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trouble et l'agite, et nous craignons beaucoup de la grandeur de son empire. Et à l'heure même, cette idole fut renversée, et tous les habitants d'Égypte, contre les · autres, accoururent à sa ruine.

XI.

Mais le fils du prêtre, attaqué de sa maladie accoutu` mée, entra dans l'hôpital, où il offensa Joseph et la divine Marie, que tous les autres avaient abandonnés par la fuite; et parce que la divine Marie avait lavé les langes du Seigneur Christ, et les avait étendus sur une latte; cet enfant possédé arracha un de ces langes, et le mit sur sa tête, et aussitôt les démons commencèrent à sortir de sa bouche et à fuir sous la figure de corbeaux et de serpents. Depuis ce temps donc, par l'empire du Seigueur Christ, l'enfant fut guéri, et commença à chanter des louanges et à rendre grâces au Seigneur qui l'avaît guéri. Et son père le voyant rétabli dans sa première santé: Mon fils, dit-il, que vous est-il arrivé, èt par quel moyen avez-vous été guéri? Le fils répondit: Comme les démons m'agitaient, je suis entré dans l'hôpital, et j'y ai trouvé une femme d'un visage charmant avec son enfant, dont elle avait étendu sur une latte les langes qu'elle venait de laver: pendant que j'en mettais sur ma tête un que j'avais arraché, les démons se sont enfuis et m'ont quitté. Le père, transporté de joie, lui dit: Mon fils, il se peut faire que cet enfant soit le fils du Dieu vivant, qui a créé le ciel et la terre; car aussi-tôt qu'il est venu vers nous, l'idole a été brisée, et tous les dieux ont été renversés et détruits par une force supérieure.

XII.

Ainsis'accomplit la prophétie qui dit (1): J'ai appelé mon fils d'Égypte: car Joseph et Marie, ayant appris

(1) Num. 24, v. 8. Oseæ, 11, v. 1. Matth. 2, v. 15.

que

l'idole avait été renversée et détruite, furent tellement saisi de crainte et d'épouvante, qu'ils dirent: Lorsque nous étions dans la terre d'Israël, Hérode a voulu faire mourir Jésus; c'est pour cela qu'il a massacré tous les enfants de Bethleem et de ses environs; et il n'y a point de doute que les Egyptiens ne nous fassent brûler, s'ils apprennent que cette idole a été brisée et renversée.

XIII.

Étant donc sortis de là, ils parvinrent auprès d'un repaire de voleurs qui, ayant dépouillé des voyageurs de leurs bagages et de leurs habits, les conduisaient enchaînés. Or ces voleurs entendaient un grand bruit, tel qu'est ordinairement celui d'un roi qui sort de sa ville, suivi d'une nombreuse armée et de sa cavalerie au son rétentissant des tambours; c'est pourquoi, laissant toute leur proie, ils s'enfuirent. Alors les captifs se levant, détachaient les chaînes l'un de l'autre, et ayant repris leurs bagages et s'en allant, lorsqu'ils virent approcher Joseph et Marie, ils leur demandèrent: Où est ce roi dont les voleurs, entendant le bruit de l'arrivée, nous out laissé échapper sans nous faire aucun mal? Joseph répondit: Il vient après nous.

XIV.

Ensuite ils vinrent dans une autre ville, où était une femme possédée, dont Satan, maudit et rebelle, s'était emparé comme elle était allée une fois de nuit puiser de l'eau. Elle ne pouvait ni souffrir des habits (1), ni rester dans les maisons; et chaque fois qu'on l'attachait avec des chaînes ou des courroies, elle les rompait, et fuyait toute nue dans des lieux déserts; et se tenant dans les carrefours et dans les cimetières, elle jetait des pierres aux hommes; de sorte qu'elle causait beaucoup de (1) Luc. 8, ay, et Marc,15 a.

dommages à ses proches. La divine Marie l'ayant donc vue, en cut pitié; et tout d'un coup Satan la quitta; et s'enfuyant sous la forme d'un jeune homme, il dit: Mal heur à moi, à cause de vous, Marie, et de votre fils! Ainsi cette femme fut délivrée de son tourment, et revenant à son bon sens, et rougissant de sa nudité, elle retourna vers ses proches, évitant la rencontre des hommes; et ayant repris ses habits, elle expliqua la raison de son état à son père et à ses proches, lesquels étant des principaux de la ville, recurent chez eux la divine Marie et Joseph avec vénération.

XV.

`Le jour suivant, ils partirent de chez eux, munis d'une honnête provision pour le voyage, et sur le soir du même jour, ils arrivèrent dans une autre ville où l'on célébrait des noces ; mais l'épousée était devenue muette par les tromperies maudites de Satan, et par le moyen de la magie, de sorte qu'elle ne pouvait plus ouvrir la bouche. Cette épousée muette voyant donc la divine dame Marie, lorsqu'elle entrait dans la ville en portant dans ses bras son fils le Seigueur Christ, elle étendit ses mains vers le Seigneur Christ, et l'ayant tiré à soi, elle le prit dans ses bras, et le serrant étroitement, elle lui donna de fréquents baisers, en l'agitant plusieurs fois et l'approchant de son corps. Aussitôt le nœud de sa langue se délia (1), et ses oreilles s'ouvrirent; et elle commença à chanter des louanges et des actions de grâces à Dieu, de ce qu'il lui avait rendu la santé. C'est pourquoi il se répandit cette nuit une si grande joie parmi les citoyens de cette ville, qu'ils pensaient (2) que Dieu et ses anges étaient descendus vers eux.

XVI.

Ils y restèrent trois jours, traités avec grande vénéra: (1) Marc, 7, v. 35.

(2) Act. 14, v. 10.

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tion, et reçus avec un splendide appareil. Munis ensuite de provision pour le voyage, ils les quittèrent, et vinrent dans une autre ville, dans laquelle ils désiraient passer la nuit, parce qu'elle était florissante par la célébrité des hommes. Or il y avait dans cette ville une femme noble, laquelle étant un jour descendue vers le fleuve pour laver, voici que le maudit Satan, en forme de serpent, avait sauté sur elle, et s'était entortillé autour de son ventre, et toutes les nuits il s'étendait sur elle. Cette femme ayant vu la divine Marie, et le Seigneur Christ enfant dans son sein, priait la divine dame Marie qu'elle lui remit cet enfant pour le tenir et le baiser. Elle y ayant consenti, et ayant à peine approché l'enfant, Satan s'éloigna d'elle, et fuyant il la laissa; et depuis ce jour cette femme ne le vit jamais. Tous les voisins louaient donc le Dieu suprême; et cette femme les récompensait avec une grande honnêteté.

méc

XVII.

Le jour suivant, la même femme prit de l'eau parfupour laver le Seigneur Jésus; et l'ayant lavé, elle mit à part cette eau chez elle. Il y avait là une jeune fille dont le corps était blanc de lèpre, qui, s'étant arrosée et lavée avec cette eau, fut guérie de sa lèpre depuis ce temps-là. Le peuple disait donc: Il n'y a point de doute que Joseph et Marie et cet enfant ne soient des dieux, car ils ne paraissent point mortels. Or, comme ils se préparaient à partir, cette jeune fille que la lèpre avait infectée, s'approchant, les priait qu'ils la prissent pour compagne de voyage.

XVIII.

Ils y consentaient, et la jeune fille allait avec eux jusqu'à ce qu'ils vinrent dans une ville dans laquelle était la forteresse d'un grand prince, dont le palais n'était pas loin de l'hôtellerie. Ils y allaient lorsque la jeune fille les

quitta; et étant entrée vers l'épouse du prince, et l'ayant trouvée triste et pleurante, elle lui demandait la cause de ses pleurs. Ne vous étonnez point, dit-elle, de mes sanglots; car j'éprouve une grande calamité que je n'oserais raconter à personne. Or la jeune fille dit: Peut-être que si vous me confiez votre mal secret, le remède s'en trouvera auprès de moi. Tenant donc mon secret caché, répondit l'épouse du prince, vous ne le raconterez à aucun mortel. J'ai été mariée à ce prince qui, comme un roi, a plusieurs terres sous sa domination; ainsi j'ai longtemps vécu avec lui, et il n'avait point d'enfant de moi. A la fin, je conçus de lui; mais, hélas! j'accouchai d'un fils lépreux, qu'il ne reconnut point pour sien lorsqu'il le vit; et il me dit: Ou tuez-le, ou abandonnez-le à quel-* que nourrice pour être élevé dans un lieu que je n'en. entende jamais parler. D'ailleurs, prenez ce qui est à vous, je ne vous verrai jamais plus. Ainsi je me suis consumée en déplorant mon affliction et ma condition misérable. Hélas, mon fils! hélas, mon époux! Ne vous ai-je pas dit, reprit la jeune fille, que j'ai trouvé à votre mal un remède dont je vous réponds? car j'ai été aussi lépreuse; mais Dieu, qui est Jésus, fils de la dame Marie, m'a guérie. Or cette femme lui demandant où était ce Dieu dont elle parlait: Il est ici avec vous, dit la jeune fille, dans la même maison. Mais comment, dit-elle, cela se peut-il faire ? où est-il ? Voici, répliqua la jeune fille, Joseph et Marie; or l'enfant qui est avec eux s'appelle Jésus; et c'est lui qui a guéri ma maladie et mon affliction. Mais comment, dit-elle, avez-vous été guérie de la lèpre? ne me l'indiquerez-vous pas ? Pourquoi non, dit la jeune fille: j'ai pris de l'eau dont son corps avait été lavé, je l'ai versée sur moi, et ma lèpre a disparu. C'est pourquoi l'épouse du prince se levant les logea chez elle, et prépara à Joseph un festin splendide dans une nombreuse assemblée. Or le jour suivant elle prit de l'eau. parfumée pour en laver le Seigneur Jésus, et ensuite de la

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