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Or il arriva après cela que Néron encourut la haine de son armée, et la haine du peuple romain; de sorte qn'ils résolurent de lui couper enfin le cou publiquement jusqu'à ce qu'il fut mort, et expirât. Ayant eu vent de ce complot, il fut saisi d'un tremblement et d'une crainte insupportable; de sorte qu'il s'enfuit, et né parut plus depuis. Il y en eut aussi qui disaient que, comme il errait dans les forêts en fuyant, il était mort de froid et de faim, et avait été dévoré par les loups. Or comme les Grecs enlevaient les corps des saints apôtres. Pierre et Paul, pour les porter en Orient, il survint un grand tremblement de terre, et le peuple romain courut, ét ils les arrêtèrent vers le lieu que l'on nomme Catacombe, dans la voie Appienne au troisième mille, et les corps y furent gardés un an et sept mois, jusqu'à ce qu'on cût préparé les lieux où leurs corps furent mis; et c'est là qu'ils sont considérés av ec l'honneur et la révérence convenables, et par les louanges des hymnes. Et le corps. du très heureux Pierre fut misdans le Vatican du combat naval, et celui de saint Paul dans la voie d'Ostie au second mille, où reçoivent les bienfaits de leurs prières ceux qui les demandent assidument et fidèlement, pour la louange et la gloire de notre Seigneur, Jésus-Christ qui vit et règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Moi Marcel, disciple de mon maître l'apôtre Pierre, j'ai écrit ce que j'ai vu.

Nota. Les curieux trouveront encore beaucoup d'autres pièces dans Fabricius, Grabius, Cotelerius, etc. On a cru que celles-ci suffisaient au grand nombre des lecteurs, que les savants ont toujours trop négligés.

DE

L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME.

(1777-)

CHAPITRE PREMIER.

Que les Juifs et leurs livres furent très long-temps ignores des autres peuples.

D'ÉPAISSES

'ÉPAISSES ténèbres envelopperont toujours le berceau du christianisme. On en peut juger par les huit opinions principales qui partagèrent les savants sur l'époque de la naissance de Jesu ou Josuah ou Jeschu, fils de Maria. ou Mirja, reconnu pour le fondateur ou la cause occasionnelle de cette religion, quoiqu'il n'ait jamais pensé à faire une religion nouvelle. Les chrétiens passèrent. environ six cent cinquante années avant d'imaginer de dater les évènements de la naissance de Jesu. Ce fut un moine scythe, nommé Dionisios ( Denis-le-Petit ), transplanté à Rome, qui proposa cette ère, sous le règne de l'empereur Justinien; mais elle ne fut adoptée que cent ans après lui. Son système sur la naissance de Jesu était encore plus erroné que les huit opinions des autres chrétiens. Mais enfin ce système, tout faux qu'il est, prévalut. Une erreur est le fondement de tous nos almanachs.

L'embryon de la religion chrétienne, formé chez les Juifs sous l'empire de Tibère, fut ignoré des Romains pendant plus de deux siècles. Ils surent confusément qu'il y avait une secte juive appelée Galiléenne, ou pauvre, ou chrétienne; mais c'est tout ce qu'ils en savaient:

on voit que Tacite et Suétone n'en étaient pas véritablement instruits. Tacite parle des Juifs au hasard; et Suétone se contente de dire que empereur Claude réprima les Juifs qui excitaient des troubles à Rome, à l'instigation d'un nommé Christ ou Chrest. Judeos, impulsore Christo, assiduè tumultuantes repressit. Cela n'est pas étonnant. Il y avait huit mille Juifs à Rome qui avaient droit de synagogue, et qui recevaient des empereurs les libéralités congiaires de blé, sans que personne daignât s'informer des dogmes de ce peuple. Les noms de Jacob, d'Abraham, de Noé, d'Adam et d'Ève étaient aussi inconnus du sénat que le nom de Manco Capac l'était de Charles-Quint, avant la conquête du Pérou,

Aucun nom de ceux qu'on appelle patriarches, n'était jamais parvenu à aucun auteur grec. Cet Adam qui est aujourd hui regardé en Europe comme le père du genre humain, par les chrétiens, et par les musulmans, fut toujours ignoré du genre humain, jusqu'au temps de Dioclétien et de Constantin.

C'est douze cent dix ans avant notre ère vulgaire qu'on place la ruine de Troie, en suivant la chronologie des fameux marbres de Paros. Nous plaçons d'ordinaire l'aventure du Juif Jephté en ce temps-là même. Le pelit peuple hébreu ne possédait pas encore la ville capitale. Il n'eut la ville de Shéba que quarante ans après; et c'est cette Shéba, voisine du grand désert de l'Arabie pétrée, qu'on nomma Hershalaïm; et ensuite Jérusalem, pour adoucir la dureté de la prononciation.

Avant que les Juifs eussent cette forteresse, il y avait déjà une multitude de siècles que les grands empires d'Egypte, de Syrie, de Chaldée, de Perse, de Scythie, des Indes, de la Chine, du Japon, étaient établis. Le peuple judaïque ne les connaissait pas, n'avait que des notions très imparfaites de l'Égypte et de la Chaldée. Séparé de l'Égypte, de la Chaldée et de la Syrie, par

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a désert inhabitable, sans aucun commerce réglé avec Tyr; isolé dans le petit pays de la Palestine, large de quinze lieues, et long de quarante-cinq, comme l'affirme saint Hiéronyme ou Jérôme, il ne s'adonnait à aucune science, il ne cultivait presque aucun art. Il fut plus de six cents ans sans aucun commerce avec les autres peuples, et même avec ses voisins d'Égypte et de Phénicie. Cela est si vrai, que Flavien Josèphe leur historien en convient formellement dans sa réponse à Appion ☎'Alexandrie; réponse faite sous Titus à cet Appion qui était mort du temps de Néron.

Voici les paroles de Flavien Josèphe au chap. IV: « Le » pays que nous habitons étant éloigné de la mer, nous >> ne nous appliquons point au commerce, et n'avons >> point de communication avec les autres peuples: >> nous nous contentons de fertiliser nos terres, et de >> donner une bonne éducation à nos enfants. Ces raisons, » ajoutées à ce que j'ai déjà dit, font voir que nous » n'avons point eu de communication avec les Grecs, >> comme les Égyptiens et les Phéniciens, etc. »

Nous n'examinerons point ici dans quel temps les Juifs commencèrent à exercer le commerce, le courtage et l'usure, et quelle restriction il faut mettre aux paroles de Flavien Josèphe. Bornons-nous à faire voir que les Juifs, tout plongés qu'ils étaient dans une superstition atroce, ignorèrent toujours le dogme de l'immortalité de l'âme, embrassé depuis si long-temps par toutes les nations dont ils étaient environnés. Nous ne cherchons point à faire leur histoire: il n'est question que de montrer ici leur ignorance.

PHILOSOPHIE GÉNÉR. TOME II.

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CHAPITRE II.

Que les Juifs ignorèrent long-temps le dogme de l'immortalité de l'âme.

C'EST beaucoup que les hommes aient pu imaginer par le seul secours du raisonnement, qu'ils avaient une âme; car les enfants n'y pensent jamais d'eux-mêmes; ils ne sont jamais occupés que de leurs sens; et les hommes ont dû être enfants pendant bien des siècles. Aucune nation sauvage ne connut l'existence de l'âme. Le premier pas dans la philosophie des peuples un peu policés fut de reconnaître un je ne sais quoi qui dirigeait les hommes, les animaux, les végétaux, et qui présidait à leur vie: ce je ne sais quoi ils l'appelèrent d'un nom vague et indéterminé qui répond à notre mot d'ame. Ce mot ne donna chez aucun peuple une idée distincte. Ce fut, et c'est encore, et ce sera toujours une faculté, une puissance secrète, un ressort, un germe inconnu par lequel nous vivons, nous pensons, nous sentons; par lequel les animaux se conduisent, et qui fait croître les fleurs et les fruits. De là les âmes végétatives, sensitives, intellectuelles, dont on nous a tant étourdis. Le dernier pas fut de conclure que notre âme subsistait après notre mort, et qu'elle recevait dans une autre vie la récompense de ses bonnes actions, ou le châtiment de ses crimes. Ce sentiment était établi dans l'Inde avec la métempsycose, il y a plus de cinq mille années. L'immortalité de cette faculté qu'on appelle áme, était reçue chez les anciens Perses, chez les anciens Chaldéens : c'était le fondement de la religion égyptienne; et les Grecs adoptèrent bientôt cette théologic. Ces âmes étaient supposées être des petites figures légères et aériennes, ressemblantes parfaitement à nos corps. On les appelait

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