Images de page
PDF
ePub

dirent que, pour eux, ils l'avaient jugé suivant leurs lois, et qu'ils n'avaient en rien péché contre la majesté du prince, et que tout s'était passé à la volonté du gouverneur Pilate. Ce qu'ayant entendu, Néron mit Pilate en prison, mais renvoya Annas et Caïphas sans leur faire aucun mal. Et peu de temps après, il fit passer Pilate au fil de l'épée, parce qu'il avait osé punir de mort un si grand homme sans l'autorité du prince. Après cela, Néron fit élever Pierre en croix, et décapiter Paul.

DES CHOSES MERVEILLEUSES, ET DES ACTES
DES BIENHEUREUX APÔTRES PIERRE ET

PAUL, ET DES ARTS MAGIQUES DE SIMON-
LE MAGICIEN.

LORSQUE Pau! fut venu à Rome, tous les Juifs s'assemblèrent auprès de lui, disant: Défendez notre foi dans. laquelle vous êtes né; car il n'est pas juste que vous qui êtes Hébreu venant des Hebreux, vous vous déclariez le maître des Gentils; et que, devenu le défenseur des incirconcis, vous qui êtes circoncis, vous anéantissiez la foi de la circoncision. Lors donc que vous verrez Pierre,entreprenez de disputer contre lui, parce qu'il a anéanti toute l'observation de notre loi: il a retranché le sabbat et les néoménies (1), et supprimé toutes les fêtes établies par les lois. Paul leur répondit: Vous pourrez éprouver ici que je suis juif, et vrai juif, puisque vous pourrez voir que j'observe véritablement le sabbat et la circoncision. Car le jour du sabbat, Dieu se reposa de ses œuvres. Nous avons les pères, et les patriarches, et la loi. Que prêche de tel Pierre dans le royaume des Gentils? Mais si par hasard il veut introduire quelque nouvelle doctrine, sans trouble, sans envie, et sans bruit, annoncezlui que nous nous voyons, et je le convaincrai en votre présence. Que si par hasard sa doctrine est munie d'un véritable témoignage, et des livres des Hébreux, il est convenable que nous lui obéissions tous. Comme Paul tenait ces disconrs, et autres semblables, les Juifs allè rent vers Pierre, et lui dirent: Paul vient des Hébreux,

(1) Nouvelles lunes.

il vous prie de venir vers lui, parce que ceux qui l'ont · amené, disent qu'ils ne peuvent pas lui permettre de voir qui il veut, avant qu'ils le présentent à César. Pierre, entendant ces choses, en eut une grande joie, et se levant aussitôt, il alla vers lui. En se voyant ils pleurèrent de joie, et se tenant très long-temps embrassés, il se mouillèrent réciproquement de leurs larmes. Et lorsque Paul lui eut rendu compte de toutes ses affaires, et que Pierre lui eut dit quelles embûches lui dressait Simon le magicien, Pierre se retira sur le soir, pour revenir le lende

main matin.

A peine le jour commençait avec l'aurore, que voila Pierre qui arrive à la porte de Paul, où il trouva une multitude de Juifs. Or il y avait une grande altercation entre les Juifs, les chrétiens, et les Gentils. Car les Juifs disaient: Nous sommes la race choisie, royale, des amis de Dieu, Abraham, Isaac, et Jacob, et de tous les prophètes avec lesquels Dieu a parté, auxquels Dieu a montré ses secrets; mais vous, Gentils, vous n'avez rien de grand dans votre race, sì ce n'est dans les idoles ; et souillés par vos figures taillées, vous avez été exécrables. A ces choses et autres semblables que disaient les Juifs, les Gentils répondaient, disant: Pour nous, aussitôt que nous avons entendu la vérité, nous avons abandonné nos erreurs, et nous l'avons suivie; mais vous, qui avez vu les vertus de vos pères, les sectes, et les signes des prophètes, et avez reçu la loi, et avez passé la mer à pied sec, et avez vu vos ennemis abaissés, et une colonne vous a apparu dans le ciel pendant le jour, et du feu pendant la nuit, et la manne vous a été donnée du ciel, et les eaux ont coulé pour vous de la pierre; et après toutes ces choses vous vous êtes fait l'idole d'un veau, et vous avez adoré une figure taillée; mais nous, sans avoir aucun signe, nous avons cru ce Seigneur que vous avez abandonné sans croire en lui. Comme ils disputaient sur ces choses, et autres semblables, l'apôtre Paul leur dit qu'ils ne de

vaient point avoir ces disputes entre eux, mais plutôt faire attention que le Seigneur avait accompli ses promesses, qu'il avait juré à Abraham, notre père, que dans sa race toutes les nations deviendraient son héritage; car il n'y a point d'acception de personnes auprès du Seigneur; que quiconque aurait péché sous la loi, serait jugé selon la loi, et que ceux qui auraient erré sans la loi, périraient sans la loi; car il y a tánt de sainteté dans les sens humains, que la nature loue les bonnes choses, et punit les mauvaises, tandis qu'elle punit jusqu'aux pensées qui s'accusent entre elles, ou récompense celles qui

s'excusent.

Comme Paul disait ces choses, et autres semblables, il arriva que les Juifs et les Gentils furent apaisés; mais les princes des Juifs insistaient. Or Pierre dit à ceux qui le reprenaient de ce qu'il interdisait leurs synagogues: Mes frères, écontez le Saint-Esprit, qui promit au patriarche David qu'il mettrait sur son siége du fruit de son ventre. C'est donc celui à qui le Père dit du haut des cieux, vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd'hui. C'est celui que les princes des prêtres ont crucifié par envie; mais pour qu'il accomplît la rédemption nécessaire au siècle, il a permis qu'on lui fit souffrir toutes ces choses, afin que de même que de la côte d'Adam fut formée Eve, de même du côté du Christ mis en croix fût formée l'Église qui n'eut ni tache ni ride. Dieu a ouvert cette entrée à tous les fils d'Abraham d'Isaac et de Jacob, afin qu'ils soient dans la foi de l'Eglise, et non dans l'infidélité de la synagogue. Convertissez-vous donc, et entrez dans la joie d'Abraham votre père, parce que ce qu'il lui a promis, il l'a accompli; aussi le prophète chante-t-il: Le Seigneur a juré, et il ne s'en repentira pas, vous êtes prêtre pour toujours, selon l'ordre de Melchisedech. Car il a été fait prêtre sur la croix, lorsque étant hostie, il a offert le sacrifice de son corps et de son sang pour tout le siècle. Pierre et

Paul disant ces choses, et autres semblables, la plus grande partie des peuples crut, et il y en eut peu qui, avec une foi feinte, ne pouvaient cependant nég er ouvertement leurs avis, ou leurs préceptes. Or les principaux de la synagogue et les pontifes des Gentils voyant que, par leur predication, leur fin en particulier approchait, ils firent en sorte que leur discours excitat le murmure du peuple; d'où il arriva qu'ils firent paraître Simon le magicien devant Néron, et qu'ils les accusèrent. Car tandis que des peuples innombrables se convertissaient au Seigneur par la prédication de Pierre, il arriva que Livie, femme de Néron, et que la femme du gouverneur Agrippa, nommée Agrippine, se convertirent aussi, et se retirèrent d'auprès de leurs maris. Or parla prédication de Paul, plusieurs abandonnant la milic s'attachaient au Seigneur, de sorte qu'ils venaient même à lui de la chambre du roi; et étant chrétiens, ils ne voulurent retourner ni à la milice ni au palais. De là Simon, irrité par le murmure séditieux des peuples, se mit à dire beaucoup de mal de Pierre, disant qu'il était un magicien et un séducteur. Or ceux qui admiraient ses signes le croyaient; car il fesait qu'un serpent d'airain se mouvait, courait, et paraissait tout à coup dans l'air. Au contraire, Pierre guérissait les malades par la parole, rendait la vue aux aveugles en priant, fesait fuir les démons à son ordre, et cependant ressuscitait les morts mêmes. Or il disait au peuple, non-seulement de fuir sa séduction, mais encore de l'abandonner, de peur qu'ils ne parussent s'accorder avec le diable. Ainsi il arriva que tous les hommes religieux, ayant Simon en exécration, l'abandonnèrent comme un magicien scélérat, et vantèrent Pierre dans les louanges du Seigneur. Au contraire tous les scélérats, les railleurs, les séducteurs et les méchants s'attachèrent à Simon, en quittant Pierre comme magicien, ce qu'ils étaient eux-mêmes, puisqu'ils disaient que Simon était Dieu. Et ce discours

« PrécédentContinuer »