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. Il est dit que Daniel, esclave dès son enfance à Babylone avec Sidrac, Misac et Abdénago, fut fait euinque avec ses trois compagnons, et élevé parmi les eunuques; ce qui le mettait dans l'impuissance de prophétiser.

On répond qu'il n'est pas dit expressément qu'on châtra Daniel, mais seulement qu'on le mit sous la direction d'Asphéner, chef des eunuques. Il est très vraisemblable que Daniel subit cette opération, comme tous les autres enfants esclaves réservés pour servir dans la chambre du roi. Mais enfin il pouvait être destiné à d'autres emplois. Les bostangis ne sont point châtrés dans le sérail du grand-Ture. Un eunuque ne pouvait être prêtre chez les Juifs; mais il n'est dit nulle part qu'il ne pouvait être prophète; au contraire, plus il était délivré de ce que nous avons de terrestre, plus il était propre au céleste.

2o. Daniel commence non seulement par expliquer. un songe, mais encore par deviner quel songe a fait le roi. Le texte dit que le roi Nabuchodonosor fut épouvanté de son rêvé, et qu'aussitôt il l'oublia entièrement. Il assembla tous les mages, et leur dit: Je vous ferai tous pendre, si vous ne m'apprenez ce que j'ai rêvé. Ils lui remontrèrent qu'il leur ordonnait une chose impossible. Aussitôt le grand Nabuchodonosor ordonna qu'on les pendît. Daniel, Sidrac, Misac et Abdénago allaient être pendus aussi en qualité de novices-mages, lorsque Danicl leur sauva, la vie en devinant le rêve. Les critiques osent traiter ce récit de puérilité ridicule..

3o. Ensuite vient l'histoire de la fournaise ardente; dans laquelle Sidrac, Misac et Abdénago chantèrent. On ne traite pas cette aventure avec plus de ménagement. 4°. Ensuite Nabuchodonosor est changé en bœuf, et mange du foin pendant sept ans, après quoi il redevient homme et reprend sa couronne. C'est sur quoi nos.cri.. fiques s'égayent inconsidérément.

5o. Ils ne sont pas moins hardis sur Balthazar, prétendu fils de Nabuchodonosor, et sur cette main qui va écrivant trois mots en caractères inconnus sur la muraille. Ils protestent que Nabuchodonosor n'eut d'autre fils qu'Evilmerodac, et que Balthazar est inconnu chez tous les historiens.

6°. L'auteur juif fait succéder à Balthazar, Darius le Mède; mais ce Darius le Mède n'a pas plus existé que Balthazar. C'est Cyaxare; oncle de Cyrus, que l'auteur transforme en Darius de Médie.

7°. L'auteur raconte que ce Darius, ayant ordonné qu'on ne priât aucun Dieu pendant trente jours dans tout son empire,et Daniel ayant prié le Dieu des Juifs, on le fit jeter dans la fosse aux lions. Le roi courut le lendemain àl a fosse, et appela Daniel, qui lui répondit. Les lions ne l'avaient pas touché. Le roi fit jeter à sa place ses accusateurs avec leurs femmes et leurs enfants, que les lions dévorèrent..

8a Vientensuite la vision dés quatre bêtes; et Daniel avait eu cette vision du temps du prétendu roi Balthazar.... C'est cette vision des quatre bêtes qui paraît interpolée aux yeux des critiques hardis. Ils la soutiennent écrite du temps d'Antiochus-Epiphane. En effet, c'est à cetAntiochus que le prophète s'arrête; parce que l'écrivain, disent-ils, ne pouvait prophétiser que ce qu'il voyait. Ils le comparent à ce Flamand, nommé Arnou-Vion, qui dédia à Philippe II les prétendues prophéties et les logogryphes de l'Irlandais Saint-Malachie; logogryphes qu'il disait écrits au douzième siècle, et qui prédisaient les noms de tous les papes jusqu'à la fin du monde. Nous sommes bien loin de penser ainsi de la prophétie de Daniel; mais on nous a fait une loi de rapporter toutes les critiques.

9. Après la vision des quatre bêtes, l'ange Gabriel, que les Juifs ne connurent que pendant leur captivité, vient visiter Daniel, et lui révèle: « Que le temps de

>>> soixante et dix semaines est abrégé sur tout le peuple» et sur la ville sainte, afin que la prévarication soit con» sommée, que le péché reçoive sa fin, que l'iniquité » s'efface, que la justice éternelle soit amenée, que la vi>>sion et la prophétie soient accomplies, et que le sanc

>> tuaire soit oint.

pour re

» Sache donc et pense que de l'ordre donné » bâtir Jérusalem jusqu'à l'oint, chef du peuple, il y aura» sept semaines, et soixante-deux semaines; et les mu» railles seront bâties dans des temps fàcheux; et après. >> soixante-deux semaines le chef oint sera tué. »

Voilà cette fameuse prophétie que les uns ont appliquée à Judas Machabée, regardé comme un messie, un oint, un libérateur, et qui l'était en effet; les autres au grand-prêtre Onias; les autres enfin à notre Seigneur Jésus-Christ lui-même; mais qu'aucun interprète n'a pu faire cadrer avec le temps auquel il en fait l'application. Ce passage, ainsi que tant d'autres, nous laisse dans une obscurité profonde, que les phrases de l'abbé Houtteville, secrétaire du cardinal Dubois, n'ont pas éclairée.

10°. Après cette prophétie de soixante-deux semaines, plus sept semaines, l'ange Gabriel avertit Daniel qu'il a résisté pendant vingt et un jours à l'ange des Perses; mais que l'ange Michel ou Michaël est venu à son secours. Ce passage prouve que les fables grecques des dieux combattants contre des dieux, avaient déja pénétré chez le peuple juif

11°. L'histoire de Suzanne et des deux vieillards débauchés et calomniateurs ne tient point au reste de l'histoire de Daniel. Saint Jérôme ne la regarde que comme une fable rabbinique.

12°. L'histoire du dragon qu'on nourrissait dans le temple de Bel, a eu autant de contradicteurs que celle de Suzanne; et saint Jérôme n'est guère plus favorable aux unes qu'aux autres. Il avoue que ni Suzanne, ni le dragon, ni la chanson chantée dans la fournaise, ne sont

authentiques: il traite surtout de fable le potage d'Habacuc, et l'ange qui lui commande de porter son potage de Jérusalem à Babylone dans la fosse aux lions, et enfin cet ange qui prend Habacuc par les cheveux, et qui le transporte dans l'air à Babylone avec son potage.

Ce n'est pas que saint Jérôme nie la possibilité deces aventures, car rien n'est impossible à Dieu; mais il nontre qu'elles ne s'accordent pas avec la chronologie. Il admet tout le reste de la prophétie de Daniel. Nous avons connu un homme qui niait la vérité de trois chapitres de Rabelais, mais qui admettait tous les autres.

FIN DU COMMENTAIRE SUR DANIEL.

ÉZECHIEL, captif sur les bords du fleuve Chodar, voit

d'abord au milieu d'un feu quatre animaux, ayant chacun quatre faces d'homme, quatre ailes, des pieds de veau, et des mains d'homme, de lion, de bœuf et d'aigle.

Il y avait près d'eux une roue à quatre faces; lors que les animaux marchaient, les roues marchaient aussi..... Après ce spectacle, dont nous ne donnons qu'une très légère esquisse, le Seigneur présente au prophète un livre, un rouleau de parchemin, et lui dit: Mange ce livre. Et Ézéchiel le mange. Puis le Seigneur lui dit: Va te faire lier dans ta maison. Et le prophète va se faire lier.

Puis le Seigneur lui dit: « Prends une brique; dessine >> dessus la ville de Jérusalem, et autour d'elle une armée » qui l'assiége. Prends une poêle de fer, et mets-la contre >> un mur de fer.... » Et le prophète fait tout cela.

Ensuite le Seigneur lui dit : « Couche-toi pendant trois >>cent quatre-vingt-dix jours sur le côté gauche, pendant >> quarante jours sur le côté droit; mange pendant trois >>cent quatre-vingt-dix jours ton pain couvert de merde d'homme, devant tous les Juifs; car c'est ainsi qu'ils >> mangeront leur pain tout souillé parmi les nations chez » lesquelles je les chasserai. »

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Ce sont là les ordres positifs que donne le Seigneur; ce sont là les propres termes dont il se sert. A quoi Ézéchiel répond: Ah! ah!ah! (ou pouha! pouha! ) Seigneur, ja“ mais rien d'impur n'est entré dans ma bouche. Le Seigneur lui répond: « Eh bien ! je te donne de la fiente de >> bœuf au lieu de merde d'homme, ettu la mêleras avec » ton pain; je vais briser, dans Jérusalem, le bâton du » pain; et on ne mangera de pain et on ne boira d'eau » que par mesure. »

Le Seigneur continue et dit à Ézéchiel: « Prends un » fer tranchant, et coupe-toi les cheveux et la barbe; → brûle le tiers de ces poils au milieu de la ville, selon

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