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La sagesse le peut seule aussi garantir :
Comme vertu chrétienne et règle de prudence,
Elle enseigne avant tout l'esprit de tolérance,
Dans la lutte au-dedans, ainsi que pour juger
Les coups que le ciel peut au monde réserver,
Redoutables secrets, pareils à ces mystères,

Qui troublaient pour longtemps les regards téméraires. >>

V.

Maintenant, mon esprit porte ta vue ailleurs
Et cours de la matière admirer les splendeurs.

VI.

A peine sûre d'elle-même,
Tranchant hardiment le problème

Que médite le continent,

De sillons de fer la Belgique,
Ainsi que d'un réseau magique,
Couvre son sol encor mouvant.

Vallons et hauteurs se nivellent,
Les rocs sous la poudre chancellent;
La Meuse, l'Escaut et le Rhin,
Mêlant presque leurs flots limpides,
Paraissent les bras moins rapides
D'une mer aux courants d'airain.

Jamais la tâche n'est remplie,
La ville à la ville est unie,
Mais il reste encor les hameaux;
Pour que la Vapeur se repose
Il faut que partout son pied pose
Ou que le fer manque aux fourneau“..

Sous l'oeil de la marcheuse altière,
Comblant le ravin et l'ornière,

Va de proche en proche un chemin,
Joie et orgueil de la chaumière,
Où l'aisance entre et la lumière,
Chassant l'ignorance et la faim.
Qu'elle pompe le sol humide,
Fertilise le sable aride,

Ou creuse au fleuve au nouveau lit,
Partout la main de l'homme lutte,
Et, domptant la matière brute,
A sa volonté l'asservit.

Auprès de la terre enrichie,
Croft et prospère l'Industrie.
Le pays n'est qu'un atelier,
Où toute chose se transforme,
Trouve un emploi, prend une forme,
Sous les doigts d'un peuple ouvrier.

Au sortir de leur léthargie,
Ressaisissant leur énergie,

Dans les rangs les plus avancés
Les Flandres ont repris leur place;
Le Progrès, arme à double face,
Ranime ceux qu'il a blessés.

La prévoyance est stimulée
Et la vieillesse protégée;
Les travailleurs sont anoblis;
La Science, mère soigneuse,
Répand sa manne généreuse
Sans oublier les plus petits.
Et lorsqu'après le labeur rude,
Travail du corps ou de l'étude,
Les sens veulent être charmés,
D'artistes la foule inspirée

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Et, trop riche de ses trésors,
Au monde la Belgique prête
D'un autre art la troupe interprète,
Qui l'enivre de ses accords.

Comme par un effet magique,
Libre on dirait que la Belgique
A doublé de fécondité;
Que tout, matière, esprit, génie,
Dans une terre plus amie
Croît en force et vivacité.

C'est que chacun est solidaire
Du sort d'une commune mère;
Qu'il n'est plus d'efforts isolés;
Que la Belgique est la PATRIE,
Qu'elle est tout, et non plus partie
D'États par hasard assemblés.

Souvent à nous-mêmes cachée
Quoique présente, sa pensée
Est au fond de chaque action;
Tout ce qui de grand se pratique
A la ferveur patriotique
Prend sa part d'inspiration.

Par sa fécondante influence
D'âge en âge l'indépendance
Aura son premier jour marqué;
Pour savoir du pays la gloire
Il ne faudra qu'ouvrir l'histoire
A l'ère de sa liberté.

ÉDOUARD ROMBERG.

L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE PARIS.

A l'exemple de Londres, de Dublin et de New-York, Paris a voulu célébrer les conquêtes de l'industrie par une fête solennelle qui réunît tous les peuples. Cette idée, si l'on veut, n'était pas même nouvelle en France, où les foires du moyen âge et plus tard les expositions nationales avaient donné, périodiquement, une impulsion plus vive et plus harmonique à l'esprit commercial. Mais ce qui fait de l'exposition de 1855 un véritable événement dans l'histoire de la civilisation, c'est le concours plus actif et plus complet de toutes les nations. du monde, c'est l'entraînement de la vieille Europe continentale à la glorification du travail dans ses conditions même les plus humbles, c'est enfin la tentative toute nouvelle d'une exposition universelle des beaux-arts destinée à compléter cette statistique figurée et saisissante des progrès de l'esprit humain au xixe siècle.

Certainement ce but suprême, tel qu'on se l'était proposé, n'a pas été atteint cette fois encore, mais au moins pouvons-nous constater cette tendance, ce besoin.

irrésistible de notre époque, et applaudir aux efforts que l'on a faits pour le satisfaire. Si, à l'exposition de Paris, c'est la France qui tient la plus large place, par ses produits industriels comme par ses ouvrages de peinture et sculpture, rappelons-nous qu'il en était de même pour l'Angleterre à Londres, et convenons que la qualification d'universelles, donnée aux expositions, exprimera, pendant longtemps encore, plutôt un désir qu'un fait réalisable. Les chemins de fer et la navigation à vapeur ont déjà beaucoup contribué à établir l'harmonie et la fraternité entre les peuples, mais cette harmonie et cette fraternité ne pourront s'enraciner dans les mœurs tant qu'il y aura disparité entre les formes politiques, et, par suite, tant qu'il y aura des douanes, des prohibitions, des monopoles, des polices ombrageuses, des défiances, des jalousies, des vexations et des représailles, et enfin des guerres désastreuses.

Ce qu'il y a de certain aussi, c'est le progrès dont témoigne l'exposition de Paris lorsqu'on la compare à l'exposition de Londres. Le crystal palace de Hyde-Park n'était qu'un vaste bazar, d'un aspect grandiose, mais où tous les produits se trouvaient entassés, pêle-mêle, sans ordre ni méthode, une véritable foire où chaque individualité industrielle s'était arrangée, comme elle l'avait pu, dans le coin qui lui était attribué, sans se préoccuper en rien de l'esprit d'ensemble. Le palais des Champs-Élysées, beaucoup moins imposant à la première vue, renferme des richesses infiniment plus précieuses, classées d'après un ordre au moins satisfaisant, eu égard à la multitude de nations qui ont pris part au concours, et qui peut faire apprécier sans effort les progrès réalisés, les perfectionnements obtenus dans chacune des diverses branches. Il est à regretter seulement que la commission chargée du placement ait cru devoir sacrifier au goût

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