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séna. Augereau enlève Caldiero, et fait deux cents prisonniers; Masséna tourne l'ennemi, prend cinq pièces de canon; mais une pluie froide et abondante, qui se change subitement en une petite grêle, contrariait les mouvements des Français. L'affaire resta indécise. Les deux armées demeurèrent sur le champ de bataille, et Bonaparte se retira, méditant les moyens de vaincre à Arcole.

-Tandis que Napoléon s'avançait à grands pas en Allemagne, le maréchal Masséna combattait de nouveau à Caldiero contre le prince Charles. L'armée française avait pris position à deux milles au-dessus de cette ville. Elle attaqua les Autrichiens le 30 octobre 1805, à deux heures après midi. Le village de Caldiero fut emporté de vive force, et les ennemis se virent repoussés jusque sur les hauteurs voisines. L'action se soutint jusqu'à la nuit avec des chances diverses; enfin, l'archiduc rentra dans ses retranchements après avoir perdu cinq à six mille hommes, morts, blessés ou prisonniers. Les Français n'avaient perdu que deux à trois mille hommes. En même temps, une colonne autrichienne, forte de cinq mille hommes, se trouva coupée par une suite de mouvements opérés par la division Seras. Le maréchal Masséna, après une sommation inutile, fit marcher quatre bataillons pour achever de la cerner entièrement. Le général autrichien sentit alors que toute résistance était impossible, et, le 2 novembre, consentit à mettre bas les armes sur les glacis de Vérone.

CALE, sorte de châtiment dont on punit, sur les vaisseaux, les hommes de l'équipage qui se sont rendus coupables de vol ou d'excitation à la révolte. Suivant l'art. 22, tit. Ier, liv. II, de l'ordonnance de 1671 sur la marine, le capitaine ou maître d'un navire devait prendre l'avis du pilote et du contre-maître, pour faire donner la cale aux matelots mutins, ivrognes, désobéissants; à ceux qui maltraitaient leurs camarades, ou qui commettaient d'autres délits semblables dans le cours d'un voyage.

On distingue deux sortes de cales: la cale ordinaire et la cale sèche.

Dans la cale ordinaire, on conduit le condamné vers le plat-bord, audessous de la grande vergue, où on le fait asseoir sur un bâton qu'on lui passe entre les jambes : il embrasse un cordage auquel ce bâton est attaché, et qui glisse sur une poulie suspendue à l'un des bouts de la vergue. Trois ou quatre matelots hissent ce cordage avec la plus grande vitesse possible, jusqu'à ce qu'ils aient élevé le patient à la hauteur de la vergue; après quoi ils lâchent le cordage tout à coup, et le précipitent ainsi dans la mer. Quelquefois on lui attache aux pieds un boulet de cánon, pour rendre la chute plus rapide.

Dans la cale sèche, on ne plonge pas le patient dans la mer; on le laisse seulement tomber jusqu'à quelques pieds au-dessus de la surface de l'eau. C'est alors une espèce d'estrapade. (Voyez ce mot.)

Le supplice de la cale est encore usité aujourd'hui.

CALÈCHE. Voyez VOITURE.

CALEMBOUR. Ce triste jeu de mots date de plus loin qu'on ne le croit communément; on en trouve plusieurs exemples dans les auteurs grecs et dans les auteurs latins les plus graves, dans les écrits du moyen age, dans ceux du seizième siècle, et dans les productions des beaux esprits de l'hôtel de Rambouillet. Nous avons une comédie de Molière qui, tout en dévouant au ridicule qu'elle mérite cette manière amphibologique de parler, nous apprend qu'elle était en usage parmi les courtisans de Louis XIV. Ce n'est cependant que depuis le marquis de Bièvre, qui se fit une réputatation par le calembour, que ce tyran si bête, comme l'appelle Voltaire dans une lettre à madame du Deffant, a usurpé l'empire du bel esprit, et, de proche en proche, est devenu populaire, De nos jours, à défaut d'esprit, d'observation et de véritable comique, on en a farci de petites pièces dramatiques, et le théâtre des Variétés a longtemps vécu de cette seule ressource. En ce

moment il court les rues; on l'imprime sous forme de questions énigmatiques dans les petits journaux, et c'est une industrie que de compulser le Dictionnaire de l'Académie, et d'en trouver de bien bizarres pour les besoins de la consommation. Au demeurant, si le calembour est le plus stupide des amusements, il a son bon côté : il provoque quelquefois le rire, qui se perd chez nous, et qui est cependant une chose qui vaut son prix. Quand le calembour produit cet effet, il est de bonne justice de lui pardonner.

CALENDES, nom par lequel on désignait quelquefois, au moyen âge, la fête de Noël.

CALENDRIER.

Nous avons mentionné à l'article ANNÉE la réforme du calendrier par Grégoire XIII; nous devons revenir ici sur ce sujet, et expliquer avec quelques détails cette réforme, dont la connaissance est si importante pour l'étude de la chronologie de notre histoire.

De nombreuses erreurs s'étaient glissées, dans le comput des années, depuis l'ère chrétienne; les différents cycles adoptés successivement pour ramener l'année civile et religieuse à l'année astronomique, ne se trouvaient plus d'accord avec les véritables mouvements des corps célestes; il en était résulté une grande perturbation dans l'ordre des fêtes, par rapport aux saisons: la Pâque, surtout, franchissait les limites dans lesquelles il fallait la resserrer, d'après les prescriptions des premiers conciles. Après plusieurs tentatives pour remédier à ces inconvé nients, le concile de Trente porta l'affaire au saint-siége. Grégoire XIII prit les conseils des astronomes, et, d'après l'avis d'Aloysius Lilius, décréta la réforme à laquelle il a donné son nom.

En conséquence, il fut décidé que, conformément aux canons du concile de Nicée, la fête de Pâques serait célébrée à l'avenir le dimanche qui suivrait la pleine lune, après l'équinoxe de printemps, cet équinoxe tombant toujours au 21 mars. Après le 4 octobre 1582, dix jours entiers furent retranchés, de sorte qu'on sauta du 4

au 15 octobre, et que cette année compta seulement trois cent cinquantecinq jours. Pour remédier à l'erreur du calendrier Julien, provenant des onze minutes que l'on comptait de trop dans chaque année, et qui, dans cent ans, produisaient un total de plus de dix-huit heures; on convint que l'on retrancherait un jour au bout de chaque siècle, et qu'ainsi chaque centième année, au lieu d'être une année bissextile, ne serait qu'une année ordinaire de trois cent soixante-cinq jours. Mais comme on retranchait ainsi cinq heures quatre minutes de trop, ce qui, au bout de quatre siècles, devait don ner encore un jour moins deux heures quarante minutes, la dernière année de chaque quatrième siècle devait être une année bissextile; enfin, les deux heures quarante minutes, prises de trop tous les quatre cents ans, faisant un total de vingt-quatre heures en trois mille six cents ans, on convint que l'année 5200 serait une année ordinaire.

Nous avons indiqué, dans l'article cité plus haut, l'époque de l'adoption de cette réforme en Francé. Nous ne reviendrons pas sur l'opposition qu'elle rencontra de la part de quelques-uns des grands corps de l'État. Mais nous devons consacrer ici quelques lignes à compléter ce que nous avons dit d'une réforme bien plus radicale, dont l'idée appartient entièrement à notre pays, et qui, moins heureuse que celle de Grégoire XIII, ne put triompher des vieux préjugés, et succomba, après quelques années d'existence, sous les efforts des ennemis de tous les progrès.

Lorsque la Convention nationale eut proclamé l'établissement du gouvernement républicain, elle voulut consacrer le souvenir de ce grand événement par un monument durable: elle le prit pour point de départ de l'ère d'après laquelle les Français devaient désormais compter les années. Elle venait d'adopter l'admirable système des mesures décimales; elle voulut aussi appliquer ce système à la mesure de la durée, et décréta l'adoption du calendrier républicain.

Il était convenable que l'année commençât avec l'une des saisons. Le 1er janvier ne répondait à l'ouverture d'aucune; la Convention plaça le commencement de l'année républicaine au premier jour de l'automne. Plusieurs raisons la décidèrent à choisir ce jour, de préférence aux premiers jours des autres saisons; c'est que d'abord, par un singulier hasard, la république avait été proclamée le jour même de l'équinoxe d'automne; ensuite, c'est dans cette saison que, dans notre climat, après avoir recueilli les moissons de l'année qui finit, on prépare par la culture et les semences, celles de l'année qui va suivre. D'ailleurs, c'est à cette époque de l'année que se renouvellent chez nous presque tous les baux des campagnes. Il était convenable que l'année civile et fiscale répondît le plus exactement possible à l'année rurale.

Les noms des mois de l'année julienne, empruntés presque tous à la mythologie romaine, sont pour nous sans signification; la Convention leur substitua des noms en rapport avec les phénomènes qui, chaque mois, se développent dans la nature. Nous avons fait connaître ces noms à l'art. ANNÉE RÉPUBLICAINE (*). Les mois juliens

(*) La Convention n'est point le premier pouvoir français qui ait conçu l'idée de substituer des noms significatifs à la nomenclature, absurde pour nous, du calendrier Julien. « Charlemagne, dit Éginhard, donna « des noms aux mois, dans son propre idiome; << car jusqu'à son temps les Francs les avaient

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désignés par des mots en partie latins, en partie barbares.... Les mois eurent les « noms suivants : janvier wintermanoht (mois d'hiver); février hornunk (mois de boue); « mars lenzinmanoht (mois du printemps); avril ostermanoht (mois de Pâques); mai winemanoht (mois d'amour); juin prahmanoht (mois brillant); juillet hewimanoht << (mois des foins); août aranmanoht (mois « des moissons); septembre wintumanoht

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sont inégaux; ils ont trente et un, trente et vingt-huit jours; ceux du calendrier républicain étaient tous de trente jours, et l'on complétait l'année, en ajoutant au dernier cinq jours complémentaires; six quand l'année était bissextile, ou sextile, d'après la nouvelle dénomination adoptée par la Convention.

Enfin, à la semaine on avait substitué la décade, ou période de dix jours, qui avait le double avantage de rentrer dans le système décimal, et d'être une division exacte du mois. Les noms des jours de la décade étaient purement numériques; le premier jour s'appelait primidi, les autres, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi et decadi. Lé dernier était consacré au repos, et remplaçait le dimanche. Ces noms avaient le très-grand avantage d'indiquer en même temps le jour de la décade et le quantième du mois, et de rendre inutiles les almanachs. Il est, en effet, évident qu'il ne fallait aucun calcul pour trouver que le tridi de la première décade était en même temps le 3 du mois, que le même jour de la deuxième décade était le 13 du mois, etc.

Un sénatus-consulte du 21 fructidor an XIII abrogea le décret de la Convention qui avait décidé l'adoption de ce calendrier, et rétablit le calendrier grégorien à compter du 1er janvier suivant. Le calendrier républicain avait duré un peu plus de treize ans. Le lecteur trouvera, dans le tableau suivant, la concordance des deux calendriers, pour cet espace de temps.

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(1) Le mois de nivôse an XIV n'eut que ce mois fut le 1er janvier 1806,

10 jours; conformément au sénatus-consulte du 21 fructidor an XIII, le lendemain du 10 de

Nombre de jours complémentaires.

CALES (G. M.), avocat de Toulouse, représenta le département de la HauteGaronne à l'Assemblée législative et à la Convention, qui l'envoya, en 1793, près l'armée des Ardennes. Membre du Conseil des Cinq-Cents jusqu'en 1798, il fut envoyé à la chambre des représentants, en 1815. Mais comme il avait voté la mort de Louis XVI sans appel et sans sursis, la loi d'amnistie de 1816 le força de s'exiler en Suisse.

CALETES, ou Caleti, peuplade celtique, dont le territoire était borné au N. par l'Océan, au S. par les Velocasses, au N. E. par les Ambiani, et au S. O. par les Lexovii. Juliobona, aujourd'hui Lillebonne, en était la capitale.

CALIGNON (Soffrey de), né à SaintJean-de-Voiron, près de Grenoble, en 1550, fut d'abord secrétaire de Lesdiguières, puis chancelier de Navarre, sous Henri IV, qui l'employa souvent dans les négociations les plus difficiles. Il travailla avec de Thou à l'édit de Nantes. «< Soffrey Calignon, dit le «Journal de Henri IV, excellent en << tout, mourut protestant à cinquante<< six ans et quelques mois, à Paris, « au mois de septembre, en 1606.» On a de lui: Journal des guerres faites par François de Bonne, duc de Lesdiguières, depuis l'an 1585 jusqu'en 1597, manuscrit in-folio conservé à la bibliothèque royale; le Mépris des Dames, satire imprimée dans la Bibliothèque de Duverdière. On a attribué à Calignon l'Histoire des choses remarquables et admirables advenues en ce royaume de France, ès années dernières 1587, 1588, 1589, par S. C.; 1590, in-4°.

CALIXTE II appartenait par sa naissance à l'une des plus illustres familles féodales du moyen âge. Fils de Guillaume Tête hardie, comte de Bourgogne, il était parent de l'empereur, du roi de France, de celui d'Angleterre; enfin, il etait oncle d'Adelaïde de Savoie, femme de Louis le Gros. Il était né vers le milieu du onzième siècle, dans la petite ville de Quingey; et, avant son élection, il portait le

nom de Gui de Bourgogne. Il était archevêque de Vienne depuis 1088, lorsque Gélase II, chassé de Rome, vint mourir à Cluny. Gui de Bourgogne fut élu aussitôt par les cardinaux qui avaient suivi le pape exilé. C'était en 1119. Le nouveau pape essaya de s'entendre avec l'empereur Henri V, qui avait été couronné par l'antipape Maurice Bourdin, dit Grégoire VIII. Un concile fut convoqué à Reims à cet effet; mais ce ne fut qu'en 1122, à la diète de Wurtzbourg, que l'accord fut conclu, et que finit la longue querelle des investitures, qui troublait depuis cinquante ans le monde chrétien. L'empereur conserva le droit de faire faire les élections en sa présence, et d'investir l'élu des régales par le sceptre; le pape eut pour sa prérogative l'investiture par la crosse et l'anneau. Tous les domaines confisqués sur l'Église devaient être restitués; et les deux parties s'étant promis une solennelle réconciliation, l'empereur communia des mains de l'évêque d'Ostie, et celui-ci, représentant de la papauté, lui donna le baiser de paix. Dès l'année 1123, Calixte était entré à Rome, et y avait rétabli la véritable autorité pontificale, entreprise où il avait été efficacement secondé par les Normands de la Pouille. Ce n'était point assez d'avoir chassé Bourdin de Rome; laisser dans le sein de l'Église tous ceux qu'y avait introduits l'antipape, c'eût été une grossière faute de politique. Calixte tint un concile général, le neuvième œcuménique dont l'histoire fasse mention, et le premier de Latran; et là furent annulées toutes les ordinations faites par Bourdin, avec défenses à l'antipape d'usurper désormais les biens de l'Eglise, sous peine d'anathème. Dans le même concile, le pape fit décréter qu'on enverrait des secours aux chrétiens d'Asie; et lui-même il paya la rançon du roi de Jérusalem, Baudouin II, et fit la plus grande partie des frais de l'armement de la flotte vénitienne qui alla porter des secours à ce monarque. Après avoir terminé quelques différends avec Roger, roi de Sicile, Calixte s'occupa de rétablir la

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