Images de page
PDF
ePub

Après cela David battit les Philistins et les humilia; et il affranchit le peuple d'Israël.....

Et il défit aussi les Moabites; et les ayant vaincus, il les fit coucher par terre et mesurer avec des cordes. Uue mesure de cordes était pour la mort, et une autre était pour la vie. Et Moab fut asservi au tribut....

David délit aussi Adadézer, roi de Soba en Syrie. Il lui prit sept cents cavaliers et vingt mille hommes de pied. Il conpa les jarrets à tous les chevaux des chariots, et n'en réserva que pour cent chariots.

sa grange, ni comment cet Hoza fut puni de mort subite pour avoir empêché l'arche de tomber.

Les incrédules révoquent en doute ce fait, qu'ils prétendent s'il y avait être injurieux à la bonté divine. Il leur paraît que quelqu'un de coupable c'étaient les lévites qui abandonnaient l'arche, et non pas celui qui la soutenait. Le lord Bolingbroke conclut qu'il est évident que tout cela fut écrit par un prêtre qui ne voulait pas que d'autres que des prètres pussentjamais toucher à l'arche. On la mit pourtant dans la grange d'un lai. que nommé Obed-Edom; et encore ce laïque pouvait être un

Philistin.

que

Ces commencements grossiers du règne de David prouvant le peuple juif était encore aussi grossier que pauvre, et qu'il ne possédait pas encore une maison assez supportable. pour y déposer l'objet de son culte avec quelque décence.

Nous convenous que ces commencements sont très grossiers. Nous avons remarqué que ceux de tous les peuples ont été les mêmes, el que Romulus et Thésée ne commencèrent pas plus magnifiquement. Ce serait une chose très curieuse de bien voir par quels degrés les Juifs parvinrent à former, comme les autres peuples, des villes, des citadelles, et à s'enrichir par le commerce et par le courtage. Les historiens ont toujours négligé ces ressorts du gouvernement, parce qu'ils ne les ont jamais connus ; ils s'en sont tenus à quelques actions des chefs de la nation, et ont noyé ces actions, toujours ridicu lement exagérées, dans des fatras de prodiges incroyables: c'est ce que dit positivement le lord Bolingbroke. Nous soumettons ces idées à ceux qui sont plus éclairés que lui et que

[ocr errors]

Les Syriens de Damas vinrent au secours d'Adadézer, roi de Soba; et David en tua vingt-deux mille... La Syrie entière lui paya tribut; il prit les armes d'or des officiers d'Adadézer, et les porta à Jérusalem.... (1).

(1) On est bien étonné que David, après la conquête de Jérusalem, ait payé encore tribut aux Philistins, et qu'il ait fallu de nouvelles victoires pour affranchir les Juifs de ce triLut. Cela prouve que le peuple hébreu était encore un très petit peuple.

La manière dont David traite les Moabites ressemble à la fable qu'on a débitée sur Busiris, qui fesait mesurer ses captifs à la longueur de son lit. On leur coupait les membres qui débordaient, et on allonge ait par des tortures les membres qui nelaient pas assez longs. L'horrible cruauté de David fait de la peine à dom Calmet: « Cette exécution, dit-il, fait frémir; » mais les lois de la guerre de ces temps-là permettaient de »tuer les captifs. »

Nous osons dire à dom Calmet qu'il n'y avait point de lois de la guerre, que les Juifs en avaient moins qu'aucun peuple; et que chacun suivait ce que sa cruauté ou son intérêt lui dictait. On ne voit pas même que jamais des peuples ennem des Juifs les aient traités avec une barbarie qui approche de de la barbarie juive: car lorsque les Amalecites prirent la bourgade Sigelec, où David avait laissé ses femmes et ses enfants, il est dit qu'ils ne tuèrent personne; ils ne mesurèrent point les captifs avec des cordes, et ne firent point périr dans les supplices ceux dont les corps ne s'ajustaient pas avec cette

mesure.

Plusieurs savants nient formellement ces victoires de David en Syrie et jusqu'à l'Euphrate; ils disent qu'il n'en est fait aucune mention dans les histoires ; que si David avait étendu sa domination jusqu'à l'Euphrate, il eût été un des plus grands souverains de la terre. Ils regardent comme une exagération insoutenable ces prétendues conquêtes du chef d'une petite nation, maîtresse d'une seule ville qui n'était pas même encore bâtie.

Comme nous n'avons que des Juifs qui aient écrit l'histoire juive, et que les historiens orientaux qui auraient pu nous instruire sont perdus, nous ne pouvons décider sur cette ques

Et en revenant de Syrie il tailla en pièces dix-huit mille hommes dans la vallée des salines.... et les enfants de David étaient prêtres...... (1).

Cependant il arriva que David, s'étant levé de son lit après midi, se promenait s sur le toit de sa maison royale; et il vit une femme qui se lavait sur son toit vis-à-vis de lui. Or cette femme était fort belle. Le roi envoya donc savoir qui était cette femme; et on lui rapporta que c'était Bethsabée fille d'Élie, femme d'Urie l'lléthéen.

David l'envoya prendre par ses gens et dès qu'elle fut venue, il coucha avec elle; après quoi, en se lavant, elle se sanctifia, se purifiant de son impureté....

Et après que David eut fait tuer Urie, la femme d'Urie ayant appris que son mariétait mort, le pleura.... Et après qu'elle eut pleuré, David la prit, grosse de lui, dans sa maison, et l'épousa (2).

tion. Il n'est pas improbable que David ait fait quelques cour ses jusques auprès de Damas.

(1) Des commentateurs que Calmet a suivis prétendent que prétres signific princes: il est plus probable que David voulut joindre dans sa maison le sacerdoce avec l'empire; rien n'est plus politique. Au reste ces mots, étaient prêtres, n'ont aucun rapport avec ce qui précède et ce qui suit: c'est une marque assez commune de l'inspiration.

(2) L'aventure de Bethsabée est assez connue, et n'a pas besoin de long commentaire. Nous remarquerons que la maison d'Urie devait être très voisine de la maison de David, puisqu'il voyait de son toit Bethsabée se baignant sur le sien. La maison royale était donc fort peu de chose, n'étant pas séparée des autres par des murailles élevées, par des t urs et des fossés, selon l'usage.

Il est remarquable que l'écrivain sacré se sert du mot sanctifier pour exprimer que Bethsabée se la va après le coït. On était légalement impur chez les Juifs quand on étaitmalpropre C'était un grand acte de religion de se laver; la né gligence et la saleté étaient si particulières à ce peuple, que la loi l'obligeait à se laver souvent; et cela s'appelait se sanctifier.

[ocr errors]

Le Seigneur envoya donc Nathan vers David... Et Nathan lui dit: Tu as fait mourir Urie l'Héthéen, et tu lui as pris sa femme; c'est pourquoi le glaive ne sortira jamais de ta maison dans toute l'éternité, parce que tu m'as méprisé, et que tu as pris pour toi la femme d'Urie l'Héthéen.... Je prendrai donc tes femmes à tes yeux, je les donnerai à un autre, et il marchera avec elles devant les yeux de ce soleil; car tu as fait la chose secrètement, et moi je la ferai ouvertement à la face d'Israël et à la face du soleil.... Et David dità Nathan: J'ai péché contre le Seigneur. Et Nathan dit à David: Ainsi Dieu a transféré ton péché, et tu ne mourras point.... (1).

Le mariage de Bethsabée, grosse de David, est déclaré nul par plusieurs rabbins et par plusieurs commentateurs. Parm nous une femme adultère ne peut épouser son amant, assassin de son mari, sans une dispense du pape : c'est ce qui a été décidé par le pape Célestin III. Nous ignorons si le pape peut en effet avoir un tel pouvoir; mais il est certain que, chez aucune nation policée, il n'est permis d'épouser la veuve de celui qu'on a assassiné.

Il y a une autre difficulté: si le mariage de David et de Bethsabée est nul, on ne peut donc dire que Jésus-Christ est descendant légitime de David, comme il est dit dans sa généalogie. Si on décide qu'il en descend légalement, on foule aux pieds la loide toutes les nations: si le mariage de David et de Bethsabée n'est qu'un nouveau crime, Dieu est donc né de la source la plus impure. Pour échapper à ce triste dilemme, on a recours au repentir de David, qui a tout réparé. Mais en se repentant il a gardé la veuve d'Urie; donc, malgré son repentir, il a encore aggravé son crime: c'est une difficulté nouvelle. La volonté du Seigneur suffit pour calmer tous ces doutes qui s'élèvent dans les âmes timorées. Tout ce que nous savons, c'est que nous ne devons être ni adultères, ni homicides. , ni épouser les veuves des maris que nous aurions assas

sinés.

(1) On demande si le prophète Nathan, en parlant auprophète David de ses femmes et de ses concubines, avec lesquelles Absalon son fils coucht sur la terrasse du palais, lui

"

Et l'enfant qu'il avait eu de Bethsabée, étant mort, it consola Bethsabée sa femme; il entra vers clle, et engendra un fils qu'il appela Salomon; et Dicu l'aima.... (1).

Or David assembla tout le peuple, et marcha contre Raba, et ayant combattu il la prit. Il ôta de la tête du roi son diadème, qui pesait un talent d'or, avec des perles précieuses; et ce diadème fut mis sur la tête de David. Il rapporta aussi un très grand butin de la ville.... Et s'étant fait amener tous les habitants, il les scia en deux avec des scies, et fit passer sur eux des chariots de fer; il découpa des corps avec des couteaux, et les jeta dans des fours à cuire la brique (2).

parlait avant ou après cette aventure. Il nous semble que le discours de Nathan précède de quelques années l'affront que fit Absalon à son père David, en couchant avec toutes ses femmes l'une après l'autre sur la terrasse du palais.

(1) Les critiques prétendent que le Seigneur ne fut point faché que David eût épousé la veuve d'Urie, puisqu'il aima tant Salomon, né de David et de cette veuve. Nathan a prévenu cette critique, en disant que Dieu a transféré le péché de David. Ce fut le premier-né sur lequel le péché fut transporté; cet enfant mourut, et Dieu pardonna à son père; mais la menace de faire coucher toutes ses femmes et loutes se filles avec un autre sur la terrasse de sa maison subsista entièrement.

(2) Ou prétend qu'un talent d'or pesait environ quatreyingt-dix de nos livres de seize onces; il n'est guère possible qu'un homme ait porté un tel diadème; il aurait accablé Polyphème et Goliath. C'est là où Calmet pouvait dire encore que l'auteur sacré se permet quelques exagérations. Le dia dème d'ailleurs n'était qu'un petit bandeau.

Il est à souhaiter que les inconcevables barbaries exercées sur les citoyens de Raba soient aussi une exagération. Il n'y a point d'exemple dans l'histoire d'une cruauté si énorme et si réfléchie. M. Huet de Londres ne manque pas de la pein dre avee les couleurs qu'elle semble mériter. Calmet dit qu'il est à présumer que David ne suivit que les lois commupes de la guerre ; que l'Écriture ne reproche rien sur cela

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »