans une nouvelle guerre, au moment où il avait besoin d'une longue paix pour consolider, par de sages établissements, sa ville et son royaume à peine fondés. Idoménée reconnaît sa faute; et, aidé des conseils de Mentor, il amène les alliés à se contenter d'avoir dans leur armée Télémaque avec cent jeunes Crétois. Sur le point de partir et faisant ses adieux à Mentor, Télémaque ne peut s'empêcher de témoigner quelque surprise de la conduite d'Idoménée. Mentor profite de cette occasion pour faire sentir à Télémaque combien il est dangereux d'être injuste, en se laissant aller à une critique rigoureuse contre ceux qui gouvernent. Après le départ des alliés, Mentor examine en détail la ville et le royaume de Salente, l'état de son commerce, et toutes les parties de l'administration. Il fait faire à Idoménée de sages règlements pour le commerce et pour la police; il lui fait partager le peuple en sept classes, dont il distingue les rangs par la diversité des habits. Il retranche le luxe et les arts inutiles, pour appliquer les artisans aux arts nécessaires, au commerce, et surtout à l'agriculture, qu'il remet en honneur: enfin il ramène tout à une noble et frugale simplicité. Heureux effets de cette réforme,
Télémaque, conduit par Minerve, sous la figure de Mentor, est jeté par une tempête dans l'île de Calypso. Cette déesse, inconsolable du départ d'Ulysse, fait au fils de ce héros l'accueil le plus favorable; et, concevant aussitôt pour lui une violente passion, elle lui offre l'immortalité, s'il veut demeurer avec elle. Pressé par Calypso de faire le récit de ses aventures, il lui raconte son voyage à Pylos et à Lacédémone, son naufrage sur la côte de Sicile, le danger qu'il y courut d'être immolé aux mânes d'Anchise, le secours que Mentor et lui donnèrent à Aceste, roi de cette contrée, dans une incursion de barbares, et la reconnaissance que ce prince leur en témoigna, en leur donnant un vaisseau phénicien pour retourner dans leur pays.
CALYPSO ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse. Dans sa douleur, elle se trouvait malheureuse d'être immortelle. Sa grotte ne résonnait plus de son chant : les nymphes qui la servaient n'osaient lui parler. Elle se promenait souvent seule sur les gazons fleuris dont un printemps éternel bordait son île; mais ces beaux lieux, loin de modérer sa douleur, ne faisaient que lui rappeler le triste souvenir d'Ulysse, qu'elle y avait vu tant de fois auprès d'elle. Souvent elle demeurait immobile sur le rivage de la mer, qu'elle arrosait de ses larmes ; et elle était sans cesse tour-née vers le côté où le vaisseau d'Ulysse, fendant les ondes,
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