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dime de vos blés et de vos vignes pour donner à ses eunuques (1); et il prendra vos serviteurs et vos servantes, et vos jeunes gens et vos ânes, et les fera travailler pour

lui.

Et vous crierez alors contre la face de votre roi; et le Seigneur ne vous exaucera point, pai ce que c'est vousmêmes qui avez demandé un roi.

Or le peuple ne voulut point entendre ce discours de Samuel, et lui dit: Non, nous aurons un roi sur nous; nous serons comme les autres peuples, et notre roi marchera à notre tête, et il combattra nos combats pour

nous.

Samuel ayant entendu les paroles du peuple, les rapporta aux oreilles du Seigneur; et le Seigneur lui dit: Fais ce qu'ils te disent; établis un roi sur eux. Et Samuel dit aux enfants d'Israël : Que chacun s'en retourne dans sa bourgade.

pourrait être excusable de penser que Samuel voulait inspirer au peuple de l'horreur pour la royauté et du respect pour le pouvoir sacerdotal. C'est dit, Arbuthno, le premier exemple des querelles entre l'empire et le sacerdoce. Samuel, dit-il, conatur evincere reges fieri non jure awvino, sed jure diabol.co. Il est vrai que dans une histoire profane la conduite du prêtre Samuel pourrait être un peu suspecte; mais elle ne peut l'ètre dans un livre canonique.

(1) « Pour donner à ses eunuques,» semble marquer qu'il y avait déjà des eunuques dans la terre de Canaan, ou que du moins les princes voisins fesaient châtrer des hommes pour garder leurs femmes et leurs concubines. Cet usage barbare est bien plus ancien, s'il est vrai que les pharaons d'Égypte eurent des eunuques du temps de Joseph.

du

Ceux qui pensent que tous les livres de la sainte Ecriture, jusqu'an livre des Rois inclusivement, ne furent écrits que temps d'Esdras, disent que les rois de Babylone furent les premiers qui firent châtrer des hommes, après qu'on eût châtre les animaux pour rendre leur chair plus tendre et plus délicate. Les empereurs chrétiens ne prirent cette coutume que du temps de Constantin.

Il y avait un homme de la tribu de Benjamin, nomme Cis, fort vigoureux; il avait un fils appelé Saül, d'une belle figure, et qui surpassait le peuple de toute la tète.

Cis, père de Saul, avait perdu ses ânesses. Et Cis, père de Saul, dit à son fils: Prends un petit valet avec toi, et va me chercher mes ânesses.

Après avoir cherché, le petit valet dit: Voici un village où il y a un homme de Dieu; c'est un homme noble; tout ce qu'il prédit arrive infailliblement; allons à lui, peutêtre il nous donnera des indications sur notre voyage.... Saul dit au petit valet: Nous irons; mais que porteronsnous à l'homme de Dieu ? Le pain a manqué dans notre bissac, et nous n'avons rien pour donner à l'homme de Dieu (1),

Et le petit valet répondit: Voilà que j'ai trouvé le quart d'un sicle par hasard dans m amain; donnons-le à l'homme de Dieu pour qu'il nous montre notre che

min.

Autrefois en Israël ceux qui allaient consulter Dieu, se disaient: Allons consulter le voyant. Car celui qui s'appelle aujourd'hui prophète, s'appelait alors le voyant (2).

(1) Les incrédules prétendent que ce seul passage prouve que les prêtres et les prophètes juifs u'étaient que des gueux entièrement semblables à nos devins de village qui disaient Ja boune aventure pour quelque argent, et qui fesaient retrouver les choses perdues. Milord Bolingbroke, M. Mallet son éditeur, et M. Huet en parlent comme des charlatans de Smitfields. Dom Calmet, bien plus judicieux, dit que si on leur donnait de l'argent ou des denrées, c'était uniquement par respect pour leur personne.

(2) Ces messieurs prennent occasion de ce demi-sicle, de ce shelling donné par un petit garçon gardeur de chèvres au prophète Samuel, pour couvrir de mépris la nation juive. Saul et son valet demandent dans un petit village la demeure du voyant, du devin qui leur fera retrouver deux ou trois avesses, comme on demande où demcure le savetier du

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Et Saül dit au petit valet: Tu parles très bien; viens, allons. Et ils entrèrent dans le bourg où était l'homme de Dieu; et comme ils montaient la colline du bourg, ils rencontrèrent des filles qui allaient puiser de l'eau. Ils dirent à ces filles: Y a-t-ilici un voyant? Les filles lui répondirent: Le voilà devant toi; va vite.... Or le Seigneur avait révélé la veille à l'oreille de Samuel, que Saül arriverait, en lui disant: Demain à cette même heure j'enverrai un homme de Benjamin; et tu le sacreras duc sur mon peuple d'Israël, et il sauvera mon peuple de la main des Philistins, parceque j'ai regardé mon peuple, et que son cri est venu jusqu'à moi.

Samuel ayant donc envisagé Saül, Dieu lui dit: Voilà l'homme dont je t'avais parlé; ce sera lui qui doninera sur mon peuple.

Saül s'étant donc approché de Samuel au milieu de la porte, lui dit: Enseigne-moi, je te prie, la maison du voyant; Samuel répondit à Saul, disant: C'est moi qui suis le voyant. monte avec moi au lieu haut, afin que tu manges aujourd'hui avec moi; et je te renverrai demain matin, et je te dirai tout ce que tu as sur le cœur....

Or Samuel prit une petite fiole d'huile, et il la répandit sur la tête de Saul, et le baisa, et dit: Voilà que le Seigneur t'a oint en prince; et tu délivreras son peuple de la main de ses ennemis (1).

village. Ce nom de devin, de voyant qu'on donnait à ceux qu'on a depuis nommés prophètes, ces huit ou neuf sous préscutés à celui qu'on prétend avoir été juge et prince du peuple, sont, selon ces critiques, les témoignages les plus palpables de la grossière stupidité de l'auteur juif inconnu. Les sages commentateurs pensent tout le contraire: la simplicité du petit gardeur de chèvres n'ôte rien à la dignité de Samuel; s'il reçoit huit sous d'un petit garçon, cela ne l'empêchera pas d'oindre deux rois et d'en couper un troisième par morceaux : ces trois fonctions annoncent un très grand seigneur.

(1) Le savant Jom Calmet examine d'abord si l'huilier que Samuela vait dans sa poche était un pot de terre, un gode

Et voici le signe qui t'apprendra que Dieu t'a o¡nt en prince. Tu rencontreras, en t'en retonrnant, deux hom

ou une fiole de verre, quoique les Juifs ne connussent point et il ne résout point cette question.

le

verre;

Non-seulement Samuel a une révélation que les ânesses de Saul sont retrouvées, mais il répand une bouteille d'huile sur la tête de Saül en signe de sa royauté; et c'est de là que tout roi juif s'est depuis nommé Oint, Christ dans les traductions grecques, et que les Juifs ont appelé les grands r ois de Babylone et de Perse du nom d'Oint, de Christ, d'Oint du Seigneur, Christ du Seigneur.

Il est dit dans le Lévitique qu'Aaron, tout prévaricateur, tout apostat qu'il était, fut oint par Moséen qualité de grandprêtre. Il se peut en effet que dans le désert, au milieu d'une disette affreuse, on eût trouvé une cruche d'huile que Mosé répandit sur les cheveux, la barbe et les habits d'Aaron: cette cérémonie convenait à un peuple pauvre; et puisque le Dieu du ciel et de la terre y présidait, elle était sacré. Les grands-prêtres juifs furent installés de puis avec la même onction d'huile. Toute cérémonie doit être publique; Samuel pourtant n'huila pas d'abord la tête de Saul devant le peuple. Il crut apparemment qu'il ne pouvait imprimer un caractère plus auguste à Saül qu'en l'oignant de la même huile dout on prétend que lui Samuel avait été oint. Cependant il n'est point dit que Samuel fut oint.

Quoi qu'il en soit, les rois juifs furent les seuls qui reçurent cette marque de la royauté. On ne connaît dans l'antiquité aucun prince oint par ses sujets. On prit cette coutume en Italie; et l'on croit que ce furent les usurpateurs lombards qui, devenus chrétiens, voulurent sanctifier leur usurpation en fesant répandre de l'huile sur leur tête par la main d'un évêque. Clovis ne fut pas oint; mais l'usurpateur Pepin le fut. On oignit quelques rois espagnols; mais il y a long-temps que cet usage cst aboli en Espagne.

On sait qu'un ange apporta du ciel une bouteille sainte, pleine d'huile pour sacrer les rois de France; mais l'histoire de cette bouteille, appelée sainte Ampoule, est révoquée en doute par plusieurs doctes. C'est une grande question.

a

mes près du sépulcre de Rachel; et ils te diront qu'on retrouvé tes ânesses.... Tu viendras après à l'endroit nommé colline de Dieu, où il y a garnison philistine; et quand tu seras entré dans le bourg, tu rencontreras un troupeau de prophètes descendant de la montagne avec des psaltérions, des flûtes et des harpes.... Et l'esprit du Seigneur tombera sur toi, et tu prophétiseras avec eux, et tu seras changé en un autre homme.... Et lorsque Saül fut venu à la colline, il rencontra une troupe de prophètes; et l'esprit de Dieu tomba sur lui, et il prophétisa au milieu d'eux. Et tous ceux qui l'avaient vu hier et avant-hier, disaient: Qu'est-il donc arrivé au fils de Cis? Saül est-il devenu prophète (1) ?

Après cela Samuel assembla le peuple à Masphat; et il dit aux enfauts d'Israël: Voici ce que dit le Seigneur Dieu d'Israel: J'ai tiré Israël de l'Égypte..... Mais aujourd'hui vous avez rejeté votre Dieu, qui seul vous avait sauvés; vous m'avez répondu, non; vous m'avez dit, donnez-nous un roi. Eh bien! présentez-vous donc devant le Seigneur par tribus et par familles....

Et Samuel ayant jeté le sort sur toutes les tribus et sur toutes les familles, il tomba enfin jusque sur Saül, fils de Cis (2).

Samuel prononça ensuite devant le peuple la loi du

(1) L'huile de Saul eut quelque chose de divin, puisqu'elle le rendit prophète tout d'un coup; ce qui était bien au-dessus de la dignité de roi.

(2) Les critiques trouvent mauvais que Samuel oigne Saül roi, et le fasse Christ avant d'avoir assemblé le peuple et d'avoir obtenu son suffrage; s'il suffisait d'une bouteille d'huile pour régner, il n'y a personne qui ne pût se faire oindre roi par le vicaire de son village. Cette objection est forte en certains pays; mais Samuel, qui était le voyant, savait bien que quand le peuple tirerait un roi au sort, le sort tomberait sur Saül, et qu'alors le peuple reconnaîtrait son légi time souverain déjo int.

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