sauvèrent par fuite. Après laquelle besogne retournèrent audit lieu de Saint-Dizier ; et bref ensuivant se reudit à eux ledit châtel, lequel ils regarnirent de lenrs gens. S'ensuit la complainte du pauvre commun et des pauvrès laboureurs de France. Hélas! hélas! hélas! hélas! Vin ne froment ne autre blé. Une sculle fois la sepmaine : Les jours nous passons à grand' peine, Et ne sçavons que devenir; Chacun s'en veult de nous fuyr. Fuyr de nous ne devez mie, Et nous soustenez nostre vie: Car, pour certain, nous languissons. Confortez-nous, vous ferez bien, Et certes vous ferez que saiges: Pour Dieu, regardez noz visaiges, Soustenir ne nous povons plus Car, quand nous allons d'huys en huys, Chrestiens sommes-nous voirement, Et en Dieu sommes tous vos frères, Si vous avez l'or et l'argent Ne sçavez si durera guères : Le temps vous aprestent les biens, Ft si mourrez certainement, Et ne savez quand, ne comment. Comment dictes-vous et pensez Plusieurs choses que de nous dictes, Que ce nous vient par noz péchéz, Et autrement nous confortez Regardez-nous, et si pensez, Que sans labour ne povez vivre, Et que tous sur nous vous courez; (Long-temps a que chacun nous pille) Ne nous laissez ne croix ne pille, Ne rien vaillant que vous puissiez, De quelque estat que vous soyez. Soyez, si vous plaist, advisez, Mais s'ainsi nous laissez aller, Repentirez vous si acertes, Vos chasteaulx et vos tenemens : Voz fondemens sont enfondus, Hélas! prélats et gens d'église, Sur quoy nostre foy est assise, Vous nous voyez nuds sans chemise Et nostre face si eslize, Et tous languis de povreté. Pour l'amour Dieu, en charité, Aux riches gens ce remonstrez Et que vous les admonestez. Qu'ils ayent pitié d'entre nous autres, Qui pour eux avons labouré Tant que tout leur est demouré : Hélas! très puissant roy françois, Aux complainctes qui vont vers toy Hélas! très noble roy de France, Que tous seront mis à exille, Dont ja sommes plus de cent mille Et vous lairrons tout esgaré, 1 Et pourrez cheoir en tel trespas, Hélas ! ce seroit grand douleur Qui par deffaut de raison faire, D'estre piteux et débonnaire Auroit esté mis en exil. Tenu estes de bon affaire, Mais que n'ayez point de contraire, Dieu vous garde de ce péril! Et nous mettez si au délivre, Qu'en paix puissions dessoubs vous vivre Tant que plus ne crions, hélas! Hélas! comment ces tailles grans, Qu'avez fait, passa quinze ans Par chacun an trois fois ou deux, A moindris, et tous nos chevaux, Ne sçay si vous en vallez mieux. Pour ce vous prions à joinctes mains, Et qu'en hayne ne prenez pas, Si nous crions ainsi, hélas ! Hélas! pour Dieu, noz bons seigneurs, Qui estes les grans gouverneurs, Et gouvernez tous nostre roy, |