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turnales, des Lupercales, etc., les fêtes des fous et de l'âne, qui se sont perpétuées jusqu'à nous sous différents noms. Il était rare, autrefois, que le peuple se mêlât à ces joies. Les grands seigneurs se déguisaient entre eux. Ils étaient presque les seuls acteurs du carnaval. Une fois même nous voyons dans notre histoire qu'ils en devinrent les victimes : ce fut aux approches du carnaval de 1393 que le malheureux Charles VI, déjà à demi fou, faillit périr misérablement au milieu d'une mascarade. Le roi et cinq chevaliers s'étaient dé guisés en satyres. Ils étaient cousus dans des toiles enduites de poix, et recouvertes d'une longue toison d'étoupes qui les faisait paraître velus de la tête aux pieds. Pendant que Charles lutine sa jeune tante la duchesse de Berri, et que ses compagnons s'emparent de la mariée, qu'ils embarrassent par leurs danses lascives, le duc d'Orléans, rentrant dans la salle, imagine, par une malheureuse espiéglerie, de mettre le feu aux étoupes pour effrayer les dames. Heureusement la duchesse de Berri retint le roi, le couvrit de sa robe, et l'entraîna hors de la salle. Pendant ce temps, les autres, courant, hurlant comme des forcenés, brûlerent une demi-heure, et périrent dans d'affreuses tortures, à l'exception d'un seul, qui se précipita dans une cuve pleine d'eau. Une telle scène causa au roi une rechute violente. Ce ne fut guère que sous le régent, aux bals masqués de l'Opéra et du Palais-Royal, qu'on vit, à la faveur du masque, la bourgeoisie, le tiers état, se mêler aux grands seigneurs, et prendre sa part des divertissements du carnaval. Rappelons ici que dans un de ces bals on vit entrer l'abbé Dubois pourchassant à coups de pied un masque qu'il ne semblait pas ménager le moins du monde. Ce masque était... Son Altesse Royale le duc d'Orléans, que l'abbé avait cru rendre méconnaissable par cet ingénieux stratagème. Mais on reconnut bien vite le régent, et les malins répétèrent que Dubois aurait bien mieux donné le

change s'il avait entouré son maître de respects. Le carnaval était fort brillant en France, lorsque la révolution vint en interrompre brusquement l'usage. Mais le peuple, à qui des fêtes pareilles sont nécessaires, les rétablit en 1805, et les fonds de la police contribuèrent même dès lors à en augmenter l'éclat. Maintenant encore les journaux ministériels semblent établir un certain rapport entre les démonstrations carnavalesques et la prospérité de la France; et, bien que les promenades de masques à Paris soient presque devenues une fiction, on lisait encore cette année dans certaines feuilles, que les boulevards en étaient couverts, et que, par conséquent, la France est de tous les pays du monde le plus heureux, le plus satisfait de ceux qui la gouvernent.

CARNAVAL (ambassadeurs du). On appela ainsi les députés qui furent envoyés à Rome pour s'opposer au règlement par lequel saint Charles Borromée prescrivait, à partir du mercredi des Cendres, l'observation du carême, qui ne commençait alors qu'après le dimanche de là Quadragésime.

CARNOT (Lazare - Nicolas-Marguerite) naquit à Nolay (Saône-et-Loire), le 13 mai 1753, d'une famille distinguée dans le barreau. Son goût pour les sciences s'étant manifesté de bonne heure, son père lui fit suivre, au sortir du collége, les cours d'une école spéciale de mathématiques, où il se prépara à entrer dans le corps du génie. En 1771, n'ayant encore que dix-huit ans, Carnot fut admis, avec le grade de lieutenant en second, à l'école de Mézières; à sa sortie en 1773, il fut nommé lieutenant en premier. Dix ans plus tard, il était capitaine. Son mérite décida alors le gouvernement à l'envoyer à Calais, où devaient être exécutés de grands travaux de fortifications. Il s'y fit bientôt remarquer, et y publia son Essai sur les machines, ouvrage dans lequel il se montra savant ingénieur. Dans le courant de la même année (1783), l'Académie de Dijon couronna son Eloge de Vauban; il avait pour

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concurrent M. Maret, depuis duc de Bassano. On sait que cette Académie qui, l'année suivante, l'appela dans son sein, n'eut pas honte de le répudier à l'époque de la restauration.

Ces premiers débuts annonçaient ce que serait un jour le jeune élève de l'école de Mézières. Vers ce temps, le prince Henri de Prusse, frère du grand Frédéric, lui fit les offres les plus séduisantes pour l'engager à prendre du service en Prusse; mais Carnot, qui ne voulait consacrer ses talents qu'à son pays, refusa, malgré les plus vives

instances.

Marié à mademoiselle Dupont de Saint-Omer, Carnot se livrait à ses études favorites, loin du bruit et du tumulte qui agitaient alors toutes les classes de la société; quelques opinions trop avancées pour l'époque à laquelle elles étaient émises lui attirèrent des persécutions de la part de ses chefs. La révolution de 1789 vint, fort à propos pour lui, en arrêter les fâcheuses conséquences. Il adopta avec chaleur les principes de cette époque, sans toutefois prendre une part active aux premières années de notre régénération politique. Cependant, en 1791, les électeurs du Pas-de-Calais le choisirent pour leur représentant à l'Assemblée législative. Il fit successivement partie du comité diplomatique, du comité d'instruction publique, et du comité de la guerre. Dès lors il commença à faire preuve de ces vertus civiques dont on ne trouve guère d'exemples que dans notre révolution ou chez les peuples de l'antiquité.

A cette époque, l'esprit de l'armée se montrait menaçant pour la liberté, et paraissait disposé à des actes condamnables d'insubordination. Carnot, qui venait d'être appelé au comité de la guerre, s'empressa de proposer plusieurs réformes de la plus haute importance, telles que le remplacement des officiers par les sous-officiers, l'abolition de l'obéissance passive, et la démolition des citadelles de l'intérieur. Cette dernière mesure ne fut point comprise par l'Assemblée qui l'accueillit avec des murmures, interrom

pit l'orateur, et l'empêcha de développer sa pensée tout entière. Il fut obligé de recourir à la presse, et démontra, dans son mémoire justificatif, « qu'une citadelle n'est qu'un poste fortifié près d'une ville qu'il commande, et qu'il peut foudroyer à chaque instant. » Il faut convenir que, sous ce rapport, nous en sommes venus à des idées plus saines que la Législative.

Le 31 juillet 1792, l'Assemblée nationale le nomma commissaire pour l'organisation du camp de Soisson's, et lui adjoignit les représentants Gasparin et Lacombe-Saint-Michel. C'est pendant qu'il remplissait cette mission que son frère, député comme lui, lut en son nom une proposition tendant à distribuer trois cent mille fusils et piques aux gardes nationales; à leur confier la police intérieure; à former, avec les débris des gardes-françaises, deux divisions de gendarmerie; à lever la suspension prononcée contre Pétion et Manuel; propositions dont le but était de fournir au peuple le moyen de résister aux intrigues de la cour. Envoyé, le 5 septembre suivant, au camp de Châlons pour y organiser une nouvelle armée, Carnot n'était point encore de retour lorsque le département du Pas-de-Calais le nomma député à la Convention nationale. Dès la première séance, il reçut une nouvelle mission; il fut envoyé à l'armée du Rhin pour y recevoir l'adhésion des troupes aux changements survenus; il les trouva dans les dispositions les plus favorables. Cependant un petit nombre d'officiers, dirigés par le duc d'Aiguillon et le prince Victor de Broglie, et parmi lesquels se trouvait Rouget de l'Isle, auteur de la Marscillaise, refusèrent de prêter serment. Carnot s'efforça vainement, par les voies de la persuasion, de vaincre leur résistance; officier du génie comme ce dernier, il s'adressa particulièrement à lui: M'obligerez-vous, lui dit-il, de destituer l'auteur de la Marseillaise? On la chantait alors à quelques pas d'eux; mais Rouget de l'Isle était dominé par la coterie aristocratique de

ses camarades; il persista. Carnot, pour leur donner le temps de la réflexion, ordonna un second appel nominal, mais sans plus de succès, ce qui l'obligea à suspendre de leurs fonctions les réfractaires. De retour à la Convention, Carnot fut presque aussitôt envoyé dans les Pyrénées pour y former un corps d'armée, destiné à agir contre les Espagnols qui menaçaient nos frontières. Après avoir accompli cette troisième mission, il revint à la Convention, où l'on s'occupait du procès de Louis XVI. Dans cette grave circonstance, Carnot, républicain enthousiaste, n'hésita pas à s'exprimer en ces termes : « Dans mon opinion, la « justice veut que Louis meure, et la << politique le veut également. Jamais, «< je l'avoue, devoir ne pesa davantage « sur mon cœur; mais je pense que « pour prouver votre attachement aux « lois de l'égalité, pour prouver que les << ambitieux ne vous effrayent point, << vous devez frapper de mort le tyran. « Je vote pour la mort. »

A cette époque, le nord de la France se trouvant menacé par l'Angleterre, la Convention chargea Carnot de la surveillance des opérations de l'aile gauche de l'armée. Il arriva assez à temps pour délivrer Dunkerque et Bergues, assurer les communications avec Lille, et former le camp de GyVeld; il alla ensuite s'emparer, par un coup de main des plus hardis, de la forteresse de Furnes.

Pendant qu'il était occupé, dans les départements du Nord, à la levée du contingent appelé au service, il reçut l'ordre de se rendre sur-le-champ à l'armée que Dumouriez venait de déserter. Ses dispositions habiles répa rèrent bientôt les désastres causés par la trahison de ce général et de ses complices; les revers que nos armées avaient éprouvés au commencement de la campagne de 1793 allaient bientôt se changer en triomphes. Au mois d'octobre, le prince de Cobourg passe la Sambre avec une nombreuse armée, et vient menacer le camp de Maubeuge. Cette manoeuvre hardie compromettait l'indépendance nationale; le comité de

salut public, qui comprit l'imminence du péril, résolut de livrer bataille, et dépêcha des commissaires pour se concerter avec le général Jourdan sur les opérations militaires. Un conseil. présidé par Carnot, arrêta les dispositions de la bataille de Wattignies (16 octobre 1793). On attaqua l'ennemi sur toute la ligne; mais, dans ce premier engagement qui se termina avant la fin du jour, l'aile droite des Autrichiens fit plier la nôtre. « Le conseil se réunit, dit M. Tissot, pour examiner s'il ne convenait pas de renforcer notre gauche dans l'attaque qui devait être continuée le lendemain. Carnot s'opposa fortement à ce projet, qui, d'assaillante qu'elle était et devait être, aurait pu faire prendre à notre armée une attitude défensive. Il proposa, au contraire, de porter, pendant la nuit, la majeure partie de nos forces sur la gauche de l'ennemi, au village de Wattignies, principal nœud de la défense... Cet avis ayant prévalu, tout fut disposé pour l'attaque. Au point du jour, la montagne qui dominait la plaine fut assaillie par nos tirailleurs; en même temps, deux fortes colonnes marchèrent sur la droite et sur la gauche pour l'enlever à la baïonnette. Le feu de l'ennemi devint alors si vif et si bien dirigé, que l'on vit quelques-uns de nos corps hésiter. Carnot, toujours à la tête des troupes, ne tarda pas à s'apercevoir de cette hésitation qui menaçait de devenir funeste; après avoir retiré ces corps de leur position pour les faire mettre en bataille sur un plateau élevé, en vue de toute l'armée, il destitua solennellement le général qui les commandait: mettant alors pied à terre, et prenant le fusil d'un grenadier, il se mit à la tête de la colonne de droite, tandis qu'un autre de ses collègues, comme lui en costume de représentant, marchait à celle de gauche avec le général en chef Jourdan. Rien ne put résister alors à la valeur et à l'impétuosité de nos troupes; la colonne à la tête de laquelle se trouvait Carnot pénétra bientôt dans le village de Wattignies à travers des chemins creux comblés

de cadavres; et à peine arrivée sur le plateau où est ce village, elle y vit déboucher celle de gauche, qui, avec la même valeur, avait obtenu, sur la fin du jour, un pareil succès. Carnot, excédé de besoin et de fatigue, privé de ses chevaux, ne sachant comment se rendre au quartier général, où il sentait que sa présence pouvait être nécessaire pour les dispositions à faire le lendemain, fut rencontré dans cet état par un détachement de cavalerie, dont le chef lui offrit un cheval, et l'escorta jusqu'à Avesnes, où déjà l'alarme s'était répandue sur son sort. »

Nommé, le 23 frimaire an 11 (3 décembre 1793), membre du comité de salut public, il déploya dans ses hautes fonctions toute l'étendue de ses talents administratifs et militaires, et prépara, dans le cabinet, les victoires des premières campagnes de la révolution. Chargé seul du bureau de la guerre, il ne prenait pas même le temps nécessaire pour ses repas, et travaillait jusqu'à seize heures par jour, faisant mouvoir en même temps les quatorze armées qui venaient d'être organisées par ses soins. Sa puissance d'activité était extraordinaire : les plans de campagne, les documents de la volumineuse correspondance avec ces quatorze armées, tous de la main de Carnot, qui n'avait seulement pas de secrétaire, en sont une preuve évidente. L'auteur de cette correspondance n'a pas un seul instant perdu de vue le double but qu'il se proposait d'atteindre celui de diriger les mouvements militaires, et celui d'entretenir l'enthousiasme et le patriotisme dans les rangs de l'armée. Ingénieux à trouver sans cesse de nouveaux moyens pour enflammer les généraux et les soldats, il savait louer, avec un tact et un discernement peu communs, ceux qui avaient bien mérité de la patrie; il savait aussi flétrir par un blâme énergique ceux dont les actes appelaient sur eux sa juste sévérité.

Ces immenses occupations lui laissèrent encore le temps de présenter à la Convention différents rapports sur des objets de la plus haute importance.

Ce fut lui qui proposa la suppression du conseil exécutif, et son remplacement par des commissions particulières; la reprise des quatre places des frontières du Nord, et la réunion de la Belgique à la France. On lui dut aussi l'établisssement d'une manufacture extraordinaire d'armes dans Paris, et beaucoup d'autres créations alors indispensables.

On a souvent présenté sous un faux jour les dissidences qui eurent lieu dans les derniers temps, entre Carnot et Robespierre. On ne s'est pas contenté de les exagérer, on a encore voulu leur donner, pour ainsi dire, un effet rétroactif, en les supposant plus anciennes qu'elles n'étaient. Dans la manière d'entendre la politique, il y avait évidemment désaccord, puisque Robespierre était le chef du parti jacobin, et que Carnot vivait en dehors de ce parti; mais, pour les principes généraux, pour les moyens révolutionnaires qu'il fallait employer dans le but de soutenir l'énergie nationale et de vaincre la coalition des rois, il y eut accord parmi tous les membres du grand comité de salut public, et c'est cet accord, unanime sur un même point, qui seul a assuré le triomphe de la révolution française, << Carnot ne voulut jamais être membre de la société des jacobins, dit M. Tissot, malgré les vives instances qu'on lui fit pour l'affilier à cette société célèbre. Cet éloignement tenait à l'indépendance du caractère, et aussi à une certaine circonspection politique et à des préventions qu'il n'a ja mais abjurées. Il ne sentait pas l'immense besoin que la chose publique avait de ce levier populaire. D'autres hommes distingués ont partagé cette erreur ils n'ont vu que les inconvénients et ont oublié les services. >> Absorbé dans ces admirables combinaisons qui, après l'avoir ramenée, enchaînaient la victoire, Carnot n'avait plus que peu de temps à donner aux méditations politiques. Il n'y a donc rien d'étonnant s'il repoussa alors des idées dont il désira la réali

sation plus tard, et dont le succès

aurait empêché de cruels retours. Lors de la réaction thermidorienne, les anciens membres du comité de salut public ayant été mis en accusation, à l'exception de Carnot, celui-ci prit hautement leur défense, et dans un discours qui produisit une sensation profonde, il déclara que le comité de salut public avait, par sa fermeté, sauvé la patrie, et que, bien qu'il n'eût pas pris part aux actes reprochés à plusieurs de ses collègues, il ne voulait pas cependant que sa cause fût séparée de la leur ce généreux dévouement les sauva. Legendre reproduisit plus tard l'accusation et osa demander l'arrestation du vainqueur de Wattignies; la Convention allait accueillir cette proposition, quand Bourdon de l'Oise s'écria: «Mais c'est << cet homme qui a organisé la victoire << dans nos armées ! » Ces paroles suffirent pour sauver Carnot. Mais sans l'inspiration de Bourdon, c'en était fait de celui dont le génie avait conçu et dirigé cette immortelle campagne de 1793 et 1794, campagne de dix-sept mois, pendant laquelle nos soldats ne quittèrent pas un instant les armes, à laquelle aucune autre ne saurait être comparée, et qui offrit pour résultats: vingt-sept victoires, dont huit en bataille rangée; 120 combats; 80,000 ennemis tués; 91,000 prisonniers; 116 places fortes ou villes importantes et 230 forts ou redoutes occupés; 3,800 bouches à feu, 70,000 fusils, 1,900 milliers de poudre et 90 drapeaux enlevés à l'ennemi.

Débarrassé des intrigues de ses ennemis, Carnot s'associa de nouveau à tous les travaux du comité de salut

et participa à la création de l'école polytechnique et à la réorganisation de l'école de Metz. Il contribua aussi à l'établissement du conservatoire des arts et métiers et du bureau des longitudes, à l'introduction d'un système uniforme pour les poids et mesures, à l'adoption de la découverte des télégraphes, enfin, à la fondation de l'Institut. Nommé membre de ce corps savant, en 1795, il en fut exclu après

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le 18 fructidor, et remplacé par le général Bonaparte; en 1805, l'Institut le rappela dans son sein, pour l'en expulser de nouveau en 1815.

Après avoir sanctionné par sa signature un nombre prodigieux de nominations dans l'armée, Carnot n'était encore que capitaine à l'époque de la réaction thermidorienne. Ce ne fut que le 1 germinal 'an III (21 mars 1795) qu'il fut promu au grade de chef de bataillon. Lorsqu'un nouveau système gouvernemental vint remplacer la Convention nationale, il combattit avec chaleur l'institution du gouvernement directorial, qui fractionnait le pouvoir au moment où l'unité paraissait si nécessaire. Il insista, surtout, pour que le renouvellement de l'Assemblée nationale ne fût pas intégral. Appelé à la nouvelle législature par le vote de quatorze départements, il alla siéger au Conseil des Anciens. Nommé membre du Directoire, il se réserva la direction des affaires militaires, qu'il conduisit avec son habileté ordinaire. Dans sa première administration, Carnot avait pressenti le génie de Hoche; dans la seconde, il devina celui de Bonaparte, et c'est lui qui le fit porter au commandement en chef de l'armée d'Italie. On n'a peut-être pas assez répété qu'à cette époque il entretint, avec son illustre protégé, une correspondance très-active.

Vers ce temps, l'épuisement des finances ayant obligé le Directoire et les conseils à prononcer la réforme d'un grand nombre d'officiers, l'odieux de cette mesure tomba sur celui des directeurs qui avait dans son département les affaires militaires. Carnot se vit alors en butte à d'implacables ressentiments, et ses adversaires politiques surent habilement en profiter comme d'un instrument de vengeance propre à amener les événements que la faction de Clichy préparait dans l'ombre. Le Directoire, menacé par ce parti, et ne pouvant plus compter sur la majorité des conseils, ne voyait son salut que dans un coup d'Etat. Carnot seul s'y opposa,

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