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sire Guillaume de Champ-Divers, messire Guillebert de Launoy, et aucuns autres ; lesquels impétrèrent, et obtinrent les dessusdites trèves, sur l'espérance de plus avant procéder avec lesdits Anglois.

Durant le quel temps les Dauphinois étoient à Compiégne et sur les marches, où ceux tenant la partie de Bourgogne recommencèrent comme devant à mener très forte guerre les uns aux autres. Et d'autre côté, la Hire et Pothon de Sainte-Treille (Xaintraille), et autres en très grand nombre, prirent la ville de Crespy en Laonois, et le châtel de Clarcy; par le moyen de laquelle prise la ville de Laon, les pays de Laonois et Vermandois, furent tenus en grand' sujétion. Et entre-temps, le dix-septième jour du mois d'octobre venu, vinrent à Arras devers le duc de Bourgogne, messire Jean de Luxembourg, et plusieurs autres seigneurs et capitaines, avec les commis des bonnes villes, qui avoient été mandés, comme dit est. Lesquels tous ensemble furent requis par le doyen de Liége, au commandement dudit duc, très affectueusement, et par espécial auxdits seigneurs et capitaines, que comme ils avoient servi son père, ils voulsissent servir à lui en une expédition laquelle il contendoit à faire prochainement, pour le bien du roi et de tout son royaume. Et pareillement fut requis à ceux des bonnes villes, qu'ils promissent de tenir son parti, et lui baillassent confort et aide, si besoin en étoit. Lesquelles requêtes, tant desdits seigneurs et capi

taines, comme de ceux desdites bonnes villes, lui furent accordées.

CHAPITRE CCXXV.

Comment le duc Philippe de Bourgogne fit faire un service à SaintVaast d'Arras, pour feutle duc Jean son père : et plusieurs autres matières suivant après.

Le treizième jour dudit mois d'octobre, fit ledit duc de Bourgogne faire un service en l'église SaintVaast d'Arras, pour le salut de l'âme du duc Jean son père. Auquel service furent les évêques d'Amiens, de Cambrai, de Therouenne, de Tournai et d'Arras, avec plusieurs abbés de Flandre, d'Artois et des pays à l'environ; et étoient en tout vingtquatre crosses. Et faisoient le deuil avec ledit duc, messire Jean de Luxembourg et messire Jacques de Harcourt; et dit la messe l'évêque d'Amiens. Durant laquelle messe prêcha frère Pierre Floure, docteur en théologie, de l'ordre des frères prêcheurs, inquisiteur de la foi en la province de Reims. Lequel prêcheur en sondit prêchement, désenhortoit ledit duc, tant qu'il pouvoit, qu'il ne prensît (prît ) vengeance de la mort de son père, en lui remontrant qu'il requît à justice réparation à lui être faite, disant que si justice n'étoit assez forte, qu'il la devoit aider, et non par sa puissance

prendre vengeance, laquelle appartient à Dieu tant seulement; pour lequel propos et désenhortement, aucuns nobles là étant avec ledit duc, ne furent pas bien contents dudit prêcheur.

Après lequel service fait, vinrent audit lieu d'Arras, devers icelui duc, sire Jean de Sens, chevalier, docteur en lois et chancelier de feu le due Jean, messire Andrieu de Valines, maître Jean d'Orles, avocat en parlement, Jean de Chaumesnil, et aucuns autres bourgeois, tous ensemble envoyés de par le comte de Saint-Pol et les Parisiens, devers ledit Philippe, pour savoir ce qu'il avoit volonté de faire. Auxquels ; après que joyeusement de lui et de ceux de son conseil eurent été reçus, fut dit qu'en dedans brefs jours ledit duc feroit traité et alliance avecque ledit roi d'Angleterre,

le consentement du roi de France ; et avecque par ce, de toute sa puissance, poursuivroit vengeance et réparation de la cruelle mort de son père.

Après lesquelles réponses et autres conclusions prises avec eux, s'en retournèrent à Paris pour reporter les nouvelles et entretenir les Parisiens, et autres villes sur les marches de l'Ile-de-France, en bonne obéissance. Et ce fait, ledit duc de Bourgogne rassembla plusieurs notables seigneurs des plus féables de ses pays, tant d'église comme séculiers, avecque lesquels tint plusieurs détroits conseils, pour savoir comment il se avoit à conduire et gouverner selon les grands affaires qui lui étoient survenues, et par espécial de la mort de son père.

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Si furent de diverses opinions; mais finablement, selon le conseil de la plus grand' partie, fut conclu et délibéré pour le mieux, par la licence, autorité et congé du roi de France, que il s'alliât au roi d'Angleterre, comme dit est dessus. Et sur ce furent bref ensuivant envoyés ses ambassadeurs derechef à Rouen, devers ledit roi; c'est à savoir l'évêque d'Arras, messire Athis de Brimeu, messire Roland de Hutekerk et aucuns autres. Lesquels là vénus atout (avec) la charge qu'ils avoient, furent bénignement reçus par le roi dessusdit, et aussi par ses princes; car moult désiroit d'avoir alliance avec ledit duc de Bourgogne, pour ce qu'il savoit que par ses moyens pourroit avoir dame Catherine, fille du roi de France, mieux que par nul autre, laquelle lui étoit moult agréable. Et pourtant quand lesdits ambassadeurs eurent montré les causes et articles pourquoi ils étoient envoyés, en fut icelui en partie assez content, et leur fit réponse que dedans bref temps il envoieroit ses gens devers leur seigneur et maître, qui seroient chargés de ce qu'il auroit intention de faire. Après laquelle réponse s'en retournèrent les dessusdits à Arras.

Environ la Saint-Andrieu ensuivant, vinrent les ambassadeurs dudit roi d'Angleterre devers ledit duc, audit lieu d'Arras ; c'est à savoir l'évêque de Rochestre, les comtes de Warwick et de Kent, avec plusieurs autres chevaliers et écuyers; lequel duc leur fit très honorable réception; et après ce, montrèrent aucuns articles de par le roi, contenant

les traités, tels qu'il les vouloit avoir, avecque Charles roi de France, et ledit duc de Bourgogne, sur lesquels furent baillés pareillement certains autres articles, de par ledit duc de Bourgogne, ès quels étoit contenue et déclarée grand' partie de sa volonté.

Finablement, tant envoyèrent lesdits roi d'Angleterre et duc de Bourgogne l'un devers l'autre, qu'ils vinrent à conclusion d'avoir bon appointement ensemble, au cas que le roi de France et son conseil en seroient contents. Lequel roi de France et la reine sa femme, et dame Catherine, leur fille, pour lors étant à Troyes en Champagne, étoient gouvernés et conduits de plusieurs qui étoient à la posté (pouvoir) et tenant la partie dudit duc de Bourgogne. Sur lesquels traités et appointements ainsi encommencés, fut ordonné que les gens des deux partis ne feroient point guerre nullement l'un contre l'autre ; c'est à savoir les gens du roi de France et du duc de Bourgogne, aux Anglois, ni les Anglois aussi à eux ; et furent les trèves de rechef reconfirmées. Et si fut apointé que ledit roi d'Angleterre envoieroit ses ambassadeurs en la compagnie d'icelui duc de Bourgogne, audit lieu de Troyes en Champagne, devers le roi de France, pour au surplus parconclure des dessusdits appointements; lequel duc avoit intention d'y aller bref

ensuivant.

Après lesquelles besognes, et qu'iceux ambassadeurs eurent été grandement festoyés et moult

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