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nourut..... Abigail monta vite sur son âne avec cing servantes à pied; et David l'épousa le jour même (1). ̧ David épousa aussi Achinoam; et l'une et l'autre fu

rent ses femmes.

Saul, voyant cela, donna sa fille Michol, femme de David, à Phati. David s'en alla avec six cents hommes chez Akis, Philistin, roi de Geth. Akis lui donna la ville de Sicheleg; et David demeura dans le pays des Philistins un an et quatre mois............. Il fesait des courses. avec ses gens sur les alliés d'Akis à Jesuri, à Jerzi, chez. les Amalecites. Il tuait tout ce qu'il rencontrait, sans pardonner ni à homme, ni à femme, enlevant brebis, bœufs, ânes, chameaux, meubles, habits, et revenait vers Akis (2).

(x) M. Huet continue, et dit que si on avait voulu écrire T'histoire d'un brigand, d'un voleur de grand chemin, on ne s'y serait pas pris autrement; que ce Nabal qui, après avoir été pillé, meurt au bout de peu de jours, et David qui épouse sur-le-champ sa veuve, laissent de violents soupçons. Si David, dit-il, a été selon le coeur de Dieu, ce n'est pas dans cette occasion.

Nous confessons qu'aujourd'hui une telle conduite ne serait point approuvée dans un oint du Seigneur. Nous pouvons dire que David fit pénitence, et que cette aventure fut comprise dans les sept psaumes pénitentiaux implicitement. Nous n'osons prétendre que David fût impeccable.

(2) M. Huet remarque que d'abord David contr efit le fou et l'imbécille devant le roi Akis, chez lequel il s'était réfugié. Ce n'est pas une excellente manière d'inspirer la confiance à un roi qu'on se propose de servir à la guerre; mais la manière dont David sert ce roi son bienfaiteur est encore plus extraordinaire: il lui fait accroire qu'il fait des courses contre les Israelites, et c'est contre les propres amis de son bienfaiteur qu'il fait ces courses sanguinaires: il tue tout, il extermine tout, jusqu'aux enfants, de peur, dit-il, qu'ils ne parlent. Mais comment ce roi pouvait-il ignorer que David combattait contre lui-même sous prétexte de combattre pour lui? Il fallait que ce roi Akis fût plus imbécille que David n'avaitfeint

Et lorsque le roi Akis lui disait : Où as-tu couru aujourd'hui ? David lui répondait : J'ai couru aumidi vers Juda.... Or David ne laissait eu vie ni homme ni femme, disant: Jeles tue, de peur qu'ils ne parlent contre nous.

Akis se fiait donc à lui, disant: Il fait bien du mal à Israël; il me sera toujours fidèle..... Et il dit à David: Je ne confierai qu'à toi la garde de ma personne.... (1)..

Or les Philistins s'étant assemblés, Saül ayant aussi assemblé ses gens vers Gelboé, et ayant vu les Philistins, il trembla de peur. Il consulta le Seigneur; mais il ne lui répondit rien ni par les songès, ni par les prêtres, ni par les prophètes (2).

Et il dit à un de ses gens: Va me chercher une femme (une ventriloque ) qui ait un ob, un esprit de Python....

de l'être devant lui. M. Huet déclare David et Akis également fous, et David le plus scélérat de tous les hommes. Il aurait dû,di il, parler de cette action abominable dans ses psaumes.

On peut répondre à M. Huet que David, dans cette guerre civile, ne portait pas aumoins le ravage chez ses compatriotes; qu'il ne trabissait et n'égorgeait que ses alliés, lesquels étaient des infidèles.

Il y a aussi des commentateurs éclairés qui, regardant David comme l'exécuteur des vengeances de Dieu, l'absol vent de tout péché dans cette occasion.

(1) Voilà David qui, d'écuyer et de gendre de Saül son roi, devient formellement capitaine des gardes de l'ennemi d'Israël, Il est difficile, nous l'avouons avec douleur, de justifier cette conduite selon le monde; mais selon les desseins inscrutables de Dieu, et selon la barbarie abominable de ces temps-là, nous devons suspendre notre jugement et tâcher d'être justes dans le temps où nous sommes, saus examiner ce qui était juste ou injuste alors.

(2) Il est défendu dans le Deuteronome d'expliquer les songes; mais Dieu se réservait le droit de les expliquer luimême. Aujourd'hui un général d'armée, qui déterminerait ses opérations de campagne sur un songe, ne serait pas regardé comme un homme bien sensé. Mais nous l'avons déjà dit, ces temps-là n'ont rien de commun avec les nôtres.

(1). La femme lui dit : Qui voulez-vous que j'évoque? Saul lui dit: Évoque-moi Samuel (2). Or comme la

(1) Les devins, les sorciers, les pythoniss es, les prophètes, dans tous les pays, ont toujours affecté de parler du creux de la poitrine, et de former des sons qui ont quelque chose de sombre et de lugubre: ils se disaient tous agités d'un esprit qui les fesait parler autrement que les autres hommes; et la populace se laissait prendre à ces infâmes simagrées qui effrayaient les femmes et les enfants. Les premiers prophètes des Cévènes, vers l'an 1704, parlaient tous du creux de la poitrine, et traînaient un peuple fanatique après eux. Il n'en était pas ainsi des vrais prophètes du Seigneur..

Saul demande une femme qui ait un ob; la Vulgate dit un esprit de Python. Les profonds mythologistes, qui ont sérieusement examiné l'histoire de Thyphon, frère d'Osiris et d'Isis, ont conclu savamment qu'il était le même que le serpent Python Le judicieux Bochard assure pourtant que Typhon était le même qu'Encelade. Leur histoire est aussi confuse que le reste de la mythologie.

Il n'est pas aisé de savoir si Jupiter se battit contre Typhon et le foudroya, ou si Apollon tua Python à coups de flèches.. Quoi qu'il en soit, la pythie ou la pythonisse de Delphes rendait des oracles de temps immémorial. Non-sculement elle était ventriloque, mais elle recevait l'inspiration dans son ventre. Elle s'asseyait sur un triangle de bois ou de fer; une exhalaison qui sortait de la terre, et qui entrait dans sa matrice, lui fesait connaître le passé et l'avenir. La réputation de cet oracle pénétra dans l'Asie mineure, dans la Syrie, et onfin jusque dans la Palestine. Il est très vraisemblable que la pythonisse d'Endor était une de ces gueuses quitâ chaient de gagner leur vie à imiter comme elles pouvaient la pythic de Delphes.

Le texte nous dit donc que Saül se déguisa pour aller consulter cette misérable. Il n'y a rien que de très ordinaire dans cette conduite de Saul. Nous avons vu dans plusieurs endroits qu'il n'y a point de pays où la friponnerie n'ait abusé de la crédulité, point d'histoire ancienne qui ne soit remplie d'ora cles et de prédictions. Long-temps avant Balaam on a prédit l'avenir; depuis Balaam on le prédit toujours; et depuis Nostradamus on ne le prédit plus guère.

femme eut vu Samuel, elle cria d'une voix grande Pourquoi m'as-tu trompće? car tu es Saül. Le roi lui dit: Ne crains rien; qu'as-tu vu? Elle répondit: J'ai vu des dieux montant de la terre. Saul lui dit: Comment est-il fait ? Elle dit: C'est un vieillard qui est monté; il

(2) Il y avait un an ou deux que Samuel était mort lorsque Saul s'adressa à la pythonisse pour évoquer ses mânes, son ombre. Mais comment évoquait-on une'ombre? Nous croyons avoir prouvé ailleurs que rien n'était plus naturel ni plus conforme à la sottise humaine. On avait vu dans un songe son père, ou sa mère, ou ses amis après leur mort; ils avaient parlé dans ce songe; nous leur avions répondu ; nous avious voulu, en nous éveillant, continuer la conversation, et nous n'avions plus trouvé à qui parler. Cela était désespérant; car il nous paraissait très certain que nous avious parlé à des morts que nous les avions touchés ; il y avait donc quelque chose d' ux qui subsistait après la mort et qui nous avait apparu: ce quelque chose était une âme, c'était une ombre, c'étaient des mânes. Mais tout cela s'enfuyait au point du jour; le chant du coq fesait disparaître toutes les ombres. It ne s'agissait plus que de trouver quelqn'un d'assez habile pour les rappeler pendant le jour, et le plus souvent pendant la nuit. Or sitôt que des imbécilles voulurent voir des âmes et des ombres, il y eut bientôt des charlatans qui les monfrèrent pour de l'argent. On cacha souvent une figure dans le fond d'une caverne, et on la fit paraître par le moyen d'un scul flambeau derrière elle.

La pythonisse d'Endor n'y fait pas tant de façon: elle dit qu'elle voit une ombre; et Saul la croit sur sa parole. Partout ailleurs que dans la sainte Écriture, cette histoire passerait pour un conte de sorcier assez mał fait: mais puisqu'un au teur sacré l'a écrite, elle est indubitable; elle mérite autant de respect que tout le reste. Saint Justin ne doute pas, dans son Dialogue contre Tryphon, que les magiciens n'évoquassent quelquefois les âmes des justes et des prophètes qui étaient tousen enfer, et qui y demeurèrent jusqu'à ce que Jésus-Christ vînt les en tirer, comme l'assurent plusieurs Pères de l'Église. Origène est fortement persuadé que la pythonisse d'Endor fit venir Samuel en corps et en â me.

Le plus grand nombre des commentateurs croit que le diar

est vêtu d'un manteau. Et Sajil vit bien que c'était Samuel; et il s'inclina la face en terre, et il l'adora.

Samuel dit à Saï! : pourquoi as-tu troublé mon repos. en me fesant évoquer? Saul lui dit: Je suis très embarrassé; les Philistins me font la guerre; Dieu s'est retiré de moi; il n'a voulu m'exaucer ni dans la main des prophètes, ni par les songes; ainsi je t'ai évoqué, afin que tu me montres ce que je dois faire (1).

Samuel lui dit: Pourquoi m'interroges-tu quand Dieu. s'est retiré de toi?.... Il livrera Israël avec toi entre les mains des Philistins; demain toi et tes fils vous serez avec moi (2).

Or la pythonisse avait un veau gras pour la pâque;

ble apparut sous la figure de Samuel. Nous ne prenons parti pour ni contre le diable.

ni

Le révérend père dom Calmet prouve la vérité de l'histoirede la pythonisse par l'exemple d'un Anglais qui avait le secret de parler du ventre. M. Boulanger dit que Calmet devait s'en tenir à ses vampires.

(1) Puisque Saul et l'ombre de Samuel ont ensemble unegrande conversation, on peut inférer de là que c'était Samuel lui-même qui était monté de la terre. Samuel se plaint qu'on ait troublé son repos en enfer; il parle au nom de Dieu; c'est un fort préjugéque cette ombre n'était point le diable Encoreune fois, nous n'osons rien décider dans une question si ardue. Quelques critiques se sont enquis pourquoi l'ombre deSamuel était venue de l'enfer avec son manteau. Ils demandent si on a des manteaux en enfer; si les âmes sout habillées. quand elles sont évoquées. Ce sont des questions plus ardues.

encore.

(2) L'ombre de Samuel prédit réellement à Saül qu'il perdra la bataille, qu'il y sera tué avec ses fils. Pourquoi donc Saül donne-t-il cette bataille? il ne croyait donc pas aux prédictions de Samuel?

Saint Ephrem dit que cette obstination de combattre, malgré les prédictions d'une ombre, est une preuve que ce roi était tout-à-fait fou. Le père Quesnel en tire un graud argument en faveur de la prédestination. Lepère Doucin soutient

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